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3,72

sur 81 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Que j'aime l'univers secret, nostalgique de Michèle Lesbre! Et son écriture délicate !

Chemin d'une enfance à retrouver, dans la maison campagnarde des grands-parents. Un lieu de bonheur ensoleillé. Loin des disputes des parents.

Chemin de halage, le long du canal, où rêver en contemplant le miroitement de l'eau, où voguer sur la péniche amicale, en compagnie d'un chien .

Chemin de traverse, à la rencontre éperdue du père, cet " intime étranger", source de douleur et de manque.

Chemins de vie, multiples, égarés, retrouvés, magnifiés par les mots. Émouvants.

Chemins sur lesquels j'ai aimé accompagner la narratrice... Empruntez-les. Ils sont la beauté même.

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Chemin le long d'un canal, chemin nostalgique sur les lieux de son enfance, chemin vers un père disparu très tôt, laissant, bien des années plus tard, planer le sentiment de ne pas l'avoir connu, compris, aimé. Des chemins pour faire ressurgir le passé, aller à la rencontre de cet homme. Chemin de la mémoire d'instants, d'habitudes, de gestes, d'airs fredonnés par le père. Chemin qui mène à une maison encore inconnue. Chemin tout en lenteur, en savourant quelques étapes au bord de ce canal et en s'offrant quelques nouvelles rencontres ainsi qu'un nouveau compagnon à quatre pattes.
Ces chemins, entre présent et passé, se tracent paisiblement le long d'un paysage apaisant, comme suspendus sur l'eau du canal.

Le chemin vers le père commence alors qu'elle a trois ans. Elle vit avec sa mère et il revient habiter avec elles, dans le petit appartement de la rue du Souci à Poitiers. C'est la guerre mais elle ne le comprend pas et admire les jeunes allemands marchant au pas cadencé dans la rue. Plus tard, elle saura pour la guerre. Elle ne sait pas non plus qu'elle regrettera l'amour qu'elle aurait pu partager avec ce père « envahisseur de notre univers ».
Cinquante années ont passé, elle est à la terrasse d'un café et observe un homme assis sur le trottoir, plongé dans sa lecture. Une image presque irréelle, en plein Paris, mais qui lui semble familière. Lorsqu'elle découvre le titre du livre qui absorbe ce mystérieux lecteur « Scènes de la vie de bohème », se trace peut-être le départ du chemin vers le monde secret de son père. Ce livre, elle l'avait vu dans la bibliothèque du bureau de son père « Il en avait parlé une ou deux fois comme d'un livre qui était toute sa jeunesse ».
Elle recherche l'ouvrage dans ses affaires pour l'emporter vers la maison du canal puisque des amis lui ont proposé, pendant leur absence, de séjourner dans cette nouvelle demeure qu'elle ne connaît pas encore. Auprès de ce livre, elle va tenter d'approcher ce père énigmatique.

Elle a décidé de retenir des nuits d'hôtel pour ne pas atteindre directement la maison de ses amis, alors je l'ai suivie, au bord du canal, dérivant dans ses pas et ses pensées. Ses souvenirs n'ont pas pu cheminer seuls et ont appelé derrière eux mes propres souvenirs. Durant cette lecture, tout en suivant attentivement les pas de la narratrice, des images, des séquences de mon propre passé sont venues se superposer aux siennes.
Les lieux réveillent les souvenirs. L'eau du canal, dont le reflet invite à la mélancolie, nous a menées sur le chemin des vacances de jadis, chez les grands-parents. Un long chemin émouvant projetant maintenant la fin de la campagne de son enfance. L'absence de choses disparues qui laissent voir que le temps s'est écoulé. Mais sans tristesse. Des amitiés aussi se sont effacées.
Les souvenirs s'arrêtent aussi sur le climat hostile qu'elle percevait dans le couple malheureux formé par ses parents.
Michèle Lesbre se livre, dans l'instant présent et dans son passé, nous montre, par quelques étapes, le chemin parcouru depuis son enfance.

La simplicité, la beauté, l'harmonie, coulent dans sa plume. Les mots se découvrent, lentement, pour ne surtout pas laisser échapper cette douce musique laissée dans leur sillage. Tous ces chemins empruntés donnent une agréable sensation de douceur, langueur, nostalgie, mélancolie.
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Emprunté à la Bibliothèque Buffon- Paris- 26 novembre 2022

***Très joli moment d'évasion ,de tendresse envers les êtres , la belle Nature et ces drôles d'animaux que sont les Écrivains...!


Après la riche, dense et dure lecture de " Mustiks.Une Odyssée en Zambie", j'ai fortement apprécié ce texte buissonnier de Michèle Lesbre...qui m'a offert un immense bol d'air sur les bords de la Loire, auprès de quelques personnages fort sympathiques dont des Mariniers...sans omettre l'omniprésence magique de la Littérature et des livres !

Une auteure dont j'apprécie beaucoup la plume ainsi que sa petite musique toute personnelle, poétique, tendre et mélancolique....

Dans ce roman, je fus attirée par les thèmes où la Littérature et les écrivains occupent une place de choix.
La narratrice ( l'auteure ?) observe un homme à une terrasse de café, plongé dans un livre ...et pas n'importe lequel : " Scènes de la vie de Bohème " d'Henri Murger: ouvrage culte de son père. Choix paternel l'ayant toujours intriguée, tant il lui semblait éloigné de l'univers de son père, tourmenté, sombre, distant, rigoureux...elle décide de relire ce roman, espérant comprendre la personnalité complexe de ce Père si impressionnant !

Sur ce, des amis lui prêtent quelques jours leur nouvelle maison, non loin de l'ancienne, où ils ont passé avec toute une bande de copains de fréquents séjours, pendant les années de leur jeunesse....
Cette plongée dans le passé augmente la montée des souvenirs, d'autant que c'est une région où elle a vécu avec parents et grands-parents...

Une échappée buissonnière de quelques jours où elle fait de nouvelles rencontres lumineuses : un ancien marin au long cours, devenu éclusier, un couple de vieux mariniers , toujours amoureux et complices, passionnés par leur dur métier....sans oublier un adorable chien s'attachant aux pas de notre narratrice...Et la fameuse relecture des " Scènes de la vie de bohème " de Murger....qui l'aide à imaginer la jeunesse et les rêves enfouis de son père !

La narratrice ne manque pas de rendre hommage aux auteurs qu'elle admire et affectionne: Alexandre Vialatte, Jean-Claude Pirotte..., Paul Gadenne, etc.

De très belles descriptions remplies de poésie et de couleurs...du Canal, de l'eau et de la Loire !....

"Je ne pensais pas qu'il mentait, ce qu'il inventait de sa vie me touchait parce qu'il me le donnait, c'était peut-être ce qu'il y avait de plus intime en lui, et j'aimais qu'il me le confie.J'ai ajouté que les rêves sont aussi ce que nous sommes, même si cela ne se voit pas. (...)
Je pensais à mon père vantant l'art de vivre de Murger, auquel il avait sans doute renoncé mais qui pourtant l'avait habité toute sa vie, comme un rêve impossible et nécessaire. "

La nature, les animaux, l'amour de la Littérature, de la compagnie humaine, bienveillante, amicale, le tout saupoudré de quelques rêveries nostalgiques, et vous aurez la lecture idéale, en accord avec l'automne, les châtaignes grillées et le feu de cheminée !

"Je lis assise près de la fenêtre qui donne sur le jardin sévère de mon père, il est un peu flou derrière les rideaux à volants.J'aime follement les horizons chahuteurs de Vialatte, ils transforment la traversée des jours ordinaires en joyeuses péripéties, en questionnements salvateurs, et mettent la pagaille dans l'alignement des espaliers.C'est brillant, féroce et plein d'humour, parfois d'une singulière gravité. Parfois même, je m'interromps, entraînée au-delà des barrières du Jardin par cette écriture dont la liberté me fascine. "


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Le titre déjà m'a beaucoup plu...
C'est en effet sur ses propres chemins que Michèle Lesbre nous invite à la suivre.
J'ai lu ce livre deux fois: la première un peu trop vite comme j'en ai l'habitude et puis tout aussitôt une deuxième pour savourer l'écriture tellement paisible et sereine, qui parle de souvenirs et de nostalgie.
Michèle Lesbre nous invite aussi à suivre le chemin de halage , à regarder le jour se lever sur le canal et la Loire, à emprunter aux bateliers la lenteur et la merveilleuse poésie naturelle.
Sur ses chemins elle rencontre des personnages, le lecteur d'un livre qu'aimait son père, un éclusier joyeux et un peu menteur, des musiciens, une bergère...
L'auteure cherche, dans ses souvenirs, à retrouver l'image de son père disparu, avec lequel elle a partagé quelques moments intenses, mais très rares.
Un livre d'une rare profondeur.
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"La vie était ainsi, pleine de dangers, mais aussi de moments radieux qu'il fallait saluer comme tels."

La narratrice est entre deux maisons, errant dans un temps indéfini, entre passé et futur. Un homme lisant sous un reverbère la ramène des années en arrière vers son père, être insouciant à qui les aléas du couple ne convenait pas forcément. La jeune femme se souvient alors de loin en loin de scènes marquantes qui l'ont construite.

Elle se laisse porter par le rythme sporadique des souvenirs et avance doucettement dans cet espace temps vague, vivant au jour le jour.

"J'ai soulevé le chien dans mes bras, il était lourd, chaud, je le serrais en enfouissant mon visage dans sa fourrure, dans cet état d'exaltation qui parfois me transporte au-dessus des mots que je ne trouve pas pour exprimer ces moments radieux où le corps exulte, où il n'est plus dans la retenue, l'apparence, où une joie secrète se déploie dans le silence. Il n'y a pas de mots pour ces instants-là." p. 94

Cette ouverture au présent lui permet de faire des rencontres lumineuses comme cet éclusier, rencontré puis quitté au matin, parce qu'il faut continuer à avancer sur ce chemin de halage, vers on ne sait quel futur. La quête est avant tout une quête personnelle, alliance subtile entre passé mélancolique et présent suspendu. La perte du passé n'est pas un malheur bien au contraire :

"Je pensais que les tas de pierre et de gravats, le bâtiment encore debout et tristement poussiéreux, faisaient partie de mes petites ruines intimes, de mes petites fins, de tout ce qui a été et qui n'est plus, comme dans toute vie. Il n'y avait aucune tristesse dans cette pensée, bien au contraire, c'était le sentiment d'éprouver tout le chemin parcouru depuis ces années où ces murs étaient mon univers. Leur disparition ne changeait rien. Je me sentais pleine de cette mémoire, de toutes ces longues années qui me ramenaient là." p. 128

Le rythme lancinant, indécis permet de vivre des interstices temporels dans lesquels se glissent subrepticement la lumière. La prose poétique rayonnante de l'auteur suit avec une délicatesse infinie les errances paisibles de la narratrice qui suit ses chemins, pas après pas.
Lien : http://www.lecturissime.com/..
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Sous la lumière d'un réverbère, assis sur le trottoir, un homme lit
"Scènes de la vie de bohème" de Murger.

Non loin de là, depuis la terrasse d'un café, une femme observe cette image de solitude et de bonheur évident.
Petit à petit, une autre silhouette vient se faufiler dans cette image, celle de son père disparu.
Un père qu'elle a si peu et mal connu.
Le livre de Murger était toute la jeunesse de ce père, "cet intime étranger".

Cette scène insolite déclenche alors chez cette femme, la narratrice, le besoin de percer enfin le mystère de son père, parti trop tôt.

Débute alors un voyage rythmé de paisibles étapes le long d'un canal, chemin qui l'entraîne en douceur vers une maison qu'elle doit garder mais aussi vers son père et les souvenirs d'enfance.

Les temps se côtoient, passé et présent se mêlent, un entre-deux qui jamais n'est loin.
L'imagination et la mémoire dérivent au fil de l'eau et des rencontres.
Tout devient objet de contemplation, de méditation.
Une ode à la rêverie, à l'évasion, à la flânerie...
Un enchaînement de paysages, de tableaux bucoliques, le calme, la douceur de vivre, les belles rencontres.
Une errance joyeuse et nostalgique.
Profiter de l'instant présent, ne pas se presser, laisser venir les émotions, les souvenirs en soi.
Ne pas brûler les étapes, ne pas brusquer les choses, s'imprégner doucement.
Pour parvenir au but, il est parfois essentiel d'emprunter des chemins plein de détours et progresser lentement.
Contraste avec des réminiscences d'enfant souvent douloureuses mais nécessaires pour avancer, résister et se construire.
Pour retrouver la paix et la sérénité.

"Chemins", sans doute le plus personnel de tous les livres de Michèle Lesbre.
Une écriture fine, limpide et poétique.
Admirable, tout simplement!


Lien : http://jeblogueunpeubeaucoup..
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Au départ, la figure du père, une relation non aboutie qui laisse la narratrice insatisfaite. Ensuite, des amis ont invité cette narratrice à visiter leur nouvelle maison, ce qui laisse un peu triste car l'ancienne rassemblait une bande d'amis qui refaisaient, fraternellement, le monde à leur goût.
Dans ce récit, alternent un itinéraire buissonnier ponctué d'étapes et de souvenirs, et des épisodes (en italique) du couple familial et de l'enfance. La jeune femme développe, chemin faisant, un monologue intérieur qui se nourrit du cheminement de la mémoire.
Les rencontres imprévues de passants sur un chemin de halage, - éclusier ou couple de mariniers, jardiniers divers et chien local - associent dans l'esprit vagabond de la promeneuse imprévisible, des situations présentes et passées. le hasard et les décisions de dernière minute éloignent les contraintes pour goûter un parfum de liberté paisible et retrouvée.

Chacun vit dans son rêve ou sa songerie : le père revivait-il jadis sa jeunesse dans « les scènes de la vie de Bohème » d'Henri Murger, ouvrage lu par un personnage inattendu sous un réverbère ? Et l' éclusier croit-il à ses récits d'une pêche à la morue qu'il n'a jamais pratiquée ?

Un instant présents, les personnages ne le sont plus l'instant d'après, les aurait-on rêvés eux aussi ? La narratrice s'interroge, et le chien du canal la suit, comme le lecteur, dans un espace onirique, une « atmosphère » à la jean-Claude Pirotte, ("La pluie à Rethel") teintée d'une liberté nostalgique du temps perdu.
On suit donc songeur des sentiers buissonniers ponctués de discrètes références, l'univers culturel de l'auteur. Cheminement bien agréable, petite musique intérieure, savamment modulée, sur la trame du quotidien oublié.
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