UN OUVRAGE MODERNE, PRÉCIS, HONNÊTE, ADAPTÉ POUR LA PRATIQUE NON-DUELLE FRANCOPHONE
Heureusement que Jean-Louis Accarias a du flair, et qu'il sait distinguer le vrai du faux, l'authentique du synthétique, le bon grain de l'ivraie. Je sais bien pourquoi Jean-Louis Accarias publie des livres qui sont souvent des pépites, et qui me font adorer son travail d'éditeur. Car ce genre de livre, « d'enseignements » non-duels sans traditions, eh bien, ça me donne d'ordinaire des ulcères.
Heureusement aussi que je lis les livres que l'on m'envoie ! Sinon je vous aurais recopié la quatrième de couverture…
Bref, c'est ici un très bon livre sur la non-dualité que vous lirez ici, du moins telle qu'on la pense et pratique en France, et chez les anglo-américains, depuis 30 ans. «
La pratique spirituelle. de l'effort et du non-effort » m'a très agréablement surpris, et il fallait le faire.
_ Digression sur ce que je pense de la Non-Dualité Occidentale (C) du XXIème s. (facultatif) :
Car, comme je l'ai déjà dis à plusieurs reprises, je trouve cette spiritualité plutôt fantasque, carrément.
En effet, cette confection intellectuelle, cette pirouette mystico-gazeuse, selon moi est aujourd'hui capable en tant qu'objet intellectuel, d'illusionner ses disciples qui s'illusionnent eux-même à croire en elle et en sa « libération » automatique sans sujet ni objet, ou, comment le dire autrement : « le Soleil du Soi aveugle l'Occident », pour paraphraser un livre bien connu. On en est là. Et ses partisans sont aveuglés depuis des décennies.
Quand je l'ai découverte, j'étais moi aussi ébahi devant tant de simplicité. « Pourquoi chercher ? Pourquoi pratiquer ? C'est génial ! Ça devait être ça qu'Ève voulait dans le jardin d'Eden… » Pourquoi donc réfléchir encore ? Ben justement, je me suis mis à me poser des questions…
En fait, c'est comme quand vous voyez un artiste ou un sportif faire les choses si naturellement que vous vous dites : c'est tellement simple, je vais le faire aussi ! Voilà l'arnaque : on ne vous dis pas qu'il y a de la route à faire avant de parvenir à la « non-dualité » de mes deux. Vous vous y mettez : vous vous plantez direct, et vous pleurnichez. Puis vous réalisez (j'espère) qu'il faut faire tant d'efforts pour que cela semble « naturel » et facile, sur dix ou vingt ans préalablement. Et qui fait les efforts justement ?
C'est donc un panier de crabes, un Canada-Dry, ou bien une pâte à gâteau industrielle à mettre au four sans le moindre effort…
Je crois que le fait que cette non-dualité occidentalisée ait tant été « cerveaulavée »; rincée; javellisée; aseptisée; « démocratisée »; laïcisée par ces « êtres libres, (progressistes) et divins » des sociétés post-68 [qui y trouvèrent avec ces méthodes de lavage une liberté encore plus libre (…) car dégagée par leurs soins-même, des traditions religieuses qui l'ont accouché], que cela lui a ôté… toute spiritualité, toute réalité concrète même, et en a rendu perchés et aveuglés un très grand nombre de fidèles, finalement fascinés par des maîtres qui ne sont qu'illusions, si l'on a bien compris l'affaire… le chien se mord la queue.
Pour résumer : les « maîtres » occidentaux de la non-dualité, qui se sont affranchis de leurs maîtres en devenant maîtres à leur tour, ont tellement conceptualisé voire chosifié cette non-dualité venue d'Inde, qu'ils en ont fait un objet intellectuel (spirituel ?) comme savent si bien les produire les philosophes occidentaux arides, aux esprits purs et durs, vivant dans le monde des idées.
L'éveil « spirituel », c'est ainsi se saborder, prendre une distance avec un Moi illusoire, tandis que l'on réalise n'être rien, sauf le Tout/Soi/Dieu. Cette mise à distance, de « soi » par « Soi », évoque une certaine psychopathie, un détachement illusoire, puisque « Soi » devra faire avec « soi » jusqu'à la fin de ses jours, à moins de disparaitre en arc-en-ciel dans un silence fracassant.
Je n'accepte pas que par une pirouette intellectuelle, conceptuelle et psychologique, on sape des millénaires d'enseignements de l'effort à fournir pour atteindre un objectif de libération. Sinon a arrête tous de grandir avant l'âge de raison, comme ça pas d'efforts à faire…
« Plus le mensonge est gros, mieux il passe. »
_ Fin de la digression.
Donc, qu'y a-t-il sous le moteur de «
La pratique spirituelle. de l'effort et du non-effort » ?
Avant tout, il faut savoir qu'il est composé de « questions-réponses », entre membres d'un forum apparemment tenu par
Jean-Marc Mantel, et ce dernier. Ces questions-réponses ont été assemblées en un recueil, qui forment ce livre, par M.
Bernard Seghezzi. Celui-ci a suivi ces enseignements dématérialisés pendant quelques années, avant de les coucher par écrit :
« Cet ouvrage est une part de cet enseignement, mais centrale, car située entre deux réalisations : la réalisation de l'illusion du moi, instable comme un rêve, et la réalisation de la réalité du Soi, de la réalité du regard, toujours là.
« Parce qu'il est perlé de conseils concrets, cet ouvrage a l'apparence d'un chemin spirituel à suivre. Certes, il peut être perçu et utilisé comme tel. Il propose surtout au personnage pensant une perspective différente : découvrir par soi-même la réalité de son êtreté. C'est la perspective limpide et nourricière proposée dans cet ouvrage, dont la mise en forme à chaque étape a été valisée par Jean-Marc. »
Je pourrais continuer de recopier l'Introduction tant
Bernard Seghezzi a parfaitement compris la chose intellectuelle enseignée : je lui conseille d'écrire lui aussi son livre. En tous cas, toute peine mérite salaire, et j'espère qu'il perçoit un pourcentage sur ce livre-ci.
Passées toutes ces remarques, j'ai été surpris comme je l'ai dis plus haut – d'ailleurs, autre surprise,
Jean-Marc Mantel m'a rappelé
Jean-Pierre Schnetzler (1929-2009), lui aussi psychiatre mais qui était resté attaché aux bouddhismes.
Les deux se ressemblent dans leur écriture, dans la précision de leurs paroles, et dans la précaution prise justement dans ce qu'ils transmettent. C'est une caractéristique qui m'a fait dire que
Jean-Marc Mantel dévoilait ici une véritable réflexion, pas seulement des vapeurs spirituelles comme beaucoup le font; je crois que ce que vous lirez dans cet ouvrage est d'une grande qualité intellectuelle, et d'une honnêteté toute spirituelle et humaine, d'un grand respect pour ceux qui le questionnent, et maintenant le lisent.
Pour au temps, s'inscrit-il dans ce que j'ai dénoncé plus haut ? Je ne crois pas. D'un, Accarias l'a publié, et deux, cette méticulosité des propos et le minimalisme des pratiques mises en avant me semblent cohérentes, et à portée des disciples.
Je dirais donc que c'est là la « nouveauté » de ce livre de
Jean-Marc Mantel, «
La pratique spirituelle. de l'effort et du non-effort » : que les choses soient dites simplement, précisément et honnêtement. Je crois que c'est presque un manuel, et presque parfait, pour toute personne qui souhaiterait découvrir cette Non-Dualité Occidentale. Il y a bien quelques passages capillotractés qui m'enragent, mais dans l'ensemble, c'est un très bon ouvrage sur la question, pour des gens en demande.
Ce qu'il y a également d'intéressant, c'est aussi cette application de l'écoute et du silence qui mène vers la réalisation – vous le découvrirez en lisant. Comme le souligne l'assembleur
Bernard Seghezzi, «
La pratique spirituelle. de l'effort et du non-effort » a également pour lui « la modernité en plus », qui ne peut se comprendre qu'en la lisant dans le texte : tant mieux, tant nous en avons besoin dans notre nouveau Moyen-Âge.
Je rappelle que les éditions Accarias ont également publié trois ouvrages de Daniel Morin, qui pour moi sont définitifs sur le sujet, et que je vous recommande fortement.
Coup de coeur donc pour moi que cet ouvrage de
Jean-Marc Mantel et
Bernard Seghezzi. C'est un très bon livre sur la Non-Dualité Occidentale, sur la « pratique spirituelle », sensé, précieux, ordonné, méticuleux, que je recommande à ceux qui cherchent et veulent « savoir ».
Je vous souhaite une excellente lecture !
ZUIHÔ.
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