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3,72

sur 81 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Michèle Lesbre nous entraîne dans une dérive au fil de ses souvenirs qui remontent à la surface grâce à des rencontres par lesquelles elle se laisse guider, rencontres qui vont la ramener vers son père et lui permettre de le reconnaître.
« Il me fallait mettre de l'ordre dans toutes ces images qui me hantaient depuis des années, des images enfouies dans le silence. »

Pour se rapprocher de lui, elle vagabonde au fil de pensées buissonnières entre les pages d'un livre « Scènes de la vie de bohème » d'Henry Murger, sur les berges d'un canal où elle occupe une chambre de l'hôtel des voyageurs, ou à bord d'une péniche.
« Il me semblait que le jeune homme qu'il avait été, ou plutôt celui que j'imaginais en lisant Murger, m'aurait plu, beaucoup, que je l'aurais aimé. C'était d'autant plus troublant que les hommes qui avaient compté pour moi jusque-là ressemblaient à ces bohèmes, leur fantaisie, leur amour de la vie, à ce qu'il était peut-être lorsqu'il baguenaudait dans Paris, avant de devenir un homme rugueux et désenchanté. J'en étais bouleversée. »

De belles rencontres vont jalonner ce retour vers le passé : Un éclusier, plein de fantaisie et de charme, lui conte l'histoire qu'il aurait aimé vivre comme ancien pêcheur à la morue au large de l'Islande, un couple qui la prenne sur leur péniche « Minette » où elle nous confie :
« Je m'installais dans l'étirement du temps, son infinie douceur sous un ciel pur. La première écluse m'évoqua le marin imaginaire, je me souvenais de nos baisers timides, de nos corps timides. Il avait le goût de la vie et sentait l'herbe chaude. Pas de buvette près des écluses que nous franchissions. Avais-je tout inventé ? »

Toute la beauté de ce livre vient de ce bercement entre rêve et réalité, où l'eau est tout au long présente. On en sort un peu engourdi et étranger au monde qui nous entoure, baignant dans une douce mélancolie.
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Michele Lesbre est une magicienne du verbe. N'en doutez pas.
"J'ai trois ans. Un homme qui me paraît immense entre dans la minuscule cuisine de l'appartement rue du Souci à Poitiers, me prend dans ses bras, je ne l'ai jamais vu. Ma mère me demande de l'appeler papa. C'est mon père."

Dès les premiers mots le chemin est tracé. Laissez vous prendre par la main , laissez ses souvenirs affleurer sa conscience, imaginez la rue du Pommier, la maison de R ou celle ci non loin du canal ... Peut-être vous retrouverez vous vous aussi le regard perdu au loin en train de remonter le temps ....
Michèle Lesbre compose une petite musique bien à elle, Elle est en quête ici de ce père qu'elle a peu ou fort mal connu . son roman fétiche signé par Henri Murger Scènes de la vie de Bohême lui permettra t'il de faire la connaissance de l'homme qu'était vraiment son père ?

A déguster
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« Leur présence sur le vieux pont était une étrange
et vertigineuse ellipse entre mon enfance,
leur vieillesse et la mienne, qui me rapprochait d'eux,
de tout ce que nous avions partagé sans en avoir eu conscience,
mais plutôt avec la désinvolture des jours heureux.
Je n'avais plus d'âge, eux non plus.
Je les voyais dans leur jeunesse et j'aurais aimé qu'ils me voient vieillissante,
ainsi s'estomperait le mystère des êtres dont on ignore tout un pan de leur vie,
celui d'avant notre naissance, et d'après notre mort. »

Une douce promenade, tranquille et sereine, aux bords des canaux, au fil du temps qui passe et de celui passé, au fil de rencontres tendres et délicieuses. Michèle Lesbre convoque les souvenirs, sa pensée vogue d'images en images, d'événements en événements, la nostalgie n'étant jamais bien loin.
Un court roman, empreint d'une douce chaleur, d'une certaine tendresse, d'une luminosité poétique, qui se lit lentement, qui se savoure, un délicieux moment de réflexions sur la vie et le temps qui défile, sur les déchirures que la vie engendre ... une pause dans le cours de cette vie, pour parler de ce qui se transforme, de ce qui se perd, de ce qui manque sans que nous y prêtions attention, ou alors trop tard, pour s'imprégner des moments de l'enfance, pour retrouver ce qu'[on a] peur de ne pas reconnaître, pour aller à la rencontre d'un être insaisissable, absent, trop absent, que l'on a tous certainement autour de nous. Un être (le père, dans cet ouvrage, intime étranger, qui rêvait de bohème) qui semble si lointain, à côté duquel nous passons sans que les liens ne se tissent, un être, avec qui on a le sentiment de ne rien partager, que l'on ne comprend pas, un être enfermé dans sa vie, une vie qui nous échappe. Puis vient le temps de la réconciliation, peut-être ...
Délicat et pudique, ce roman est un petit bijou, ...douloureux et joyeux à la fois, qui donne envie de prendre le temps de savourer chaque instant, d'en apprécier, d'en humer chacun des éléments qui le définissent ... de VIVRE en somme.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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J'aime la poésie et la mélancolie de l'écriture de Michele Lesbre.

Chemins raconte la mélancolie de l'enfance et les moments de vie qui façonnent la mémoire.
Tout commence lorsque la narratrice aperçoit un homme lire un livre au pied d'un réverbère. Cet homme l'intrigue. Pourquoi s'installer si inconfortablement au pied du réverbère alors que juste en face se trouve la terrasse d'un café ? La curiosité la pousse à s'approcher et elle découvre qu'il lit Scènes de la vie de bohème de Henry Murger : un livre qui a accompagné son père et qui trônait sur son bureau.
Cette découverte va lui donner envie de lire enfin ce livre enfoui au fonds de sa bibliothèque et de renouer avec ses souvenirs d'enfance.
Des rencontres poétiques vont ponctuer son chemin.

C'est lumineux, tendre et baigné d'une lenteur réconfortante.
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un roman tout en équilibre, comme le funambule sur son fil, retour sur le passé avec des souvenirs de son père plus ou moins distant, absent.
son récit va donc en pas de deux, nous menant dans ce vagabondage du présent et du passé.
au fil de l'eau, elle fait des rencontres, savoure ces moments suspendu au temps. Elle finit son voyage en embarquant sur la péniche d'un couple de mariniers avec un chien qu'elle a rencontré sur son chemin.
Ce n'est qu'un long chemin ici ou là, d'hier à aujourd'hui, tout comme la vie, faite de rencontres, de souvenirs, et une illusion d'avenir.

Michèle Lesbre m'enchante de livre en livre plus ou moins fort, le canapé rouge reste pour l'heure le plus intense à mon goût.
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Michèle Lesbre on l'avait découvert en 2014 à la bibliothèque avec Écoute la pluie. Pas vraiment un coup de coeur, nous nous étions un peu perdus dans le rideau de pluie… Depuis nous avons rencontré l'auteur à Vineuil, et puis surtout nous avons découverts tous ces autres romans.

« Chemins « c'est son dernier livre, c'est aussi celui que prend l'auteur dans ses écrits. Il y a souvent un fil conducteur, un élément déclencheur, des absences non comblées ( celle du père ), la trace d'une guerre et ses stigmates dans ses livres.

Dans ce dernier roman ce sera un livre lu par un homme élégant, étrangement assis sous un réverbère, qui lui donnera envie de s'engager dans un voyage. Ce livre elle l'avait vu dans le bureau de son père, ce souvenir la fera partir en voyage, là elle tentera de se réapproprier ce père si peu connu.

Le long d'un canal, dans un train…. les rencontres se font réminiscences. On la suit dans cette quête, retrouvée une maison, on se plaît à rencontrer une gardienne de vaches, l'éclusier, à s'installer dans une péniche avec ces mariniers si étonnants….L'auteur interpelle, parle, partage. On est spectateur d'une mélancolie douce, ou le paysage et le gris du canal se font chant d'amour.

Que de cheminsMichèle Lesbre a parcouru dans ses romans, que de rencontres elle nous a proposées, que l'histoire est douloureuse souvent.
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C'est un petit livre aux couleurs surannées, couverture crème, bordure marron glacé et nuances d'orange et de chocolat pour le titre: un parti pris années cinquante qui convient parfaitement à ces Chemins de Michèle Lesbre. Lacis de mémoire et de déambulations autour d'un canal, silhouettes imprécises ou improbables, aucune modernité dans ce livre, aucune intrigue; seulement un fil inlassablement tissé, un souffle ténu, la recherche impressionniste du père de la narratrice, cet « intime étranger ».

De ce qui n'est pas vraiment une rencontre (la narratrice ne parlera jamais à cet homme qui lit sous un réverbère) naît le roman de Michèle Lesbre, Chemins. L'inconnu lit Scènes de la vie de bohème d'Henri Murger, le livre de chevet du père de la narratrice. Un père énigmatique, peu présent dans la famille et quand il est à la maison le couple parental se déchire.

Tout est mis en place dès le départ : le livre que la narratrice n'a pas lu et qui va permettre la naissance de son propre livre, la maison qu'elle doit garder pour des amis et qui rappelle d'autres maisons, les personnages croisés le long du chemin évoquant d'autres personnages de son enfance.

Un éclusier menteur et séduisant auprès duquel il ne faut pas s'attarder, un vieux couple de mariniers lumineux et pleins de tendresse, l'ancienne maison des grands-parents devenue une sorte de musée, l'ancienne maison des amis qui n'est plus reconnaissable, un cahier égaré, un homme aimé… Un livre tout en tours et détours, finesse et sensibilité, une façon de se perdre pour mieux se retrouver.

Le père mort très tôt se dérobe sans cesse, comme la maison au bord du canal que la narratrice n'aime pas sans la connaître parce qu'elle était attachée à la précédente qui représentait sa jeunesse.

Le charme puissant de ce livre si simple, tout en retenue et en pudeur, tient en grande partie à l'écriture :

Dans la rumeur de la ville qui s'amplifiait soudain, et au moment où je me rapprochais de la rue où j'avais vécu plusieurs années, je pensais que nous n'avions su que nous égarer dans le mutisme et les cris.

Couple désuni, enfant témoin, enfant otage.

Au rebours de la vie chez les grands-parents :

Au Pommier, de ma chambre, je pouvais entendre les voix des adultes déjà levés, elles montaient jusqu'à moi comme un murmure. J'écoutais ce babil familier les yeux au plafond, où passaient l'ombre d'un oiseau en vol, la dérive d'un nuage, une silhouette imprécise qui traversait la cour. Puis je bondissais et surgissais dans la splendeur du matin comme une petite folle, portée par la même joie de vivre que celle qui rayonnait sur le visage des adultes. (…) Tant d'autres (matins) qui ont laissé des traces lumineuses dans la nuit opaque des chagrins et de la fuite du temps, et me guident lorsque je crois perdre mon chemin.

Superbe musique des mots qui coulent de source sans une virgule de trop, sans un adjectif superfétatoire. Une merveille poignante qui fait comprendre pourquoi on compare si souvent l'auteur à Modiano : même effilochement de riens, même atmosphère ambiguë où on peine à rejoindre ceux avec qui on n'avait déjà pas réussi à partager de l'intimité lorsqu'ils étaient présents.

Ces Chemins auxquels Michèle Lesbre nous convie, ce voyage dans la mémoire sur des eaux tranquilles traversées de trouées de lumière n'a de fiction que le nom. Ce « roman » si joliment édité par Sabine Wespieser ressemble à un cahier d'écolier ou plutôt à un journal. Cette recherche tenace et nécessairement vaine d'un père absent depuis toujours pourrait être la nôtre : il y a toujours quelqu'un qui nous échappe depuis l'enfance, quelqu'un d'important avec qui nous n'avons pas réussi à communiquer et cela nous déchire.

Un petit livre comme un chemin des écoliers et une douceur poignante d'enfance inachevée.
Lien : http://nicole-giroud.fr
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Une grande douceur émane de ce livre, promenade nostalgique que nous avons tous emprunté un jour. Pas de but particulier si ce n'est la recherche du père, plus exactement, la recherche de moments partagés avec lui, moments trop rares, définitivement disparus. Ces instants ont-ils vraiment existé ? L'unité du lieu nous renvoie à la pérennité de ces lieux sur lesquels le temps n'a pas de prise mais ne serait-ce pas le fruit d'un désir que rien ne doit changer. L'enfance n'est-elle pas la meilleure part de la vie, avec son cortège d'inconnu, de questions sans réponses.
Les trouver, ces réponses, semble être la quête essentielle de ce texte empreint d'une douceur enfantine.
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Si je croise un livre de Michèle Lesbre que je n'ai pas lu, je ne résiste pas. C'est le cas pour Chemins rencontré par hasard sur l'étal d'une librairie. Cette fois nous cheminons dans les souvenirs d'une femme dont nous ne connaissons que le surnom que son père lui a donné"goule pia". Il y a bien sûr le chemin physique, celui de la mémoire et au bout du bout celui de l'apaisant pardon. J'aurais aimé que la ville de son enfance ne soit pas nommée R, ce qui m'aurait sans doute permis de visualiser les lieux. j'ai découvert l'existence de Henry Murger et aimé rencontrer Jean-Claude Pirotte au détour du chemin.
Je suis sortie de ce livre, moi aussi apaisé.
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L'auteur a peu connu son père. Ce qui lui reste en mémoire, c'est une stature, le titre d'un livre en particulier, l'odeur du tabac...

Cela l'habite et elle trouve ses réminiscences, dans une silhouette.

Dès les premières pages, le style s'impose, ce qui est son intime peut aussi devenir notre.
L'auteur divague de souvenirs réels et bien ancrés à des images fugaces qui lui arrivent comme des papillons que l'on voit se poser sur des fleurs au détour de la mise en émoi de nos cinq sens.

En fond sonore, le bruit de l'eau qui chemine dans la nature, accentué par de jolies phrases longues et légères.

La narratrice si elle pérégrine à travers sa mémoire, n'en oublie pas le présent et son lot de beautés, de rencontres et d'instants joyeusement volés.

Cette lecture est comme les pensées qui peuvent traverser notre esprit lorsque l'on regarde le soleil se lever sur un beau paysage, avec les premiers parfums de la terre encore emmitouflée de rosée.

Le lecteur se laisse prendre à cette douce chanson, et l'auteur nous parle aussi de ses lectures et cite quelques ouvrages sur lesquels nous avons envie de nous précipiter.

C'est vraiment un intemporel.
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