Prié de me taire

Bonjour,

L'Eglise a-t-elle raté sa mue ? le célibat des prêtres est-il de mise ?

De mon point de vue, ce n'est pas vraiment l'objet de ce livre.

Je ne partage pas non plus l'avis selon lequel l'ouvrage est au niveau des confessions de Saint-Augustin. Cependant il est aussi intéressant. Et les circonstances : la dénonciation des crimes de pédophilie autant que la dénonciation des faits commis à Chavagne en Paillers en font l'ouvrage à lire.

Cet ouvrage pose la question de la pertinence de l'entrée précoce dans un séminaire qui prédestine l'individu à la vie sacerdotale. Comme l'état de vie du prêtre est le célibat consacré, mettre un préadolescent de 10 ans au séminaire, quand bien cela serait même le "petit séminaire" entraîne en quelque sorte un vice du consentement à la condition de célibataire à vie, et, de la part de ceux qui embrigadent les jeunes dans un système d'enseignement somme toute très autoritaire, un viol du consentement.

Ce qu'a vécu ce prêtre, ce sont les dépressions dues à ce qu'il n'a en vérité par consenti à cette destinée. Ce n'était pas pour lui et il lui était impossible de le discerner, ou de dire non.

Parce que le moule culturel de la formation ecclésiastique vous ôte toute capacité de distanciation critique à l'égard de l'Eglise, parce que lorsque vous y êtes entré, vous y êtes englué pour longtemps, surtout s'il n'est pas fait pour vous.

Mais aussi à cause du prestige de la fonction, parce qu'il avait foi en Dieu, pour ce que représentait cet engagement pour sa famille et la fierté qu'elle en retirait.

Cet ouvrage est très intéressant de surcroît parce que l'auteur est d'abord passé par le petit séminaire de Chavagne en Paillers, qui est actuellement, en 2021 dans le rapport SAUVE, particulièrement épinglé pour les faits de pédophilie commis par certains prêtres.

L'auteur n'y a pas été confronté à la pédophilie, mais à la misère affective, précisément parce que la chasse était faite aux amitiés particulières. Cela n'était pas décent et on faisait la chasse aux relations qui eussent pu dériver en amitiés un peu trop affectueuses, ou en dérive homosexuelle. L'ambiance et le comportement de certains dirigeants de l'école était particulièrement dur, et donc totalement contraire à l'esprit de la charité chrétienne.

Ensuite, jugé indigne d'y poursuivre ses études par cet orgueilleux petit séminaire de Chavagne, l'auteur a suivi sa scolarité chez les pères montfortains, une communauté religieuse dont le responsable a récemment été assassiné par le rwandais qu'il hébergeait, le bénévole ayant mis le feu à la cathédrale de Nantes en 2020. Bien qu'il n'y ait pas eu de chauffage l'hiver, l'auteur en conserve un bon souvenir. le problème est simplement qu'il ne voulait au fond pas devenir prêtre et que personne autour de lui ne lui a offert l'opportunité de discerner sa vraie vocation de peur de devoir l'entendre et l'écouter. Il y a pourtant des outils dans l'église, une méthode, celle de Saint Ignace de Loyola.

Il a fini par quitter l'état de prêtre. A noter 2 choses.

1- Un plan B lui a été offert puisqu'il a pu refaire sa vie en se mariant et occuper les fonctions de directeur d'un établissement d'enseignement catholique.

2- La stupide omerta de la hiérarchie catholique. le titre, "prié de me taire", dit tout et se passe de commentaires. On voit les conséquences aujourd'hui.

Quelle tristesse.

Et pourtant, que le catholicisme est beau.