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Clara Nizzoli (Traducteur)
EAN : 9782382460986
Agullo (12/10/2023)
4.04/5   14 notes
Résumé :
" Grâce au mortier de la mémoire les ombres des morts élevaient les pierres les unes sur les autres, et les décombres redevenaient des maisons. "

Dans la campagne grecque autour de la ville de Ioannina les villages se meurent. Des deux-cent-cinquante habitants que comptait celui où survivent le Père et son fils Christoforos, il n'en reste que douze. Tous se savent condamnés, tôt ou tard, par la Maladie qui s'est infiltrée dans l'eau, dans ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Dans ce village grec perché dans la montagne au milieu de la forêt vivaient autrefois des dizaines de familles, mais c'était avant la catastrophe écologique liée à l'extraction de pétrole qui avait pollué toute la région. Presque tous les habitants étaient morts ou déportés « volontaires » dans des maisons construites pour eux à la ville voisine. Seule une poignée de villageois refusait le diktat de l'administration et parmi eux, un homme, écrasé de chagrin depuis la mort de sa femme, et son fils Christoforos, né avec une malformation congénitale très invalidante. Et ces pauvres survivants en sursis résistent contre vents et marées aux injonctions des autorités jusqu'à ce qu'on leur supprime transports en commun et allocations.
Ce court roman est tout simplement bouleversant. A partir d'une situation apocalyptique, la cause perdue d'avance de cet homme et de son fils symbolise de façon poignante la lutte du pot de fer contre le pot de terre et stigmatise nos sociétés qui abiment et détruisent la nature sans se soucier de l'avenir.
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Christoforos, 21 ans, vit avec son père, 53 ans, On est en Grèce, près de Ioannina. Pas de voiture, le père prend le bus le vendredi. le village s'est vidé, 12 habitants, pas plus..."De fait, il n'y avait plus de villages, juste des gens oubliés".

Le monde a basculé. On ne sait pas trop comment ni pourquoi. On le comprend à mi-mots, la pollution, l'eau souillée, la maladie, la mort. La forêt est déboisée, le lac est noir, les camions sont au cimetière. Pour trouver des choses, le père traîne dans les maisons abandonnées.

Dans ce court roman, Michalis Makropoulos dépeint un futur indéfini. Mais le lecteur le sent suffisamment proche pour être touché et captivé par ce récit d'un monde qui a été mais qui n'est plus. Subsistent les souvenirs et un choix : rester ou partir habiter dans les maisons construites plus loin.

C'est dur, noir comme l'eau des lacs, incertain comme celle qu'ils boivent et qui a rendu malade beaucoup d'entre eux. C'est touchant aussi comme cette relation père-fils, ce lien puissant qui les relie à la vie.

Un futur sans espoir, des conséquences environnementales que l'on sent tous inéluctables... Michalis Makropoulos livre ici un récit mélancolique comme le témoignage d'un futur proche, un avertissement.
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J'ai eu le plaisir de choisir, et de recevoir, pour la Masse Critique du mois d'octobre de Babelio, ce roman de l'auteur grec Michalis Makropoulos et paru chez les Éditions Agullo dans leur collection Agullo court. Michalis Makropoulos est traducteur du français et de l'anglais dans sa langue natale. Bien qu'il soit déjà l'auteur de plusieurs autres romans, Eau noire a connu un succès unique lors de sa parution en Grèce, certains parlent d'une dystopie de science-fiction, je n'ai personnellement guère perçu le côté de science-fiction, la dystopie en revanche est claire. L'auteur vit lui-même à Leucade, une île de la mer ionienne, loin d'Athènes et se rend souvent dans la région de l'Épire où se trouve le village qu'il évoque dans ce court texte.


Dans un village déserté en Épire, région du nord-ouest de la Grèce aux paysages tortueux, un père s'occupe de son fils handicapé, Christoforos, et lutte contre la désertification du village, en compagnie des douze derniers habitants, de la majorité des villageois partis faire leur vie ailleurs, plus près de la capitale Ioannina. L'eau et donc les animaux y sont malades, ces derniers sont d'ailleurs interdits à la chasse et à la consommation, la faute aux méthodes de ceux, j'entends les grands groupes pétroliers, prêts à tout bousiller pour extraire toutes les sources d'énergie nécessaires au confort des citoyens de cette région qui est la plus pauvre du pays. le ravage des sols et sous-sols helléniques ne se fait pas sans contrepartie, les villageois concernés sont forcés d'emménager ailleurs. Mais, comme dans la Gaule de Goscinny et d'Uderzo, seuls quelques irréductibles villageois refusent ces propositions, devenus quasiment des obligations, et désirent rester dans ces lieux devenus fantomatiques, où même se sustenter est devenu une gageure.

Le roman a été qualifié de « prophétique » selon un article d'un magazine grec, il a été écrit juste avant la pandémie du Covid, dans laquelle il a retrouvé un étrange écho, mais si le problème de base, ce sont les forages qui ont eu lieu en Épire. le texte est très brut, aucune fioriture superficielle, mais dotée d'une forte résonnance religieuse : le père nommé Père tout au long du texte est sans cesse accompagné de son fils au prénom christique, Christoforos, un père dévoué totalement à la survie du Fils doté d'une abnégation martyre. Sans oublier les 12 villageois qui peuplent également ce village abandonné. Et Père et Christoforos qui perpétuent la fonction des différentes églises vides, seulement peuplées par les seules icônes encore accrochées aux murs froids et solitaires. Autour d'eux, quelques autres résistants, mais qui partent ou s'éteignent peu à peu dans l'indifférence de l'Etat, et du reste de la société. C'est le récit du chemin de croix des deux hommes, le dernier dans un paysage qui est condamné par les eaux noires du lac environnant et voué à disparaître : l'écriture va de pair avec ces paysages emprunts de désolation, ou la maladie est cachée, simple, brute.

Le pillage du sous-sol des terres de l'Épire apparaît comme un péché mortel, l'homme est ainsi condamné à partir de ces terres, et délogé par l'Etat grec qui vient frapper à sa porte et l'Eden se transforme en enfer. Pas de rédemption chez Michalis Makropoulos, et dans ce court roman où l'homme ne peut se raccrocher à rien à travers ce texte presque aussi dénué d'espoir que le style très dépouillé de l'auteur l'est de mots superflus, de toute façon, inutiles pour des descriptions d'un village, et d'une nature, qui le sont autant. L'inertie du paysage, et des gens presque mourants, sont frappants à la lecture du texte, la ruine exsude de partout, là où se pose le regard du narrateur, l'eau noire a déposé comme un voile poisseux et inaltérable. La vie qu'il reste est rongée, corrompue par les exactions passées de l'homme.

Il n'y a cependant pas que le noir de l'eau, la sève, le sang et la chaire empoisonnée des végétaux et animaux, au-delà de tout cela, on lit l'attachement du père au fils prêt à marcher 10 heures vers Ioannina pour ramener soins et nourritures, et inversement, ainsi que du lien d'amitié, de fraternité et de solidarité qui rattache les derniers habitants. Avec un dénouement très fidèle à la direction qu'à prise du récit, la sainte trinité retrouvée, pas totalement pessimiste, comme une dernière lueur d'espoir : une fin, certes, mais en douceur, loin de RIPOIL et autres agents d'états.

Roman de la fin, de la destruction, la mélancolie, qu'évoque le résumé d'Agullo n'a d'égal que la poésie qui se dégage dans chaque phrase, même la plus terrible, même la plus simple, même de cet environnement mort, contaminé par la Maladie. La poésie d'un monde dévasté, où seule la lueur de l'amour d'un père et son fils ne le rend pas complètement apocalyptique, et celui du fils pour ses livres, qui ne s'en départ jamais. le roman suivant de l'auteur se nomme Thalassa, soit La mer en grec, son obsession environnementale, et pour l'Epire sa région de coeur, n'en finissent donc pas ici.
Lien : https://tempsdelectureblog.w..
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Avant il y avait la forêt, la nature fourmillante de vie invitait les hommes à faire de son giron l'horizon de leur vie.
Les villages se sont construits. Les familles se sont agrandies. Et puis on trouva du pétrole. On abattit les arbres, on perfora la terre, on empoisonna les eaux. Quand tout fût détruit, on partit.

Dans ce village grec devenu hameau, les derniers survivants, attachés à leur terre, refusent d'accepter le relogement en ville promis par l'État qui n'a de cesse d'inventer de nouveaux moyens de les y contraindre. Les pertes sont lourdes, la folie et l'isolement guettent.

C'est le roman de la résilience et de ses satellites merveilleux que sont l'amour, la liberté, la loyauté et la poésie. Un père, son fils, quelques livres et le rêve fou d'un éternel galop.
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bonjour à tous;

j'ai été élu par Babelio afin de participer à la masse critique du mois d'octobre. je suis heureuse d'avoir reçu "eau noire" qui est un court récit écrit par Michalis Makropoulos et qui aborde la Grèce version postapocalyptique.
Et un merci également à la maison d'édition Agullo pour leur confiance et leur petit mot.

il est vrai que nous lisons souvent des romans des mêmes horizons. les États-Unis, la France, les pays Nordiques...j'ai donc eu plaisir de voyager en terres inconnues.
l'auteur nous transporte en plein coeur de la nature.
seulement l'auteur nous interpelle sur un possible scandale. la contamination de l'eau potable pouvant donc rendre malade et tuer des peuples entiers. mais si à cela nous ajoutons l'abandon de la nation alors voici la fin de l'humanité.
Réflexion personnelle : l'auteur s'est-il inspiré de la situation en Crête où l'eau potable n'est pas utilisée dans les installations courantes des habitations ? En effet quand j'y étais allée nous n'avions pas d'eau potable dans les lavabos ect obligé de devoir acheter de l'eau minérale. Soit c'est possible.

Dans cette histoire vous suivrez l'aventure du Père et de son Fils Christoforos. Cette relation père fils est très touchante mais également très triste. L'écrivain nous montre combien un parent ferait tout pour son enfant au détriment de sa vie et de sa santé.
J'ai été très touché par le sort que l'état leur inflige en les abandonnant. Mais également par la force du récit sur la volonté de vivre et de se battre.
Mais nous verrons aussi ces pauvres gens dépérir…
Les livres et leurs croyances restent leurs seuls espoirs de garder un regard positif sur le monde mais également de l'espoir.

Il est aussi angoissant de penser que cela pourrait nous arriver.
Comment réagirions nous ? Il n'y a qu'à voir nos réactions quand il y a une malheureuse panne d'électricité.
Ce récit pousse à la réflexion.

Très bonne journée et bonne découverte :)
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critiques presse (1)
SudOuestPresse
21 novembre 2023
Avec ce court roman, Michalis Makropoulos livre un récit postapocalyptique d’autant plus déstabilisant qu’il se passe dans le monde réel, une Grèce rurale et reculée.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Il attendait patiemment ; il savait que tôt ou tard un animal finirait par descendre au bord de l’eau pour se désaltérer, leurré par son bruit cristallin. Cinquante mètres derrière, se trouvait l’ancienne citerne, avec à demi effacées ses lettres RIPOIL, tandis que les ombres des feuilles de platanes venaient foncer la couleur rouge-brun de la rouille. Des trous s’étaient ouverts dans le métal, une épaisse couche de feuilles pourries à l’intérieur s’était transformé en humus, et l’ancienne citerne était pleine de vie : des insectes, des rongeurs, des oiseaux qui allaient et venaient. La forêt de platanes près du fleuve avait accueilli avec compréhension l’étranger de métal, l’avait entouré et ombragé, et ses branches s’appuyaient sur lui et le traversaient.
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Jusque dans les maisons les plus en ruine du village, vivaient encore des fantômes, qui dormaient sur les matelas moisis, qui palpaient de leurs doigts aériens les anciennes photographies derrière le verre poussiéreux ; les planches pourries grinçaient sans bruit sous leurs pas. Jusque dans les décombres : chez Thodoris Demiris, qui avait été l’un des premiers à partir, et où le toit avait fini par tomber et ou tout était démoli ; jusque chez Rina la fille à Liapis, et chez les Badimas, ou il ne restait plus des murs que des tas de caillasses et quelques vieux bouts de bois cassés ; jusque dans ces maisons vivait un vestige des fantômes, un souffle flou, dans les pierres écroulées.
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