AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782228908863
224 pages
Payot et Rivages (03/04/2013)
3.7/5   10 notes
Résumé :
Pudique, Le livre de la pitié et de la mort est l'ouvrage le plus émouvant de Pierre Loti (1850-1923), qui sut trouver les mots justes pour évoquer le deuil et le souvenir d'êtres chers - humains ou animaux - et marquants. Deux textes magnifiques, parmi les plus célèbres de l'auteur de Pêcheur d'Islande, " Tante Claire nous quitte " et " Vie de deux chattes ", viennent éclairer notre rapport intime au " passé mort " et rappeler que Loti fut aussi un ardent défenseur... >Voir plus
Que lire après Le livre de la pitié et de la mortVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
N°1724 – Mars 2023

Le livre de la pitié et de la mortPierre Loti – Petite bibliothèque Payot.

C'est un recueil de onze nouvelles paru en 1891 alors que Pierre Loti, âgé de 41 ans, vient d'être élu à l'Académie française dont il est le plus jeune membre. Il y compile des souvenirs et des réflexions personnels sur son passage sur terre et sur la mort. C'est un ouvrage émouvant où l'auteur évoque pudiquement le souvenir d'êtres chers ou inconnus, qu'ils soient humains ou animaux. C'est une réflexion sur la vie et sur le trépas, une occasion de nous rappeler que la lecture n'est pas seulement un loisir mais que la littérature est aussi une évocation voire une interprétation du monde réel où le lecteur peut se retrouver mais que pour l'auteur qui s'attache à cette tache c'est un véritable défi. Il s'agit donc de textes autobiographiques dont le thème central est la mort et les rituels qui l'entourent. Très tôt confronté à la disparition de son frère Gustave, au souvenir des défunts de sa parentèle, des visages happés par l'oubli, des corps qui ont été vivants et beaux et qui sont devenus des ombres, de la poussière, Loti n'a jamais oublié sa condition de simple mortel parce que, au-delà de l'écrivain il y avait l'homme, celui qui accompagna la longue agonie de sa chère tante Claire au coeur de cet hiver charentais.
Loti est un romancier injustement oublié qui a été l'incarnation de son temps et a marqué de la plus belle des manières son passage sur terre en y laissant une trace exceptionnelle. Il se livre ici à une somme de remarques sur ce que les vivants ont tous en commun, la mort et la souffrance, et il exprime la pitié qu'on ressent au contact de cet aspect de la condition humaine, ce qu'il éprouve au spectacle de deux époux japonais, vieux, malades et mendiants, qui luttent dérisoirement, avec tout la richesse de leur amour, pour leur vie misérable, pour les veuves et les orphelins de marins pêcheurs péris en mer, les naufrages sont si fréquents à son époque, et le désarroi ressenti face à l'inexorable fin des hommes. Nous autres occidentaux, faisons semblant d'ignorer que la vie est une chose fragile, que nous n'en sommes que les usufruitiers et qu'elle peut nous être enlevée sans préavis. Quand il évoquent les enfants scrofuleux de l'hôpital de Pen-Bron, torturés leur vie durant par le mal de Pott, il exprime sa pitié pour leurs douleurs et souhaitent que ses contemporains en prennent eux aussi conscience. le simple fait d'abattre un boeuf à bord du bâtiment qu'il commande, pour la simple subsistance de l'équipage, le bouleverse. Quand il nous parle du quotidien de ses deux chattes, Moumoutte Blanche et Moumoutte Chinoise, toutes deux dotées d'une carte de visite comme les humains, arrivées dans sa vie par hasard et vivant dans sa maison de Rochefort quand il courrait les mers, c'est pour mieux évoquer leur envol au paradis des chats. Elles étaient confiées aux bons soins charentais de sa mère et de sa tante Claire qui furent aussi happées par la camarde. Qu'est ce que la vie en effet, une parenthèse qui s'inscrit dans l'écume du temps entre deux extrémités, la naissance et la mort. Rien de plus !
Sous ce titre quelque peu sinistre, Loti qui était un être à la fois fantasque, révolté, controversé, curieux du monde et des arcanes de l'esprit, se révèle tourmenté par la condition humaine. Certes, il est un écrivain du XIX° siècle qui s'exprime comme on le faisait à son époque, sa langue est bien différente de celle d'aujourd'hui mais je la comprends et l'apprécie, j'aime sa subtile écriture aux couleurs et aux rythmes changeants et l'émotion qui s'en dégage
Commenter  J’apprécie          100
Le livre de la pitié et de la mort est un recueil de textes paru en 1891. Pierre Loti, alors âgé d'une quarantaine d'années, y a compilé quelques histoires éparses, rêveries, anecdotes de voyages, propos sur la vie quotidienne et familiale, qui ont pour fil conducteur ses pensées intimes sur le temps qui passe, la mort, le souvenir.
L'avant-propos avertit le lecteur que Pierre Loti va se dévoiler à travers ses mots, et il en appelle à la bienveillance et à la compréhension, d'une façon désarmante.
On fera la connaissance, au fil de ces onze textes, de longueurs très variables, d'un oiseau, d'un vieux couple de japonais, de deux chattes, d'un boeuf, de jeunes enfants malades, de veuves de marins, et de la tante de Pierre Loti, tante Claire.
Avec beaucoup de pudeur, Pierre Loti nous conte leurs histoires, leurs fins, mais nous fait surtout part de ses propres questionnements, sur la mort et l'oubli.
Les animaux ont la part belle dans ces récits. L'auteur leur témoigne une compassion un peu distante mais très humaine, leur accordant, si ce n'est une âme, en tous cas un sens à leurs vies.
Le style est certes ancien, parfois un peu paternaliste, distant, qui pourrait sembler froid par moments, mais ôtées les caractéristiques liées à l'époque de la publication du texte (notamment sur les notions de classes sociales), certaines considérations restent très contemporaines.
Une mélancolie se dégage de l'ensemble, la réflexion est inévitable. On se prend à penser à notre propre condition de mortel, à ceux qui nous entourent, à ce qui reste immuable et à ce qui peut faire sens dans nos existences sur terre.
Un beau livre, émouvant, qui ne met pas de joie au coeur, mais qui donne à réfléchir.
Commenter  J’apprécie          140

Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Et, avec une infinie mélancolie, dans cette cour égayée de soleil nouveau, je regardais les deux chères promeneuses en cheveux blancs, en robe de deuil, maman et tante Claire, aller et venir, se pencher pour reconnaître, comme depuis tant de printemps, quels germes de fleurs étaient sortis de la terre, ou lever la tête pour apercevoir les boutons des glycines et des roses. Et quand leurs deux robes noires cheminaient, s’écartaient de moi, dans le recul de cette avenue verte qui est la cour de notre maison familiale, je remarquais surtout ce que leur allure avait de plus lent et de plus brisé...
Commenter  J’apprécie          30
Et la mort d’ailleurs porte en elle tant de majesté qu’elle est capable d’agrandir un instant, d’une façon inattendue, démesurée, les plus infimes petites scènes, dès que son ombre est près d’y apparaître : à ce moment, je me fis presque l’effet de quelque magicien noir s’arrogeant le droit d’apporter aux souffrants ce qu’il croit être l’apaisement suprême, le droit d’ouvrir, à ceux qui ne l’ont pas encore demandé, les portes de la grande nuit...
Commenter  J’apprécie          30
Et je regarde de plus près, à travers les vitres, ces deux brins de laurier-rose que secoue le vent du nord mortel ; ils sont déjà gelés et la glace a fait fendre la bouteille où ils trempaient ; personne ne la plantera, ni ne la fera revivre, la pauvre dernière bouture laissée par tante Claire, et cela me déchire cruellement de la regarder, et les sanglots tout à coup me viennent, les premiers depuis que je sais qu’elle va mourir...
Commenter  J’apprécie          30
Leurs têtes, aux cheveux blancs bien lisses, se penchaient, comme un peu lasses d’avoir vu et revu tant de fois, tant de fois, près de quatre-vingts fois, le renouveau trompeur. Les plantes, les choses, semblaient cruellement chanter le triomphe de leur recommencement perpétuel, sans pitié pour les êtres fragiles qui les écoutaient, déjà angoissés par le présage de leur irrémédiable fin...
Commenter  J’apprécie          30
Et tandis qu'elle se laissait leurrer, la Moumoutte, par tous ces airs de joie, de jeunesse, de commencement, moi, au contraire qui savais que cela passe, je sentais pour la première fois montre dans ma vie l'impression du soir, du grand soir inexorable et sans lendemain, du suprême automne qu'aucun printemps ne suivra plus.
Commenter  J’apprécie          20

Lire un extrait
Videos de Pierre Loti (18) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Loti
En partenariat avec l'Opéra National de Bordeaux, rencontre avec Alain Quella-Villéger autour de l'oeuvre de Pierre Loti. Entretien avec Christophe Lucet.
Retrouvez les livres : https://www.mollat.com/Recherche/Auteur/0-1303180/quella-villeger-alain
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Vimeo : https://vimeo.com/mollat
+ Lire la suite
autres livres classés : classiqueVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (34) Voir plus



Quiz Voir plus

Le pays des Lotiphiles

Le vrai nom de Pierre Loti était :

Louis Poirier
Henri Beyle
Julien Viaud
Fréderic Louis Sauser

10 questions
50 lecteurs ont répondu
Thème : Pierre LotiCréer un quiz sur ce livre

{* *}