Inquiets des risques de décomposition sociale dans les sociétés occidentales "avancées", Castoriadis associe à sa façon les modèles triomphants de l'avoir et la difficulté dans laquelle se trouve un nombre de plus en plus grand de nos contemporains de construire leur propre identité : les modèles proposés aujourd'hui par les médias, la publicité, sont des modèles de "succès", creux, plats, fonctionnant extérieurement, ne pouvant être vraiment intériorisés.
Quitte à le payer en frais de légitimité, ne devrait-on pas dès lors l'arracher (le récit de vie, "mon" récit de vie) à un sol où il ne s'est implanté qu'en étranger, pour le ramener à ses seules vraies racines, celles d'une psychologie dramatique-romancière, vouée dans l'écoute et le dialogue à l'accouchement de sujets s'autoproduisant, sans ambition d'objectivité ?
Mais les mots ne se décrétent pas. Ils s'inventent dans le tissu souterrain du travail culturel séculaire. Que du tissu qui nous enserre, cet ouvrage ait pu désserer une maille, et qu'il ait pu, sur un autre canevas, broder un fil.
Comme l'indique Maisondieu, un alcoolique peut avoir de bonnes raisons pour se représenter son alcoolisme sans raisons.
Toute thérapie de l'alcoolisme est- et ne peut être - qu'une thérapie de la liberté.
Les moulins de mon coeur (1976)