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EAN : 9791026260776
389 pages
Librinova (28/08/2020)
5/5   2 notes
Résumé :
Aborder le harcèlement moral au travail est un sujet épineux, tellement tabou que beaucoup de salariés préfèrent ne pas en parler... Le monde de l'entreprise regarde ce sujet de haut, comme chez France Telecom ou chez Renault où de nombreux suicides ont eu lieu. Mais le "lean management" détruit des vies partout, on l'a vu fleurir ces dernières années de la petite entreprise à la grande administration.

L'auteur est inspecteur des finances depuis 2000.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Bercy beaucoup, c'est l'histoire d'une descente aux enfers. Sous-titré « Harcèlement moral dans la Fonction publique », ce livre révèle la face cachée du service public français.
La vie de Pascal Lordi bascule en avril 2006, date à laquelle il se croit sur le point de mourir. Son coeur s'emballe, ses mains sont crispées, il se sent extrêmement mal. Pascal Lordi est emmené à l'hôpital où le diagnostic tombe : il s'agit d'une crise de panique due au stress qu'il endure depuis des années sur son lieu de travail. Ayant hérité d'un poste très compliqué (le prédécesseur n'ayant pas été très professionnel), Pascal travaille plus de cinquante heures par semaine depuis trois ans et le rythme qu'il s'est imposé pour continuer à fournir l'excellent travail auquel ses supérieurs sont habitués finit par avoir des conséquences…
Jouant de malchance, Pascal est ensuite victime, en 2007 d'une agression sur son lieu de travail. Il en garde toujours des séquelles aujourd'hui, mais ces faits ne seront pas reconnus comme accident du travail par l'administration.

Cet ouvrage, composé comme un réquisitoire à charge de l'administration, dénonce les dérives du service public et la façon dont ses agents sont traités : comme des automates justes bons à travailler jusqu'à ce qu'ils craquent (« Je commence à découvrir que les employeurs cherchent à minimiser leur responsabilité… « travaillez travaillez, ne vous plaignez pas et si un problème arrive, on n'y est pour rien »… C'est ce que me fait comprendre mon supérieur au téléphone qui me croit « au ski » quand je souffre à l'hosto… C'est la DRH du Gard qui ose par téléphone me passer un savon alors que je suis perfusé… », page 114). Et puis, une fois qu'ils ont craqué, que faire d'eux ? Puisqu'ils ne sont plus aptes à travailler autant qu'avant, peut-on se permettre de les garder au sein d'un service qui vise avant tout la productivité ? (« Il ne faut pas s'embarrasser avec un cadre devenu malade. Je serai éliminé entre mes deux opérations aux cervicales. Alors même que ces cervicales avaient été rudement touché lors d'une agression passée sous silence et sans aucune information donnée au comité hygiène et sécurité… », page 115).
Ce témoignage poignant l'est d'autant plus qu'il est écrit par quelqu'un comme vous et moi. Jusqu'au 26 avril 2006, Pascal Lordi, percepteur et fonctionnaire modèle, était un travailleur acharné, se donnant à fond pour fournir un travail excellent. C'est aussi un bon père de famille, un homme simple, ayant les pieds sur terre et des convictions bien ancrées. Il est fan d'Indochine et de football. Ce n'est pas, comme certaines personnes l'ont cru durant son parcours du combattant, un fainéant qui tente de camoufler sa paresse sous de fausses revendications à l'égard de son employeur. Au contraire, Pascal est quelqu'un de courageux qui, arrivé dans une impasse professionnelle, n'a pas hésité à reprendre des études et à passer des concours compliqués afin d'atteindre son poste de percepteur (« Je n'étais ni le plus fort, ni le plus intelligent. Par contre ma patience et mon travail de deux ans sont récompensés. », page 75). Pascal Lordi est une victime et pas un affabulateur.
Et dans son récit, il partage avec nous le combat acharné qu'il livre contre son employeur afin d'être reconnu comme tel et (enfin) indemnisé en conséquence. Souffrant de huit maladies chroniques graves dues au stress provoqué par son travail, Pascal ne peut en effet plus travailler.
Mais loin d'être déprimant, cet ouvrage est celui d'un homme qui reste fort malgré les épreuves (« Une de mes forces aujourd'hui en 2017, est d'avoir écouté de tout, d'avoir mangé de tout, d'avoir vécu tant de belles et de tristes choses que je suis en droit de défendre ce que j'aime, et de dire pourquoi, je n'irai plus à tel endroit. », page 51). Même s'il a perdu toutes ses illusions en ce qui concerne la Fonction publique (« le management n'a aucune humanité. Surtout ne pas croire l'inverse, comme je l'ai cru quelques années. », page 94) Pascal Lordi n'est pas aigri ou pessimiste : il continue à se battre et tente de survivre en lisant énormément et en écrivant. Il écoute toujours Indochine et continue à suivre les résultats des « crocodiles », son club de toujours.

Sortir de son devoir de réserve pour dénoncer les dérives du service public n'est pas facile. Il faut être fort et courageux pour oser pointer du doigt la responsabilité de son employeur. Et Pascal Lordi a ce courage. Il faut dire qu'il n'a plus grand-chose à perdre.... L'histoire qu'il partage avec ses lecteurs est à la fois bouleversante et révoltante : elle met en lumière la souffrance endurée dans l'ombre par ces agents forcés au silence du fait de leurs fonctions. Avec son récit, Pascal Lordi fait plus que se livrer : il rend hommage à toutes ces femmes et à tous ces hommes qui se battent, jour après jour, afin d'être reconnus comme victimes d'un système qui ne se soucie plus d'eux, car ils ne sont plus assez productifs. A lire et à méditer, afin de faire bouger les choses, et pour que le combat de Pascal et de tous les autres ne soit pas vain !
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Magnifique. Témoignage émouvant et poignant d'un raté, un genre de Bukowski à la française, la bière et le sexe en moins. Mais alors, vous me demanderez, qu'est ce qui reste ? le côté français de la déprime au boulot, le ratage à grande échelle mais qu'on assume en se disant que c'est la faute des autres si on est un minable. Un grand livre aussi bien écrit que les dernières volontés de ma femme de ménage qui me traite de Masochiste alors que c'est de Misogynie dont elle veut parler.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Un vent froid venu de l’Oural le « Moscou Paris » a frappé en méditerranée et Montpellier est paralysée par la neige. Plusieurs centaines d’automobilistes sont coincés sur l’A9 par des camions trans-européens qui l’empruntent. Pendant ce temps, les triages des wagons sont vides à Nîmes ou Narbonne sont vides. Cherchez l’erreur.
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Quand certains ont la voiture de fonction le logement de fonction et la carrière toute tracée… d’autres se sont suicidés à cause du boulot.
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Je me remémore un entretien que j’ai eu avec eux neuf mois plus tôt pour me dézinguer de mon poste. Les rapaces écoutaient mes dires d’un homme aux abois sur le plan médical et familial. Je pleure lors de ce rendez-vous. Je ne dormais plus depuis six semaines sans discontinuer. Je craque devant eux. Je les vois mal à l’aise. Leur objectifs stupides en dix ans ont détruit un homme et ils l’ont face à eux. Ils ont leur politique sous les yeux. Un désastre.
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Ce type de cadres, qui refuse d’avoir tort face à un subalterne, il y en a plein partout dans tous les bureaux, sont déconnectés de la réalité. Ils représentent la froideur d’une boite, le déshumanisme total. Ils font cela pour se montrer cynique, machiavélique. Leur carrière en dépend. Plus ils se montrent intransigeants, froids et austères, plus les patrons les adorent.
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Les commérages sont aussi une marque de fabrique des entreprises. Certaines en produisent plus que des matières premières. À ce jeu-là, je ne sais pas faire.
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