Salut l'artiste !
Jerry Lewis, de son vrai nom Joseph, dit Joey, puis Joe Levitch, est né le 16 mars 1926 de Daniel Levitch, artiste de music-hall, et de Rachel Brodsky, pianiste de bar, tous deux juifs d'origine russe.
Le premier film qu'il vit au cinéma fut ‘Le cirque' de
Charlie Chaplin et sa première passion fut le base-ball. Il n'alla à l'école que jusqu'à l'âge de seize ans tout en faisant déjà divers petits boulots, notamment pendant les vacances, aux Catskills, les ‘Alpes juives', autrefois le lieu de vacances des riches juifs new-yorkais par excellence et dans les hôtels desquelles débutèrent de nombreux artistes de music-hall.
Petit, mince, mignon et complètement dingue, il gagna déjà 150,-$ par semaine en tournée dès l'âge de seize ans. Il ne participa pas à la seconde guerre mondiale en raison d'un souffle au coeur et d'un tympan perforé. En octobre 44, il épousa Pattie, une italo-américaine qui avait six ans de plus que lui et qui était alors la chanteuse de l'orchestre de Jimmy
Dorsey. En Juillet 45 naquit Gary.
En 46 il rencontra Paul Dino Crocetti (né le 17 Juin 17), un ancien boxeur et croupier devenu chanteur de charme sous le pseudonyme de Dean Martin, qui était alors marié à une Irlandaise avec laquelle il avait déjà eu trois enfants. Jerry avait alors un seul numéro de scène durant lequel il mimait en play-back des chansons diverses qu'il passait sur un tourne-disque. Ensemble ils firent « le play-boy et le singe ». Chansons, blagues et coups-de-pied-au-cul furent leur fonds de commerce sur scène, à la radio, à la télévision naissante et finalement à Hollywood. Mais 15 films et quelques bonnes années plus tard, Jerry fit exploser leur duo : c'est lui qui faisait tout, imaginait tout, s'occupait de tout, pendant que le beau Dean jouait au golf et trompait sa femme.
En 48, Jerry avait fait la connaissance de Paul Cohen, atteint de dystrophie musculaire, et à partir de là il n'allait plus cesser de donner des shows et d'organiser des galas de bienfaisance jusqu'à ses fameux téléthons nationaux dans le but de récolter des fonds pour financer la recherche concernant cette maladie devenant ainsi particulièrement cher au coeur des américains et ce tout en continuant à faire du cinéma, seul désormais, avec le succès que l'on sait.
A partir du milieu des années 60, ses projets devinrent toutefois plus difficiles à monter, parce qu'il avait avancé en âge et n'était plus vraiment crédible en clown. On le vit donc à partir de là dans des films dramatiques comme ‘La valse des pantins' de
Martin Scorsese ou ‘Arizona dream' d'
Emir Kusturica. Il divorça (après trente-six ans de mariage), se remaria, a sept enfants (six garçons et une fille adoptée) et de nombreux petits- et arrière-petits enfants. Il souffre depuis une très mauvaise chute sur scène au début des années 60 d'un très sérieux problème de dos qui a finalement amené les médecins à lui installer un dispositif électronique directement dans son dos. Il vit toujours encore et continue à oeuvrer pour la lutte contre la dystrophie musculaire. Et il a toujours encore de nombreux projets…
Si vous voulez connaître les détails de cette vie bien remplie, surtout consacrée au travail, n'hésitez pas à lire cette autobiographie qui date de 83 et dont toute la première moitié consacrée à son enfance et adolescence, puis à ses débuts en tant qu'artiste et enfin à la rencontre et au travail avec Dean est vraiment passionnante.
La deuxième moitié du livre, dans laquelle il ne parle malheureusement pas de ses films (il ne fait que les nommer de temps en temps), ni de toutes les personnes avec lesquelles il travailla (comme
Frank Tashlin, qui dirigea Dean et Jerry ensemble, puis mit Jerry en scène seul et fut surtout celui qui l'encouragea à se lancer en tant que réalisateur de ses propres films, ou Kathleen Freeman, avec laquelle il fit quand même onze films, par exemple et pour ne citer qu'eux), mais surtout de son bénévolat par rapport à la dystrophie musculaire, est nettement moins intéressante : on sent qu'il souffre de n'avoir jamais été reconnu, aux USA en tout cas, comme le génie pour lequel lui-même se prend (il rend d'ailleurs hommage à plusieurs reprises dans son livre à la France et aux Français qui furent les seuls à avoir fait de lui un monument du cinéma) et donc insiste lourdement sur sa propre générosité qui seule lui apporta finalement le crédit que ses films ne lui valurent jamais dans son pays natal.