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EAN : 9782918767763
304 pages
Asphalte (08/02/2018)
3.5/5   13 notes
Résumé :
Bogota, années 1980. Lasse de vivre d’expédients, María décide de prendre sa revanche sur la société en dépouillant les clients des clubs chics de la ville. Artiste à succès, Andrés découvre que ses portraits prédisent les maladies dont ses modèles vont souffrir. Prêtre dans un quartier populaire, Ernesto voit sa foi mise à rude épreuve quand son chemin croise celui d’un assassin refusant tout repentir. Qui peut bien relier ces trois âmes tourmentées qui errent dans... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Quoi ? Satanas sans Diabolo ? Mais c'est une hérésie !

Autant commencer sa chronique par un petit trait d'humour parce que tout le reste de ce roman noir ne se prête vraiment pas à rire.

Ici, on aurait plutôt envie de chanter ♫ Oui, je suis Belzébuth, je suis un bouc, je suis en rut ♪ et encore, c'est trop festif pour aller avec ces pages sombres de chez sombres.

Nous sommes dans les années 80. Il y a quelque chose de pourri à Bogotá, capitale de la Colombie pour ceux qui se sont endormis aux cours de géographie.

Comme si un démon avait ensorcelé les gens, les poussant vers le côté obscur du la Force et du Mal. le Démon serait-il à Bogotá ? Satan l'habite ?

En tout cas, c'est la question que se pose un prêtre, Ernesto face à tous ces gens qui se transforment en assassins ou devant cette jeune fille qui n'est pas loin de crier « baise-moi » comme dans L'Exorciste.

Destins croisés de plusieurs personnages qui, de prime abord, n'ont rien en commun : le prêtre Ernesto, le peintre Andrés qui fait des portraits prophétiques, María la pulpeuse jeune fille qui irait bien sur #balance-tous-ces-porcs et qui prendra sa revanche ensuite avant de se faire tacler bien salement et Campo Elías, un vétéran du Vietnam qui a du mal à trouver sa place dans cette société.

Rien en commun entre ces personnages… Pourtant, ces destins fracassés vont se croiser avant de se rejoindre dans un restaurant, pour une bouffe mémorable dont tout le pays se souviendra.

Ce roman, je l'ai dévoré, je me suis immergé dedans, j'ai plongée toute habillée et j'avais du mal à en sortir, tant les destins et les vies des personnages m'avaient emportées dans cette Colombie qui est loin des cartes postales.

Le final m'avait laissé groggy, mais là où j'ai eu des sueurs froides, c'est lorsque j'ai lu la postface et appris que ces événements avaient eu lieu réellement ! Là, ça te glace encore plus.

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C'était une mécanique bien huilée... Association pour faire tomber un pourri. Envie de meurtres/Confessions. Un homme armé et ensanglanté réclame le père Ernesto, qui couche avec Irène. Andréas s'éloigne d'Angelica "pour la peinture"; En effet les peintures d'Andréas deviennent réalité (maladies, malformations, etc)... Et encore un de bon pour l'hôpital psy ! ; ) Les scènes de Q sont bonnes à part la première... C'est cool, y a du dialogue! Un peu c* cette "niaiserie" "antéchristique" trop "douce" ... La meuf qui jouit pendant la prière xd !! Excellent; ... C'est en faire un genre de Satan (?) Une touche de cynisme un peu plus poivrée à la fin!;) Campo Elias torture Maribel. Satanas, le mal tout simplement.
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Satanas se situe dans le Bogota des années 80 où nous suivons 4 protagonistes (qui ne semblent avoir aucun lien au premier abord) :

- Maria, une jeune fille orpheline, détrousse les bourgeois de sa ville avec la complicité de deux jeunes hommes jusqu'au jour où elle se fait agresser car elle est prise pour une personne qu'elle n'est pas. Comment va-t-elle réagir? Va-t-elle se remettre de cette agression?

- Andres, un peintre célèbre, spécialisé en portraits. Il peint les maladies dont vont souffrir ses modèles par la suite, ce qui le rend malade.

- Ernesto, un prêtre très apprécié de ses paroissiens, appelé auprès d'une jeune fille qui semble possédée. Il renonce à ses voeux par amour pour une femme.

- Campo Elias, vétéran du Vietnam, devenu prof. Il enseigne l'anglais à travers l'oeuvre de Stevenson : L'étrange cas du Docteur Jekyll et de Mister Hyde. Il règle ses problèmes par la violence.

Ces personnes évoluent dans un Bogota violent où la misère, le sexe et le sang sont omniprésents à cause de la lutte que se livrent le bien et le mal (le Malin est toujours en arrière plan dans cette histoire).

Ce roman m'a plu car, selon moi, il dépeint bien des personnes écorchées par la vie et qui, pour s'en sortir, n'ont que 2 choix possibles : se battre ou se laisser envahir par la violence. Cette histoire est d'autant plus forte que, visiblement, elle est inspirée de faits réels.

J'émettrais cependant une petite réserve : j'ai trouvé que la fin était un peu bâclée, comme si l'auteur souhaitait en finir au plus vite avec cette violence...
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Avec Satanas, Mario Mendoza nous amène dans Bogota au milieu des années 1980 à la suite d'une série de personnages. Il y a María, jeune travailleuse pauvre, exploitée, regardée uniquement comme un objet sexuel, qui décide de s'allier à deux jeunes hommes, Pablo et Alberto, pour dépouiller des golden boys. Andrés, peintre talentueux, est poursuivi par une terrible malédiction : la maladie qui tuera ses modèles apparaît sur ses portraits. Ernesto est un prêtre sur le point de se défroquer mais confronté à ce qui semble être un cas de possession démoniaque chez une adolescente. Et puis il y Campo Elias, vétéran du Viêtnam qui hait ses voisins – qui le lui rendent bien – et dont l'obsession pour le thème littéraire du double maléfique devient maladive.
Sans nul doute, le nom de Campo Elias évoque quelque chose de précis pour les lecteurs colombiens de Mendoza. Beaucoup moins pour le lecteur français. On se gardera bien de dire si c'est un bien ou un mal. En tout cas, cela réserve pour celui qui ne le connaît pas, une véritable surprise dans le dénouement du roman et sa postface.
Pour le reste, au-delà de la manière dont Mendoza bâtit son intrigue autour de ses quatre personnages principaux et se plaît à s'aventurer aux limites du fantastique tout en offrant un véritable roman noir social, on ne cachera pas que l'on peut éprouver une certaine frustration. Dans le sens où les motivations de certains personnages mais aussi ce qui leur arrive, tout simplement, semble parfois raccroché au récit d'une manière qui, si elle n'est pas totalement artificielle, manque un peu de chair ou d'explications ; on peine parfois à voir ce que veut dire l'auteur (à moins bien entendu que ce soit moi qui y soit hermétique, ce qui est une hypothèse à ne pas négliger).
Reste malgré tout des scènes particulièrement saisissantes, une atmosphère malsaine à souhait et, on l'a dit, un dénouement surprenant, ce qui fait de Satanas un roman qui, s'il peut s'avérer désappointant, a pour lui de bousculer un peu le lecteur.

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Bogota, années 80. La période est trouble. Les groupes paramilitaires, les guérilleros du mouvement révolutionnaire M-19. On se doute que ce roman ne va pas être un feelgood. Avec un brin de fantastique, dans une atmosphère malsaine où un côté social transparait, le lecteur suit un tueur en série et ses victimes à travers quatre protagonistes.
- Maria, bien entendu orpheline (pourquoi ?), travailleuse exploitée, vivote en détroussant avec l'aide de Pablo et Alberto quelques riches habitants. Jugée comme objet sexuel, elle s'utilise comme ce qui apparait à ses yeux être son unique porte de sortie, jusqu'au moment où elle se fait agresser.
- Andres, portraitiste portant avec lui sa propre malédiction, peint les maladies dont vont souffrir ses modèles.
- Ernesto, prêtre sur le point de se défroquer mais aimé de ses ouailles est confronté à une ado possédée par le mal
- Enfin, Campo Elias, vétéran du Vietnam, prof ayant un mal de chien à résoudre ses problèmes autrement qu'à travers la violence, à l'image de son obsession pour Jekyll & Hyde qu'il enseigne. (ce dernier débarque à mon sens un poil trop tard dans ce thriller).
Satanas met en scène un univers violent. Mario Mendoza utilise la religion catholique comme d'un fil conducteur où chacun d'entre nous peut à loisir se positionner sur un curseur bien / mal tout comme chacun de ses personnages. Ils tentent de survivre dans cette ville. Leurs histoires s'enlacent. Mendoza donne à lire sa vision de cette éternelle lutte entre le bien et le mal. A l'instar du Docteur Jekyll et de Mister Hyde professé par Campo Elias, chaque personnage dévoile ces différentes facettes de sa personnalité. Comme dit précédemment, le Bogota des années 80 ne produit pas que des anges. Mais le sexe, la misère et le sang, ne sont que les résultantes de manques de ces individus. Carence de travail, victimes de solitude, leur violence n'est ni un exutoire, ni une fin en soi, mais le simple reflet de leur survie dans cette Colombie souillée, corrompue et agressive.
Pour être honnête, la fin m'a parue un tantinet bâclée ou tout au moins, balayée un peu rapidement. Mais ce n'est finalement qu'un détail, la postface offrant un autre éclairage et pardonnant quelques défauts.


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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
María s’éloigne et quitte le marché pour trouver un endroit où personne ne pourra l’observer. Elle s’assoit sur un banc, les yeux embués, pose ses Thermos par terre et se prend la tête dans les mains. Une rage lui remonte dans tout le corps et vient la frapper au visage, lui empourprer les joues et le front. Elle se demande combien de temps encore elle va devoir supporter les obscénités et les grossièretés des maraîchers, leurs insinuations déplacées, leurs retards de paiements humiliants, leurs regards lascifs et lubriques. Elle travaille de trois heures du matin jusqu’à seize heures, et tous les jours c’est la même chose : vexations, offenses, injures. Combien de temps encore ? Pourquoi ne peut-elle pas étudier comme les autres jeunes de son âge, en se trouvant un travail décent qui lui permette de suivre des cours de gestion ou d’informatique ? Pourquoi personne ne croit en elle ? Pourquoi personne ne la considère comme une fille bien, pourquoi rit-on de ses aspirations ? Pourquoi la traite-t-on comme une prostituée vulgaire et méprisable ?

Deux hommes l’observent à quelques mètres de là, sans qu’elle les remarque. Ils portent des jeans serrés et des vestes en cuir qui luisent au soleil. Ils font presque un mètre quatre-vingts, ils ont l’air sportifs et fière allure. Ils doivent avoir entre vingt-cinq et vingt-huit ans, leurs cheveux sont coupés à ras et tous deux semblent irrémédiablement saisis par l’image de cette vendeuse qui pleure en silence, désespérée.

« C’est elle ?

– Oui.

– Elle est parfaite.

– Et attends de voir son visage.
– Bien habillée, elle sera irrésistible.

– Difficile de trouver mieux qu’elle.

– Ça fait combien de temps que tu la connais ?

– Un an, plus ou moins.

– Elle te fait confiance ?

– Non, elle ne fait confiance à personne.

– Je te pose la question dans l’autre sens : elle se méfie de toi ?

– Je l’ai toujours traitée avec respect.

– Bien, allons-y. »

Les deux hommes marchent lentement, comme s’ils voulaient que le temps s’arrête, comme s’ils répugnaient à interrompre le moment de solitude et de recueillement de la jeune femme, qui sèche à présent ses larmes de ses mains tremblantes. Ils arrivent à ses côtés, tout près du plateau en bois sur lequel reposent les Thermos de boissons chaudes. María lève le visage et, se voyant observée, soupire et termine de s’essuyer les yeux.

« Salut, Pablo, dit-elle pleine d’amertume.

– Ça va, María ?

– Tu vois bien.

– Qu’est-ce qui se passe ?

– Rien d’inhabituel… » Elle soupire à nouveau. « J’en ai ras le bol de travailler dans ce trou. »

Les deux hommes se regardent. María répète :

« J’en ai marre de ce boulot.

– Ouais, c’est pas facile.

– Je me lève hyper tôt et le peu que j’arrive à gagner me paye tout juste ma chambre et de quoi manger.

– Ça vaut pas le coup.

– Je n’arriverai jamais à rien dans la vie, comme ça.

– Peut-être que je peux t’aider.

– Toi ?

– Tiens, je te présente mon ami, Alberto.

– Enchanté, dit celui-ci en lui tendant la main.

– María », dit-elle en l’acceptant. Elle se remet debout.

« Cherchons un endroit pour discuter, reprend Pablo.

– Pour discuter ? demande-t-elle avec méfiance.

– Tu ne m’as pas dit que tu voulais changer de boulot ?

– Tu vas m’aider ?

– Parlons-en, María. Si ce que j’ai à te proposer t’intéresse, très bien, sinon c’est pas grave, je m’en vais et c’est tout.

– Là-bas, on peut boire quelque chose », dit-elle en leur montrant un café de l’autre côté de la rue.

María reprend son plateau avec les Thermos et ils se dirigent tous les trois vers l’établissement, s’assoient à une table et commandent trois sodas. Un serveur leur dépose les bouteilles en triangle sur la table.

« Je vous écoute, dit María sans préambule.

– J’ai une proposition à te faire.

– Laquelle ?

– On cherche quelqu’un comme toi, de jeune, qui ait envie de prendre sa revanche sur la vie.

– Qui ça, “on” ?

– Alberto et moi, répond Pablo tranquillement tout en regardant son ami.

– De quoi s’agit-il ? »

Pablo baisse la voix :

« D’abord, je veux que tu saches qu’on te respecte. Ce que je vais te proposer, c’est du business et rien d’autre. Tu ne nous intéresses pas à titre personnel, et ni Alberto ni moi ne profiterons de la situation. C’est clair ?

– Oui, affirme-t-elle en se calmant soudain, baissant la garde.

– C’est pas un prétexte pour t’aborder, ni rien de tout ça, poursuit Pablo d’une voix suave et posée. On a besoin d’une personne de confiance pour commencer à travailler, quelqu’un d’intelligent, de dégourdi, qui a envie de se faire du fric, quelqu’un comme toi.

– Qu’est-ce qu’il faut faire ? demande-t-elle avec une lueur dans les yeux.

– Il y a beaucoup d’argent en jeu, María, pour de bon.

– C’est une histoire de drogue ?

– Non.

– Vraiment ? Parce que moi, je ne veux pas faire la mule. Je préférerais mourir.

– Ça n’a rien à voir avec ça.

– S’il y a beaucoup d’argent, c’est que ça doit être illégal ! dit-elle, sa bouteille de soda à la main.

– C’est facile, María. L’argent, c’est les riches qui l’ont ; ils l’accumulent, ils le planquent et ils ne laissent aucun d’entre nous s’en approcher. On peut travailler honnêtement toute notre vie, on n’aura jamais un radis. Le système est conçu pour qu’ils soient toujours plus riches, pendant que nous, on est de plus en plus pauvres. Il n’y a pas moyen de se constituer un capital sans contourner quelques règles.

– Vous voulez faire des cambriolages ?

– Non, ne t’inquiète pas, on n’est pas des gens violents ni agressifs. Et encore moins des assassins.

– Alors ? »

Pablo vérifie bien que personne ne l’écoute aux tables voisines, il baisse encore la voix et dit :

« On a trouvé un moyen simple : les riches vont nous donner leur argent de leur plein gré, sans les contraindre, sans les agresser, sans faire de vagues.

– Comment ?

– Un copain infirmier nous a appris à utiliser un produit qui plonge les patients dans une sorte d’hypnose pendant quelques heures. Ils sont en transe et exécutent les ordres sans la moindre résistance.

– Et ensuite, qu’est-ce qui leur arrive ?

– Rien. Les effets s’estompent, ils retrouvent tous leurs moyens en deux ou trois jours, et c’est fini.

– Et s’ils meurent ?

– Ça n’arrivera pas, María. Même la police et les agences de sécurité expérimentent ce nouveau produit. Terminé les interrogatoires sans fin, les coups et la torture. Une petite injection et le prévenu répond à toutes les questions. Des psychologues étudient même les possibilités thérapeutiques pour les alcooliques et les drogués. Ne t’inquiète pas, à petites doses, ça ne produit qu’un trouble passager.

– Comment ça s’appelle ? »

Alberto répond, s’immisçant dans la conversation :

« La scopolamine. Mais dans la rue, on appelle ça burundanga. D’après les sorciers et les féticheurs noirs, ça fait des années qu’ils l’utilisent pour leurs sortilèges. Si tu veux plus d’informations, on a récupéré des articles dans des revues de médecine.

– Je ne sais pas, ça me fait peur, tout ça…

– On te promet qu’il n’arrivera rien de grave, poursuit Alberto à voix basse. Ton salaire initial sera de sept cent mille pesos par mois, plus les fringues et les bijoux qu’on t’achètera. Tu pourras vivre seule dans un bel appartement. Pablo et moi te traiterons toujours avec respect.

– Sept cent mille ?

– Ce n’est que le début, dit Pablo.

– Et je pourrai suivre des études à côté ?

– Tu pourras faire ce que tu veux, lui répond Alberto en la regardant dans les yeux. On te laissera vivre ta vie. »

María boit deux gorgées de soda à la suite et dit dans un murmure :

« Qu’est-ce que je dois faire ?

– Nous, on t’indiquera une cible, répond Alberto. Tu t’assois dans un bar ou une discothèque, tu prends un verre. Tu lui souris, tu flirtes un peu sans trop en faire, avec retenue et un peu de pudeur. Le type viendra te faire la conversation, il t’invitera à danser, et au moment il ne fera pas attention, tu laisses tomber un comprimé dans son verre. C’est tout. On se charge du reste.

– C’est tout ?

– Tu n’auras rien à faire d’autre, affirme Pablo.

– Et vous, vous faites quoi ensuite ?

– On lui demande ses cartes de crédit et ses codes, on va à un distributeur, on tire l’argent et c’est terminé.

– Il y a combien de personnes impliquées, dans cette histoire ?

– Seulement nous trois, répond Pablo en se redressant sur sa chaise.

– J’ai combien de temps pour réfléchir ?

– Il faut que tu nous le dises maintenant, dit Alberto à voix basse. Si tu es partante, on t’achète des vêtements dès demain, on te trouve un appartement d’ici deux ou trois jours, et le week-end prochain on se met au boulot. Si ça ne t’intéresse pas, on s’en va, on trouve quelqu’un d’autre et tu nous oublies. »

María regarde la rue, pensive. Sur le trottoir d’en face, à la sortie du marché, le boucher don Carlos, la blouse tachée de sang, lui envoie un baiser de la main. La voix de la jeune femme prend alors un ton catégorique :

« OK, je marche avec vous. »
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– Laisse-moi deviner… L’histoire de l’ange déchu, celui qui s’est rebellé ?
– Comment vous savez ?
– La problématique du bien et du mal, de la lumière et de l’obscurité.
– Mais il y a quelque chose que je ne saisis pas. Le mal n’est pas maléfique depuis les origines. Au début, le diable est un être céleste.
– Et nous sommes faits à l’image de Dieu. Donc, si une partie de nous est mauvaise, à quoi correspond-elle dans l’esprit de Dieu ? Comment le mal peut-il trouver son origine dans le bien et la perfection ? » Campo Elías prend une inspiration et poursuit : « Satan n’est rien d’autre qu’un mot par lequel nous exprimons la cruauté de Dieu. Il n’y a pas d’être suprême, Maribel. Nous avons une divinité bicéphale, à deux visages. Tu te souviens que Stevenson parle de jumeaux ? Nous sommes l’expérience d’un Dieu dont le côté maléfique s’appelle Satan.
– Vous me faites peur.
– La peur est une bonne chose.
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– Nous sommes à la fois ange et démon, a-t-elle expliqué. Nous ne sommes pas une personne unique, mais une contradiction, un ensemble de forces complexes qui luttent en nous-mêmes.
– Oui, peut-être.
– Nous sommes lâches et héroïques, saints et pêcheurs, bons et mauvais. Tout dépend de cette lutte entre les forces. Vous ne croyez pas ?
– Si, sûrement, me suis-je contenté de répondre, même si j’étais étonné d’entendre un tel point de vue venant d’une fille de son âge.
– Moi, je crois que oui. Le bien et le mal n’existent pas l’un sans l’autre, chacun de leur côté, mais ensemble, collés l’un contre l’autre. Et parfois, la frontière est trouble.
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On sait par exemple que des agents de la CIA ont entraîné et assisté les forces de police de plusieurs pays d’Amérique du sud en leur fournissant des instruments de torture, tout particulièrement du matériel destiné à produire des électrochocs au niveau des testicules.

Au bas de la même page, une dépêche d’agence de presse internationale indique : La CIA vient d’offrir plusieurs milliers de dollars pour acquérir le manuel de torture des dominicains, ordre religieux qui s’est distingué pendant plusieurs siècles pour son raffinement dans les sévices physiques comme psychologiques.
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Une Église dont la misogynie saute aux yeux dès lors qu’elle a décrété que "pour un homme dix mille femmes", voulant dire par là que pour chaque homme sacrifié ou torturé il y aurait dix mille femmes maltraitées ou assassinées.

Pourquoi ? Parce que ce sont elles les libidineuses et les concupiscentes, elles qui recherchent le sexe à tout prix et les plaisirs de la chair. L’éternelle rengaine d’une poignée de vieux garçons qui paniquent à l’idée de voir un clitoris et rêvent de les faire disparaître.
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