Assez belle coopération entre LOISEL et
ROSE LE GUIREC dans un album composite qui réunit des thématiques diverses d'humeur très rabelaisienne. Passer ainsi du coq à l'âne m'a un peu égaré ; il me manque une trame ou une ligne générale. En revanche, le dessin et la plume sont libertins à souhait ce qui ravira les amateurs… En ce qui concerne le dessin, je suis déçu ; il aurait vraiment mérité d'être soigné davantage.
On débarque dans un monde féerique prodigieux peuplé de fées et de centaures autour du thème de la femme convoitée et livrée en offrande à quelque sombre divinité lacustre… D'abord spectateurs d'un rapt obscène et viril, on perçoit rapidement l'avantage évident du nombre sur la beauté, ou sur la force pure… Les sauveteurs nullement motivés par une quelconque bonté d'âme deviennent bourreaux à leur tour… Qui incarne le Bien, qui incarne le Mal ? Ici, tout n'est que désordre et bestialité. Mais quand la force brute, fascinante en soi, ploie et chute, vaincue par plus petit qu'elle, il naît comme une sorte de jouissance et d'espoir.
Puis on aborde le thème des feux de la
Saint-Jean au sein d'un XVIII siècle grivois et paillard avec la rencontre inopinée d'un jeune gars, noble de naissance, empoté et fort nigaud et d'une paysanne aux courbes généreuses…
Enfin, un peu plus tard, à l'aube d'un XXe empreint de luxure et de modernité nous divaguons de couches en couches profitant de l'humeur festive et libertine du Grand Carnaval de Venise pour cette troisième et dernière partie. le texte fait alors jeu égal avec le dessin qui dans l'ensemble est girond, sensuel et aguicheur mais beaucoup trop brouillon. C'est dommage.