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EAN : 9782848050966
94 pages
Sabine Wespieser (07/04/2011)
3.45/5   83 notes
Résumé :

« Je réinvente ma vie dans le désordre en mélangeant les temps, les lieux, les êtres chers, maisc’est tout de même ma vraie vie. Peut-être que cette journée est un cadeau plutôt qu’unempêchement et un rendez-vous manqué. J’attendais l’Italien, c’est Antoine qui est venu, dans lesilence de la ville qui est une autre ville, lointaine et familière à la fois ». Ce c... >Voir plus
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Seul un jour gris et laiteux où la neige vient estomper le présent, en atténuer les bruits, peut faire ainsi resurgir des images du passé un peu floues, entre rêve et réalité.
C'est dans un monde flottant, ouatiné que nous entraîne l'auteure mais les blessures du passé, si elles se sont adoucies, n'en sont pas moins présentes. Les lieux sont eux-aussi propices aux envols loin du quotidien, le bien nommé "café Lunaire", la gare où elle attend un italien, un train qui l'emporte vers Ferrare, Antoine et l'Aubrac.
Le propre de la neige qui tombe c'est aussi d'effacer au fur et à mesure les traces de pas. Les souvenirs apparaissent eux-aussi et s'éloignent au gré de l'errance de la narratrice. Ils viennent témoigner de la disparition inéluctable de moments que l'on tente désespérément de retenir.
Mais nous dit la narratrice : "Je réinvente ma vie dans le désordre en mélangeant les temps, les lieux, les êtres chers mais c'est tout de même ma vraie vie"
J'aime à chaque fois les retrouvailles avec l'univers de cette auteure, sa petite musique insistante, douce et mélancolique qui m'emporte et m'enveloppe de son murmure.
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Un titre qui m'interpelle, une auteure que j'apprécie il n'en fallait pas plus.
Elle est venue l'attendre au train de 8h15, lui c'est l'Italien; Elle l'a croisé à plusieurs reprises le mercredi matin au Café lunaire face au jardin des Plantes.. Il n'est pas venu. La neige tombe fine et légère, elle déambule par les rues, seule, immergée dans ses souvenirs. Un court roman doux amer , un roman qui m'a laissée perplexe sans doute ma méconnaissance de Ferrare, du cinéma italien, de l'oeuvre de Duras ne m'a pas facilitée la tâche. Je suis restée sur le bas-côté du chemin à la fois charmée et frustrée .
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La narratrice est allée à la gare à la rencontre de l'Italien, un homme qu'elle croise tous les mercredis matins au Café lunaire. L'Italien y parle toujours de Ferrare. Sésame des souvenirs, ce nom réveille la mémoire de la femme. « Au Café lunaire, en présence de l'Italien, je suis dans le temps de ma vie à Ferrare, un temps qui me poursuit depuis que j'ai quitté cette ville à laquelle je pense comme à un amour inachevé. » (p. 22) Ferrare, c'est une partie de la jeunesse de la narratrice, c'est une longue déambulation citadine au gré d'indices cinématographiques. C'est pourquoi, aujourd'hui, l'absence de l'Italien à la gare ébranle un équilibre déjà très fragile.

Quand elle raconte sa routine matinale, la narratrice souligne la laideur de sa vie de bureau, laideur qu'elle ne peut supporter qu'avec le café qu'elle prend tous les matins et la promenade qu'elle fait dans le Jardin des Plantes. Elle y croise souvent un corbeau et tente de l'apprivoiser. La narratrice souffre d'une grande solitude et sa détresse est sans commune mesure. L'absence de l'Italien, ce matin, est presque inexcusable. Et pourtant : « J'aimerais que l'Italien me rattrape en courant et en s'excusant d'avoir raté son train. » (p. 29) Rêve romantique ? À peine, plutôt espoir de ne plus disparaître dans la brume des jours.

Autre douleur, le Jardin des Plantes est fermé à cause de la neige. Alors la narratrice avance sans but dans la ville blanche et froide. Après l'Italie, c'est l'Aubrac qui remonte du fond de sa mémoire, entraînant dans son sillage les souvenirs d'une jeunesse exaltée. « J'aimais Antoine et Jean. Jean aimait Lise. Antoine m'aimait sans doute, moi c'était surtout notre complicité que j'aimais, ce voyage initiatique et tout un monde que nous inventions. » (p. 40) La narratrice court après un autre absent : un jour, Antoine a disparu et ce départ laisse trop de questions en suspens. « Je me demande ce que sont devenus Lise et Jean, ce que nous sommes devenus sans Antoine. » (p. 17) Toujours, l'absence de l'autre renvoie au constat d'un manque, voire d'un échec. La narratrice aimerait faire le point, redonner du poids à sa vie. Mais outre la détresse et la solitude, il y a un certain lâcher-prise, un abandon plus ou moins consenti : « Mais je ne sais plus très bien ce qu'est le cours ordinaire de mes jours, du moins ce qui lui donne un sens véritable. » (p. 85) Pas de révolte, ni de sursaut. La vie l'emporte et elle ne fait aucun geste pour sortir du lac immense et blanc dans lequel elle sombre.

Son esprit mélange ses souvenirs et l'Histoire, et la narratrice vit une journée à part : mai 68, Woodstock, la Beat Génération, les chars dans Prague, les films d'Antonioni et un roman de Marguerite Duras composent une fresque mouvante qui témoigne des bonheurs et des peines. Et la neige, qui ne cesse de tomber, recouvre tout, comme un sceau fabuleux qui entérine toutes choses : « Je ne veux penser qu'à la neige, à toutes les fois où elle m'a laissé le souvenir d'un moment essentiel. » (p. 49)

Lente élégie, le récit de la narratrice n'est jamais lyrique. Alors que le froid pourrait exacerber les sensations, la neige étouffe les douleurs et calme les mouvements brusques. Pas de doute, un roman qui magnifie à ce point le froid et l'hiver ne pouvait que me plaire. L'errance triste de la narratrice a trouvé quelques échos en moi. Et la citation finale, empruntée à Hannes Pétursson, est superbe : « Mourir, ce n'est rien que le mouvement absolument blanc. » Un très grand coup de coeur pour ce roman de Michèle Lesbre : je découvre l'auteure avec ce texte, je n'en resterai pas là.
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Edith a pris un jour de congé ce mercredi enneigé pour aller attendre à son train cet italien, qu'elle voit toujours dans le Café lunaire, sans oser lui parler. Mais ce matin-là,exceptionnellement, il n'est pas à l'arrivée du train de 8h15. Elle est ébranlée et son sentiment de solitude croit avec cette déception. Edith part alors marcher dans les rues de la ville et s'arrête dans un autre café où un jeune homme l'aborde. Il lui demande ce qu'elle fait dans la vie, mais elle répond en détournant la question « Ce matin mes habitudes sont chamboulées, alors je tente de m'adapter ». Edith se remémore alors comment elle a voulu aller à la rencontre de cet italien. Il discute toujours avec ce serveur et parle de Ferrare, cette ville qu'elle connaît très bien et qui lui rappelle des souvenirs. Elle a envie de parler de cette ville avec lui.

La narratrice, Edith, a des habitudes bien réglées, comme d'aller dans le Café lunaire, puis traverser le Jardin des plantes, pour ensuite retrouver son travail. Elle est assistante et a un collègue qu'elle déteste. Dans ce parc elle y retrouve un corbeau freux sur un banc, avec qui elle discute en italien, c'est son compagnon de ce moment particulier, cet instant doux qu'elle savoure chaque fois avant de rejoindre son travail. Mais avant cela, son chemin débute par un parcours en bus. le jour où elle a pris la décision d'aller à l'encontre de l'italien, sa journée avait déjà commencé d'une étrange façon, avec le suicide d'un homme qui s'était assis en face d'elle. Puis le parc était fermé à cause de la neige.

Dans ce récit se mêlent le présent et le passé, dans un parcours d'une journée. La neige y est en toile de fond et est un déclencheur. Edith nous raconte ses souvenirs, de son enfance dans l'Aubrac, à son adolescence épique et amoureuse avec Antoine, jeune révolutionnaire pour la lutte des classes, à sa fuite à Ferrare, cette ville italienne. La neige lui procure « la sensation fugitive d'une sorte d'éternité », c'est pourquoi tout ce qu'elle se rappelle et qui l'a marquée a toujours le goût de la neige. Elle lui rappelle son enfance et la mort. Il se dégage de ce roman une belle mélancolie et une grande nostalgie. On se sent apaisé, comme dans un voile soyeux et blanc qui nous entoure. L'écriture y est fluide et poétique. Une femme dans la solitude et qui se retourne sur ses souvenirs le temps d'une journée, une femme résignée. Mais malgré les souffrances et les peines qui ont pu marquée sa vie, Edith vit, triste et seule, mais elle vit dans son tableau de neige « je ne veux penser qu'à la neige, à toutes les fois où elle m'a laissé le souvenir d'un moment essentiel, mon premier voyage à Ferrare, ce matin devant le Jardin des plantes, le blanc plateau de l'Aubrac en hiver ou le grand champ de Mme Renée. Ne penser qu'à la neige, un éternel éblouissement. »

Je vous recommande ce court roman pur et de blanc vêtu (82 pages). de belles références littéraires, musicales et cinématographiques accompagnent ses souvenirs.
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Nostalgie, solitude, attente dans un paysage de neige sur Paris.... Et voici que remontent des souvenirs pour Edith, qui espère voir arriver, par le train de 8h15, un homme, un italien qu'elle a rencontré près du zinc d'un bistrot parisien.
Tandis qu'elle chemine dans les rues enneigées, elle revoit les amours de sa jeunesse, les combats politiques, les émois, les peines.
C'est un livre très court que nous offre Michèle Lesbre, dont j'aime beaucoup la plume lente et poétique.
De plus, elle parcourt son récit de références littéraires, un cadeau!
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Le ciel pâle fait écho à la blancheur immaculée. Les arbres flottent dans une brume nacrée que la neige tient en suspens. A loin, de dos, Buffon navigue sur sa stèle comme sur un radeau de fortune. Quelque chose de l'enfance m'envahit soudain, quelque chose de confus, de doux aussi que pourtant je voudrais ignorer, sans raison précise. Derrière moi, la ville s'estompe, elle se laisse avaler par tout ce blanc qui se répand sur elle. Et puis des mots résonnent dans ma mémoire et aussi la voix qui les prononçait des dizaines d'années en arrière, Un lac immense et blanc ! Un lac immense et blanc ! Je revois la mince silhouette d'Antoine se roulant dans la neige comme un chien fou. Nous étions trois à le suivre des yeux sans oser le rejoindre, c'était si beau. C'était dans un autre monde, un autre temps. C'était peut-être même un songe.
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Ce sont souvent les mots de Jankélévitch qui me viennent lorsque je pense à Antoine, "la douceur navrante des consolations" ... Ils ouvrent l'étanche barrière de silence qui se referme sur l'absence, disent le chagrin et la suite inexorable des jours, les petites démissions.
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(…)j’ai pu, lors de ce séjour, apprivoiser la solitude, aimer le silence de ma chambre et pacifier une relation douloureuse avec le temps. J’avais l’étrange sentiment de vivre avec elle comme avec une personne, dans une sorte de tranquille abandon. C’était une véritable rencontre.
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Très jeune, j’y restais longtemps à boire des cafés en scrutant les visages des hommes qui venaient s’accouder devant un verre, silencieux, presque recueillis, souvent simplement rêveurs. J’attendais qu’ils s’aperçoivent de ma présence, j’attendais jusqu’à ce qu’un regard se pose sur moi. Je le soutenais quelques secondes et je m’en allais. Quelque chose me fascinait dans ces brèves apparitions, l’idée de leur effacement, je crois, j’en éprouvais alors un vague et voluptueux désespoir. J’arrivais en retard au lycée et j’essayais de me souvenir d’eux, de tout ce qui pouvait les rapprocher de mon père, du souvenir que j’avais de lui.
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J’aimais ces femmes, leur discrète attention, leurs chants cristallins au petit matin. Tout ce qui pouvait nous séparer était sans importance, et contribuait même à instaurer une confiance, une singulière estime que nous tentions d’exprimer de façon sommaire en mélangeant nos langues et nos éclats de rire. Elles croyaient en un dieu auquel je ne crois pas et c’était ce qui nous rapprochait sans doute, nos tâtonnements maladroits et différents pour éviter de sombrer. Ce bel exil m’éloignait d’un chagrin prolongé, de son infertile entêtement. J’apprenais la solitude, je m’y déployais dans un champ nouveau de liberté et de désir que la ville embellissait encore.
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Vidéo de Michèle Lesbre
https://www.librairiedialogues.fr/livre/10978327-chere-brigande-lettre-a-marion-du-faouet-michele-lesbre-sabine-wespieser 5 questions posées à Michèle Lesbre qui nous parle de son livre "Chère brigande, lettre à Marion du Faouët" paru aux éditions Sabine Wespieser. Questions posées par Morgane Ollivier. Réalisation : Ronan Loup.
Retrouvez nous aussi sur : Facebook : https://www.facebook.com/librairie.dialogues Twitter : https://twitter.com/dialogues Instagram : https://www.instagram.com/librairiedialogues
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