L'adjectif du titre ne fait pas référence à la taille de la Navarre ni à sa durée de vie. Il s'agit de la collection "petite histoire de" des éditions Cairn, ouverte à tous.
Béatrice Leroy, historienne médiéviste ayant étudié (entre autres) la Navarre, arrive à caser dans cet ouvrage pas très épais énormément de choses, avec une bibliographie en fin de chaque partie qui permettra au lecteur de pousser plus loin son investigation, si l'envie l'en prend.
Au commencement "la Navarre des Montagnes et des plateaux de l'Ebre, peuplée de Basques et d'Ibères romanisés, envahie par les Maures et traversée par l'armée carolingienne, incorporée dans l'empire de Charlemagne et de Louis le Pieux, mais jamais administrée en profondeur par ces Francs de l'Aquitaine, a secoué toutes ces dominations étrangères et s'est donné un roi. Iñigo Arista. "
Nous sommes au IXe siècle.
Si le démarrage et les détails de cette dynastie de rois autochtones n'est pas très claire par manque de traces écrites, Béatrice Leroy expose tout de même ce qui est avéré ou un peu moins (où l'arrière-garde de Charlemagne a-t-elle été attaquée, et par qui ?) avec beaucoup de précisions jusqu'au roi Sanche VII le Fort qui participa à la fameuse campagne de las Navas de Tolosa du 16 juillet 1212.
Et puis il y eut les dynasties de Champagne, de France et d'Évreux. Plus ou moins présentes sur le territoire.
Néamoins, on constate deux zooms intéressants : Charles II le Mauvais qui aurait été roi de France si sa mère Jeanne de France et de Navarre (elle-même fille de Louis X le Hutin) avait été un homme (#loisalique) ; et son fils Charles III le Noble.
Enfin, c'est seulement en quelques pages que nous est racontée la fin de ce royaume après la mort de Charles III en 1425 jusqu'à la quasi mort de ce royaume en 1512, quand les armées castillanes envahissent toute la partie au sud des Pyrénées. Peut-être est-ce parce que beaucoup de Béarnais se sont penchés sur cette tranche d'histoire qu'ils avaient en commun avec la Navarre ?
Mais ce n'est pas tout.
On découvre aussi l'organisation de cette société navarraise où les nombreux monastères avaient une place prépondérante ; où plusieurs cités sont divisées en trois quartiers distincts : bourg francos, Navarrería et quartier juif ; où se pratiquent trois religions : christianisme, judaïsme, islam et certainement plus encore de langues ; où l'organisation politique passe depuis Sanche VII par les Cortes (assemblées représentatives réunies sur convocation royale) ; où beaucoup d'étrangers passent puisqu'un chemin de pélerinage traverse ce royaume.
Une palette ethnique et linguistique qui laisse imaginer les brassages en résultant.
D'ailleurs, Béatrice Leroy nous énumère de nombreux noms de famille d'origine diverses qui ont tenu un rôle non anodin au cours de ces siècles et qu'on retrouve même parfois sur une très longue partie de l'histoire de la Navarre.
C'était passionnant.
J'ai déjà repéré d'autres livres de cette historienne qui m'intéressent.
Commenter  J’apprécie         203
Il s'agit d'évoquer un royaume, qui n'a vécu comme tel, dans son indépendance, que du IXe au XVe siècle ; mais son histoire, dans ces six siècles, est d'une grande originalité, tous les peuples de l'Occident semblent y avoir laissé des représentants et beaucoup de temps forts de l'Histoire s'y sont déroulés. Les voyageurs actuels, qui prennent le Camino de Santiago, et qui suivent les fêtes de la Saint Firmin à Pampelune, savent-ils tous que des Français ont régné en Navarre, ont cultivé la vigne et tissé le drap dans les cités du royaume, que des Anglais s'y sont battus et aussi chanté sur la harpe, que des Allemands y ont travaillé dans les mines, que des gens du Hainaut et de Flandre venaient sculpter pour les rois, que des Musulmans et des Juifs vivaient sans heurt dans les murs de Tudela, de Pampelune, d'Estella ?