Une BD exigeante mais intéressante qui raconte le périple d'un clandestin dans les années 2000. Mohamed
Amazigh est un "amazir". Ce terme, qui désigne le membre d'une ethnie vivant en Afrique du Nord, signifie aussi "homme libre, rebelle".
A 18 ans, il décide de quitter le Maroc pour tenter sa chance en Europe. Il vole de l'argent à son père pour pouvoir payer les passeurs et finit son voyage sur une île des Canaries. Sur ce territoire espagnol, on calcule son âge grâce à une analyse osseuse et, comme il est majeur, il est renvoyé dans son pays.
De retour chez lui, il arrive à faire des études artistiques dans des écoles locales. Devenu célèbre, il finit par être invité sur le continent qui l'avait expulsé quelques années auparavant.
Cette BD, même si elle est un peu trop difficile d'accès pour de jeunes ados, évoque avec sensibilité le sort et les aspirations des jeunes migrants. Elle est originale parce qu'elle ne dresse pas un constat manichéen de l'accueil des clandestins. Au contraire, si certains européens leur font violence, d'autres (comme le touriste Mauritanien, la femme du centre pour mineurs, ou encore les passants qui indiquent la route) leur viennent en aide.
J'ai aussi pas mal apprécié le changement de graphisme et la scène récurrente du migrant qui demande à ce qu'on lui dessine la route qu'il doit prendre. La notion d'analphabétisme est ainsi délicatement suggérée en même temps que le thème de l'art du quotidien apparaît.
Bref,
Amazigh est une oeuvre d'actualité instructive, pour peu qu'on veuille passer outre un graphisme au départ assez déconcertant.