Première approche du mythe et déjà, je suis conquise. Il y a quelques temps, j'avais été quelque peu déçue par
Démons et Merveilles dont le style laborieux avait fini par m'agacer même s'il retranscrivait à merveille l'enchaînement des éléments du rêve.
L'Appel de Cthulhu
La viscosité du récit de l'Appel m'a immédiatement absorbée. J'ai ainsi été embarquée par le mystérieux bas-relief, les évènements les marécages de la Nouvelle-Orléans et enfin le trajet sur l'”Alert” qui révèle l'horreur...ou ce qui n'en est que le début.
La couleur tombée du ciel
Cette seconde nouvelle m'a énormément plu. Non seulement parce que le rythme de l'écriture de
Lovecraft me séduit de plus en plus, mais aussi parce que les descriptions proposées de la nature qui se délite peu à peu m'ont fascinée. Sans avoir beaucoup de références en science-fiction, cette nouvelle a du être source d'inspiration de plusieurs récits d'anticipation ( je pense à la Guerre des mondes de H.G. Welles notamment). Les évènements se déroulent non loin de la ville d'Arkham. Depuis qu'une météorite est tombée du ciel, une ferme et ses alentours subissent d'étranges phénomènes. Dans un premier temps, les animaux ont eu un regard étrange, presque menaçant et les fleurs ont pris une couleur que nul n'avait encore jamais vu. Peu à peu, Nahum Gardner et sa famille qui habitaient la ferme n'ont plus pu cultiver quoique ce soit sur leurs champs ni faire paître aucune bête, la terre semblant ne plus être en mesure d'offrir aucune forme de vie. le récit se resserre alors autour du puits de la ferme et de l'eau au goût saumâtre qui en sort. Malgré ces difficultés et étrangetés, les Gardner restent, comme s'ils étaient incapables de quitter les lieux, irrémédiablement ancrés à ces terres...
Celui qui chuchotait dans les ténèbres
Encore une nouvelle qui m'a immédiatement séduite même si elle ne devance pas
la Couleur tombée du ciel. Ce qui est notable c'est la façon dont
Lovecraft parvient à installer peu à peu l'angoisse. le récit folklorique laisse peu à peu place à une horreur et une folie bien réelles et on voudrait que le narrateur échappe à leurs « pinces »
Par-delà le mur du sommeil
Je n'ai pas apprécié cette nouvelle, étrangement, je ne suis pas parvenue à entrer dans lhistoire. Cependant, la façon dont
Lovecraft décrit les « montagnards ignorants » m'a beaucoup intéressée tant elle était caricaturale et rude (parfois à la limite du parodique). C'est peut être le sourire que cela faisait poindre sur mes lèvres qui m'a empêchée d'être effrayée par ce récit.
La tourbière hantée
Une très courte nouvelle mais très efficace dont la thématique rappelle celle d'un conte des frères Grimm
La peur qui rôde
Avec la peur qui rôde, j'ai mis un petit moment à accrocher à l'histoire, mais après la description du destin tragique d'Arthur Munroe dans la maison des Martense , je n'ai alors plus pu me détacher du récit. Que sont ces créatures dévoreuses d'hommes ?
J'ai vraiment adoré ce recueil autour du mythe de Cthulhu, même si, au final, peu des nouvelles s'y rapportent directement.
Lovecraft ne nous présente jamais l'horreur de front, elle nous est contée par des récits rapportés et nous est sans cesse suggérée. Cet effet narratif, nous laisse imaginer le pire en fonction de nos peur propres et c'est ce qui rend si efficace le récit !
Si
Démons et Merveilles m'avait déçue. Ici, il n'en est rien, le style est fluide et l'ambiance oppressante et glauque fonctionne à merveille. On est presque soulagé que les nouvelles soient courtes, non par ennui, mais pour faire cesser l'angoisse qui s'en dégage.
Je compte bien continuer à picorer du
Lovecraft régulièrement. La prochaine nouvelle sera certainement
l'Affaire Charles Dexter Ward.
Merci à Cronos pour cette excellente pioche de juin !