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De l'autre côté du mur tome 1 sur 2
EAN : 9791090627215
316 pages
Editions du chat noir (01/09/2013)
3.9/5   47 notes
Résumé :
Pour Sibel qui se consacre entièrement à la danse, le quotidien est un perpétuel ballet. Pourtant, tout bascule le jour où son lien à l’Art est coupé : on l’isole de ses sœurs, on lui refuse l’existence qu’elle aime tant dans cette communauté composée exclusivement de femmes. En tâtonnant pour retrouver tout ce qu'elle a perdu, elle entend des rumeurs, découvre des secrets propres à bouleverser sa conception du monde.

Mais alors, si la vie n’est qu’un... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
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C'est la première fois que je lis un roman d'Agnès Marot. Il y a des auteurs dont l'écriture est assez classique. Et, il y a ces auteurs dont la plume est sublime, me demandant un petit temps d'adaptation pour m'en imprégner et me plonger pleinement dans leurs ouvrages. C'est ce qui s'est passé ici.

Dans ce roman, nous découvrons une communauté composée uniquement de femmes. Les plus vieilles sont appelées les Mères. Dès le plus jeune âge, chacune se voue à l'Art mais c'est lui qui choisit quelle discipline et donc quel Art est attribué à qui, dotant ainsi la personne de capacités hors-normes. Chacune doit alors s'entraîner en dansant, en lisant, en peignant ou encore en s'exerçant à la musique ou au chant. On découvre un univers très original, complexe avec une intrigue en huis clos. Il m'a fallu passer quelques chapitres pour assimiler le sens véritable des termes employés ou la façon dont vivaient ces femmes. On comprend rapidement que des règles étranges régissent ce monde, interdisant notamment de se toucher pour éviter de perdre son Art et donc l'énergie qu'il délivre.

Nous faisons la connaissance de Sibel, une jeune danseuse, la meilleure de son groupe. Au départ, l'adolescente suit les consignes à la lettre, en pensant que sans celles-ci, elle serait perdue et malheureuse. Pourtant son amie Aylin, une peintresse, se pose régulièrement des questions sur leur monde, les mystères cachés de l'autre côté du mur. Elle fait des découvertes qui nous semblent futiles mais sont en réalité inconnues pour elle. Sibel est effrayée par les propos de son amie, elle la pense malade et essaie de la raisonner.

La vie de l'héroïne bascule le jour où une autre fille la touche, la coupant alors de son Art et l'obligeant à vivre recluse au sein de sa communauté. Sibel a l'impression d'avoir perdue une partie d'elle-même. Comme si cela n'était déjà pas assez horrible, elle va rencontrer une fille très différente de toutes celles qu'elle connaît… Il s'agit en fait d'Aslan, qui dit être un « homme ». Ce dernier lui parle de science. Une énergie différente, froide parcourt son corps. Et si le monde était diffèrent de tout ce que Sibel a appris? Que lui a-t-on caché d'autres ?

J'ai beaucoup aimé notre héroïne. Au départ, elle est très naïve, suivant aveuglement l'enseignement des Mères. Par la suite, elle découvre les « coulisses » et la partie réservée aux hommes. Sibel se réveille enfin, son monde n'est pas ce qu'elle croyait. Elle va de surprises en surprises mais celles-ci ne sont pas toujours bonnes à voir. Notre héroïne se questionne, elle cherche des réponses et nous dévoile la flamme qui sommeille en elle. J'ai adoré la voir changer. Elle est aimante, généreuse mais surtout très courageuse. Je ne pensais pas l'apprécier pourtant son évolution m'a fait changer d'avis.

J'ai aussi de l'affection pour Aylin. Elle est pétillante, a soif de connaissances. Elle doit se vouer à la peinture mais ressent pourtant une attirance pour autre chose. Elle a tellement d'amour pour Sibel, qu'elle tente de lui ouvrir les yeux, de l'éveiller tout en restant toujours prête à la soutenir.

Le personnage d'Aslan est intéressant. Très tôt, il a fait des découvertes sur le passé et la création de cette communauté. D'apparence fort et fier, il cache ses faiblesses. Tout comme Sibel, ce personnage connait une grande évolution et leur duo est incroyable.

Dans l'ensemble, Agnès Marot a imaginé des personnages riches et attachants. Elle nous fait vibrer pour eux. On passe par de nombreuses émotions allant de la joie à la tristesse. Il est impossible de rester indifférent à leur sort.

Plus on tourne les pages, plus on pénètre dans la noirceur de ce monde. On découvre comment ces personnes sont arrivés à vivre ainsi. L'univers est absolument fou. Agnès Marot est parvenue à me captiver. L'intrigue est haletante, aussi sombre que belle. Il est difficile de lâcher ce roman. Mais je me suis également laissée surprendre à plusieurs reprises, pensant que l'auteure allait prendre telle direction pour son intrigue alors qu'elle empruntait un autre chemin.

A travers cette histoire, Agnès Marot nous invite à la réflexion autour de la liberté, de l'importance de l'autre, du toucher, de l'amour. Mais la palette de questionnement est encore plus vaste. Elle pointe certains stéréotypes notamment en donnant l'Art et la beauté aux femmes quand elle attribue la Science et la force aux hommes. L'auteure ne se montre pas moralisatrice pour autant, elle nous laisse libre de nos pensées.

J'ai adoré les clins d'oeil cachés notamment les contes revisités et adaptés à ce monde ou encore le choix du prénom du personnage masculin vis à vis de la façon dont Sibel le perçois et le surnomme.

En bref, j'ai été charmée par ce livre. Nous avons l'Art et les femmes d'un côté, les hommes et les Sciences de l'autre, séparés par un mur, sans avoir conscience de l'existence du sexe opposé. La plume est magnifique et poétique. Agnès Marot nous transporte dans un univers original, sombre avec une intrigue captivante et un rythme soutenu. Elle nous fait vivre mille et une émotions pour ses personnages tout en nous invitant à réfléchir sur l'humanité.

Merci aux éditions Lynks pour l'envoi de ce roman !
Lien : https://alexlovebooks.home.b..
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Quasiment 5 ans après son achat, je me suis enfin décidée à découvrir le premier roman d'Agnès Marot, aujourd'hui autrice de plusieurs textes connaissant un joli succès auprès des (jeunes) lecteurs. de la quatrième de couverture, je ne comprenais pas grand chose, si ce n'est qu'il s'agissait sans doute d'une dystopie pour la jeunesse. Après des mois davantage tournés vers la littérature contemporaine, pourquoi pas !
Quelques imperfections se cachent dans ce récit mais je ne boude pas mon plaisir, j'ai apprécié. Je dirais même que cette lecture m'a donné envie de plonger à nouveau dans la littérature imaginaire. Elle m'a divertie, elle m'a emportée ailleurs, elle m'a fait du bien tout simplement.

Les premiers chapitres m'ont laissé un peu sceptique car je ne voyais pas trop où l'autrice souhaitait nous emmener. On y rencontre notre héroïne – Sibel – qui s'entraîne à son Art : la danse. le niveau et la pression sont élevés, une certaine animosité – ou au moins jalousie – semble régner entre toutes les danseuses. Sibel pourrait facilement devenir la meilleure danseuse du groupe mais son rêve se brise en une fraction de seconde, alors que l'une des autres adolescentes la touche. Dans le monde décrit par Agnès Marot, les contacts sont prohibés car souillent celui qui en est victime.
Isolée des autres filles pour ne pas risquer un autre incident, Sibel se morfond. Sa meilleure amie Aylin est la seule à ne pas lui tourner le dos mais cette dernière a des réflexions de plus en plus bizarres et surtout, des pensées défendues par les « Mères » ! Heureuse dans son petit monde étriqué et très codifié, Sibel va découvrir qu'il y a plus ailleurs, derrière tous les murs qui l'entourent. Peut-être que la vie qu'on lui a toujours vendue et imposée n'est-elle finalement pas si épanouissante que ça ?

J'ai sincèrement beaucoup aimé l'univers mis en place par Agnès Marot. On sent le huis clos qui vole en éclat. J'ai trouvé l'utilisation de la métaphore du théâtre très originale dans un texte Young Adult, elle amène beaucoup de réflexion et une mise en abyme très intéressante. Bien joué !
Dans ce roman donc, les héros semblent être constamment acteurs d'une pièce de théâtre dans laquelle ils jouent leurs plus beaux rôles, donnent le maximum d'eux-mêmes en s'oubliant ; contrôlés par des metteurs en scène tout puissants, aidés en cela par toutes les petites mains oeuvrant en coulisses, invisibles.
Ainsi, Sibel possède l'Art de la danse, Art qu'elle maîtrise plutôt bien. Son but est d'atteindre l'excellence, chaque jour un peu plus, peu importe le reste. Les autres filles dédient elles aussi leur vie à un Art sacré : la danse, la peinture, l'écriture ou le chant. de ces dons innés, une sorte de magie semble se révéler. Finalement, j'ai trouvé que cet aspect « surnaturel » n'était peut-être pas nécessaire à l'ensemble du propos et même qu'il paraissait en trop, décalé.

Autre petit bémol pour moi pendant cette lecture : la relation naissante entre Sibel et Aslan. Parce que oui, je ne vous l'ai pas encore dit mais notre héroïne va ouvrir les yeux sur son monde et sur ce qui se cache au-delà grâce à sa rencontre avec un spécimen incroyable… un garçon ! Filles et garçons étant éduqués chacun dans deux sphères qui ne se croisent jamais, aucun d'entre eux ne connaît l'existence de l'autre groupe.
Je ne vous livre pas une grosse révélation en vous annonçant qu'une romance adolescente va s'installer entre les deux héros. Ce n'est pas un défaut narratif à proprement parler pour moi, mais juste un élément auquel je n'accroche pas et qui ne me fait ni chaud ni froid. L'âge sans doute (j'ai le double de celui de Sibel) et ma non-passion pour les romances en général. La romance ne m'a pas gênée mais je n'y ai pas cru : trop rapide, trop exclusive, trop… Même si je conçois qu'une adolescente enfermée dans un huis clos tombera facilement passionnément amoureuse du premier garçon qu'elle verra, surtout si c'est celui qui la « sauve » (c'est un peu le principe du conte de fées, non?). Agnès Marot tente de créer une animosité entre eux, Sibel semblant haïr son sauveur auquel elle reproche sa nouvelle situation mais le lecteur n'est pas dupe, elle change vite son fusil d'épaule.

Malgré ces petits défauts narratifs, je sors de cette lecture convaincue, notamment par la plume de l'autrice. J'ai été surprise de découvrir un style parfois très poétique et je garde d'ailleurs en tête quelques descriptions de « mouvement » très belles. Lorsque Sibel danse et nous décrit sa sensation, c'est assez incroyable de justesse et d'émotions, je trouve. Une certaine délicatesse imprègne le texte ; c'est en adéquation avec la personnalité d'Agnès Marot, elle-même d'une grande douceur, il me semble.
Je suis persuadée que l'utilisation de la narration du point de vue interne saura toucher de nombreux jeunes lecteurs qui ne manqueront pas de s'identifier ou tout du moins de s'attacher à cette héroïne un peu antipathique au début mais qui révèle de belles qualités au fil des pages.

L'univers créé par Agnès Marot est d'une grande originalité, poésie et richesse. On peut regretter de seulement l'effleurer ici, alors qu'il semble y avoir tant d'autres choses à découvrir… Heureusement, l'autrice offre une préquelle – Notes pour un monde meilleur – dans laquelle elle revient sur les origines de cette histoire. L'occasion de prolonger un peu plus le voyage… et découvrir d'autres personnages que j'espère encore plus attachants et en relief que Sibel et Aslan.
Lien : http://bazardelalitterature...
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Cela fait maintenant une bonne quinzaine d'années que j'ai arrêté la danse, que mon petit justaucorps et mes chaussons de demi-pointes sont entreposés dans un carton « souvenirs » au côté de ma barbichette de Dormeur, vestige de mon premier spectacle de théâtre. Quinze ans que je rumine ma déception : je n'ai rien d'une bonne danseuse, je suis une sorte de pantin de bois sans aucune grâce qui s'efforce de ne pas confondre sa droite et sa gauche pour tenter de faire les bons mouvements au bon moment. Quinze ans que je rêve secrètement de reprendre la danse malgré cette douloureuse désillusion, malgré le divorce entre mon corps et mon esprit, malgré mon manque profond de coordination et de rythme … Autant vous dire que la première phrase du résumé m'a immédiatement donné envie de découvrir ce livre : j'avais envie, par l'intermédiaire de Sibel qui semble vivre pour et par la danse, de ressentir le temps d'un roman l'harmonie que je n'ai jamais réussi à atteindre et qui m'attire tant …

D'un côté les hommes, de l'autre les femmes. D'un côté la Science, de l'autre les Arts. Séparés depuis des générations, tant et si bien que chacun a oublié l'existence même de l'autre. Sibel est une Danseuse d'exception, amie du vent qui la soutient dans ses chorégraphies, amie de la nature qui lui offre son énergie et sa sérénité. Sibel est heureuse. Jusqu'au jour où la loi des Mères est bafouée : une de ses camarades la frôle, la touche, la souille et la brise. Isolée de ses Soeurs, Sibel tente désespérément de retrouver le lien qui l'unissait à son Art. Mais dans le jardin, c'est tout autre chose qu'elle trouve : une fille étrange et disgracieuse, inhabitée par l'Art, qui se définit comme un « homme » ... A cet instant précis, l'univers tout entier se disloque pour Sibel : se pourrait-il qu'il y ait quelque chose, de l'autre côté du mur ? se pourrait-il que les Mères ne connaissent pas tout, ou pire encore, qu'elles leur aient menti depuis toujours ? Gagnée par une inexplicable soif de liberté et de connaissance, Sibel se jette à corps perdu dans cette nouvelle danse vers l'inconnu et la révolte …

Des dystopies, j'en ai lu pas mal, ces dernières années …. Mais j'ai rarement été aussi conquise qu'avec de l'autre côté du mur. Agnès Marot nous offre un récit d'une beauté inouïe malgré la noirceur du futur qu'elle nous dépeint. Un futur qui s'appuie, malheureusement, sur la tendance actuelle à séparer les arts et les sciences : si un enfant à des prédispositions pour les mathématiques, on voudra en faire un champion d'échec (hors de question qu'un scientifique dans l'âme aille faire de la peinture sur soie !), et si au contraire il a des aptitudes pour le patinage artistique, on attendra de lui qu'il fasse un bac l'(parce que c'est bien connu, les artistes sont nuls en science). Les stéréotypes ont la vie dure, et l'autrice a fait le pari de les exploiter à l'extrême pour créer ce monde dystopique, où hommes et femmes, science et art, sont séparés, chacun ignorant même l'existence de l'autre. Les Filles suivent aveuglément les lois des Mères, convaincues que celles-ci oeuvrent pour leur bonheur – après tout, c'est ce qu'on leur apprend depuis le plus jeune âge – et les Fils font de même avec les lois des Pères de leur côté du bâtiment, de leur côté du monde.

On s'en doute bien, les choses ne vont pas en rester là : il n'y aurait pas d'histoire sans élément perturbateur pour venir remettre en question et en cause l'ordre établi. Sibel subit cet élément perturbateur : elle est loin d'être aussi curieuse et rebelle que son amie Aylin, dont les extravagances et questionnements l'effrayent. Elle n'aspire qu'à s'unir toujours plus à son Art, à parfaire toujours plus ses pas de Danse, à avancer toujours plus vers la perfection. Elle est heureuse, ou du moins se croit heureuse. C'est la question sous-jacente de toute cette histoire : peut-on réellement être heureux quand on vit dans l'ignorance complète ? peut-on vraiment être heureux quand on vit sans liberté ? sans même savoir ce qu'est la liberté, ce qu'est la vérité ? Sibel va découvrir avec horreur et stupéfaction ce qui se cache dans les « coulisses » de son monde qui s'avère n'être qu'un gigantesque théâtre où tout est factice, où tout est mensonge. Cruelle désillusion pour cette adolescente bien formatée, qui n'était pas prête à affronter cette vérité. Mais est-on un jour prêt à découvrir qu'on nous a menti, manipulé, trahi ?

Le choc est rude pour notre jeune héroïne, et le lecteur partage sa peine. Et sa stupeur, au fur et à mesure des révélations. Comment a-t-on pu en arriver là ? La question semble sans réponse … jusqu'à ce qu'on se plonge dans la préquelle, intitulée Notes pour un monde meilleur. le décalage entre le titre – reflétant la volonté d'Isaac, « héros » de cette préquelle – et la réalité racontée dans de l'autre côté du mur a de quoi faire rire ou pleurer. Comme beaucoup de scientifiques, Isaac a toujours été persuadé d'agir pour construire ce monde meilleur dont il rêvait. C'était devenu son obsession, l'attrait du progrès technologique, tant et si bien qu'il s'est laissé dépasser par la Science … et tout est parti en vrille. Car tout le monde n'est pas aussi altruiste qu'Isaac – que j'affectionne beaucoup malgré ses erreurs dramatiques – et il y a toujours quelqu'un pour transformer cet idéal fort honorable en quête de pouvoir et de gloire. Et il y a aussi la question de la paix, de la sécurité : pour atteindre ces deux objectifs, que peut-on et doit-on sacrifier ? Peut-on abolir les libertés et l'amour au nom de la prospérité ? Ce livre a l'avantage de nous présenter à la fois la genèse et l'écroulement de ce système, et c'est vraiment très intéressant, d'autant plus que le jeu de miroir est vraiment bien mené !

En bref, vous l'aurez bien compris, je suis à la fois sous le charme et sous le choc ! C'est un livre aussi doux que cruel, aussi beau qu'effrayant. Il y a la rudesse de ce monde, de ce futur, placé sous le signe du respect des règles et des interdits pour le bien de tous – c'est du moins ainsi qu'il est présenté, et aussi ce que pense Sibel et ses camarades –, et la tendresse de cette rencontre inattendue, de cet amour naissant, de l'éclosion du papillon de la liberté. Sibel et Aslan sont tellement attachants, on a envie de les soutenir dans leur quête de savoir et de bonheur réel, on a envie de les voir sortir de cette prison qui s'ignore. On rêve avec eux et pour eux, on tremble avec eux et pour eux, on rit avec eux et pour eux. En clair, on se laisse complétement embarquer par cette histoire, où les opposés s'attirent, où les paradoxes s'entremêlent. La plume d'Agnès Marot est juste magnifique, c'est un vrai régal, on se délecte ! Si vous n'avez pas encore eu l'occasion de découvrir cette merveilleuse histoire, allez-y les yeux fermés. Qu'est-ce que j'ai aimé, mais qu'est-ce que j'ai aimé !
Lien : https://lesmotsetaientlivres..
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Je ne sais même plus depuis combien de temps j'ai ce livre dans ma PAL (honte à moi), et je regrette de ne pas l'avoir sorti avant, vu comme j'ai aimé cette lecture ! Mais je dois avouer que je ne m'attendais pas du tout à ce genre de roman. Je voyais clairement autre chose, quant à savoir quoi... (oui, je suis un peu compliquée, hein?). Toujours est-il que j'ai tout simplement dévoré ce roman et qu'il était dur pour moi d'attendre ma partenaire de lecture Galléane pour qu'on soit à peu près au même endroit (et j'ai complètement raté, d'ailleurs!). Je crois bien que je ne m'attendais pas à le lire d'une traite !

Sibel vit dans un lieu reculé de tout, en compagnie des Mères et de jeunes filles possédant le même don qu'elle. Elle vit sa passion de la danse H24, et pour elle, vivre sans ce don est impossible et inimaginable. Imaginez un peu : vous avez une passion, vous la vivez à fond, et le jour où une personne vous touche, vous ne pouvez plus la vivre. Horrible, non ? Eh bien c'est ce qui lui arrive, le jour où l'une de ses soeurs la touche « malencontreusement ». Plus de don, plus de lien avec la nature. Elle se sent vide, triste et démunie. Elle est vite mise de côté, recluse, avec aucune possibilité de parler avec ses soeurs. Elle est vue comme une paria, ses soeurs qui la respectaient la voient comme une inconnue qui ne mérite même pas leurs regards. Et pourtant, pourtant... Qu'est-ce qu'il se cache derrière ce mur ? Qui est ce garçon intriguant qui semble s'intéresser à elle et la connaître, alors qu'elle, n'a aucune idée de qui il est ? Quelles découvertes va-t-elle faire et que vont changer ces dernières sur sa vie ?

Autant dire : j'ai été embarquée dans cet univers dès le début du premier chapitre. Je ne sais pas comment fait Agnès Marot mais... je me suis sentie directement alpaguée par tout ce qui se dégage de cet univers. le don de Sibel est hors-norme. Elle communique entièrement avec la nature, son don est en elle et lui fait découvrir des choses que nous sommes incapables de deviner ou ressentir. Cela ne m'étonnerait pas que l'auteure, durant l'écriture, ait été en transe, tant c'est croulant de réalisme. Je ne sais pas très bien comment vous expliquer comment j'ai ressenti la chose, mais j'avais l'impression bizarre d'être Sibel, de communiquer pleinement avec la nature, d'avoir moi-même ce don pour la danse, de le sentir vibrer en moi. Et pour être autant dans le roman, faut vraiment que l'auteur y aille fort. Et c'est bien ce qu'elle a réussi avec moi, à tel point que j'ai littéralement dévoré le roman et que je ressens un manque, maintenant qu'il est terminé.

Pour ce qui est de l'intrigue, je m'imaginais autre chose. Je ne vous dirai pas quoi, sinon, ça gâcherait un peu la découverte, mais je m'attendais à autre chose de l'autre côté du mur... Et pourtant, c'est bien loin de tout ce que j'imaginais, et son idée est vraiment très bien amenée, même s'il est vrai que j'aurais aimé que les explications soient un peu plus poussées (oui, j'aime avoir des tonnes d'explications, sans pour autant en être abrutie). Mais je peux vous dire que nous ne suivons pas une Sibel a qui tout réussit, qui parvient à faire les choses du premier coup. Non, non. Elle souffre, pleure, est en colère, choquée des révélations. Et pourtant, elle reste forte malgré tout ce qu'elle apprend, et c'est sans aucun doute pour cela que je l'ai autant appréciée. Elle veut comprendre, au risque de se mettre continuellement en danger. Ce qui rend son personnage très réaliste et nous fait nous attacher à elle.

Quant au garçon qu'elle rencontre... je n'ai pas envie de vous dire son prénom, garder une part de mystère pour que vous le découvriez par vous-mêmes ! Tout ce que je peux dire, c'est qu'il est à la fois agaçant, sûr de lui, mais hyper touchant. Il se dévoile peu à peu et change de comportement vis à vis de Sibel, ce qui est très appréciable. Lui n'a qu'une seule envie : s'enfuir, et il est prêt à tout pour ça, aussi. Quant à Aylin, la meilleure amie de Sibel (et sa seule amie, en réalité), j'ai eu un peu de mal avec elle au début, je ne savais pas sur quel pied danser avec elle, elle me paraissait assez bizarre. Puis... On apprend à la connaître, à savoir qui elle est vraiment, et elle en devient touchante. Quant à la Mère Leilan, même si j'ai deviné son secret dès le départ (y'a des signes qui ne trompent pas!), ça ne m'a pas empêchée de m'attacher à elle, bien au contraire. le fait d'avoir su dès le départ qui elle était, permet aussi ce côté compréhension vis à vis de ses gestes et paroles.

Quant à la fin... eh bien j'ai pleuré, oui. Elle est tellement triste ! Mais quand on prend du recul, on se rend compte que c'était cette fin-là qu'il fallait, pour rendre l'histoire encore plus réaliste qu'elle ne l'est déjà. Parce que... c'était logique, après tout ! Mais qu'est-ce que ça fait mal au coeur, je vous le dis ! J'ai eu du mal à terminer ce roman, parce que mes larmes me cachaient les yeux, et c'est assez gênant ! Cependant, j'aurais aimé en savoir un peu plus sur cette fin, comment ils s'en sortent tous. Mais après tout, c'est à nous de nous faire notre propre idée !

En résumé, j'aurais encore tant d'autres choses à vous dire sur ce roman ! J'ai l'impression de ne pas avoir réussi à vous expliquer comment j'ai ressenti cette histoire, qui m'a énormément touchée. L'univers est loin d'être basique, ce don en communion avec la nature était tellement bien décrit et amené, que j'avais vraiment l'impression d'être Sibel et de ressentir le souffle du vent, d'entendre ce dernier dans les feuilles, de sentir mon corps faire des pas de danse... En bref, c'est un roman qui m'a un peu retournée, et auquel je ne m'attendais absolument pas ! L'auteure a vraiment une plume poétique qui transporte dès les premières phrases. Alors, qu'est-ce que vous attendez pour vous jeter à l'eau ?

Justine P.
Lien : http://lireunepassion.blogsp..
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Mon amie Cécile Duquenne du blog SFFF m'avait parlé il y a quelques temps de ce roman. Et puis, les éditions du Chat noir sont passées par là avec le lancement du préquelle Notes pour un monde meilleur. Il fallait donc bien que je succombe à l'achat compulsif en lisant d'abord de l'autre côté du mur avant d'attaquer le nouvel opus de l'auteur. A l'issue de ma lecture, je peux dire que je reste mitigée et que j'en attendais plus.

L'intrigue met d'abord du temps avant de vraiment se mettre en marche. Pour moi c'est là que le bât blesse. Je me suis parfois ennuyée, surtout au début du roman. Sibel est une danseuse dans un monde de femmes consacré à l'Art. Dans cet univers, les contacts physiques sont proscrits. Les jeunes filles doivent se consacrer entièrement à leur Art. Un jour, l'une des filles touche Sibel d'une manière délibérée. C'est l'exclusion du groupe! Sibel est d'abord mise à l'écart, rejetée, désignée comme proscrite. Puis un soir, elle assiste à une scène qu'elle n'aurait jamais dû voir. Sibel est définitivement écartée du monde des Arts. Elle va pénétrer dans un lieu appelé « les coulisses » et elle va commencer à se poser des questions. Grâce à l'un des personnages qu'elle rencontre Sibel va se demander ce qu'il y a justement de l'autre côté du mur. le principe du monde dystopique n'est à mon goût pas assez développée par l'auteur. Pour moi, les choses évoluent avec trop de lenteur au début du roman. Sibel est rejetée par sa caste et découvre l'existence d'un monde « à côté » du sien. J'aurais aimé en apprendre plus. La description de ce monde parallèle reste trop superficiel et j'aurais aimé plus de détails.

L'auteur s'attarde trop sur les états d'âme de Sibel ce qui fait perdre de la profondeur au récit. Je m'aperçois, au fil de mes lectures, que la narration à la première personne du singulier n'est pas celle que je préfère. Les personnages ont tendance à trop s'épancher et à en faire des tonnes. Dans ce roman, Sibel découvre un tout nouveau monde et surtout des sentiments confus naissent en elle. Elle va remettre en cause sa vision du monde. Il est donc normal qu'elle se questionne et tergiverse. Cependant, c'est parfois un poil trop pour moi. J'aurais préféré que l'adolescente réfléchisse davantage aux implications et aux conséquences d'un tel monde. Ses sentiments naissants l'en empêchent parfois et c'est dommage car le texte aurait gagné en profondeur.

J'ai finalement particulièrement apprécié la vision du monde que nous offre l'auteur avec l'Art opposé à la technique. Agnès Marot exploite un vieux mythe qui veut que le monde soit un théâtre dans lequel l'homme évolue et joue la comédie de la vie. Ce leitmotiv a d'ailleurs été développée par Caldéron, Shakespeare ou encore Balzac dans La Comédie humaine. C'est assez bien joué de la part d'Agnès Marot et traité avec intelligence. Sibel va trouver « les coulisses » de ce monde et son étonnement (comme celui du lecteur) sera grand!

De L'autre côté du mur aurait pu me plaire à 100%. Malheureusement je reste mitigée à l'issue de ma lecture. L'intrigue met beaucoup trop de temps à démarrer et surtout j'aurais aimé avoir plus de détails sur le monde dystopique dans lequel évolue Sibel. En revanche, j'ai beaucoup apprécié la vision mythique que l'auteur offre à son lecteur. J'espère que le préquelle du roman nous en révélera plus sur les origines du monde inventé par Agnès Marot.
Lien : https://carolivre.wordpress...
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Je me serre un peu plus contre le tronc, pose mes lèvres contre l'écorce, et son énergie se déverse en moi. L'espace d'un instant, j'oublie mes soucis dans l'euphorie de la liberté. Il ne m'a pas désertée! J'éclate de rire, sensible à la vie qui fourmille tout autour de moi, aux insectes se frayant un chemin dans les rainures du bois, à la coccinelle posée sur une feuille verte. Le parfum âcre de la terre s'infiltre dans mes poumons, m'apporte le salut des moucherons qui volètent frénétiquement près de l'étang.
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Moi qui commençais à apprécier les contacts, je réalise que ce n'est valable que pour ceux que j'ai acceptés comme des amis, des compagnons, ou quand le geste s'accompagne de tendresse. Ce toucher-ci n'a rien d'affectueux : il est glacial, un véritable combat à lui seul. Je dois lutter de toutes mes forces pour ne pas m'écarter. Chaque mèche qui frôle ma paume me salit jusqu'au fond du coeur.
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Et, soudain, je m'aperçois que je danse. J'ignore depuis combien de temps, j'ignore même comment, mais mon corps expulse son émotion dans des mouvements tantôt brusques et violents, tantôt lents et déchirants. Je danse l'amitié, la confiance, l'espoir, j'enchaîne les pirouettes et les sauts exaltés vers la liberté, oubliant la difficulté des mouvements.
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