Je viens de finir le dernier
Jérôme Loubry. Et je suis encore sous le charme de cette histoire troublante.
Toujours difficile pour moi d'écrire une chronique quand je suis encore aussi empreinte d'un roman.
Mais j'aimerai tout de même vous dire ce que j'en ai pensé quitte à ce que mes ressentis sortent en vrac.
Je vous jette ça là, comme cela, comme on jette une bouteille à la mer.
Tiens la mer, parlons-en !
C'est elle qui rythme ce roman, c'est elle qui l'habit, lui donne sa couleur, son odeur, son atmosphère. La mer et aussi la petite ville portuaire qu'elle baigne.
Oui mais alors que nous raconte «
le chant du silence »
Damien revient dans le village de son enfance, là où il a connu ses premières histoires d'amour et d'amitié. Il y revient un peu contraint car son père vient de mourir. Il s'est jeté du haut de la baie des veuves, cette falaise d'où les femmes guettaient autrefois le retour des bateaux de pêche. Alors Damien qui avait quitté ce père. Ce père qu'il a appris à détester, lui qui a commis l'impensable, l'irréparable et que sa femme a fuit emportant avec elle son fils adolescent. Il revient pour simplement régler au plus vite la succession. Mais son retour au pays va prendre une autre tournure, car il va y retrouver Oriane, son amour d'enfance qu'il n'a jamais oublier et puis il va y rencontrer Franck, un policier qui lui donne une autre version de son père, lui qui le décrit comme un type bien.
Pour nous faire vivre en totale immersion cette histoire
Jérôme Loubry a pris le parti de nous le faire vivre sur deux temporalités. Aujourd'hui et le retour de l'enfant prodige et en 1995, l'année du drame mais aussi les années d'insouciances de Damien alors ado avec ses potes Grégoire et Orianne, un trio à la vie à la mort.
Et, entre aujourd'hui et le passé, bien des secrets, des non-dits et des vérités se révèlent ; les personnalités aussi.
Il faut dire que notre auteur sait nous manipuler, mettre dans son récit des indices capables de nous révéler l'intrigue ou au contraire nous amener sur de fausses pistes.
Comme le choc des vagues et le ressac de la mer, il va nous balloter, nous secouer, nous laissant un goût acre en bouche de s'être fait ainsi berner tout en finesse. Car
Jérôme Loubry construit son intrigue tout en subtilité et celle-ci est une nouvelle fois menée avec brio.
Il nous offre là un roman intense qui nous parle du temps inexorable qui passe et de nos rêves déçus. Un drame social tout en atmosphère, un peu à la
Simenon mais le rythme en plus. C'est âpre mais on adore ça.
Et puis si j'ai aimé l'ambiance, les personnages et l'histoire c'est aussi l'écriture soignée et intense de notre auteur qui m'a marqué. le style de notre auteur a encore pris de l'ampleur. Tout cela donne un souffle au récit, de la consistance aux protagonistes et une rigueur presque austère aux sentiments et aux interactions entre eux.
A été ma première lecture de l'année 2023, j'ai adoré et j'ai juste envie que les prochaines soient de la même magnitude que celle-ci.
Bravo Monsieur Loubry et merci pour ce formidable roman noir matinée de thriller contemporain.
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