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3,53

sur 228 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ah ! enfin un roman qui ne se déroule pas à Paris ! Ce lauréat du Quai des Orfèvres 1978 a l'honneur en effet de se passer à Digne..
Le titre ferait certainement allusion aux descendants d'Atrée ; il faut dire que j'ai toujours été passionné de mythologie grecque, et que je connais donc cette famille un peu désordonnée.
L'auteur reprend un de ces dignes descendants ; il modifie les noms, et un peu l'histoire, mais on sent l'inspiration. Je n'en dis pas plus, car l'auteur vers la fin explique d'où vient son inspiration. Donc ne divulgâchons pas !
Ce qui m'a frappé, c'est le style : « Ils seraient soulagés que vous eussiez tort. » L'auteur ne recule jamais devant un imparfait du subjonctif, et c'est suffisamment rare pour le signaler, et l'apprécier.
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Sillonnant les Basses-Alpes (Alpes-de-Haute-Provence) au gré des assassinats commis dans le département et de ses mutations, le commissaire Laviolette nous entraîne, dans cette nouvelle enquête, à Digne, où quatre personnes trouvent la mort dans des circonstances très mystérieuses. L'arme du crime est, elle-même, peu banale : un lance-pierre dont la manipulation requiert entrainement et dextérité. de quoi laisser perplexe notre fin limier qui fait équipe, bien malgré lui, avec le juge Chabrand pour trouver la clef du mystère. Un duo de choc pour résoudre l'énigme de ces crimes à répétition… auxquels la petite ville provinciale est bien peu rompue !
Avec sa verve habituelle, son sens des formules et son humour tout en finesse, Pierre Magnan capte immédiatement l'attention du lecteur qui l'accompagne avec délices dans cette France profonde des années 1970, peuplée de personnages hauts en couleur et terriblement attachants. Parsemé de réflexions pleines de bon sens et parfaitement à leur place dans l'intrigue, le Sang des Atrides est, à mon avis, l'un des meilleurs policiers de cet écrivain ; il a d'ailleurs obtenu le prix du quai des Orfèvres, une consécration bien méritée !
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ISBN : 978-2070410279

Le roman sans doute le plus "mythique" de Magnan, bien avant "La Maison Assassinée." Pourquoi ? Ce n'est pas tellement en raison du Prix du Quai des Orfèvres - grandement mérité - qu'il décrocha en 1978 mais plutôt parce que, d'emblée, l'auteur impose un style et une ambiance bien particulières, qu'il réussira à sauver dans la majeure partie de ses opus policiers. Un style qui a la bonne odeur mouillée du terroir, ce mélange d'herbe fraîche, de meules qu'on dresse et de fumier qu'on étend - le commissaire Laviolette, héros récurrent de Magnan, à la fois gourmet et gourmand, n'est d'ailleurs pas le dernier à faire honneur à la délicieuse cuisine locale qui va avec le paysage - mais aussi à nous faire percevoir, à nous autres, citadins nés des villes de grande solitude, la puissance magique qui émane de la terre, du sol, de la Nature. Pourtant, l'action du "Sang des Atrides" se situe à Digne, qui, si modeste qu'elle soit, n'en est pas moins hautement citadine. Une ville de province-type ou presque : il s'y passe beaucoup de choses, tout, d'ailleurs, a le droit de s'y passer mais une seule réserve : la discrétion la plus absolue.

Question discrétion, Laviolette et le juge Chabrand, au profil fin et acéré de Robespierre - ou, pour ceux qui aiment simplifier, le costaud et le maigrelet - ne vont guère être à la fête avec cette série de meurtres qui s'ouvre par la découverte, sur le parcours des éboueurs, d'un cadavre en vêtements de cycliste, celui de Jean, dit Jeannot, Vial. Un beau garçon et sacrément costaud. Un seul coup, frappé avec un objet contondant (mais lequel ? ) a suffi à l'envoyer rejoindre ses ancêtres. Un coup à la tête. Un seul, répétons-le.

En d'autres termes, un sacré bon tireur, que notre assassin fantôme.

Or, quand on est bon dans une spécialité, cette spécialité fût-elle le crime, voire excellent, comme c'est le cas ici, semble-t-il, eh ! bien, que fait-on ? On continue, pardi !

La ronde, un instant figée autour du camion des éboueurs, reprend donc de plus belle. Exclusivement masculine au début, avec des pratiquants obstinés de la Petite Reine ou alors, des amateurs qui venaient tout juste de débuter. Laviolette et Chabrand ont beau flairer dans tous les coins, pour l'instant, la bicyclette paraît bien le seul point commun qui lie les uns aux autres tous ces corps désormais sans vie. Une exception se fait jour néanmoins quant au genre lorsque, à la moitié du livre à peu près, la douairière du coin, la Chevalière, s'il vous plaît - le titre est tout ce qu'il y a de plus authentique - y passe également. Et Laviolette, fin observateur, se rend compte que la vieille dame, qui écrivait encore à la plume d'oie et séchait ses missives avec l'antique recette du sable, a rédigé un billet avant de sortir pour sa dernière excursion. A la ville. Mais elle n'est pas passée par la poste et aucune trace de la fameuse lettre dans son panier ...

De surcroît, la Chevalière distrayait son grand âge en observant ses voisins par une lorgnette de marine qu'elle avait dressée dans ce même bureau où elle a tracé ses derniers mots. Et, comme chacun sait, la curiosité ...

Chabrand et Laviolette comprennent évidemment que la douairière avait vu quelque chose ou quelqu'un ayant un rapport certain avec la série de crimes. Techniquement parlant, bien qu'elle reste sûrement celle qui en a appris plus qu'il n'en fallait, elle n'est d'ailleurs pas la seule à avoir vu ou aperçu l'assassin. Certains témoins affirment avoir vu la silhouette du meurtrier : de petite taille, une cape, un béret, le tout chaussant du 39 (je crois) et, chose assez rare, ces témoignages concordent tous.

D'autres ajoutent qu'il était aussi vif et rapide qu'un renard. On peut donc écarter tous les papys de la ville, c'est déjà ça ...

Mais une idée frappe à la fois le commissaire et le juge : cette petite taille, ce costume surtout ... cela n'évoque-t-il pas un enfant, habillé comme dans les années cinquante ?

Au début, ces messieurs n'y croient pas. Disons qu'ils essaient de repousser, avec la plus vive énergie, une hypothèse qui les choque parce que, finalement, le papy ou en tous cas l'adulte qui tue avec autant de préméditation reste dans la norme. Tandis qu'un enfant ... Si tant est qu'il s'agisse bien d'un enfant ...

Le style de Magnan est celui d'un jouisseur qui, lui aussi, devait aimer bien boire et bien manger. Les McDo et lui, comprenez-vous, cela faisait certainement deux ... C'est un style un peu pesant, diront certains. Je préfère : qui a les deux pieds sur terre et qui marche fièrement, en faisant raisonner les talons de ses grosses bottes boueuses. On aime ou on n'aime pas. Dans les romans dits "de terroir", ça passera certainement mieux mais le talent de Magnan, celui qu'on ne saurait lui contester, c'est d'avoir réussi à imposer ce style pourtant si marqué (un style qui, en général, dans le genre policier, disons-le comme nous le pensons, ne produit que d'infâmes petites crottes de mulots des champs ) et à le greffer, avec un succès éclatant, sur le langage et la technique du genre policier. le tout avec un naturel parfait, en tous cas dans ce premier volume qui date de 1977. Ca et là, bien sûr, il y aura des ratés, des répétitions mais ici, la sauce prend de manière impeccable.

Quant à l'ambiance ... Ecrasante, brumeuse, pluvieuse, amère, inquiétante, elle donne l'impression de rôder dans tout le livre dans le seul but de protéger l'assassin. En fait, elle fait comme cet assassin : elle rôde et, pour être glauque - à la française et à la provinciale peut-être mais glauque tout de même - elle en jette, croyez-moi !

Cette parfaite synchronisation entre le style et l'ambiance ne fera peut-être pas illusion à certains lecteurs délicats, lesquels feront la moue sur les faiblesses de l'intrigue. En effet, pour une minorité (dont aucun membre n'a jamais essayé d'écrire une seule ligne ), "Le Sang des Atrides" fait preuve de faiblesses dans l'intrigue. Personnellement, je n'en ai distingué aucune même si j'admets que ce livre est un roman où l'on rentre de plain-pied, d'un seul coup, à moins qu'on ait la malchance de piétiner des années à la porte. le titre, déjà, peut inciter certains à la méfiance. Les Atrides ... Les souvenirs d'école ... Des cours d'Histoire ... Les tragédies grecques ... Hum ! bien suspect, ça ! Ne devrait-on pas signaler Pierre Magnan et son roman à l'Education nationale - ou qui se prétend telle ?

Eh ! bien, non ! Magnan reprend un thème antique, c'est vrai, mais il le modernise avec cohérence et sans faiblir un seul instant. On sent parfois qu'il se surveille, qu'il a peur de basculer, d'en faire trop ou pas assez ... Mais non, c'est pour ainsi dire parfait. Vous en redemanderez, croyez-moi. . Si je parviens à dénicher "Le Tombeau d'Hélios", d'ailleurs, nous en reparlerons. D'ici là, bonne lecture ! ;o)
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Le nom de Pierre Magnan, comme celui de Jean Giono, son maître, mentor et ami, est attaché à une région précise : les Alpes de Haute-Provence, et plus particulièrement, dans l'Ouest du département, les environs de Manosque et Forcalquier.
Les deux auteurs ont, chacun en leur temps, et parfois ensemble, placé leurs personnages dans ce pays de moyenne montagne, où la nature et le ciel convolent à longueur d'années en noces tour à tour sereines et orageuses.
Comme toutes les régions d France et du monde, c'est le pays le plus beau du monde – pour ceux qui ont la chance d'y habiter ; c'est aussi un pays où, comme ailleurs, les gens vivent et meurent, où les passions vont et viennent, où la chaleur soleil et la folie du vent poussent parfois les hommes et les femmes hors des petits sentiers et hors des grands chemins. Heureusement, il y a des hommes comme le commissaire Laviolette et le juge Chabrand pour ramener ces égarés sur la grand-route.
« le Sang des Atrides » (1977), constitue la première enquête du commissaire. Avec le juge Chabrand, ils forment un couple bizarre : lui, à quelques mois de la retraite, bon vivant : « Il était abruti d'étonnement d'avoir un crime sur les bras un lundi matin, lendemain de banquet, privé de son seul collaborateur, l'inspecteur Courtois, en congé de printemps » ; l'autre, de trente ans plus jeune, au « profil de sinistre incorruptible », un Robespierre provençal, en quelque sorte, mais qui qui vaut beaucoup mieux que l'air qu'il se donne.
L'affaire qui les occupe est assez intrigante : un serial-killer (en français normal), un sériyale quilère (en français de là-bas) sévit depuis quelque temps : ses victimes, des jeunes gens dont le point commun est d'être jeunes, beaux, apparemment baignant dans une félicité récente, mais sans bornes, et tous adeptes du sport cycliste. Leur compétence dans le domaine de la pédale (comme auraient dit Pierre Dac et Francis Blanche) n'entre pas en ligne de compte, mais en revanche tous ont été occis par un coup de fronde bien ajusté : un galet à la tempe. Rude enquête pour nos deux limiers. D'autant plus que le nombre des victimes augmente de façon exponentielle. Les fausses pistes sont aussi nombreuses que les galets de la Bléone, ou les schistes d'or du torrent des Eaux-Chaudes, deux cours d'eau qui, vous ne l'ignorez pas, constituent le système hydrographique où baigne la jolie ville de Digne.
On a beau en connaître un rayon, avoir pignon sur rue, ne pas hésiter à se mettre en selle, et tenir ferme son guidon, quand ça veut pas, ça veut pas, il faudra beaucoup de tours de pédalier avant que nos enquêteurs comprennent enfin le mobile du crime et son déroulé : une tragédie antique héritée des Atrides, avec un Oreste et une Electre du cru, mettant un terme aux errements d'une Clytemnestre locale…
Dire que c'est du Giono, serait certainement exagéré, Pierre Magnan, avec tout son talent reste le disciple, et figure un pas en arrière du maître. Toutefois il nous concocte ici un petit polar régional très agréable, sans tomber dans la « couleur locale », et avec ce qu'il faut de profondeur humaine pour bien saisir les personnalités : nous les avons déjà croisées chez Giono, dans ces mêmes décors, mais ce cadre policier leur donne un air de connaissances qui nous les rend proches et nous les fait aimer et apprécier…
Et puis, comment ne pas évoquer les deux séries-télé qui se sont emparées du personnage :
En 1981 et 1982 avec Julien Guiomar dans le rôle-titre : deux épisodes ont été tournés : « le Sang des Atrides » et « le Secret des andrônes ».
De 2006 à 2016, la série-culte avec l'inoubliable Victor Lanoux en commissaire Laviolette : huit épisodes : « Les Courriers de la mort », « le Sang des Atrides », « le Tombeau d'Hélios », « le Secret des andrônes », « le Commissaire dans la truffière », « le Parme convient à Laviolette », « Les Charbonniers de la mort » et « le Crime de César »


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Le premier roman racontant les enquêtes du commissaire Laviolette, déjà à trois ans de la retraite, n'en est pourtant pas une. Il va devoir sortir son vieux Smith et Wesson du tiroir où il était enfermé depuis longtemps. C'est parti, je vais me relire toute la série avec grand plaisir pendant ce confinement.
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Les Atrides, la maison mère d'Agamemnon et de sa suite ... une famille sanguinaire s'il en est ... c'est autour de cette imagerie antique remise au goût du jour que Magnan entraîne son lecteur à la faveur d'un bon roman de terroir qui respire avec allégresse les effluves campagnardes d'une petite ville cossue nichée dans les Basses Alpes, Digne. Ayant passé là des vacances formidables, j'ai eu le plaisir de goûter grâce à ce roman aux délices de la région en saison moins touristique et en période d'autrefois ... c'est un excellent livre qui prend son temps, utilise des chemins détournés pour nous amener froidement à la réalité de crimes monstrueux, organisés de main de maître avec une méchanceté sans nom, c'est un roman de grand homme au sens très humain de la chose, car les sentiments, les ressentis priment sur l'enquête elle-même, c'est un roman agraire où la vraie vie humaine est mise à l'honneur, c'est un roman qu'il faut apprécier comme un bon plat de poule faisane ... avec délectation du bon mot !
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Le Giono du polar
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