AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,23

sur 2081 notes
5
58 avis
4
47 avis
3
23 avis
2
7 avis
1
0 avis
Samarcande c' est une ville d'Ouzbékistan, à la limite des mondes turcs et persans. le poète persan Omar Khayyam, scientifique et poète y a vécu une partie de sa vie. Dans la première partie de son livre, Amin Maalouf nous fait découvrir la vie de ce poète et l'origine de la création d'un volume mythique de poèmes que Omar a rédigé tout au long de sa vie. On y découvre aussi l'histoire mouvementée de cette contrée au XIe siècle.
Dans la seconde partie c'est la redécouverte de ce manuscrit de la fin du XIXe au début du XX e siècle avec de la même façon l'histoire extrêmement troublée de toute la région.
L'écriture d'Amin Maalouf est toute en délicatesse et en poésie, il sait nous faire découvrir l'âme des personnages de son livre et nous promener dans l'histoire d'une région qui ne nous est en général pas très familière. Et si l'on se prend à réfléchir aux similitudes dans les troubles politiques entre les deux périodes décrites dans ce livre et notre époque qui est toujours aussi mouvementée dans toute cette région, on se dit que la poésie est réellement plus que nécessaire pour tenter d'aider les hommes à surmonter ces épreuves. Pour moi, ce livre y participe car au delà de l'histoire, l'auteur arrive à nous emmener dans une réflexion assez fine sur les hommes, leurs cultures et leur soif de pouvoir. Un très beau livre que je relirai à coup sur.

Lien : http://allectures.blogspot.f..
Commenter  J’apprécie          1190
Samarcande est avant tout un hommage au poète perse du 11ème siècle Omar Khayyam, dont les célèbres Robâiyât chantent le vin et la contemplation.

La première partie du roman concerne la vie du poète lui-même, et la rédaction de ses quatrains. Bien qu'étant l'un des hommes les plus érudits de son temps, il se tient éloigné des conflits politiques. Il ne peut cependant pas s'en couper complètement : pas toujours très bien vu parmi le peuple à cause de sa conception très personnelle de la religion, il lui faudra toujours un puissant protecteur qui lui permettra de réaliser ses travaux au calme. La vie de Khayyam est également liée aux Assassins, fanatiques religieux qui bouleversent l'équilibre politique de la région en ôtant la vie à plusieurs dirigeants pas assez souples à leur goût.

La seconde partie du livre nous emmène dans l'Iran du 19ème siècle, à la recherche du manuscrit de Khayyam. Pillée à la fois par la Russie et par l'Angleterre, le pays connaît une grande période de trouble, et est déstabilisé à chaque fois qu'il tente de s'émanciper de ses deux « protecteurs ».

Maalouf a toujours le don de nous faire vivre les événements de l'intérieur, quelles que soient la période et la région concernées, expérience d'autant plus intéressante pour un européen qui ne connaît pas grand chose de l'histoire de l'Orient. Agréable à lire, instructif : n'hésitez pas à vous y plonger !
Commenter  J’apprécie          822
Je lisais les robaïats d'Omar Khayyam en me disant que ce serait bien quand même d'être moins ignare sur le contexte de son écriture, la Perse du XIème siècle, quand je me suis souvenue qu'Amin Maalouf avait écrit un livre-hommage au poète.
La première partie est biographique. Omar Khayyam n'est pas seulement poète, c'est un éminent filassouf (=philosophe), un astrologue, un mathématicien (c'est de lui que nous vient ce x symbole de l'inconnu sur lequel nous avons tant sué du temps de notre scolaire jeunesse).
S'il côtoie les puissants, Omar Khayyam a peu de goût pour les intrigues, le pouvoir. Il préfère observer les étoiles, boire du vin, écrire des robaïats. C'est bien dommage mais assez fréquent, les plus sympas répugnent à exercer le pouvoir et laissent la place aux plus terribles. Ici le refus de s'engager d'Omar fait le lit de l'implacable et fascinant chef des Assassins, Hassan Sabbah.

Et puis cette machine à remonter le temps qu'est ce roman nous transporte 8 siècles plus tard, et nous nous retrouvons aux côtés de Benjamin Omar Lesage, en quête du manuscrit de Samarcande, écrit de la main du poète.
Benjamin doit son second prénom, et peut-être même la vie à Khayyam: la première fois qu'ils se retrouvent seuls, ses futurs parents, découvrant avec ravissement qu'ils sont tous deux en train de lire les Robaïats, ont la sensation que leurs «lignes de vie venaient de se rejoindre», et c'est entre deux poèmes qu'ils se donnent leur premier baiser.
Son périple dans l'univers oriental est particulièrement intéressant lorsqu'il nous entraîne dans les turbulences politiques de la Perse, nous faisant assister à la brève victoire des démocrates, que le Tsar russe et le gouvernement anglais vont s'empresser de contrer pour préserver leur mainmise sur les richesses du pays.

J'ai aimé le côté instructif et dépaysant, je mourrai moins bête - mais, comme Omar Khayyam le disait bien avant Marion Montaigne, je mourrai quand même.
Commenter  J’apprécie          7412
Samarcande est un livre en deux parties. La première se passe au 11ème siècle, en Perse. Elle relate la vie d'Omar Khayyam, poète et scientifique. Il a consigné ses poèmes et ses pensées dans un manuscrit qui lui a été volé par Hassan Sabbah, le fondateur de la ligue des Assassins. Le manuscrit a été conservé dans la forteresse d'Alamut, avant de disparaître dans l'incendie qui l'a ravagée deux siècles plus tard.

La deuxième partie se passe à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème. Le personnage principal est Benjamin Lesage, un Américain qui part en Perse à la recherche de ce manuscrit, parce qu'il a entendu dire qu'il a été sauvé des flammes d'Alamut. C'est un personnage de fiction, mais il est plongé au coeur des remous politiques de la Perse de son époque, dont il est une sorte de témoin privilégié auprès de personnages qui ont réellement existé.

J'avais un très bon souvenir d'une première lecture de Samarcande dans les années 1990. Je l'ai donc choisi dans le cadre d'un dîner littéraire sur le thème de la littérature du Moyen-Orient : c'était l'occasion de m'y replonger. Mais je n'ai pas eu la même impression qu'il y a 25 ans... car finalement, à qui peut plaire ce livre ?

Aux amateurs d'histoires avec un petit h et un s à la fin, d'abord. Car il y en a plusieurs : l'histoire de Khayyam et Hassan Sabbah, celle de Khayyam et Djahane, celle de Khayyam et Vartan... l'histoire de Benjamin et Chirine... Et surtout, l'histoire du manuscrit, que j'ai trouvée trouve fascinante. On a très envie de se dire que c'est vrai, que le manuscrit a survécu, et qu'aujourd'hui, il nous attend de nouveau dans un lieu inaccessible mais où on peut rêver qu'il est en sécurité.

Ensuite, il peut plaire aux amateurs d'Histoire, avec un grand H et pas de s à la fin. Parce que plusieurs pans de l'histoire de la Perse (de l'Iran, donc) sont racontés. Il est également beaucoup question d'islam, une religion comme les autres, avec ses décalages entre un dogme supposé et des pratiques qui changent avec les lieux, les époques et l'instrumentalisation politique qui en est éventuellement faite. Il y a notamment des éclaircissements sur les mystérieuses différentes entre Sunnites et Chiites. Plus encore qu'à des amateurs d'Histoire, c'est à des amateurs d'Histoire en tant qu'elle éclaire le présent que s'adresse ce livre.

Par contre, ce n'est pas un livre pour amateurs de profondeur psychologique, dont je fais partie : c'est sans doute ce qui m'a le plus manqué lors de ma deuxième lecture. On n'a pas beaucoup accès aux pensées intimes d'Omar Khayyam. Pourtant, même aujourd'hui, sa position de retrait du monde serait considérée comme originale. Quand Djahane vient le voir avec une question brûlante, un choix politique à faire dont va découler le sort du pays et qui décidera aussi de sa propre survie, il lui propose juste de tout quitter, de laisser les fauves s'entre-tuer et de vivre avec lui d'amour, de vin, de poésie et d'étude. "Un rejeton de sultan turc remplace un autre rejeton, un vizir écarte un vizir, par Dieu, Djahane, comment peux-tu passer les plus belles années de ta vie dans cette cage aux fauves ? Laisse-les s'égorger, tuer et mourir. Le soleil en sera-t-il moins éclatant, le vin en sera-t-il moins suave ? [...] Si tu attaches encore la moindre valeur à notre amour, viens avec moi, Djahane, la table est mise sur la terrasse, un vent léger nous vient des monts Jaunes, dans deux heures nous serons ivres, nous irons nous coucher. Aux servantes je dirai de ne pas nous réveiller quand Ispahan changera de maître". Ô combien me plaisent ces phrases... mais une fois qu'elles sont prononcées et que Djahane fait son choix, on n'en sait pas plus.

Alors si vous êtes différent de moi et que vous êtes soulagé à l'idée qu'on ne vous inflige pas les tourments intérieurs du personnage qui tient ce discours, n'hésitez pas, lisez ce livre. Mais si vous me ressemblez et que ce moment où on n'en sait pas plus, est justement celui où vous trouvez qu'on aurait enfin pu entrer dans le vif du sujet, alors hésitez et peut-être même, passez votre chemin... ou lisez directement les robaÿat d'Omar Khayyam.
Commenter  J’apprécie          6511
Apres Alamut, j'ai voulu rester dans l'ambiance avec ce Samarcande.

Deux histoires dans ce livre. Differentes, sans grand rapport si ce n'est une meme geographie, deux romans en fait, lies par un fil assez tenu: un manuscrit des quatrains d'Omar Khayyam.


Une premiere partie nous conte la vie du lettre-poete, dans la bouillonnante Perse du XIe siecle, ses amours, ses rapports avec le pouvoir comme avec les dissidents (d'un cote le grand vizir Nizam el Moulk, et face a lui le chef de la secte des Assassins Hassan ibn Sabbah, tous deux deja magistralement portreyes dans Alamut). Il laisse a sa mort un manuscrit de ses quatrains, les Roubaiyat, annote par lui, en mains de Hassan.

Deuxieme partie, deuxieme histoire, un americain feru de la poesie de Khayyam, part au debut du XXe siecle a la recherche de ce manuscrit, et se retrouve mele au renversement d'un Shah, a un essai de democratie, bientot reduit a rien par les puissances internationales (en ce cas, la Russie et l'Angleterre). Et evidemment s'amourache d'une belle princesse.

La premiere partie n'arrive pas a la cheville d'Alamut et la deuxieme n'est pas epoustouflante non plus. Ce n'est pas bien grave, la plume d'Amin Maalouf est assez fluide et la lecture de ce livre peut etre tres agreable.


Qu'est-ce qui m'a gene, alors? Qui a fini par m'irriter? La surenchere d'images en stereo, typees, stereotypees. Ah! “Samarcande, la plus belle face que la Terre ait jamais tournée vers le soleil!” Ah! Et toutes les autres villes, toutes legendaires, aux noms exotiques repetes comme une litanie, Merv, Balkh et Rayy qui n'existent plus, et la docte Nishapour, et Trebizonde, et Kom, et Khomein, et Ahvaz, et le sanctuaire de Shah-Abdoul-Azim. Des noms qui doivent nous transporter, synonymes de souks achalandes grouillants de marchands d'epices et d'ivrognes poursuivis, avec le kalyan qu'on fume en temps de paix, et les pleureurs professionnels, les roze-khwan, en temps plus noirs. Ah! Et les yeux en amande, toujours profonds, des princesses, au dessus de leurs voiles. Enivrement! Ah! le halo romantique des harems mysterieux! La feerie des vers declames sous le ciel etoile du desert! Extase! Je tombe en catalepsie! Maalouf, lui, tombe en plein dans la crevasse, dans le trou orientaliste qu'avait denonce Edward Said. C'est du Pierre Loti cent ans apres, forcement en moins bien. C'est du Tintin au pays de l'or noir. Un orientalisme abusif, trompeur, injuste pour l'Orient comme pour l'Occident, sterile.


Bon, je me suis lache, ca va mieux maintenant. Calme, je peux donc accorder un bon point a Maalouf pour son eclaircissement sur la provenance du nom des Assassins (meme s'il se contredit lui-meme en ce seul paragraphe): “On a accrédité la thèse qu'ils agissaient sous l'effet du haschisch. Marco Polo a popularisé cette idée en Occident ; leurs ennemis dans le monde musulman les ont parfois appelés haschichiyoun, « fumeurs de haschisch », pour les déconsidérer ; certains orientalistes ont cru voir dans ce terme l'origine du mot « assassin » qui est devenu, dans plusieurs langues européennes, synonyme de meurtrier. le mythe des « Assassins » n'en a été que plus terrifiant. La vérité est autre. D'après les textes qui nous sont parvenus d'Alamout, Hassan aimait à appeler ses adeptes Assassiyoun, ceux qui sont fidèles au Assass, au « Fondement » de la foi, et c'est ce mot, mal compris des voyageurs étrangers, qui a semblé avoir des relents de haschisch. […] En dépit d'une tradition tenace et séduisante, il faut se rendre à l'évidence : les Assassins n'avaient pas d'autre drogue qu'une foi sans nuances”. Qui c'etait qui avait dit que la religion est l'opium du peuple?


En definitive, un livre qui se lit facilement. Je m'excite, je m'enerve, mais je concede: ca se laisse lire (pas juste apres Alamut, ne pas refaire mon erreur). Et comme je connais la panacee a mes sautes d'humeur, je lirai d'autres oeuvres de Maalouf.
Commenter  J’apprécie          646
Samarcande est un roman historique, réel et fictionnel d'Amine Maalouf. L'auteur nous embarque dans une odyssée qui s'étend du 18 mai 1048 jusqu'au 18 avril 1912, trois jours après le naufrage du Titanic, là où le narrateur benjamin Omar Lesage perd le manuscrit d'Omar el Khayyâm.
L'auteur y décrit la vie du persan Omar Khayyâm et le périple de son manuscrit, ce fameux mathématicien qui a révolutionné l'algèbre avec ces travaux sur les équations cubiques, il suffit de rappeler qu'il est le premier qui a introduit le X symbole international de l'inconnu en math, astronome, poète et libre penseur! L'auteur des Robaites(quatrains) incluses dans le manuscrit.
Contre vents et marées, le manuscrit tombe entre les mains de Djemâl ad-Dîn al-Afghâni . Un philosophe réformiste et libre penseur ! Et finit entre celles de benjamin O Lesage.
Dans le fond Amine Maalouf y décrit les étapes politico-historiques de la perse et de l'orient.
L'absolutisme religieux, les traditions séculaires, la main mise des puissances étrangères y favorisant le despotisme et la corruption pour en tirer profil et qui reste toujours monnaie courante, la lutte pour le trône, le pouvoir corrompu et d'autres facteurs qui font que la démocratie et la bonne gouvernance ne s'y concrétise pas.
Quel en est le rapport entre Omar Khayyâm et Djemâl ad-Dîn al-Afghâni ?
L'auteur fait une passerelle entre les deux philosophes pour démontrer que le changement y vient de cette catégorie de gens !
Il est à noter que tous les personnages du roman entre autres :
Omar Khayyam, Nizam al-Mulk, Nizam al-Mulk, Alp Arslan, Malik Shah Ier, Hassan ibn al-Sabbah, Henri Rochefort, Nasseredin Shah, Djemâl ad-Dîn al-Afghâni , Mirza Reza Kermani, Mirza Reza Kermani, Howard Baskerville, Morgan Shuster ont bel et bien existé sauf jahane et chirine qui y sont employé pour assaisonner le coté passionnel du roman.
Bien-que l'ouvrage m'ait saisi, j'y trouve quelques passages un peu languissants ! Mais dans l'ensemble,le livre est une grande réflexion sur la démocratie , la liberté et les valeurs humaines.

Commenter  J’apprécie          599
Le nom d'Omar Khayyam ne m'était pas totalement inconnu. Si je ne savais rien de cette figure historique, j'avais déjà entendu parler de ses poèmes sur le vin et l'amour. Une lecture commune m'a donc donnée l'occasion de découvrir ce grand homme avec le roman d'Amin Maalouf.

Dans la bande dessinée « A la recherche de Sir Malcolm » de Floch et Rivière que j'ai lue récemment il était fait mention d'un précieux manuscrit à bord du Titanic, ce qui m'a bien amusée quand j'ai lu le prologue de « Samarcande » qui commence justement à bord de l'insubmersible naufragé. A la lecture de ces toutes premières pages, j'étais donc amusée mais un peu dubitative. Où donc étaient Khayyam et l'Orient enchanteur que me promettait cette lecture ? Pas très loin puisque très vite on fait la connaissance du fameux poète mais « Samarcande » ne se contentera pas de raconter la vie de Khayyam. Il ne s'agit pas d'une banale biographie romancée. En fait, plus que Khayyam lui-même, c'est son oeuvre poético-philosophique qui est au coeur du roman et qui permet à l'auteur de mettre en lumière l'évolution politique de la Perse au cours des siècles. Un propos très ambitieux donc. Maalouf se hisse à la hauteur de ses ambitions et livre un roman très riche et passionnant.

La 1ère partie place le lecteur dans les pas de Khayyam en lui racontant sa vie mouvementée. Cette partie est sans aucun doute celle qui m'a le plus séduite. le récit est d'un dépaysement enchanteur. Dans cette partie du roman, Maalouf prend sans doute beaucoup de libertés avec L Histoire pour donner un souffle romanesque à son récit, on sent bien que l'aspect biographique est très romancé. le plaisir de lecture est immense dans cette première partie qui, après s'être intéressé directement à Omar Khayyam, va se concentrer sur la secte des Assassins. Et c'est formidable que de suivre l'histoire de ces illuminés. S'ils n'avaient pas réellement existé il aurait fallu les inventer parce que, y'a pas à dire, elle a de quoi enflammer l'imaginaire cette secte. Et puis, j'ai adoré le rôle, discret mais fort, que joue le manuscrit de Khayyam dans l'évolution des Assassins.

La 2ème partie a de quoi surprendre. Après l'orient médiéval enchanteur et dépaysant de la 1ère partie, voilà que le lecteur se retrouve dans la Perse du début du XXème siècle. On suit cette fois un américain à la recherche du manuscrit de Khayyam et qui se retrouve témoin et acteur des événements qui vont transformer la Perse. On pourrait penser que le manuscrit de Khayyam n'est ici qu'un prétexte et qu'il ne revêt qu'une importance minime dans cette partie. J'ai trouvé au contraire que, s'il était quasiment absent physiquement du récit, Maalouf lui faisait jouer comme un rôle de miroir avec les troubles politiques du pays. C'est comme si la dualité entre Khayyam et Hassan Sabbah, le fondateur des Assassins, trouvait un écho dans la rivalité entre les tenants de la Constitution et ses opposants. Cette 2ème partie est très intéressante d'un point de vue historique. On apprend beaucoup de choses, c'est très dense. Mais cette partie m'a moins enthousiasmée que la précédente. Beaucoup moins romanesque, avec un souffle moins lyrique, cette partie est plus factuelle, moins portée sur l'émotion et l'aventure, même s'il y a de beaux passages qui retrouvent un élan exalté.

Sur un sujet assez voisin, j'ai préféré l'écriture de Sinoué dans son roman consacré à Avicenne. Mais j'ai passé un très bon moment avec « Samarcande ». C'est un roman riche et passionnant qui mériterait sans doute que je m'y replonge un jour pour tout bien appréhender. En tout cas, après cette lecture j'ai encore plus envie de découvrir l'oeuvre poétique de Khayyam.
Commenter  J’apprécie          5811
Samarcande est une cité qui évoque beaucoup, de part sa position aux confins des routes et de part son histoire .
Ici, l'auteur nous plonge dans le XI ème siècle et la vie d'Omar Khayyam, génie de son époque et auteur de recueils de poésies intemporelles.
C'est justement un de ces recueils qui est le fil rouge du livre puisque la seconde partie nous amène à la fin du XIX ème , toujours en Perse, à la recherche de ce manuscrit.
J'ai adoré la première partie . Cette plongée dans ce monde où complot, honneur , bravoure , trahison et influence de pouvoir religieux ne trouvent que l'épicurien Khayyam et sa douce comme obstacle.
C'est un récit haletant qui nous est offert.
Et puis l'on bascule au XIX ème, mais moi je suis resté au moyen age. Certes ,l'éclairage portée sur la Perse , les luttes d'influence des puissances coloniales et la recherche de la liberté par les Persans n'est pas inintéressante mais l'on a perdu ce côté conte dans lequel je m'étais immergé.
De plus, on ne peut pas dire que Samarcande soit le centre du livre qui aurait pu s'appeler Tabriz, Ispahan...
Il n'empêche que ce livre est un vibrant hommage au poète Khayyam et offre un bel éclairage sur la Perse et les luttes dans le monde de la religion musulmane.
Commenter  J’apprécie          572
Amin Maalouf nous raconte dans ce livre l'histoire d'un manuscrit, perdu, retrouvé, perdu à nouveau au cours des siècles.
Dans la première partie du livre (celle que j'ai le plus appréciée, mais la deuxième partie est aussi captivante ) nous est contée la vie de son auteur, Omar Khayyam, lettré persan éclairé d'une époque lointaine (le XIème siècle).
Dans la deuxième partie, nous suivons les péripéties d'un jeune américain en Iran, au début du XXème siècle, dans une période trouble.
C'est l'histoire d'un pays fabuleux dans un Orient mythique, tiraillé depuis toujours entre les lumières et l'obscurantisme.
Je n'oublie pas non plus les deux magnifiques amoureuses de ce récit historique, Djahane et Shirine, si semblables dans leur manière de vivre librement selon leur désir malgré les siècles qui les séparent.
La langue est fluide, la documentation bien présente, nous voyageons aisément dans le temps et l'espace avec ce récit magnifique.
Le seul petit bémol réside peut-être dans l'invraisemblable dernière perte du manuscrit mais... sait-on jamais ?
Commenter  J’apprécie          571
Ce n'est jamais le pur hasard qui nous amène vers un livre. Non, il y a toujours un petit quelque chose, pas toujours définissable, qui fait que notre regard est attiré par un mot, un nom, une image... Puis, notre main se tend, on le prend, on le palpe, on se décide, on l'emporte, on l'ouvre. Il n'y a pas de hasard. C'est le livre qui a parlé, qui nous a parlé.

Et ce livre-là avait fait plus que me parler, il m'avait donné rendez-vous...
RENDEZ-VOUS A SAMARKAND (Extrait des Contes des 1001 nuits) :

Un matin, le khalife d'une grande ville vit accourir son premier vizir dans un état de vive agitation. Il demanda les raisons de cette apparente inquiétude et le vizir lui dit :
- Je t'en supplie, laisse-moi quitter la ville aujourd'hui même.
- Pourquoi ?
- Ce matin, en traversant la place pour venir au palais, je me suis senti heurté à l'épaule. Je me suis retourné et j'ai vu la mort qui me regardait fixement.
- La mort ?
- Oui, la mort. Je l'ai bien reconnue, toute drapée de noir avec une écharpe rouge. Elle est ici, et elle me regardait pour me faire peur. Car elle me cherche, j'en suis sûr. Laisse-moi quitter la ville à l'instant même. Je prendrai mon meilleur cheval et je peux arriver ce soir à Samarkand.
- Etait-ce vraiment la mort ? En es-tu sûr ?
- Totalement sûr. Je l'ai vue comme je te vois. Je suis sûr que c'était elle. Laisse-moi partir, je te le demande.

Le khalife, qui avait de l'affection pour son vizir, le laissa partir. L'homme revint à sa demeure, sella le premier de ses chevaux et franchit au galop une des portes de la ville, en direction de Samarkand.

Un moment plus tard, le khalife, qu'une pensée secrète tourmentait, décide de se déguiser, comme il le faisait quelquefois, et de sortir de son palais. Tout seul, il se rendit sur la grande place au milieu des bruits du marché, il chercha la mort des yeux et il l'aperçut, il la reconnut. Le vizir ne s'était aucunement trompé. Il s'agissait bien de la mort, haute et maigre, de noir habillée, le visage à demi dissimulé sous une écharpe de coton rouge. Elle allait d'un groupe à l'autre dans le marché sans qu'on la remarquât, effleurant du doigt l'épaule d'un homme qui disposait son étalage, touchant le bras d'une femme chargée de menthe, évitant un enfant qui courait vers elle.

Le khalife se dirigea vers la mort. Celle-ci le reconnut immédiatement, malgré son déguisement, et s'inclina en signe de respect.
- J'ai une question à te poser, lui dit le khalife, à voix basse.
- Je t'écoute.
- Mon premier vizir est un homme encore jeune, en pleine santé, efficace et honnête. Pourquoi ce matin, alors qu'il venait au palais, l'as-tu heurté et effrayé ? Pourquoi l'as-tu regardé d'un air menaçant ?

La mort parut légèrement surprise et répondit au khalife :
- Je ne voulais pas l'effrayer. Je ne l'ai pas regardé d'un air menaçant. Simplement, quand nous nous sommes heurtés, par hasard, dans la foule et que je l'ai reconnu, je n'ai pas pu cacher mon étonnement, qu'il a dû prendre pour une menace.
- Pourquoi cet étonnement ? demanda le khalife.
- Parce que, répondit la mort, je ne m'attendais pas à le voir ici. J'ai rendez-vous avec lui ce soir, à Samarkand.

Farid ud-Dîn Attar
Poète et mystique soufi de la Perse,
né vers 1140 et mort vers 1230 à Nishapur

C'est cette légende, racontée par mon père quand j'étais enfant qui a fait que, cinquante ans plus tard, j'ai été irrésistiblement attirée par ce livre. Lequel livre, d'ailleurs, ne fait à aucun moment état de cette légende mais, étrangement, son auteur est né à Nishapur, comme Omar Khayyam...

Quel livre fabuleux que ce "Samarcande" ! Seul un oriental comme le talentueux Amin Maalouf pouvait l'écrire en y conservant toute la magie et le fantasme.
Ne me résignant pas à mettre fin au voyage, je n'ai pu résister, en le refermant, à aller quérir sur le Net toutes les informations que je pouvais trouver sur ce lieu mythique, sur ses personnages historiques, et même sur les "Robaïyat" d'Omar Khayyam.
Fascinant ! Absolument fascinant !
Commenter  J’apprécie          565




Lecteurs (5225) Voir plus



Quiz Voir plus

Quel est le bon titre des livres de Amin Maalouf

Léon l’... ?

Africain
Asiatique
Américain
Européen

5 questions
56 lecteurs ont répondu
Thème : Amin MaaloufCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..