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EAN : 9782266250528
264 pages
Pocket (02/09/2015)
3.45/5   136 notes
Résumé :
“Vassili réfléchit un peu, puis il décréta : -Nous allons faire voler mon tracteur.” Drôle, grotesque, cruel. Partez à la rencontre du peuple le plus pauvre d’Europe. Ceci est l'histoire d’un petit village moldave. À Larga, tous les habitants ne rêvent que d’une chose: rejoindre l’Italie et connaître enfin la prospérité. Quitte à vendre tous leurs biens pour payer des passeurs malhonnêtes, ou à s’improviser équipe moldave de curling afin de rejoindre les compétition... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (47) Voir plus Ajouter une critique
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''L'Italie, c'est un pays magnifique, la promesse d'un travail sans effort. de l'argent, de la propreté, des musées, des tableaux, de la nourriture, …''
Voici l'Italie telle que la rêve le Moldave Séraphim Botezatu, du village de Larga, depuis son plus jeune âge, avant même l'effondrement de l'URSS et la misère qui s'en est suivie, avant même que l'immigration soit à la mode et que 200 000 Moldaves fuient leur pays pour s'installer illégalement dans cet El Dorado merveilleux. A Larga, Séraphim a fait des émules et ils sont nombreux à vouloir abandonner une maison qui s'écroule, un champs qui ne donne pas, un labeur épuisant, la crasse et la misère pour l'Italie où une femme de ménage peut gagner jusqu'à 1000 euros ! Même le président se verrait bien pizzaiolo dans une quelconque ville italienne. Mais la botte ne veut pas de tous ces hommes de bonne volonté. Alors les villageois redoublent d'ingéniosité pour atteindre ce pays de cocagne tellement inaccessible que certains sceptiques vont jusqu'à dire qu'il n'existe pas.

Mieux vaut en rire qu'en pleurer pourrait être le sous-titre de ce roman du moldave Vladimir Lortchenkov qui a choisi la farce déjantée pour raconter son petit pays qui détient la triste palme du pays le plus pauvre d'Europe. Mais derrière la loufoquerie et l'absurdité des situations, il faut voir la souffrance d'un peuple abandonné de tous qui se débat avec la misère, la corruption et la fuite des forces vives vers un horizon plus lumineux. Ici c'est l'Italie qui tient lieu de but ultime pour ces paysans dont la terre est trop pauvre pour les nourrir. Et tous les moyens sont bons pour accéder à ce paradis sur terre, du sous-marin fait maison à la création d'une équipe de curling, en passant par une sainte croisade ou un tracteur volant. Toutes ces tentatives sont vouées à l'échec mais reflètent bien la détermination des Moldaves à trouver en Europe une vie meilleure.
Humour noir, cruauté et poésie pour un livre sympathique mais qui tourne un peu en rond. Une curiosité venue de l'Est.
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« L'humour, c'est la politesse du désespoir ».
Boris Vian
Cette citation résume tout à fait ce roman à l'humour noir.

Vous apprendrez dans ces pages pourquoi tout un peuple veut tant quitter son pays, la Moldavie. Nous suivons un certain nombre de personnages, hommes et femmes, tous habitants d'un même petit village, tous habités par ce besoin vital de partir et celui de rejoindre l'Eldorado : l'Italie.

Et surtout vous découvrirez quels stratagèmes, subterfuges, magouilles, combines et autres roublardises les habitants vont utiliser pour pouvoir quitter ce pays où ne règnent que la misère, la corruption et la bêtise.
Les situations décrites sont aussi tordues que drôles, aussi ingénieuses que désespérées.
J'ai souri, j'ai éclaté de rire à certains moments, j'ai été effarée de tant de tristesse, de noirceur mais aussi de moments caustiques.
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Petite note personnelle : en avril 2002, j'ai pris le train de Bucarest à Chisinau, capitale de la Moldavie. J'avais envie de découvrir ce pays mystérieux, indépendant depuis l'éclatement de l'URSS et cousin de la Roumanie, avec laquelle il forma une grande nation, dans le passé. Dans ce train, un homme d'affaires espagnol (sic) me fit un long exposé sur le caractère schizophrène du pays partagé entre russophones et roumanophones. Je n'ai passé que quelques jours à Chisinau et à la campagne mais j'avoue y avoir trouvé un peuple sympathique et doué d'un humour à toutes épreuves. Notamment celles des privations puisque la Moldavie a détrôné l'Albanie pour le titre peu enviable de pays le plus pauvre d'Europe.
Mille et une façons de quitter la Moldavie, le titre du roman de Vladimir Lortchenkov est explicite (louées soient Mirobole Editions pour cette traduction). L'auteur nous trace le portrait haut en couleurs d'un petit village déshérité dont les habitants n'ont qu'un espoir : quitter au plus vite ce pays de misère et rejoindre l'Italie. S'ensuit une série d'aventures invraisemblables et donquichottesques qui tiennent de la satire et de la fable (parfois morbide) avec une auto-dérision permanente qui n'épargne même pas le président de la république qui préférerait ouvrir une pizzeria chez nos cousins latins plutôt que de poursuivre son mandat. Mille et une trouvailles parsèment le récit le teintant de burlesque, de grotesque, de poésie et de surréalisme. Un tracteur peut devenir objet volant ou sous-marin, une fois bricolé, et ce n'est qu'un exemple parmi d'autres. Lortchenkov est une sorte de Paasilinna qui aurait abusé de l'eau de vie locale et qui s'autorise tous les délires. Une tragi-comédie pleine de bruit et de fureur, très drôle et pertinente à la fois (la Moldavie pourrait rejoindre la Communauté européenne en 2019). On s'amuse beaucoup à la lecture de Lortchenkov. Voici un peuple qui dans le dénuement n'oublie pas d'espérer et de rire de ses propres malheurs.
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Il y quelques temps de cela, une connaissance qui avait été en Moldavie me disait à propos de la situation de ce pays : « C'est bien simple, en Moldavie, les gens rêvent d'émigrer en Roumanie ». de fait, devenu depuis l'effondrement du boc soviétique un des pays les plus pauvres d'Europe et une des plaques tournantes des trafics d'armes, d'êtres humains et d'organes, la Moldavie est aujourd'hui une terre d'émigration (un quart de la population, soit un million de moldaves, travailleraient à l'étranger).
Les habitants de Larga, le village que présente Vladimir Lortchenkov dans son roman rêvent quant à eux d'Italie. Après une première déconvenue qui ouvre le bal avec un sens aigu du comique de situation, Lortchenkov embraye sur toute une série d'anecdotes dans lesquelles l'humour noir se fait la part belle. Ainsi en va-t-il de la pauvre Maria qui a dépensé tout l'argent du foyer dans une tentative avortée de passer en Italie et qui annonce à son époux qu'elle va se suicider. Après que son mari lui a déconseillé de se pendre au noyer (il faudrait éviter de briser une branche susceptible de donner beaucoup de fruits) elle jette son dévolu sur l'acacia :

« Connaissant le coeur charitable de son époux, Maria se dirigea vers l'arbre en question, y fixa une corde et grimpa sur le tabouret qu'elle avait placé sous le noeud coulant. Elle ne distingua toutefois aucun regard en provenance de la maison. « Il s'est planqué derrière la porte », se dit-elle avant de remarquer que des gens l'observaient depuis les fermes voisines. Il y aurait donc quelqu'un pour la décrocher… Rassérénée par cette pensée, elle sauta. Son corps se balança, d'abord poussé par son élan. Puis par le vent.
Maria continua de tanguer dans l'acacia pendant toute la semaine suivante. »

Si, pour reprendre l'axiome consacré, l'humour est la politesse du désespoir, Lortchenkov nous décrit là un peuple aussi poli que désespéré à travers des histoires tour à tour hilarantes et poétiques allant de l'entrainement artisanal au curling dans le but d'obtenir un visa collectif d'équipe sportive, à la fabrication de sous-marin à partir d'un tracteur en passant par d'étonnants raisonnements de sophistes hérités de l'ère soviétique… ainsi voit-on un trolleybus construit dans Larga avec les subventions du Parti justement parce que son inutilité fait qu'il ne profitera à personne et que, donc, l'égalité des citoyens en sera préservée.
Président moldave privé de voyages internationaux car ses homologues étrangers craignent qu'il ne profite de l'une de ces rencontres au sommet pour immigrer clandestinement dans leurs pays, négociations sur le prix du rein humain et tentative de greffe artisanale – oui, tout est artisanal ici – entre le cochon et l'humain, règlements de comptes à retardement… on assiste, tour à tour sidéré et amusé à une enthousiasmante farandole d'idées folles desquelles transpirent la poésie et le désespoir, certes, mais aussi un indéniable optimisme chez les plus fous des personnages, de ceux qui pensent que oui, on peut faire voler un tracteur pour se faire la malle.

Et si la fin ne tient pas forcément les promesses du début, un peu comme si Vladimir Lortchenkov, emporté par son élan et les multiples anecdotes qu'il voulait raconter, avait oublié qu'il lui faudrait à un moment ou un autre conclure l'ouvrage, il n'en demeure pas moins que Des mille et une façons de quitter la Moldavie, vaut que l'on s'y arrête. Pour son humour et sa poésie, tous les deux aussi piquants et absurdes.


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Les tribulations des moldaves cherchant la terre promise.

«Si j'avais été François Villon, j'aurais composé La Ballade des pendus.
Comme je suis Vladimir Lortchenkov, j'ai écrit ce roman. Des mille et une façons de quitter la Moldavie

Les tentatives réitérées et désespérées des habitants de Moldavie qui cherchent à quitter ce pays frappé par la misère pour émigrer vers l'Italie, un paradis sur terre dont la représentation de prospérité est si idyllique en Moldavie que la rumeur circule qu'en réalité l'Italie n'existe pas : C'est le propos de cette satire pamphlétaire de Vladimir Lortchenkov, marquée par un enchaînement de situations à la fois cocasses et désespérantes, évoquant «L'homme qui savait la langue des serpents» d'Andrus Kivirähk, en particulier par ce sens aigu de l'autodérision.

Dans le village de Larga, tous les habitants sont des candidats à l'émigration.

«-Alors, qui souhaite partir travailler en Italie ?
À Larga où vivaient cinq cent vingt-trois âmes, mille quarante-cinq mains se levèrent. Par précaution, tous les adultes de l'assistance avaient levé les deux mains, le nombre impair résultant de la présence parmi eux du garde Sergueï Mocanu, qui avait perdu un bras à la guerre.»

Pour partir, certains forment une équipe du sport qui semble être le plus approprié pour être sélectionnés dans les compétitions internationales : ce sera le curling. Un mécanicien de génie transforme son tracteur en engin volant puis en sous-marin. le prêtre du village lance une croisade pour gagner et conquérir l'Italie impie : L'imagination de ces villageois, qui déploient des moyens aussi irrationnels et absurdes que le monde auquel ils tentent d'échapper, ne les empêche pas de se heurter constamment à la réalité des frontières de l'Union européenne, et d'être ramenés sur les «rives» de la Moldavie et de ce village qu'ils tentent éperdument de fuir.

Maniant un humour bondissant et grotesque pour représenter ce monde sorti du passé soviétique et pris d'assaut aux entournures par le plus sauvage des capitalismes, Vladimir Lortchenkov dépeint une réalité économique et politique cruelle, de dénuement en Moldavie et de fermeture des frontières européennes à ses habitants qui n'ont rien à offrir, si ce n'est de vendre leur corps ou leurs organes, sous les yeux des médias occidentaux qui se repaissent benoîtement de leur sort tragique ; un pays où tout va si mal qu'ils préfèrent s'enfuir, «quand bien même leur destination serait un trou noir du cosmos, un camp de concentration ou une mer des Sargasses grouillant de criminels internationaux sans scrupules.»

Publié en 2008 en russe, et traduit en 2014 en français par Raphaëlle Pache pour Mirobole éditions, cette fable tragicomique, dépeignant les tribulations de ces villageois crédules, soumis à l'avidité des politiciens corrompus, des passeurs ou d'escrocs de tous acabits, réussit le tour de force de provoquer simultanément une tristesse abyssale et de très nombreux éclats de rire, du plus franc au plus jaune.

Retrouvez cette note de lecture sur mon blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2015/11/16/note-de-lecture-bis-des-mille-et-une-facons-de-quitter-la-moldavie-vladimir-lortchenkov/

Nous nous réjouissons d'accueillir Vladimir Lortchenkov le 18 novembre 2015 en soirée à la librairie Charybde, pour fêter la parution de son deuxième roman traduit en français, «Camp de gitans».

Pour acheter ce roman chez Charybde, sur place ou par correspondance, c'est ici :
http://www.charybde.fr/vladimir-lortchenkov/des-mille-et-une-facon-de-quitter-la-moldavie
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critiques presse (1)
LaPresse
01 décembre 2014
Voilà quelqu'un, se dit-on, qui en a vu des choses étranges dans sa vie. Voilà quelqu'un qui peut bien posséder une imagination débordante. Mieux vaut en rire qu'en pleurer.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Je mappelle Vladimir Lortchenkov et je ne conserve aucun souvenir de moi avant que je commence à écrire des livres.
Un jour, tout bétement, j'ai compris en me réveillant que jétais écrivain, et je me suis aperçu aussi que je vivais dans un pays fantasmagorique.
Ce pays, cest la Moldavie, pays le plus pauvre d'Europe, pays dont les habitants, d'après les chiffres de l'OMS, boivent plus de vin que partout ailleurs dans le monde.
Dans le ciel de ce pays, je vis passer des tracteurs volants et des oiseaux parlants. Pour dissimuler son émigration clandestine en Europe, le président de ce pays fit croire à sa disparition dans un Crash aérien. Pays de l'absurde et de l'amour, pays dont un habitant sur quatre a émigré, pays organisant une croisade moderne vers l'Europe. Moldavie..
Dans les eaux de ses fleuves, je vis des divinités aquatiques et, dans les arbres moldaves, des pendues sur lesquelles on faisait sécher des chapelets d'ail.
Si javais été François Villon, j'aurais composé La Ballade des pendus.
Comme je suis Vladimir Lortchenkov, jai écrit ce roman.
Des mille et une façons de quitter la Moldavie.
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Comprenez, malheureux, que nous cherchons ailleurs quelque chose que nous pourrions avoir ici. Ici même, en Moldavie ! Nous pouvons nettoyer nous-mêmes nos maisons, refaire nous-mêmes nos routes. Nous pouvons tailler nos arbustes et cultiver nos champs. Nous pouvons cesser de médire, de nous saouler, de fainéanter. [...] Arrêter de truander ! Commencer à vivre honnêtement ! L'Italie, la véritable Italie se trouve en nous-mêmes ! (p.217/218)
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- Tu es un génie! hurla Séraphim en étreignant un Vassia légèrement embarrassé. Un génie génialissime!
- En effet; approuva Vassili. Et c'est dommage qu'on n'ait pas pensé plus tôt. Ma femme aurait pas eu à se pendre.
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- Je m’en fiche de toute façon, lâcha-t-il sous le regard critique du vieux Tudor. J’en ai rien à faire de rien, ni du travail ni de la biture que j’ai prise hier. Je me moque de tout ce qui se trouve ici. Je vais aller en Italie, un point, c’est tout. Alors, tout peut partir en sucette et ma ferme se casser la figure, ça me fait une belle jambe !
Le vieux continuait à regarder Séraphim de son air réprobateur, tandis que celui-ci se baignait le visage et le corps avec l’eau qu’il avait mise à geler pendant la nuit, comme le lui avait appris son père. Saisi par le froid, il se remémora les paroles de son géniteur : « Tu tires de l’eau du puits, tu en laisses un seau dans la cour et, pendant la nuit, le froid tue les microbes. Les autres saletés qu’elle contient se retrouvent coincées dans la glace. Au final, tout ce qui n’a ni gelé ni coulé au fond du seau, c’est de l’eau vive. Lave-toi avec, rince-toi les dents, et tu resteras gaillard jusqu’à cent ans. Si tu la bois, ton cœur se couvrira de fleurs ; si tu t’y trempes, ton corps rajeunira et se redressera comme un jeune peuplier plein de vigueur. »
Séraphim s’ébroua et cracha en repensant à l’image qu’offrait son père à l’âge de quarante ans, avec ses dents cariées, son dos voûté et sa sempiternelle cigarette coincée entre les lèvres, garnie de cette saleté de tabac moldave qui empestait. Bon, d’accord, papa avait toujours dit que ce qui l’avait tué, c’était le travail harassant de la terre. « Ne te donne jamais complètement à elle. Réfléchis plutôt à la façon de tirer d’ici. »
Séraphim avait donc agi en conséquence, se mettant à rêver de l’Italie, ce pays où les rues sont toujours propres, les gens accueillants et souriants et où, sans trop se fatiguer, on gagne en un mois ce que ne rapporteraient jamais trois années de dur labeur sur la terre moldave. En Italie, la terre exhale l’odeur des herbes aromatiques avec lesquelles on assaisonne les pâtes ; la mer diffuse en bouche un léger goût de sel, elle est chaude et excitante comme la sueur d’une femme sur laquelle on est allongé ; la…
– Ta ferme peut bien se casser la figure ? C’est ça que tu viens de de dire ? siffla le vieux Tudor d’un ton sévère. Eh ben, visiblement elle t’a entendu, ta ferme. Elle doit comprendre le langage des humains !
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Bien entendu, si le douanier avait dit aux deux amis qu’ils étaient ses premiers prisonniers moldaves, c’était juste pour le plaisir de faire un bon mot. La prison – un édifice solide à un étage, doté d’épais grillages aux fenêtres, d’un système d’alarme et entouré de fil de fer barbelé – abritait déjà quelques cent personnes. Près de la moitié d’entre elles étaient les Tziganes d’une caravane qui effectuait depuis cinq cents ans des allers et retours entre Soroca, Odessa et Nikolaïevo. Même le pouvoir soviétique avait fini par s’en accommoder. Mais, ayant accumulé suffisamment d’argent pour sa prison, le douanier Diordita avait arrêté les Tziganes au cours d’une énième migration et, pour employer l’une de ses expressions, les avait installés dans un endroit où l’on n’était jamais incommodé par le soleil.
– Vous allez rembourser la Moldavie pour avoir traversé la frontière de son État sans papiers et sans vous être acquittés des taxes en vigueur, leur avait annoncé le douanier en faisant tinter ses clefs. Dès que ce sera le cas, je vous laisserai sortir. Parce que vous, les Roms…
Bien entendu, les Tziganes ne remboursèrent rien du tout car le travail en tant que tel allait à l’encontre de leur mode de vie multiséculaire. En principe, vivre en prison sur les deniers de l’État leur aurait convenu, sauf qu’il y avait un « mais » : les deniers en question n’existaient pas. On ne nourrissait pas les détenus dans cet établissement.
– Comment on va survivre, mon bon monsieur ? demanda le chef de la caravane à Mihai. A quoi vont te servir des Tziganes morts ? Tu crois qu’ils te paieront une caution ?
– Les Tziganes vivants paieront rien non plus, répliqua le douanier. Alors débrouillez-vous.
Du coup, les Tziganes se montrèrent débrouillards et creusèrent un lac dans la cour de la prison, où des colonies de pélicans firent bientôt halte pendant leur migration. les détenus attrapèrent des oiseaux, les salèrent, les fumèrent et ils eurent ainsi de quoi manger pour une année.
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Video de Vladimir Lortchenkov (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Vladimir Lortchenkov
Vladimir LORTCHENKOV - Des mille et une façons de quitter la Moldavie .A l'occasion de la première édition du salon Russkaya Literatura qui s'est tenue les 7-8-9 novembre à l'Espace des Blancs Manteaux à Paris, rencontre avec Vladimir LORTCHENKOV, auteur de "Des mille et une façons de quitter la Moldavie" aux éditions Mirobole. http://www.mollat.com/livres/vladimir-lortchenkov-des-mille-une-facons-quitter-moldavie-9791092145212.html Notes de Musique : ?I've Been Waiting For You? (by Silence Is Sexy). Free Music Archive.
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