Un plaidoyer bien actuel, qui a le grand mérite de replacer dans un contexte plus large les débats politiques actuels (en Belgique) autour de la possibilité de dispense pour les cours de religion ou de morale laïque à la rentrée 2016 et le remplacement d'une des deux heures hebdomadaires de ces cours philosophiques par un cours commun de citoyenneté. En effet, le premier chapitre de ce livre retrace patiemment l'histoire mouvementée de l'enseignement en Belgique, tiraillée entre les visions du parti libéral et celles du parti chrétien. Les auteurs font ensuite le point sur la situation actuelle en matière de réseaux et de cours philosophiques, pour mieux appuyer leur thèse de la nécessité de l'instauration d'un cours commun d'ECCR, c'est à dire d'éthique, de citoyenneté et de culture religieuse et philosophique, obligatoire en primaire et en secondaire, tant dans l'enseignement officiel que dans le libre. le livre creuse en profondeur ce que pourrait être le contenu de ce nouveau cours.
Je rejoins l'avis des auteurs quant au caractères désuet ou ségrégationniste, en fonction de la région sur laquelle on se penche, des cours philosophiques pendant lesquels les élèves sont rassemblés en fonction de leur croyance (ou bien souvent de leur tradition familiale plus que de leur foi personnelle). Comment instaurer un réel vivre ensemble interculturel si, dans les écoles, les élèves sont séparés au moment de parler de la manière dont on doit vivre sa vie ?
On ressent, bien sûr, l'attachement des auteurs aux valeurs de la laïcité. Mais ils ont l'intelligence de l'exprimer sans être anticléricaux. Au contraire, ils insistent dans tout le texte sur l'importance de la connaissance des religions pour le développement personnel et le vivre ensemble.
Derrière ces débats se cache une question très large : la religion est-elle une affaire personnelle ou une affaire d'état ? Pour moi, la réponse est claire et devrait l'être de manière officielle depuis longtemps, mais il semblerait que pour ce ne soit pas (encore) le cas pour tous nos décideurs politiques.
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On est frappé par le caractère pragmatique des critiques adressées à l'enseignement, auquel on reproche de ne pas être en phase avec le monde du travail, de ne pas contribuer à faire baisser le chômage... Plus rares sont devenues les analyses qui portent sur la perte du caractère émancipateur de l'école.
Le développement du sens critique, l'apprentissage de la démocratie et de la citoyenneté, la connaissance des grandes traditions religieuses et philosophiques du monde sont des éléments indispensables à la formation de tout homme et de toute femme. Nous ne pouvons pas continuer à nous en remettre, pour leur acquisition, au hasard de la qualité des professeurs de religion ou d'histoire ou de français ; ces compétences doivent faire l'objet d'un enseignement spécifique.