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Florjan Lipus (Autre)Peter Handke (Autre)Andrée Lück Gaye (Traducteur)Marjeta Novak Kajzer (Traducteur)Pierre Deshusses (Traducteur)
EAN : 9791095434344
168 pages
Do Editions (24/08/2021)
4.6/5   5 notes
Résumé :
Dans un village de Carinthie, au fond d’une vallée isolée, au pied des montagnes, la vie est dure, la terre peu fertile, les gens très pauvres et le travail l’unique but de leur vie. Dans cette communauté slovène, la société patriarcale est construite sur la hiérarchie et la tradition. Dans de telles conditions, l’existence est presque insupportable pour Boštjan. Le père parti à la guerre, sa mère et sa grand-mère restent son seul refuge. Mais les gendarmes viennent... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« le Vol de Boštjan » de Florjan Lipuš, au titre original « Boštjanov let », traduit du slovène par Andrée Lück Gaye et Marjeta Novak Kajzer (2021, Editions Do, 168 p.)
« Boštjan avait emprunté ce chemin mille et mille fois, mais jamais de manière aussi légère, aussi exceptionnelle aussi irremplaçable que ce jour-là ». On se dit qu'un roman qui commence ainsi annonce quelque hose qui va sûrement être exceptionnel. Et pour cause. C'était pour Boštjan « ce jour où Lina lui était tombée dessus, en chair et en os, ce qui devait arriver même si elle ne lui avait pas trotté dans la tête depuis un moment ». Et pour cause, « il n'y avait pas d'autres chemins qui traversaient Tesen, la vallée encaissée, ses bifurcations et ses virages, ses ravines et ses rochers, et ses singularités naturelles ». Une vallée étroite et sombre, comme il y en a d'autres en Carinthie, dans le Graben der Karawanken au sud immédiat de Klagenfurt. C'est une vallée isolée de tout, mais où tout est beau et dans cette vallée un village. C'est Tesen, village généreux et sain (« žnergava in žnedrava"), omniprésent mais qui contrôle tout et tout le monde, village qui définit chacune des oeuvres de Lipuš, comme dans « L'Elève Tjaž » traduit par Anne Gaudu, d'après la version allemande de Peter Handke et Helga Mračnikar, (1987, Gallimard, 180 p.). Dans cet autre roman aussi, tout part d'un village « il est le village qui se trouve entre ta gare et ton domicile, ce qui est peu ».
Et c'est là que Boštjan rencontre Lina, « la fille du bedeau ». En fait « il la voyait tous les dimanches, quand les gens du village se reposaient de leur besogne sur les bancs de l'église ». Les hommes d'un côté, les femmes de l'autre. Pas de mixité dans la maison du Bon Dieu. D'ailleurs, « le village épiait tout et tout le monde, réprimait les bêtises des enfants, contrôlait les jeunes, leurs relations et leurs fréquentations et, cauteleux, reniflait les exhalations du pêché, toujours à guetter un scandale pour avoir à s'indigner de quelque chose, à être choqué par quelqu'un ». Un village généreux et sain, « filles bien préservées et garçons bien réservés ».
Jusque-là, on ne sait qui est vraiment Boštjan (Sébastien), si ce n'est un garçon. Par contre Lina a « une robe fermée par une épingle brillante […] parsemée de fleurettes, ses avants bras sont nus, ses cheveux sombres, coiffés en queue de cheval magnifient les traits de son visage ». Puis on découvre la maison De Boštjan « un cambrioleur ne trouverait rien à emporter car les pièces ont été totalement vidées ». Drame ? Oui, mais pas tel qu'on l'imagine. « le malheur est venu de l'extérieur au moment où le père a été emporté par la tourmente de la guerre, où on a emmené la grand- mère et ou Ugav et les siens ont cerné le bâtiment et l'ont pris facilement, sans protection, découvert, affaibli ».
C'est là qu'il est utile de lire ensemble « le vol De Boštjan » et « L'Elève Tjaž ». Ce ne sont pas les mêmes prénoms, mais les mêmes infortunes de la vie. Un jeune garçon, 6 ans quand la guerre survient en Carinthie, en 1943. La mobilisation du père, et son envoi sur le front d'où il reviendra, bien plus tard, « courbé et usé ». La mort de la grand-mère, qui dans un premier temps s'occupe du garçon. Et surtout Ugav, gendarme local du village, déguisé en résistant, mais partisan des nazis, qui enlève la mère et la déporte en camp de femmes à Ravensbrück d'où elle disparait en fumées. La suite ce sera ce roman, écrit en slovène en 1972, traduit en partie par Peter Handke, qui sera Prix Nobel en 2015, mais qui a connu Florjan Lipuš au séminaire, au Marianum Tannenberg, dont est tiré « L'élève Tjaž ». Puis il est édité, avec le concours de Handke, voir la postface.
Et c'est là encore, qu'il faut lire l'histoire de Florjan Lipuš, qui ressemble for à ces deux romans. L'histoire de bien des enfants de cette région au sud de l'Autriche, que ce soit la Carinthie avec les minorités slovènes, ou la Bucovine plus à l'Est, avec les minorités juives, ou encore les minorités souabes du Banat en Roumanie.
Que reste t'il alors au jeune garçon, si ce n'est cet amour de jeunesse avec Lina, ou avec Nini, l'arracheuse d'herbe au cimetière pour Tjaž. Il y avait tout d'abord sa grand-mère, puis une vache morte de faim. « Ce ne sont pas les cornes qui ont causé la perte de la vache, c'est la famine qui se pressait à la porte, misère noire et mouscaille ont causé sa fin ». Les autres « braves gens du village » ? Ils sont, un peu comme le gendarme Ugav, passés du côté des allemands quand il le fallait, puis redevenus slovènes tout naturellement.
Ils sont impunis à la fin de la guerre, comme beaucoup d'Autrichiens, pays qui n'a jamais effectué de véritable dénazification. Celle-ci a été laissée à la charge des régions (Länder) et il y eut une classification en « coupables » (Belastete) et « moins coupables » (Minderbelastete) en 1947, véritable chef d'oeuvre de sémantique. le tout sur un fond de coalitions entre socialistes, populistes et communistes (SPÖ, ÖVP, KPÖ), avec l'agitation de la menace de tomber dans le giron de l'URSS et du bloc de l'Est en ces débuts de guerre froide. Ainsi, Kurt Waldheim, officier de renseignement de la Wehrmacht, fut secrétaire général des Nations unies (1972 – 1981) puis président fédéral de la République d'Autriche (1986 – 1992). Un bel exemple de reconversion. Pour un peu, on pourrait aussi justifier le parti ultranationaliste (FPÖ), également appelé parti de la liberté, un euphémisme pour privation de ladite liberté de penser.
Liberté de pensée ? Avec l'assistance à l'église chaque dimanche. « Ils viennent ici réserver leur paradis et non s'excuser ni demander pardon pour avoir battu femmes et enfants, non, ils viennent ici se justifier jusqu'à l'abjection ». le garçon se tournerait volontiers vers Crtelovka, c'est l'accoucheuse, mais aussi celle qui a des rapports avec les esprits. Mais elle lui fait peur. Il reste seul sans lui avouer sa détresse. Et puis « certains pêchés sont comme des mouches en caoutchouc : on frappe si fort sur l'une qu'on a mal à ses cinq doigts et, quand on lève la main, la mouche prend son envol bien vivante ».
L'église Saint Marguerite, où il y a le père de Lina, n'st pas non plus un recours pour lui. Il regarde les statues des saints. « Boštjan, son patron dans l'autel latéral, n'est couvert qu'autour des reins, sa nudité est piquée de flèches, Florjan, membres nus, tient un jet d'eau pour éteindre les incendies. Peregrin, flanqué de son bâton de marcheur, patron de la lenteur, est en train de dégrafer sa pélerine et Boštjan a peur, s'il ferme les yeux, de le voir sans rien quand il les rouvrira. Mihael a jeté sa casaque avant d'enfoncer sa lance dans la gueule du dragon. Mais le corps de Marguerite est couvert de la tête aux pieds et des pieds à la tête pour ne pas susciter de pensées coupables chez l'observateur ». Pas de secours non plus à attendre des paroissiens. « Il devra se placer à distance des perfides porteurs de foi et de la volonté de Dieu, des marmottants et marmottantes omniscients qui interviennent sans vergogne dans l'impénétrabilité des choses de Dieu, qui saisissent l'insaisissable, expriment l'inexprimable, savent ce que personne ne peut savoir ». Il ne lui reste que les messages qu'il il adresse par la pensée à Lina, du fond de la nef de l'église. Et alors « en lui-même ça parlait sans cesse, ça s'élançait dans ses membres et dans sa tête, ça parlait, parlait et il découvrit assez tard qu'il ne s'agissait pas de langage, que c'étaient des images sonores, des sons imagés, des scènes qui surgissaient, se répétaient, sourdaient dans sa peau ».
La vie continue dans le village. le père va se remarier. Mais pour Boštjan, ce ne sera pas une nouvelle mère. Et surtout, pour le mariage, Lina n'est pas invitée. Il ira cependant frapper à son carreau. Mais le plus important c'est que « La mère ne rentra ni le premier ni le dernier jour, elle s'était fait prendre au piège d'Ugav qui avait consciencieusement menti », « ignorant que lorsqu'un gendarme ouvre la bouche c'est pour mentir ». Florjan Lipuš a dit dans un interview qu'il ne savait pas comment elle est morte, si elle a été gazée : « Je n'ai pas enquêté. J'ai supprimé cela ». Effectivement, 57 des quelque 200 habitants du village sont morts de mort violente à l'époque nazie.

On sait finalement peu de choses sur la vie de Florjan Lipuš (1937- ). Il est né à Lobnik/Lobnig près de Železna Kapla/Bad Eisenkappel, en Carinthie dans la minorité slovène. Sa mère est déportée sous ses yeux lorsqu'il a 6 ans. Et son père est enrôlé de force dans l'armée. L'enfant et son petit frère se retrouvent seuls lorsque leur grand-mère meurt. C'est à quelques détails près « le vol De Boštjan ». A la libération en 1945 il peut enfin aller à l'école primaire et plus tard, en tant qu'enfant surdoué, il est admis au Marianum pour garçons de Tanzenberg, séminaire épiscopal près de Maria Saal à une dizaine de kilomètres au nord de Klagenfurt. Il étudie avec Peter Handke et Valentin Oman qui restaurera plus tard les peintures murales de l'église. C'est alors le script de « L'Elève Tjaž ».

Deux autres textes des débuts de Florjan Lipuš ont trait à la perte de culture ancestrale. Ainsi son second roman « Odstranitev moje vasi » (1983), traduit en allemand par Fabjan Hafner « Die Beseitigung meines Dorfes » (1997, Wieser Verlag, 247 p.) et illustré par Matjaz Vipotnik, traite selon son titre lttéralement traduit en « L'élimination de mon village). Il n'y a ni personnages individualisés ni intrigue soutenue. le sujet de l'histoire est un village qui reste aussi ténébreux que ses habitants, une succession de fonctionnaires sans nom : « le croque-mort », « le pasteur », « les dignitaires », « la fermière ». En huit chapitres, l'auteur décrit divers événements de la vie du village. On retrouve ainsi le village, centre des faits et gestes de ses habitants. Tous ces évènements sont caractérisés par des rituels grotesques. le caractère collectif des villageois est malveillant, car pour changer de l'ennui quotidien, ils attendent la mort, le leur ou d'un autre villageois. C'est un ragrd quasi de nécrophile que l'on porte sur les voisins Pendant ce temps « La terre bâille de sécheresse, le village se meurt pour les cadavres » Naturellement, le village est « profondément catholique ».
Mais au catholicisme de province s'opposent des actes quasi héroïques de se singulariser. Cela se traduit par des « mariages sauvages », des « esprits libres » débarrassés des « bêtises catholiques ».
L'autre roman de la même époque et veine « Seelenruhig » (1985), est publié ensuite en Autriche (2017, Jung und Jung, 112 p.). le titre original est difficilement traduisible. Il signifie en gros « absinthe infructueuse ». C'est une grande danse macabre en quatre représentations. Dans la première partie, le « voyageur » revient au village de l'enfance, en provenance du « tumulte naissant » des villes aux montagnes sauvages et escarpées. Son père est mort et doit être enterré, fidèle à une ancienne tradition. D'après celle-ci, tout un rite doit être respecté entre le moment où les rides sur le visage du mourant « dessinent le motif de la mort », jusqu'au moment de la dernière pelletée sur la tombe.
Mais le fils et le père n'ont plus de relations depuis des années. Donc le retour du fils est plus qu'une retrouvaille. L'adieu n'est pas pour le père mort, mais pour une culture agraire mourante.

Par la suite, Florjan Lipuš reprend l'idée de la perte des parents et l'hostilité du village. Ce sera « Gramoz » de traduit en Allemand par « Schotter » (Gravier) (2019, Jung und Jung, Salzburg, 144 p.) dont le titre gravier évoque l'espace vide entre les bâtiments d'un camp de concentration pour femmes. Il pourrait s'agir du camp de concentration de Ravensbrück. On sait que la mère de l'auteur a été déportée à Ravensbrück, embarquée par des agents de la gestapo déguisés en paysans. En vérité, il s'agissait du gendarme Ugav, un homme du village. Et cependant que la femme finissait de cuire son pain. Des années plus tard, les « randonneurs de la mémoire », les « excursionnistes » des générations suivantes se succèdent à la recherche de quelque chose dont il ne reste presque plus de traces, dans l'espoir que quelque chose se révélera à eux. Ils recherchent qui une ère, qui une grand-mère, dont il ne reste rien, si cde n'est la fumée. Tout ce qu'ils trouvent c'est du gravier. La grand-mère inconnue, par exemple : les petits-enfants, qui lui doivent des corps magnifiquement développés, doivent-ils utiliser son prénom ou son prénom ? Mais la grand-mère ne leur apparaît pas, tout ce qu'ils trouvent c'est du gravier. de retour dans leur village où ils reviennent, ils n'apportent pas de preuve. Ils sont accueillis avec méfiance et restent donc silencieux.

« le vol De Boštjan » est très semblable, du point de vue scénario au roman de Maja Haderlap, elle aussi slovène, qui habite actuellement à Klagenfurt. Son livre « Engel des Vergessens » traduit en « L'ange de l'oubli » par Bernard Banoun, et postface d'Ute Weinmann (2015, Éditions Métailié, 240 p.) s'est vu attribuer le prix Ingeborg-Bachmann. C'est l'histoire d'une petite fille qui essaie de grandir dans la minorité slovène en Autriche, après la guerre. Cette dernière est terminée, mais la minorité est marquée par les règlements de comptes. Les rapports sont difficiles avec l'Autriche et la frontière est quasiment infranchissable avec la Slovénie pour cause de guerre froide. « Entre l'histoire de l'Autriche telle qu'elle est proclamée et l'histoire effective s'étend un no man's land où il y a de quoi se perdre ». Les forêts qui cachaient les Partisans sont peuplées de fantômes qui ont combattu le nazisme.
Marlene Haushofer a vu ses parents martyrisés par la gestapo, sa grand-mère déportée à Ravensbrück et les voisins prisonniers de leur mémoire. « Je songe aussi qu'il est arrivé bien plus de choses que n'en peut supporter une enfance et qu'il est grand temps que je me transporte vers ce pour quoi je n'ai pas de notion toute prête ». Quelle est alors la signification d'une adulte privée d'enfance. « Autrefois, les mots me semblaient être accueillis par les sensations, désormais je m'encombre de tout ce pour quoi il n'y a pas de langue, et s'il y en a une, je ne sais pas l'employer. Je songe à me retirer de l'enfance dont le toit s'est mis à fuir, je risque de couler avec elle ».
Des destinées qui rappellent fort celle de Paul Celan, originaire de Bucovine, plus à l'est, mais qui est venu, lui aussi à Klagenfurt où il rencontre Ingeborg Bachmann, originaire de la ville. Les uns ont été déportés à Ravensbruck car d'origine slovène, donc favorables à la Serbie. Les autres l'ont été de par leur judaïsme. On comprend mieux la position de Peter Handke, lui aussi slovène, et interne au Marianum Tanzenberg, sorte d'exutoire pénitent pour les autrichiens catholiques. D'ailleurs Handke décrit ces années dans « le Recommencement » traduit par Claude Porcell (1989, Gallimard, 264 p.) « Mes cinq ans d'internat ne méritent pas un récit. Les mots : mal du pays, répression, froid, réclusion collective suffisent. La prêtrise que nous étions tous censés avoir pour but ne m'envoya jamais le signe de la vocation ».
C'est tout le dilemme de Paul Celan « Comment écrire après Auschwitz ? ». Souvenirs qui le hantent et qui le pousseront au suicide. Il rencontre Rose Ausländer (1901-1988), elle aussi est née à Czernowitz, et confinée dans le ghetto. Elle écrira « In memoriam Paul Celan », reparu dans « Sans Visa Tout peut servir de Motif et autres proses » (traduit par Eva Antonnikov (2012, Editions Héros-Limite, 112 p.) « Jamais ne revint / la mère / jamais abandonnée / par la mort / de soleil nourri / avec du lait noir / elle le tenait en vie / ceci se noya / dans l'encre du sang ».
Paul Celan (1920-1970), est né à Czernowitz en Bucovine, Roumanie. de son vrai nom Paul Pessach Antschel, soit Ancel en roumain, il en fait l'anagramme, mais continue à le prononcer à la roumaine soit Antcel. Ses papiers gardent le nom d'Antschel. Une communauté avec un tiers chaque fois de roumains, d'ukrainiens orthodoxes et de juifs. Des études donc multiculturelles, pendant lesquelles il apprend le russe, l'allemand, l'ukrainien, le yiddish, puis l'anglais et le français. En 1940, la région est occupée par les roumains, puis des SS arrivent qui déciment la communauté juive. Ses parents sont envoyés au camp de concentration de Michailowka et y disparaissent. Lui-même subit le travail obligatoire au camp de Tabaracti en Moldavie, avant d'être libéré par l'Armée Rouge en 1944. Il portera ce fardeau des camps toute sa vie.
En 1947, il va à Vienne et fait la connaissance de Ingeborg Bachmann en 1948, après avoir publié des poèmes « le Sable des Urnes ». Ingeborg, fraichement arrivée de Klagenfurt, tombe vite amoureuse d'un soldat juif britannique, Jack Hanesh, chargé de la dénazification. Ce sera son « Journal de Guerre » traduit par Françoise Rétif (2011, Actes Sud, 128 p.). Puis elle se lie avec Paul Celan. Ce dernier est très vite exaspéré de voir tant de personnes au passé peu net toujours occuper des postes de responsabilités. Ce n'est pas le vent qui tourne, mais les girouettes qui prennent l'air.
Il est difficile d'aborder Paul Celan, dont les poèmes ne se lisent pas facilement, et qui dissimulent des clés souvent douloureuses. Sa prose se résume dans « le Méridien & Autres Proses », soit quelques 70 pages en tout. Cela inclue une série de conférences ou discours lors de remise de prix littéraire. Il y a en plus une correspondance très nombreuse qui éclaire sur différents points, où indique les préférences affectives de Paul Celan
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Il existe des millions d'expériences individuelles de l'amour, de la perte, de la violence, de l'enfance. Dans la vallée rude et appauvrie de Carinthie autrichienne dans laquelle se situe le vol De Boštjan, à l'époque qui est celle du roman (la fin de la Seconde Guerre mondiale et les années suivantes), ces expériences ont dû aussi se compter par grosses grappes de voix, désormais oubliées. Ce n'est qu'à une seule – qui est en bonne partie la sienne – que donne corps l'écrivain slovène de Carinthie Florjan Lipuš (1937 – ), dans ce roman de 2003, publié en français le mois dernier aux éditions do dans la traduction d'Andrée Lück Gaye et Marjeta Novak Kajzer.

Ce n'est pas, ici, l'enfant devenu grand qui raconte, mais l'écrivain qui se penche à nouveau sur ses années d'enfance pour en extraire le matériau d'une oeuvre littéraire caractérisée par un style incomparable, dont Peter Handke donne peut-être la définition la plus juste lorsqu'il le décrit dans sa postface comme la « métamorphose des événements en rythmes et en images ».
Lien : https://passagealest.wordpre..
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Merveilleux récit de l'amour, de l'exil. Dans une langue unique, belle et mystérieuse, Florjan Lipus restitue, dans l'insistance d'un temps cyclique, les déracinements de l'enfance, ses croyances démoniaques, ses magies impuissantes face à l'horreur de l'instant. Court récit hypnotique, souvent dans une confusion onirique, un chemin de travers spirituel peut-être, le vol de Bostjan , comme toute oeuvre de révolte, est aussi préservation de l'enchantement.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Boštjan avait emprunté ce chemin mille et mille fois, mais jamais de manière aussi légère, aussi exceptionnelle aussi irremplaçable que ce jour-là

ce jour où Lina lui était tombée dessus, en chair et en os, ce qui devait arriver même si elle ne lui avait pas trotté dans la tête depuis un moment
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Boštjan, son patron dans l’autel latéral, n’est couvert qu’autour des reins, sa nudité est piquée de flèches, Florjan, membres nus, tient un jet d’eau pour éteindre les incendies. Peregrin, flanqué de son bâton de marcheur, patron de la lenteur, est en train de dégrafer sa pélerine et Boštjan a peur, s’il ferme les yeux, de le voir sans rien quand il les rouvrira. Mihael a jeté sa casaque avant d’enfoncer sa lance dans la gueule du dragon. Mais le corps de Marguerite est couvert de la tête aux pieds et des pieds à la tête pour ne pas susciter de pensées coupables chez l’observateur
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Il devra se placer à distance des perfides porteurs de foi et de la volonté de Dieu, des marmottants et marmottantes omniscients qui interviennent sans vergogne dans l’impénétrabilité des choses de Dieu, qui saisissent l’insaisissable, expriment l’inexprimable, savent ce que personne ne peut savoir
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en lui-même ça parlait sans cesse, ça s’élançait dans ses membres et dans sa tête, ça parlait, parlait et il découvrit assez tard qu’il ne s’agissait pas de langage, que c’étaient des images sonores, des sons imagés, des scènes qui surgissaient, se répétaient, sourdaient dans sa peau
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Le malheur est venu de l’extérieur au moment où le père a été emporté par la tourmente de la guerre, où on a emmené la grand- mère et ou Ugav et les siens ont cerné le bâtiment et l’ont pris facilement, sans protection, découvert, affaibli
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