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sur 359 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans un Paris insurgé, Hervé le Corre nous glisse dans l'ombre du brasier

En 1871, la Commune fait feu de tous les espoirs pour les laissés-pour-compte de Paris. du jeudi 18 au dimanche 28 mai, c'est une galerie de personnages enflammés d'une révolte exaltée que nous suivrons dans ce roman passionnant, relatant avec une acuité romanesque rare les dernières braises de ces journées d'espérance.

De nombreuses expériences politiques à l'appui : socialistes, communistes, ou anarchistes, Paris s'enflamme à la lueur de nouvelles espérances. La Commune de Paris est instituée le 18 mars 1871. L'organisation municipale est centralisée autour du Comité de Salut public. La Garde nationale en sera le bras armé.

Dans ce Paris insurgé, les espoirs les plus fous peuvent se libérer, mais les instincts les plus vils, aussi, se déchaîner...

Un roman noir qui a la couleur du sang...

À découvrir dans ma chronique sur Fnac.com/Le conseil des libraires :


Lien : https://www.fnac.com/Dans-un..
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La Commune de Paris comme tu ne l'as jamais lue, même si tu t'aies déjà bien immergé grâce au Cri du peuple de Tardi. Comme tu ne l'as jamais ressentie.

Hervé le Corre a eu l'excellente idée de resserrer son action sur les derniers jours de cette insurrection populaire née le 18 mars 1871 dans le lourd contexte qui suit le siège de Paris par les Prussiens. le brasier du titre, c'est en fait la Semaine sanglante, ce moment terrible où le gouvernement républicain de Thiers lance une puissante répression qui va balayer le mouvement social. On n'est plus dans l'euphorie d'une utopie réaliste qui verrait s'accomplir justice sociale et équité pour un monde meilleur, on n'est plus dans l'espérance mais dans la désillusion. Non, les Communards savent que c'est la fin.

Un terrain de choix pour insuffler du romanesque à tout va. le lecteur est complètement immergé dans la poussière des immeubles qui s'effondrent sous les obus des Versaillais, dans le fracas des combats, dans les odeurs des cadavres. Il est dans les pores de l'Histoire. La narration chemine sur le même plan que les personnages, un peu comme Fabrice del Longo à Waterloo ( la Chartreuse de Parme, Stendhal ) ou Tannhauser lors de la Saint Barthélemy ( Les 12 Enfants de Paris, Tim Willocks ). L'auteur fait montre d'une remarquable aisance à ressusciter la sueur et la rage de ce chaos côté Communards ; sa plume est superbe, ample et lyrique comme il fallait qu'elle soit avec un sujet si puissant.

Les héros sont formidablement attachants, tous à se dépasser face à un Destin plus grand qu'eux, comme le trio le Rouge, Adrien et Nicolas, soldats de la Commune prêts à tout pour défendre leur idéal ; même si la mort est au bout, ils l'affrontent avec de la grandeur dans la fatalité. le combat aura été mené, la dignité retrouvée au moins pendant quelques semaines face au mépris des Versaillais.

Mais en fait, le vrai héros de ce roman, c'est le peuple de Paris qui gravitent autour des personnages principaux et les aident, ces anonymes qui prennent les traits d'un patron de caboulot, d'un gardien de cimetière, d'une vieille femme, d'une infirmière d'un de ces hôpitaux de fortune. Ou plutôt, c'est Paris, cette « ville a un génie unique pour la révolte et la révolution, on l'a affamé, bombardé, humilié et quand les importants la croyait morte, elle s'est redressée, rebelle, généreuse, défiant le vieux monde et appelant, par delà les remparts assiégés, au salut commun et à la République universelle ».

Du coup, dans cette geste tragique, la trame polar est quelque peu délaissée, ce que j'ai regretté quelque peu. Il y a bien une enquête menée pour retrouver des jeunes filles enlevées , mais c'est plus un soutien à la dramaturgie orchestrée autour de la Commune, une façon de nourrir la colère, comme si le chaos de la guerre civile faisait sauter tous les verrous sociaux, laissant échapper les remontées toxiques enfouies en tant normal. On aurait presque pu se passer du retour de l'affreux tueur en série, Henri Pujols ( échappé de L'Homme aux lèvres de saphir ).

Un roman flamboyant, à la fois fiévreux et mélancolique, la fin est superbe.
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« Paris sera à nous ou n'existera plus », avait déclaré Louise Michel. Paris brûle au cours de la « Semaine sanglante ». Les Versaillais bombardent la ville depuis le Mont-Valérien, et les Insurgés ripostent. Rue Royale, rue Vavin, rue du Bac, les Buttes-Chaumont, c'est un tiers de la capitale qui part en fumée.
Dans l'ombre de ce brasier, du jeudi 18 Mai au dimanche 28, des Communards poursuivent la lutte, même si elle semble désormais sans issue. C'est un chant du cygne, un rêve qui s'effondre dans le sang et les éclats d'obus.
Trois camarades du 105ème bataillon fédéré, le sergent breton Nicolas Bellec, le Rouge, un grand rouquin et le jeune Adrien, apprenti boucher au Bourget, se battent sans relâche sur les barricades.
« -Qu'est-ce qu'on attend? demande le Rouge.
- J'en sais rien. C'est une drôle de question, non? En principe, on sait ce qu'on attend, tu crois pas? Ou alors, on espère quelque chose et c'est vague.
- du pain pour les mioches et des écoles pour qu'ils soient moins couillons que nous?
- Par exemple.
- Mais ça suffit pas d ‘attendre. C'est pas comme un train. Si tu vas pas le chercher, ça n'arrive pas tout seul. La Commune c'est ça, je crois. On est allés la chercher sans attendre encore des siècles que ça nous tombe tout rôti dans la gueule."

Au coeur du chaos ambiant, certains ne perdent pas l'occasion d'assouvir leurs vices. Monsieur Charles, photographe érotomane versant dans la pornographie a bien compris que les évènements lui offrent l'opportunité de dépasser ses limites. Plus besoin de payer les putains des bordels pour des clichés scabreux. Il lui est désormais possible de profiter de la Semaine sanglante pour enlever de très jeunes filles, les droguer, les mettre en scène dans des poses dégradantes et les revendre aux Prussiens qui attendent aux portes de Paris. C'est grâce à Pujols, le tordu des Pyrénées, déjà croisé dans le roman L'homme aux lèvres de saphir, que la petite affaire prospère, jusqu'à ce que des parents désespérés aillent porter plainte au commissariat.
Antoine Roques, un relieur nommé inspecteur par un comité de citoyens a été chargé de retrouver ces jeunes filles enlevées sous la mitraille. Quand l'une des victimes s'avère être Caroline, une infirmière volontaire, fiancée à Nicolas Bellec, le sergent du 105ème va tenter lui aussi de rechercher la femme qu'il aime.
A l'ombre du brasier c'est l'amour au temps des barricades, et le grand roman populaire qui nous manquait sur la Commune, celle qui fut « dans son fond la première grande bataille rangée du Travail contre le Capital. Et c'est même parce qu'elle fut cela avant tout qu'elle fut vaincue et que, vaincue, elle fut égorgée. » comme l'écrira Jaurès.

Vivante, vibrante, terrible, elle revit sous la plume de Le Corre, qui nous offre des pages magnifiques sur cette période méconnue de notre histoire. Quand on pensait aux barricades, on songeait à Gavroche et à Marius au mois de juin 1832. On songera désormais aussi à Nicolas et Caroline, fuyant la "curée froide", cette répression épouvantable qui s'abat sur les Insurgés, rue par rue, maison par maison, quand le "moulin à café", la mitrailleuse, exécute sans discontinuer.
Dans l'ombre du brasier est un grand roman sur le réveil des crève-la-faim dont les enfants tombent comme des mouches le ventre vide, des femmes qui ne veulent plus être ni invisibles ni exploitées, sur le désir de justice sociale qui va se payer au prix fort. Décidément Hervé Le Corre n'est jamais là où on l'attend, et c'est tant mieux, le plaisir de la lecture n'en est que plus grand. Lire Dans l'ombre du brasier vous consume par son souffle et son ampleur.

« La Commune, au moins, aura été une éclaircie dans la pénombre des jours et des années endurés dans leur morne enchaînement. Elle aura montré au peuple qu'une clarté existe dont il faut alimenter la flamme. Une braise qui longtemps dort et tremble sous les cendres, qu'il faut songer à réveiller. Un feu qu'il faut porter parfois dans le désert à des aveugles qui n'en veulent pas ».
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"Sauf des mouchards et des gendarmes,
On ne voit plus par les chemins,
Que des vieillards tristes en larmes,
Des veuves et des orphelins.
Paris suinte la misère,
Les heureux mêmes sont tremblants.
La mode est aux conseils de guerre,
Et les pavés sont tout sanglants.

Oui mais, ça branle dans le manche
Les mauvais jours finiront
Et gare à la revanche
Quand tous les pauvres s'y mettront! "

La Commune de Paris m'a toujours fascinée, passionnée.

Elle m'a aussi broyé le coeur. Comme cette chanson, sur des paroles de Jean Baptiste Clément.

La Commune, avec ses rêves, son utopie faite réalité  pour deux petits mois seulement-  après la défaite de Sedan, la Commune de Paris est assiégée par ses ennemis historiques, les Prussiens, objectivement alliés à ses ennemis naturels, les "Versaillais" de Thiers et Mac-Mahon, qui affame les insurgés avant de les écraser. S'ensuit une répression impitoyable.

Et sanglante. Comme les pavés de la chanson...

La Commune et la Semaine Sanglante: une page d'histoire tellement honteuse que pendant des années,  celles de mon enfance, en tout cas, les manuels scolaires se gardaient bien de la mentionner..

Seules des chansons en véhiculaient alors la mémoire.

"On l'a tuée à coups d' chassepot,
A coups de mitrailleuse,
Et roulée avec son drapeau
Dans la terre argileuse
Et la tourbe des bourreaux gras
Se croyait la plus forte.

Tout ça n'empêch' pas,
Nicolas,
Qu'la Commune n'est pas morte !"

...me chantait de sa belle voix de basse Marc Ogeret qui avait repris cette chanson,  avec d'autres de la même période.

Autre chanson, dont le refrain, comme celui de la chanson de Clément, laisse espérer une résurrection, une survivance, un espoir de renaissance. Une revanche.  

 Je me suis souvent demandé à qui pouvait ressembler le Nicolas auquel le chansonnier tente de remonter le moral contre massacres et  désespoir.

Désormais, pour moi,  il a les traits du jeune Nicolas imaginé par  Hervé le Corre, dans l'Ombre du brasier...

Un Nicolas qui tout en faisant sauter les canons ennemis parvenus aux portes de Paris, en sautant de barricades en embuscades, tente de retrouver sa belle, Caroline, indépendante et forte, infirmière d'occasion, ouvrière comme lui, enlevée par un dangereux maniaque,  Pujols ,  un nouveau Maldoror, violent et pervers, dont les crimes sanglants passeraient presque inaperçus dans le carnage ambiant...Clovis, une sorte de Quasimodo, velu et muet, hanté par un passé lourd, est l' homme de main de Pujols dans l'exécution de ses basses oeuvres.

Un ouvrier du livre ,  Antoine Roques, que la Commune   a fait officier de sécurité a, de son côté,  pris sa nouvelle fonction au sérieux et tente, malgré l'apocalypse annoncée, de mettre la main sur le criminel. Au risque de se perdre.

Un Marius, une Cosette, un Frolo, un Quasimodo, un Javert...Hugo n'est pas loin, ni celui des Misérables avec un Paris insurgé et rebelle,  ni celui de Notre Dame de Paris, avec ses icônes du Mal ..

On pense aussi à Vallès, à Sue..mais chez le Corre, les personnages, attachants, moins simplistes qu'on ne pourrait l'imaginer, sont pourtant des silhouettes perdues dans une tourmente qui les habite et les dépasse. 

 Hyper documenté,  écrit avec un lyrisme visionnaire et un réalisme très cru, Dans l'ombre du brasier est un incendie tragique  où s'agitent sans espoir de petites existences menacées d'extinction.

Plus encore que la survie, les retrouvailles, la rédemption ou le châtiment qui les attend, c'est le ballet fou de leur chassé-croisé dans cet enfer que le lecteur suit avec une terreur mêlée de pitié. C'est ainsi que je l'ai lu -dévoré et aimé ! -  pour ma part.

Et comme tout finit par des chansons, voici le dernier couplet  de la Semaine sanglante de J. B. Clément. ..

"Le peuple au collier de misère
Sera-t-il donc toujours rivé ?
Jusques à quand les gens de guerre
Tiendront-ils le haut du pavé ?
Jusques à quand la Sainte Clique
Nous croira-t-elle un vil bétail ?
À quand enfin la République
De la Justice et du Travail ?"
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À quoi bon ajouter une critique de plus à ce roman noir , magistral, épique, immersion totale dans le crépuscule tragique de la Commune de Paris sur fond historique bien documenté ?

Mais quelle plume ! Incroyablement belle , charnelle, ample , lyrique, puissante, étourdissante !
L'auteur n'a pas son pareil pour ressusciter la rage, le sang, les désillusions, la fièvre, les brisures, la colère, l'horreur , les massacres , les bombardements sans oublier des personnages : Nicolas Bellec et Adrien, soldats de la Commune entraînés dans un destin qui les dépasse , prêts à tout pour défendre leur idéal, même au prix de la mort.

Certains en profitent pour assouvir leurs plus bas instincts au coeur du chaos ambiant.
Le lecteur pénètre dans un enfer formidablement travaillé, bien construit à l'enquête policière un peu bâclée autour des destins croisés de Nicolas et Caroline séquestrée , oubliée dans une cave !

C'est flamboyant , magistral , haletant !
Un très grand roman !
Un conteur à l'immense puissance romanesque !
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1871. Paris brûle de tous côtés...
Et dans le chaos des combats entre Communards et Versaillais, la vie suit néanmoins son cours, avec son lot de crimes en tous genres.
L'enquête policière intra muros tente de résoudre la disparition de jeunes filles, gageure incongrue dans le laminage des bombardements.

Car si Hervé Corre s'appuie sur le fil rouge d'une fiction policière, l'essentiel est bien du côté historique, dans une mise en scène réaliste de la situation au ras des barricades. C'est impressionnant de crédibilité, avec des descriptions de destructions matérielles et humaines dans une ville elle-même personnage central (surtout quand on la connaît bien, et qu'on l'imagine à ce point martyrisée).

De nombreuses figures traversent cet enfer, des hommes combattants, des femmes en appui, des enfants tels Gavroche, des malfrats opportunistes, des bourgeois terrés dans leurs immeubles... C'est un souffle épique et visuel où la plume généreuse de l'auteur fait merveille dans le foisonnement dramatique des affrontements de rues.

Ajoutez à cette lecture quelques recherches photographiques de Paris bombardé, et l'immersion n'en est que plus oppressante. La ville n'a jamais connu de pareilles destructions dans son histoire, sans parler du nombre de morts de la Semaine Sanglante de mai, fédérés et lignards confondus.

https://www.pariszigzag.fr/histoire-insolite-paris/photos-paris-la-commune-1871

Remarquable roman historique qui n'est pas sans rappeler la référence littéraire concernant la Commune: le canon fraternité de Jean-Pierre Chabrol

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Me voici de retour.
Je rentre d'un voyage dans le temps.
C'est Hervé le Corre qui m'y a entraîné.
Je reviens couvert de cendres, de poussière et de sang.
J'étais à Paris, en ce mois de mai 1871.
J'étais au côté des communards, j'ai vécu les dix derniers jours avec ces insurgés, ces fédérés qui croyaient à leur liberté, à leur république indépendante.
J'ai vu la folie des hommes.
J'ai vu tomber les barricades sous les coups de canon.
J'ai vu les corps déchiquetés.
Les membres arrachés.
J'ai vu la gangrène pourrir les corps.
J'ai lu la peur dans les yeux.
J'ai vu la rage.
J'ai vu mourir dignement des hommes courageux.
J'ai vu massacrer des femmes et des enfants.
J'ai vu la vengeance.
J'ai entendu les mensonges, la délation.
J'ai rencontré des lâches et des peureux.
J'ai fui les combats ou je me suis battu.
Fusil à l'épaule j'ai tué, à la baïonnette j'ai éventré.
Mais j'ai vu aussi des mains tendues, du pain et du vin donné, des soins, des réconforts.
J'ai soigné, recousu,  opéré, amputé.
Et au milieu de ce chaos j'ai croisé des criminels, des j'en-foutre, qui enlevaient des femmes ou des pas tout à fait femmes pour.... Mais ça je vous laisse le soin de le découvrir, bien sûr.
Et quand il y a crime, il y a justice. J'ai côtoyé ceux qui, dans ce Paris en guerre, continuent de traquer les malfaiteurs, au péril de leur vie.
Hervé le Corre m'a fait revivre la commune de Paris de l'intérieur, j'y étais réellement, c'est ça le talent d'un auteur que j'ai découvert avec ce Dans l'ombre du brasier.
L'un des meilleurs romans historiques que j'ai lu, sur une période que j'avoue méconnaître.



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Crève-coeur pour un Sacré-Coeur.
Avec ce roman, Hervé le Corre nous plonge au coeur de la Commune de Paris, au cours de la semaine sanglante qui a sonné le glas de la Révolution de 1871. On suit plusieurs personnages, dont certains déjà croisés dans "L'homme aux lèvres de saphir" : un jeune fédéré qui se bat sur les barricades, sa compagne qui s'improvise infirmière, un relieur élu commissaire de police et qui enquête sur la disparition de jeunes filles, alors que le monde bascule.
J'ai été happée avec eux dans la grande Histoire, et même si j'en connaissais la fin, j'ai palpité et espéré avec eux, tant l'auteur maîtrise implacablement son intrigue, sans un instant de répit. J'ai appris énormément d'informations sur la Commune, impressionnée par la recherche documentaire de le Corre et emportée par sa passion. Je garde en mémoire ses descriptions du peuple en liesse, enivré de liberté, qui chante et danse alors que les obus tombent sur Paris ; alors que les bourgeois se terrent dans leurs appartements en s'étouffant dans leur mépris de classe ; que le Comité central peine à organiser la défense face à la répression qui s'annonce ; et que les oiseaux continuent de pépier dans le ciel bleu de ce mois de Mai au parfum de lilas. J'ai surtout été émue par l'espoir de ces Communards, qui croyaient en la bonté de l'Homme et rêvaient de justice sociale, tout en sachant que la lutte serait âpre. "Soyez impitoyables !" avait ordonné Thiers aux Versaillais envoyés pour rétablir "l'ordre moral" avec la bénédiction de l'Eglise.
C'est un roman dur et émouvant, qui se lit fiévreusement , qui suscite de l'admiration, du dégoût et de la compassion, et qui réussit à aborder tous les points de vue sur la Commune. Une fois ce livre refermé, "je garde au coeur une plaie ouverte".
A lire sans faute, pour tout amateur d'Histoire -et/ou de la Sociale !
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Je ne connais de la Commune que quelques chansons d'un double 33 tours, acheté par mes parents il y a très longtemps. Je me souviens encore de « La semaine sanglante » et de « Capitaine… au mur », deux chansons qui évoquent comment le gouvernement de Thiers a liquidé tous ceux qu'on présentait comme des communistes. Au fur a et à mesure de leur progression dans Paris, les Versaillais ont assassiné sans distinction des hommes, des femmes et des enfants, tout un peuple qui n'avait pas forcément de fusils à la main.

C'est cette histoire qui est racontée dans ce roman, je n'ai pas vu d'enquête criminelle même si, effectivement, Antoine Roques désigné comme inspecteur, essaie de retrouver des jeunes filles enlevées par deux sinistres individus. L'enquête est secondaire, ce qui est primordial ce sont les journées de Mai 1871, la fameuse semaine sanglante. Dans les derniers jours de la Commune, on suit le destin de quelques individus pris au piège dans Paris, certains luttent les armes à la main comme Nicolas Bellec qui rue après rue, voit pulvériser les immeubles parisiens, tuer ses amis ou d'autres combattants plus obscurs mais qui jamais ne renonce et repart combattre une rue plus loin. Caroline, l'amoureuse de Nicolas, qui oeuvre comme infirmière, se dévoue pour soigner dans la mesure du possible des hommes qui seront certainement achevés quand ils seront fait prisonniers par les Versaillais. Elle est enlevée au début du roman par un personnage abject Pujols et se retrouve séquestrée dans une cave alors que la capitale subit des bombardements. Elle est recherchée à un moment par Antoine Roques, lancé sur la piste de Pujols. Cette enquête policière paraîtrait presque absurde dans cette ville qui s'effondre mais pour Antoine Roques, il est devenu vital de retrouver Caroline sans doute pour se prouver que ce qu'il a vécu n'a pas été vain, que toutes ces déclarations sur l'égalité et la liberté ne sont pas des mots creux.

Et pendant ce temps, les combats font rage. On ne parle pas beaucoup de la Commune dans les livres d'histoire et j'ignorais que la reprise de la ville par les Versaillais avait été aussi âpre. L'écriture de Hervé le Corre, saisissante, permet de voir et d'entendre la violence des affrontements. Les explosions, le souffle qui renverse les insurgés, les immeubles qui s'effondrent, les morts, les blessés, les hurlements de part et d'autre, on a l'impression d'être présent dans ce chaos auprès de Nicolas, de Caroline et d'Antoine. C'est un très bel hommage aux Communards, à ce peuple parisien qui a cru, pendant un court instant, qu'il pourrait vivre dans une « République de la justice et du travail ». Je vous conseille vivement ce roman.

« Au mur, disait le capitaine
La bouche pleine et buvant dur
Au mur…Qu'avez-vous fait ? »….


Lu dans le cadre du Challenge week-end à 1000 pages

Lien : https://labibdeneko.blogspot..
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Très gros coup de coeur pour ce roman !. L'action se situe en mai 1871 durant les derniers jours de la Commune, dite la semaine sanglante. Cernés, laminés et acculés par les Versaillais, les Communards ont vécu leurs dernières heures de lutte dans un chaos de poudre avec cependant toujours aux tripes l'espoir d'une justice sociale.
Au milieu de ce chaos propice aux meurtres, des jeunes femmes sont enlevées pour assouvir les goûts tordus d'un dangereux criminel.
Roman policier, mais davantage noir que polar, roman d'aventure, Dans l'ombre du brasier répond à toutes mes exigences littéraires : rythme mené tambour battant, descriptions plus vraies que nature ( on y est, on sent la peur, on est étourdi par le bruit des canons), qualité d'écriture, héros ordinaires qui réalisent des choses plus grandes qu'eux, sur lesquels on peut donc se projeter.
Roman poétique aussi et enfin roman d'amour ; Les femmes y tiennent une grande place : elles sont celles qui, violées, exploitées, prisonnières d'un seul homme ou d'une société machiste, se battent, luttent, aident, soignent, aiment.
La découverte de cet auteur m'a tellement enthousiasmée, que je me suis précipitée chez mon libraire pour me procurer un autre de ses romans (L'homme aux lèvres de rubis).
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