Dans ce premier tome des oeuvres d'
Herman Melville sont regroupées ses trois premiers récits publiés:
Taïpi (les premières éditions donnaient Typee), Omou (parfois Omoo) et
Mardi.
Ces romans sont surtout intéressants pour suivre le cheminement de l'écrivain Melville, et, en gros, voir comment il est arrivé à
Moby Dick. Les deux premiers sont la relation quasi biographique de l'aventure d'un marin (l'auteur lui même) dans les mers du sud, et sa captivité dans deux îles des Marquises après sa fuite d'un baleinier où il s'était engagé.
Joli portrait de la vie en mer, des heures et des jours d'un baleinier dans ces années fastes pour la chasse au cachalot, années de découverte et de colonisation de ces îles paradisiaques qui ont encore la réputation d'abriter des cannibales !
Ce sont des récits vivants, d'une style léger, intéressant d'un point de vue historique et anthropologique bien qu'ils soient avant tout des romans, malgré la part d'autobiographie qu'on ne doit pas oublier...
Melville en profite aussi pour donner son avis sur la vie des autochtones et surtout sur l'impact de l'arrivée des occidentaux, notamment des français et des missionnaires protestants anglais et américains ! Autant le dire, pourtant lui même croyant, il juge leur influence néfaste.
Le plus long et troisième récit, est lui, un pur roman. Si le début ressemble étrangement à celui de
Taïpi, la suite diffère notablement en cela qu'elle propose une sorte de tour du monde métaphorique et métaphysique, à philosopher sur la vie, ses tenants et aboutissants. A l'intérieur du monde de
Mardi, on retrouve en effet la situation politique de 1848, les questions que se posait Melville, etc... Tout cela est discuté pour des iliens occupant des rôles archétypiques: le vieux chroniqueur, le philosophe, le jeune poète et le roi qui discourent tour à tour lors de leur voyages en pirogue et débattent de ce qu'ils voient en cheminant, telle coutume, tel royaume, telle guerre, tel style de gouvernement: évidemment toute coïncidence avec le monde réel ne serait que fortuite !
Ce dernier roman m'a moins emballé, et Melville le dit lui même, son récit est plus hétérogène, composé de petits épisodes, de discussions au final assez verbeuse même si on sent bien où veut en venir l'auteur.
On comprends bien son cheminement, ce qu'il essaie de faire avec ce matériau, mais qu'il ne parvient pas complètement à réaliser. On sent germer un esprit, un style, une volonté, mais l'accouchement est délicat, et tout le processus n'est pas une partie de plaisir !
A lire avec un regard indulgent donc, et en vue les chefs d'oeuvres à venir, permis par ce livre qui n'en est pas un !