AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,8

sur 324 notes
« Toutes les familles heureuses se ressemblent; chaque famille malheureuse l'est à sa façon. » Une citation de Tolstoï, tirée de son roman Anne Karénine, donne le ton à ce récit autobiographique incisif et caustique.
Hervé le Tellier traque souvenirs et vérité au coeur d'une enfance enveloppée de désamour et de mensonges. Fils unique d'un père qui l'a tôt abandonné et d'une mère dépressive et inadéquate, le petit Hervé s'attache d'abord à ses grands-parents maternels. Au remariage de sa mère, on lui donne le patronyme de son beau-père, occultant ainsi à jamais le lien biologique paternel. le constat final est d'une implacable lucidité : « Il y avait chez mon beau-père trop peu de père, chez mon père pas de père du tout et chez ma mère trop de faux et d'amour malade. »
L'auteur s'interroge sur la solidité des liens du sang et ébranle solidement le concept de la famille comme lieu de refuge.
J'ai pensé à Sorj Chalandon et à bien d'autres, malmenés par l'incompétence parentale. Heureusement, est arrivé le dernier chapitre, pacificateur, un baume appliqué sur tout le reste. J'ai parcouru ce texte avec une certaine fébrilité et même si le Tellier tente d'y insérer un peu d'humour, j'ai souvent eu le coeur serré.
Commenter  J’apprécie          170
Belle démonstration de ce que peut être la résilience... dans "Toutes les familles heureuses" Hervé le Tellier se raconte mais raconte surtout comment on peut aimer la vie même si on n'a pas été aimé par ses parents que l'on a fui.
Je caricature un peu et surtout je le dis beaucoup moins bien que l'oulipien. Je crois que ce qui me plaît le plus c'est le ton qu'il emploie, drôle sans être ridicule, poignant sans être mélodramatique.
Il raconte ses relations familiales donc forcément son enfance, l'inexistence du père, la froideur du beau-père, les mensonges de la mère... et ce qui touche aux sujets qui fâchent comme l'argent, la religion ou l'amour.
Il le fait en évoquant l'excellent "Je me souviens" de Georges Perec qu'il cite à plusieurs reprises.
D'ailleurs, j'apprécie beaucoup ses références littéraires dont celle de "Dora Bruder" de Patrick Modiano, en écho la Shoah. Il énumère avec beaucoup d'émotion les noms des enfants déportés qui étaient dans la classe de sa mère Marceline ou de sa tante pourtant devenues amnésiques. Cela l'interroge comme beaucoup d'autres découvertes qu'il fera plus tard.
J'ai aussi été bouleversée par le chapitre sur ses vingt ans et la mort de Piette, la femme aimée.
Tout cela contribue à me faire apprécier cet auteur que je trouve particulièrement sympathique.


Challenge Riquiqui 2022
Commenter  J’apprécie          160
Portrait au vitriol de la famille le Tellier, lu d'une traite dans le train qui me ramène des Gorges du Tarn. Portrait d'une de ces nombreuses mères mal-aimantes de la littérature, une Folcoche monstrueuse d'indifférence et d'égocentrisme. L'histoire serait terriblement triste si elle n'était traitée avec un humour noir et une grande virtuosité littéraire. Certaines phrases sont diablement bien tournées. Roman cruel, drôle, émouvant et jubilatoire.
Commenter  J’apprécie          150
Ah ! La famille…
Hervé le Tellier retrace son parcours familial sans rancune, sans animosité et souvent avec un brin d'humour. Oui, l'humour a ce pouvoir-là, d'aborder des sujets douloureux tout en paressant léger. Il n'en est rien, bien évidemment. Si on lit entre les lignes, on pressent le désir de ce petit garçon devenu adulte de vouloir, en vain, faire la paix avec sa mère.
Hé oui, même adulte, on reste l'enfant de sa mère. Il est toujours difficile d'accepter l'impossible réconciliation et la culpabilité pointe souvent le bout de son nez, surtout quand on vous suggère sans cesse que vous n'êtes en rien le fils souhaité.
Il n'aura pourtant de cesse d'essayer d'apaiser les tensions malgré les accès de colère et les injures. Avec une mère folle, un géniteur absent et un beau-père effacé, difficile de se construire. D'aussi loin qu'il se souvienne, l'auteur a toujours su qu'il devrait quitter tôt ce foyer. Il finira par s'éloigner sans vraiment couper les liens car malheureusement la résignation est souvent la seule planche de salut.
Pour susciter mon intérêt à cette lecture, il fallait que l'écriture soit belle et qu'elle propose une réflexion sur ce déballage de vie intime. Hervé le Tellier a fait le job comme on dit, j'ai été conquise.
Commenter  J’apprécie          140
Merci au site Net Galley et aux éditions J.C.Lattès de m'avoir permis de découvrir ce livre en avant première.
Je suis ravie de découvrir une partie de la rentrée littéraire avant les autres, et en lisant cet ouvrage, je me suis fait la réflexion que cette année, il y avait énormément de livres très personnels. Les auteurs, nouveaux ou confirmés, nous relatent leurs souvenirs d'enfance, leurs joies, leurs peines..
C'est très intéressant, mais comme j'en ai lu plusieurs avant celui-ci, je deviens un peu exigeante !
Toutes les familles heureuses est un livre sur la famille, sur la complexité des rapports familiaux... Une réflexion très intérieure, très perso, et qui m'a plu mais je ne suis pas certaine d'en garder un grand souvenir.
C'est pas mal, j'avoue avoir souri vis à vis de sa réaction au décès de son père, quand l'auteur dit "j'ai compris que j'étais un monstre" car non, pour moi il n'est pas un monstre. J'ai moi même ressenti des émotions très contradictoires ce jour là, et j'ai tout à fait compris ce qu'il veut dire à ce moment là, sa réaction...
Il y a de bonnes choses dans ce livre, très bien ficelé et très intéressant mais à force de lire ce genre d'ouvrages j'ai un peu de mal à m'attacher.
Mais je conseille vraiment Toutes les familles heureuses, c'est à lire :) Et je mets trois étoiles et demie.
Commenter  J’apprécie          120
Hervé le Tellier a une une famille dysfonctionnelle, mais c'est la sienne. Alors, après avoir rapidement pris le parti d'en partir, il en parle enfin. Et tout doit sortir. C'est souvent drôle et pathétique. C'est bien raconté, mais au troisième grand oncle du côté maternel qui avait fait des crèpes à la chandeleur, un peu décroché, je l'avoue (je caricature).

Et finalement, il revient au début, à sa mère dysfonctionnelle et désormais malade. Et c'est très touchant.
Lien : http://noid.ch/toutes-les-fa..
Commenter  J’apprécie          110
Un audio très bien dit par Thibault de Montalembert, pour une histoire assez banale, des tranches de vie, des personnages familiaux décrits de façon humoristique et navrante. Quand on a soi-même connu, des hypocondriaques, des bipolaires, des psychorigides, des « malades Alzheimer », soit on compatit et ça réveille des drames, soit on rigole quand c'est pris en dérision. Pas long à lire, un beau langage, des moments à partager avec des proches, histoire de faire revivre le passé.
Commenter  J’apprécie          90
Ecouté en livre audio
Je n'avais pas été convaincu, loin de là, de l'anomalie. En revanche, j'ai succombé aux charmes du récit que fait l'auteur de ses années de jeunesse. le ton n'est pas larmoyant mais assez froid et distant. L'auteur va droit au but, sans hésitations.
La lecture du récit est parfaite.
Commenter  J’apprécie          80
C'est le premier livre audio que j'écoute. Je ne sais pas si c'est pour cette raison que j'ai adoré, écouter ce roman lu par Thibault de Montalembert.
Cet ouvrage émouvant et personnel, nous raconte l'enfance et la jeunesse de Hervé, le Tellier qui dit lui-même qu'il n'a été ni privé ni battu, ni abusé mais que très jeune il a compris que quelque chose n'allait pas vraiment dans sa famille recomposée.
Il raconte sans se plaindre, le désamour de ses parents à son égard en arrivant parfois à nous amuser alors que la réalité était difficile à vivre.
Commenter  J’apprécie          70
Comme beaucoup, j'ai découvert Hervé le Tellier au travers de son ouvrage « L'Anomalie » récompensé par le Prix Goncourt 2021. Mais j'étais curieuse de pouvoir connaitre un peu sa plume, alors lorsqu'on m'a offert « Toutes les familles heureuses », j'ai sauté sur l'occasion. Ces deux ouvrages n'ont absolument rien à voir, puisque « Toutes les familles heureuses » est une autobiographique quelque peu cynique tandis que l'Anomalie s'inscrit plus dans le genre de la science-fiction.

Hervé le Tellier nous présente tour à tour les différents membres de sa famille, ses parents, son beau-père, ses grands-parents… Afin de ne pas perdre le fil dans ce flot de personnages, un arbre généalogique est dessiné avant que commence le premier chapitre. Les membres de sa famille sont très caractériels et leurs histoires sont tragiques. Entre la mère qui semble atteint de folie, le père qui n'a jamais vraiment été présent, le beau-père complétement perdu, il y a matière à écrire.

Mais au lieu de tourner au pathos, Hervé le Tellier déjoue ces sordides évènements en ayant recours à l'autodérision et au cynisme. On comprend ainsi que chaque membre de sa famille a participé à la construction d'Hervé en tant qu'enfant mais également en tant qu'adulte. C'est d'ailleurs ce qui le motive à écrire une telle autobiographie, le besoin de raconter son histoire en somme toute particulière. Il le décrit d'ailleurs ainsi : « rien dans cette anormalité ne me paraissait normal ». Parce que oui, la famille parfaite n'existe pas même si celle d'Hervé le Tellier est particulièrement hors du commun. Ici, c'est une réflexion sur l'importance de la famille, de l'éducation qui nous est livrée.

Cette quête d'identité est touchante puisque malgré une certaine pointe de cynism e, on peut se douter que grandir dans une famille si divisée et si caractérielle n'a pas dû être évidente. Cette douleur apparait dans une lettre écrite par le jeune Hervé à sa mère, dans laquelle il déclare « Une femme est forcément plus forte qu'un homme, une mère plus forte qu'un fils. Si je te fais du mal, ne doute pas que tu sais aussi m'en faire ».

Je compte continuer d'explorer l'oeuvre littéraire d'Hervé le Tellier puisque les deux que j'ai lu jusqu'à présent n'ont vraiment rien à voir ! En tout cas, je vous conseille vivement de lire soit l'Anomalie qui casse les codes traditionnels du roman soit cette autobiographie qui se lit très rapidement au vu de l'enchaînement de chapitres relativement courts.

Lien : https://lennaden4.webnode.fr..
Commenter  J’apprécie          70





Lecteurs (736) Voir plus




{* *}