Ces promotions furent marquées de deux circonstances de funeste présage, que l’événement ne vérifia que trop : Félix, trésorier des largesses, mourut subitement d’une hémorragie, et le comte Julien l’avait suivi de près ; ce qui donnait lieu à de sinistres remarques quand on lisait cette inscription sur les effigies du prince : "Felix, Julianus Augustusque".
Ce pronostic avait été précédé d’un autre non moins funeste. Le jour des calendes de janvier, au moment où le prince montait les degrés du temple, le doyen des prêtres tomba sans avoir reçu de choc visible, et frappé de mort subite. Les assistants, par ignorance, ou pour faire leur cour, appliquaient le présage au plus âgé des deux consuls, c’est- à-dire à Salluste. Mais la suite fit trop voir que c’était, non le plus avancé en âge, mais le plus élevé en rang, que le fatal avertissement concernait.
D’autres signes, bien que moins caractéristiques, confirmaient encore ce funeste présage. Au moment même où l’ouverture de la campagne fut déclarée, arriva la nouvelle d’un tremblement de terre qu’on avait ressenti à Constantinople ; et les adeptes en divination en tiraient un triste augure pour le chef de l’armée qui allait entrer en pays ennemi. On tâcha de persuader à Julien que le moment était mal choisi, et que s’il est permis de se mettre au-dessus des présages, c’est seulement dans le cas où, devant la menace d’une invasion étrangère, le salut commun devient la loi suprême, et ne comporte aucun ajournement.
La population, dans toute cette contrée, est belliqueuse. À ses yeux le suprême bonheur est de mourir en combattant ; et la mort naturelle est quelque chose d’ignoble et de lâche.
[Au nord, les Parthes occupent une contrée habituellement couverte de neiges et de frimas, traversée par une rivière importante, le Choatrès. Leurs villes principales sont Oenumie, Musie, Charax, Apamée, Artacane et Hécatompyle. De cette dernière aux portes Caspiennes règne un développement de côtes de mille quarante stades.]