Les nuisibles

Premier album écrit en français par l' illustrateur/ auteur italien ( qui vit en France depuis plusieurs années ) Piero Macola, Les nuisibles est également une de ses rares incursions dans la fiction, lui qui a plus l'habitude de réaliser des documentaires pour décrire les maux de notre société.

On apprécie beaucoup la délicatesse du travail au crayon , et au pastel de l'auteur, capable d' exprimer avec beaucoup de finesse ce monde en équilibre et ses personnages vulnérables et marginales. Visuels © P. Macola /Futuropolis.

Ici à travers le personnage de Bruno, gardien de nuit, personnage solitaire, qui sert de relais à diverses trajectoires de vie., l'auteur nous livre une chronique sociale à la fois bien dans notre époque et hors du temps dans un milieu rural, loin de la frénésie urbaine.

Des gens qui vivent à la marge de la société, mais qui ne sont pas pour autant les nuisibles que les autres- les xeonophobes et intolérants- peuvent craindre.

Macola ose plusieurs blanches sans texte, sans bulle, qui rajoute avec ces non dits et ces silences ressentis par les protagonistes principaux à l'intensité et à la force du récit .




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Un dessin magnifique qui nous plonge dans une Italie glauque, dans les magouilles des chantiers de BTP. Plusieurs histoires se croisent, avec pour thématiques centrales la nostalgie, le temps qui passe, les illusions perdues. le récit est assez éclaté et parfois un peu difficile à suivre, une place assez importante est laissée à notre imagination et interprétation. Mais rien de totalement abstrait et incompréhensible comme ça peut vite être le cas en BD. Une super surprise qui donne envie de lire les autres albums de l'auteur.

Une BD chronique sociale, intéressante par les interrogations qu'elle suscite, les non-dits, son opacité.
La problématique des "nuisibles" y est traitée de manière touchante, humaine, presque tendre. Il me semble que les coups de crayons de couleurs soulignent et suggèrent cette intention de considérer chaque "nuisible" de cette histoire avec bienveillance et dignité.
La triste violence du monde contemporain, finement abordée, ne vole cependant pas la vedette à la solidarité et aux liens tissés fragilement entre les protagonistes.
Si on accepte de se laisser porter et de ne peut-être pas tout comprendre, c'est une lecture que je recommande.
Dans la vie de tous les jours, il nous arrive également de ne pas tout comprendre : alors pourquoi pas en BD ? *-*

Bruno, Anton, Maria et tous les personnages de cette BD peuvent être considérés comme des nuisibles. Parce qu'on est tous le nuisible de quelqu'un. C'est ce qui fait la force de ce récit qui se déroule au bord d'un fleuve en Italie. Il nous montre de plein fouet les contradictions et le côté sombre de notre société mais avec poésie et sensibilité.
Bruno est chargé de vider une péniche des affaires d'un ami décédé. Anton fuit une fin tragique par tous les moyens possibles. Ils vont se croiser et échanger quelque chose au passage, un peu d'aide contre du rêve.

Un village en plaine du Pô, un endroit en suspens comme il en existe beaucoup d'autres : ici le temps semble presque se dissoudre dans un quotidien amorphe.

Un drame va survenir, nous n'en connaissons pas tous les aboutissants certes, mais il met en lumière la solitude et l'extrême vulnérabilité des uns ainsi que les violences subies par ceux qui sont hors marge, les "autres" : les migrants.

Pas assez légitimes pour être régularisés, ils sont pourtant utilisés sans scrupules dans le milieu du bâtiment ne bénéficiant d'aucune protection sociale ou médicale, mal payés, rincés par les marchands de sommeil et leurs acolytes… leurs avenirs corrélés à des rêves de liberté qui semblent pour l'heure parfaitement inaccessibles.

C'est sur ce terreau stérile que deux destinées solitaires vont pourtant "se percuter".

Alors cette bd courte et néanmoins impactante laisse à l'esprit comme un sillon de noirceur. Beaucoup de choses sont suggérées sans qu'on ne sache exactement ce qui s'est réellement passé.
Le brouillard, qu'il soit physique ou mental, dissimule ici une douloureuse réalité.

Ce titre "Nuisibles" fait écho d'une manière assez hallucinante à la récente actualité car il a été employé entre guillemets dans un récent communiqué… J'imagine que vous en avez entendu parler, cela me glace le sang.

Piero Macola avait donc vu juste, avec son regard photographique sur les malaises de notre société, il en dresse aussi un portrait sans concession…

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