Chroniques des nouveaux mondes, tome 3 : Survivants des arches stellaires

Petit à petit, Jean-Marc Ligny a réussi à me séduire avec ses Chroniques des Nouveaux Mondes qui dépeignent une histoire du futur de l'humanité vivant son destin au milieu des étoiles. Ses petites touches visent non pas les grands évènements géopolitiques et les grands acteurs de l'Histoire, mais plutôt les gens comme vous et moi qui mènent leur vie comme ils le peuvent dans un environnement de space-opera ou les artistes qui déploient leurs talents à un échelon cosmique et que l'on continue à aller voir en concert ou dans les galeries. Rebuté par l'approche lors des premières nouvelles, j'en suis à présent fan.

Les quatre nouvelles peuvent être assemblées en deux groupes. Les deux premières font la part belle aux aspects culturels de la civilisation du 25ème siècle débutant, culturel au sens large puisque j'y inclus aussi bien les spectacles multisensoriels que les usages sexuels agrémentés de prise de drogues plus ou moins douces. On y retrouve Ogoun Ferraille, le groupe de « woodoo transe » qui avait fait son apparition dans la dernière nouvelle du volume précédent.
Le deuxième groupe s'intéresse plus à certains évènements marquants. D'abord l'intégration des habitants des arches stellaires, qui quittèrent la Terre un siècle auparavant, aux civilisations déjà installées sur les planètes qu'elles ciblaient (les vieilles arches se firent dépasser par des vaisseaux empruntant des trous de ver, si bien qu'à leur arrivée les hommes avaient déjà créé des sociétés originales). Ensuite la première rencontre des oiseaux de lumière qui commençaient à se déplacer dans le système solaire terrien. A chaque fois, Jean-Marc Ligny observe les choses par la petite porte, au travers une humaine ou une droïde en particulier. L'auteur préfère peindre les destins personnels plutôt que les grands bouleversements. Les gens l'intéressent plus que les décors ou les techniques, même si ces derniers forment la trame de fond.

La structure de l'univers des Nouveaux Mondes gagne en solidité grâce à l'ajout d'une chronologie qui couvre plus de deux siècles et le long de laquelle sont disposés les divers romans et nouvelles publiés jusqu'à présent, ainsi que d'un lexique très détaillé des lieux, acronymes, techniques, faunes et flores et personnes célèbres.

A présent, il ne me reste plus qu'à me lancer dans les deux romans du cycle.

Avec ce dernier recueil de nouvelles de Jean-Marc Ligny chez ActuSF, l'auteur poursuivait son parcours des Nouveaux Mondes qu'il a mis en place avec quatre récits rapides à lire qui concernaient surtout l'amour et la séparation.

Ce troisième et dernier recueil comporte les nouvelles suivantes (l'année entre parenthèses correspond à la chronologie dans le monde de science-fiction créé par Jean-Marc Ligny) :
- La ballade de Silla (2401)
- Eros (2417)
- Survivants des arches stellaires (2422)
- Aux portes de l'Enfer (2426)
L'auteur nous propose des nouvelles à chute davantage que précédemment, la plus étonnante étant peut-être « Eros » puisqu'on ne s'attend pas une violence aussi gratuite, et la plus fouillée est sûrement celle qui donne son titre au recueil, « Survivants des arches stellaires », car elle permet vraiment de s'immerger dans ces Nouveaux Mondes et de saisir la consistance que l'auteur veut y donner : non seulement ses thématiques propres sont bien présentes (l'amour terre-à-terre alors que les voyages spatiaux sont légion, par exemple), mais en plus l'arrière-plan de son univers est mis à profit pour tisser une intrigue parfaitement calibrée pour une nouvelle, qui en plus finit bien, ce qui renvoie à la part d'optimisme qu'il a voulu conserver en écrivant ces Chroniques.
Ce recueil vaut aussi le détour pour ses nombreux repères historiques et son vaste lexique présents en fin d'ouvrage concernant l'univers développé par l'auteur dans ces Chroniques des Nouveaux Mondes.