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Fanny Quément (Autre)
EAN : 9782743661144
160 pages
Payot et Rivages (18/10/2023)
4.18/5   17 notes
Résumé :
Henry Preston Standish, homme d’affaires et père de bonne famille, contemple un coucher de soleil à bord d’un paquebot quand une simple tache d’huile fait basculer son destin en le faisant passer par dessus bord, en plein milieu de l’océan Pacifique. Publié en 1937, "Gentleman Overboard" fait partie de ces petits livres oubliés dont la découverte est un plaisir délicieux. Il séduira tout particulièrement les amateurs d’humour noir.
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Henry Preston Standish, trente cinq ans, éduqué comme le plus parfait gentleman, voyage seul sur un bateau de Hawaï à Panama. C'est à l'aube qu'un matin suite à l'insomnie , alors qu'il se promène sur le pont en costume cravate, il glisse sur une grosse tache d'huile et tombe à l'eau , plus précisément dans l'Océan Pacifique 😁!
Dans la vie cet homme sans histoire, un patron courtier de Wall Street , heureusement marié , deux enfants, qui boit, mange, travaille, s'entraine ….avec modération, fait l'amour à sa femme régulièrement, homme parfait, vrai gentleman, suite à un stupide accident va avoir l'occasion de réfléchir sur sa vie et sur la manière dont sa condition d'homme irréprochable, de bonne conscience peut virer au pire des cauchemars.
Standish une fois dans l'eau alors que le bateau s'éloigne et qu'il se retrouve prisonnier seul dans cette masse d'eau à perte de vue, au premier abord au lieu d'avoir peur est préoccupé du ridicule de sa situation…. la suite est une tragi-comédie cruelle au rythme paisible , aux détails croustillants d'humour noir avec un zeste de suspens, que je vous laisse découvrir espérant qu'il sera très vite traduit en français.

Ce court roman, culte aux États Unis fut pour la première fois publié en 1937 et étrangement jamais traduit en français , et jusqu'à récemment ni en italien. Et c'est grâce à sa récente parution en Italie que j'ai pu découvrir ce petit bijou littéraire lu en v.o., au sujet intéressant, magnifiquement raconté , d'une prose subtile tout en finesse avec d'intéressants jeux de mots, comme le nom du protagoniste Standish, cachant le mot Stand qui fait illusion à son apparente immobilité dans cette aventure cauchemardesque en haute mer. Un livre qui m'a fait penser à un film récemment vu et primé à Cannes en 2022, «  The triangle of sadness » ; quand on est dans la merde jusqu'au cou, ni la bonne éducation, ni l'argent, ni quoi que ce soit auquel notre monde donne ses priorités absolues ne sont d'aucun secours. Ce petit livre intemporel, une parabole sur le sens de l'existence, en est le parfait résumé.


« No matter what you had, you had to be content with it; that was the point. You could not sent back to the gods and get another package. »
Vous deviez être content avec ce quoi vous aviez : c'était l'important. Impossible de le renvoyez chez les dieux et demander un nouveau paquet.
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Voilà un petit bijou littéraire écrit en 1937, une fable tragi-comique assez méconnue, qui sait distiller à merveille suspense et humour caustique.

Un homme de la bonne société new-yorkaise, Henry Preston Standish, courtier de métier, père de bonne famille et menant une vie respectable mais morne, se rend compte un jour qu'il s'ennuie profondément. Il s'ennuie au travail, avec ses amis, en famille. Voulant s'évader de cette vie rangée dans laquelle il se sent comme en prison, il décide de partir en voyage durant quelques mois laissant femme et enfants à la maison. Il retrouve alors le goût et le temps de lire, d'écrire, de jouer, de manger, de boire et de dormir.
Un matin, à bord du paquebot Arabella qui fait la traversée de Hawaï à Panama, alors qu'il s'est levé très tôt pour venir admirer le lever du soleil sur le pont, il glisse sur une absurde et malencontreuse tache de graisse et tombe à la mer en plein milieu d'une route maritime rarement tempétueuse mais peu empruntée.

Quand va-t-on s'apercevoir de sa disparition ? le paquebot fera-t-il, comme il le pense, marche arrière pour venir le récupérer ?

« Nager constamment sur place devenant un peu fatiguant. Standish se souvint qu'il était flottable. Quand il était petit, il trouvait toujours que c'était un drôle de mot, « flottable ». Un jour un maitre-nageur lui avait dit : « certaines personnes sont flottables et d'autres non, c'est comme ça ». Standish pouvait écarter les bras, pointer les orteils, rester allongé, cambrer le dos. Ensuite, s'il gardait de l'air plein les poumons et le renouvelait astucieusement en ne prenant que de petites inspirations, il pouvait flotter indéfiniment sans avoir à s'épuiser ».

En attendant, seul dans l'eau des heures durant, nous assistons à l'évolution des pensées et des sensations tant physiques que mentales de Standish qui prend peu à peu conscience du drame qu'il est en train de vivre.
Alors qu'il garde son côté gentleman au tout début, imaginant avec fierté et une excitation virile le récit qu'il pourra faire à ses proches de l'aventure qu'il est en train de vivre, riant de sa bêtise, notre homme perdra de sa superbe, à mesure que les heures s'enchainent au rythme de la progression du soleil au-dessus de sa tête, et verra toute sa vie défiler.
Il ne se passe rien durant cette attente (pas de requin venant le menacer, pas de nouveau bateau en vue, pas d'île vers laquelle nager, pas de grandes vagues angoissantes), mais les pensées tant descriptives que philosophiques ne cessent de fuser faisant peu à peu tomber le lourd masque des convenances du gentleman.
Il est intéressant de voir, en parallèle, ce qui se passe sur le paquebot pendant que lui, dans l'eau, attend le retour du bateau en imaginant la réaction des autres passagers.

Herbert Clyde Lewis développe une critique sociale en posant un regard acerbe sur la société de son époque, tout particulièrement sur ces personnes de la haute société, tout en teintant le récit d'une morale philosophique passionnante sur le sens de l'existence.
Notons que l'auteur, victime du pré-maccarthysme, tombera lui aussi dans l'oubli pendant de longues années. Standish est en quelque sorte une figure emblématique de l'homme abandonné et devenu invisible, en marge de la société.

Il aura fallu attendre 2023 pour le voir enfin traduit en français et le repêcher des eaux saumâtres de l'oubli. Plongez vite découvrir cette pépite !

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Un gentleman à la mer a connu un long purgatoire, presque quatre-vingt-dix ans pour parvenir entre les mains d'un éditeur français. Pourtant le talent de Herbert Clyde Lewis est évident dans cette histoire qui pourrait être d'une noirceur totale si l'auteur américain ne bombardait pas son récit de savoureux contrepieds.
Tout le charme de ce roman est là, dans la couleur et la bonhomie qui tranchent avec les mésaventures de Standish, un financier à la vie confortablement installée à New-York et amarré à un conformisme sourcilleux...il bascule par-dessus bord du navire de croisière qui l'emmène vers le Panama, là où précisément le cuisinier jette ses ordures.

À partir de là, on découvre une trame littéraire habilement construite, Herbert Clyde Lewis joue de la distance entre un homme menant une vie en apparence insubmersible en attente d'être secouru et les éléments qui empêchent ou retardent un dénouement heureux. Il convoque avec force les malices du destin, ne néglige aucun détail. À titre d'exemple il ne nous offre pas le spectacle d'une mer déchaînée qui précipiterait le sort du naufragé, au contraire, point de chambardement, point de menace venant de l'océan qui est d'un infini complètement figé. de la même manière, la chute crée un espace d'incertitude voire de panique mais Standish nous gratifie d'une introspection décalée, des pensées presque retranchées derrière un sac de sable.
L'intrigue pourrait vite s'enliser, la mécanique tourner à vide si l'auteur ne laissait pas éclore dans la conscience de Standish quelques réflexions pascaliennes sur la misérabilité de la condition humaine. Et dans l'esprit du lecteur, une véritable émotion pour un homme qui va peu à peu se dévêtir de toutes les couches superficielles qui lui collaient à la peau.
Jolie découverte.
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Un banquier de trente-cinq ans, Henry Preston Standish, a voulu voir de nouveau horizons et pimenter sa vie assez morne en partant pour un voyage de quelques mois en paquebot, laissant sa femme et ses enfants à New York. Un matin très tôt, alors qu'il fait la traversée de Hawaï à Panama, il glisse sur une tache d'huile, passe par-dessus bord et se retrouve à l'eau, en plein océan Pacifique. D'abord, il n'est pas inquiet du tout, pensant qu'on va vite s'apercevoir de sa disparition… ● La performance est de tenir cent quarante pages sur un argument aussi mince. L'auteur s'en sort très bien en alternant les scènes dans l'eau et sur le bateau, où l'on voit comment se passe la vie en l'absence de Standish, et avec quelques analepses sur sa vie de famille. ● C'est très bien fait, pas du tout ennuyeux ; il y a une certaine virtuosité dans l'écriture ; cette novella a une dimension métaphysique, l'histoire étant représentative de l'existence. Je conseille ! Merci à Chrystèle (@HordeDuContrevent) et à Idil (@Bookycooky) d'avoir appelé l'attention sur ce livre.
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L'homme soigneux nettoie les tâches de graisse. Mais parfois les tâches de graisse nettoient l'homme soigné. Surtout quand celui-ci est assez négligent pour glisser dessus, sur le rebord d'un paquebot naviguant en plein Pacifique. Plouf, lavage gratuit dans l'océan. Et vogue le navire, d'abord si proche et si loin, puis si loin mais si proche dans les pensées du héros, Henry Preston Standish.

La lente agonie de Standish a tout d'une allégorie de l'homme incompris et abandonné (qui plus est prémonitoire car l'auteur sera victime du pré-maccarthysme et tombera dans l'oubli des décennies entières). Par cet aspect et son humour pince-sans-rire, cette histoire s'avère proche d'une veine kafkaïenne. Comme Gregor Samsa dans la Métamorphose, Standish est d'ailleurs initialement dans le déni de ce qui lui arrive, y compris en amont du grand « basculement » : là où Gregor est la proie de rêves agités, c'est un vague mal-être qui pousse Standish à s'exiler au-dessus des vagues, dans une croisière de rêve. Pourtant, et au contraire des héros kafkaïens, Standish ne semble vraiment manquer de rien. Il est l'homme sociable par excellence, totalement fondu dans un rôle, une place sociale indissociable de son corps, si bien que jusqu'au bout du bout il ne peut pas concevoir cette place comme vide de sa présence. Dans Standish il y a « Stand », comme une position que l'on tient, et à laquelle on tient. Plus intéressant encore, l'expression « make a stand » a pour connotation de défendre cette place face à l'adversité. Et dans « last stand », cette position devient désespérée, une ultime retraite. Comme ce corps qui se dépouillera un à un de ses biens et de ses vêtements, une fois coupé du corps social.

Et c'est donc face à l'adversité d'éléments indifférents que Standish défend une place qui n'a plus lieu d'être là où il se trouve. Sa persistance aussi héroïque que pathétique à ne pas adapter son cours de pensée à cette nouvelle situation est tout ce qui fait le sel de cette histoire tragi-comique. Et on se demande, au regard de la volonté qui l'a amené à faire cette croisière en fuyant sa famille et son travail, si jusqu'au bout, il ne joue pas un rôle... Et si ce n'est pas dans cette persistance à jouer le gentleman, même sous forme de monologue intérieur, que résident à la fois la stupidité et la beauté de ce personnage. Comme on dit par chez-nous, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile.

PS : merci Bookycooky pour la découverte, en espérant que ce naufragé échoue un jour sur les côtes françaises.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Il lui vint à l’esprit que sur ces eaux calmes et douces, un seul danger le guettait – l’insolation – car tout son corps était immergé, mais pas sa tête. Il devait à tout prix protéger sa tête.
Ses chaussettes lui sauvèrent la mise. Plongeant la tête sous l’eau, il détacha l’une d’entre elles de sa jarretière et l’enleva. Après l’avoir un peu déchirée, il parvint à l’enfiler correctement sur son crâne. Il répéta le processus avec l’autre chaussette. Il était désormais équipé d’une double protection solaire même si, songea-t-il avec amertume, son nouveau couvre-chef lui eût valu bien des remarques, essentiellement critiques, dans le quartier des finances. Mais jamais personne ne le verrait ainsi coiffé hormis Dieu et quelques poissons.
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Quand Henry Preston Standish tomba tout droit dans l’océan Pacifique, le soleil pointait à peine au levant. La mer avait le calme d’un lagon ; il faisait si bon et la brise était si douce qu’un homme ne pouvait que s’emplir d’une divine tristesse. Dans cette région du Pacifique, l’aurore n’arrivait pas en fanfare : le soleil se contentait d’accoler son dôme orange à l’extrême circonférence et poussait lentement mais sûrement, si bien que les étoiles pâlissantes avaient amplement le temps de s’évanouir avec la nuit.
(Incipit)
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Depuis l’aube des temps, peu d’hommes étaient morts de cette façon précise, livrés à eux-mêmes. En mer, à bord d’un bateau, le bateau devenait le cœur de votre univers ; quand votre propre corps flottait dans la mer, vous deveniez vous-même le noeud où convergeaient tous les écheveaux du quotidien.

Few men since time began had died in exactly this way, all by themselves. At sea on a ship the ship became the center of your universe; at sea on your own body you yourself became the knot where all mundane skeins were joined.
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Les pensées qui préoccupérent Standish pendant ces quelques secondes relevaient étrangement moins de la peur que de la honte. Les hommes de son standing ne s'amusaient pas à tomber du pont d'un bateau en plein milieu de l'océan ; cela ne se faisait pas, un point c'est tout. C'était idiot, puéril et malpoli, et s'il y avait eu quelqu'un auprès de qui s'excuser, il eût demandé pardon.
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Les pensées qui préoccupèrent Standish pendant ces quelques secondes relevaient étrangement moins de la peur que de la honte. Les hommes de son standing ne s'amusaient pas à tomber du pont d'un bateau en plein milieu de l'océan ; cela ne se faisait pas, un point c'est tout. Cétait idiot, puéril et malpoli, et s'il y avait eu quelqu'un auprès de qui s'excuser, il eût demandé pardon.

p. 25.
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