Troubles fêtes

Régis Loisel reste pour moi un excellent souvenir de bande dessinée du temps de sa collaboration avec Serge LeTendre et la merveilleuse série « La Quête de L'Oiseau du Temps ». Je viens d'ailleurs de la télécharger en version numérique sur Kobo. C'est donc sous le charme de ce souvenir que j'ai téléchargé ce livre. Ce sont des textes érotiques, empreints de légendes, qui sont illustrés par Loisel. Par rapport à mes espoirs, je suis quelque peu déçu par l'ouvrage. Les textes sont beaux mais un peu « lourds », les dessins parfois surchargés, peu finis. Même la présentation me déçoit. Bref, je reste mitigé après cette lecture et regrette un peu mon achat.

Assez belle coopération entre LOISEL et ROSE LE GUIREC dans un album composite qui réunit des thématiques diverses d'humeur très rabelaisienne. Passer ainsi du coq à l'âne m'a un peu égaré ; il me manque une trame ou une ligne générale. En revanche, le dessin et la plume sont libertins à souhait ce qui ravira les amateurs… En ce qui concerne le dessin, je suis déçu ; il aurait vraiment mérité d'être soigné davantage.
On débarque dans un monde féerique prodigieux peuplé de fées et de centaures autour du thème de la femme convoitée et livrée en offrande à quelque sombre divinité lacustre… D'abord spectateurs d'un rapt obscène et viril, on perçoit rapidement l'avantage évident du nombre sur la beauté, ou sur la force pure… Les sauveteurs nullement motivés par une quelconque bonté d'âme deviennent bourreaux à leur tour… Qui incarne le Bien, qui incarne le Mal ? Ici, tout n'est que désordre et bestialité. Mais quand la force brute, fascinante en soi, ploie et chute, vaincue par plus petit qu'elle, il naît comme une sorte de jouissance et d'espoir.
Puis on aborde le thème des feux de la Saint-Jean au sein d'un XVIII siècle grivois et paillard avec la rencontre inopinée d'un jeune gars, noble de naissance, empoté et fort nigaud et d'une paysanne aux courbes généreuses…
Enfin, un peu plus tard, à l'aube d'un XXe empreint de luxure et de modernité nous divaguons de couches en couches profitant de l'humeur festive et libertine du Grand Carnaval de Venise pour cette troisième et dernière partie. le texte fait alors jeu égal avec le dessin qui dans l'ensemble est girond, sensuel et aguicheur mais beaucoup trop brouillon. C'est dommage.

En cette période de confinement, je me suis amusé à garnir les étagères de certaines BD qui trainaient depuis des années dans ma liste "à lire", et, bien que je ne sois pas fan du dessin de Loisel, je me suis mis en tête d'enfin lire sa fameuse BD érotique "Trouble fêtes". Et c'est une agréable surprise qui me fut proposée, puisque je me suis retrouvé face à une BD érotique de qualité !

Si je ne suis pas fan du trait de Loisel, je lui reconnait un style bien à lui et une représentation assez bonne des corps féminins, un peu moins masculin. C'est érotique, presque paillard dans certaines scènes, les corps sont un peu lourds chez les femmes (surtout au niveau de la poitrine) et les hommes un peu filiforme, mais ça passe dans l'ensemble. C'est clairement pas le dessin que j'ai le plus retenu dans tout ceci.

Par contre, les textes sont bien posés ! Aucun doute là-dessus, en terme de littérature érotique on est sur du très bon, le haut du panier même ! Une certaine recherche du verbe, une façon de narrer le récit, c'est une belle mise en texte de ces histoires. La première est assez oubliable, mais la deuxième et surtout la troisième offrent d'une belle façon l'art de la littérature érotique, mis en dessin lorsqu'il faut le souligner. Je dirais même que l'intensité est crescendo avec la troisième histoire qui est en forme d'explosion orgiaque par rapport à la seconde, plus paillarde. Mais les deux m'ont beaucoup plu !

Bref, sans aller jusqu'à dire que c'est une redéfinition de la bande-dessinée érotique, il faut dire que pour une BD qui a le vénérable âge de 30 ans, elle ne s'en sort pas si mal du tout ! C'est une littérature érotique, bien faite et plutôt excitante. Je ne suis toujours pas fan du trait de Loisel, mais dans certaines circonstances on dira qu'on peut fermer les yeux ... En ces temps de confinement et de chaleur du printemps, c'est une lecture qui donne des envies !

On a tellement glausé sur cet album érotique à cause du nom de son célèbre auteur. J'ai fini par la lire et le constat est de beaucoup de bruit pour rien. Oui, c'est sympa car on retrouve tout l'univers de Loisel mais avec ce côté un peu plus adulte. Ainsi, les centaures font aussi l'amour. Cependant, je n'ai rien trouvé de révolutionnaire en soi avec ce côté très illustratif à la limite du contemplatif.

J'aime ce dessin tout en rondeur qui donne du charme et de la sensualité à ces femmes. C'est coquin à souhait mais sans jamais tomber dans la vulgarité. Bref, il y a des qualités indéniables que les fans de l'auteur apprécieront. A quand une version plus libertine de Peter Pan ou de la Quête de l'Oiseau du Temps ?

C'est sûr, M. Loisel s'est un peu éloigné du 'magasin général'. Mais vu qu'il excelle dans moult domaines de la bd, la réussie de ces 'fêtes' est grande. C'est mon sentiment qui ne fait pas l'unanimité. Mais avouez qu'il en faut pour tous les goûts.
Oui, j'ai beaucoup aimé.
Ces traditions ancestrales de la Saint-Jean, du carnaval de Venise.... ont là, sous la plume de Rose le Guirec, resurgent sous un regard erotiques voire pornographique. Et alors ? Lorsque c'est Régis Loisel qui est à la mise en images, donc très réussie, nous sommes plongés dans le côté rose de la vie. Oui, des fêtes liberties ça existe dans la vraie vie.
En ce qui concerne ce côté sexuel du dessin, je classera volontiers cet album aux côtés de ceux de Milo Manara.
Est-ce de la perversité ce genre de lecture. Non, en aucun cas.
Alors si l'envie vous prend, lisez et savourez ce bel album.