Une lecture divertissante mais sur laquelle je reste très mitigée à cause de certains problèmes.
J'aime l'histoire en elle-même. Elle est prenante et addictive.
J'ADORE le concept de personnes bloquées à l'intérieur d'un jeu vidéo.
L'humour est incisif, mais par moments je l'ai trouvé lourd.
Ce tome aurait mérité plus de développement.
Le monde de Revival me plaît. J'aurais aimé voir plus de descriptions des paysages, des villes et villages (de ce qui les compose).
On ne voit pas vraiment les personnages monter de niveau, c'est dommage.
On ne voit pas les relations entre les personnages se développer petit à petit.
Il y a un peu trop d'ellipses à mon goût.
Par moments, l'histoire me paraît résumée.
Le personnage de Julie est très cliché. Que ce soit sa personnalité, sa vie ou ses proches, c'est du vu, revu et re-revu.
Julie a un côté Mary-Sue-esque (le côté ultra puissante en moins). Elle est trop parfaite, trop courageuse, trop héroïque. C'est lassant. Cette perfection fait que son personnage n'est pas réaliste et peu crédible.
Son personnage est aussi plutôt incohérent. Elle est décrite comme une fille soi-disant très timide, qui déteste se faire remarquer, qui n'a qu'une seule véritable amie et qui n'a pas confiance en elle et, quelques chapitres plus tard, elle s'exprime devant un public et se lie avec des gens en un claquement de doigt...
Elle m'a exaspéré à plusieurs reprises. Elle a un côté "je ne suis pas comme les autres filles" qui m'est insupportable.
J'ai apprécié ses interactions avec Shadow Hunter. Elle est plus humaine, plus normale, lors de ces moments.
De ce fait, j'ai trouvé le personnage de Shadow Hunter assez sympa même s'il est TRÈS cliché lui aussi. Par contre, la dernière scène où on le voit est assez mélodramatique, je l'ai trouvée ridicule (et, par extension, j'ai trouvé Shadow Hunter ridicule).
En revanche, leur relation à tous les deux se transforme BEAUCOUP trop rapidement. Ils ne se connaissent pas vraiment et n'ont pas tant que ça interagi ensemble et ils ont déjà des sentiments l'un pour l'autre et s'embrassent...
J'ai DÉTESTÉ la meilleure amie de Julie, Chloé. Elle me sort par les yeux. Je la trouve ridicule, gênante et inutile. Elle m'énervait dès qu'elle ouvrait la bouche.
Les autres personnages sont sympathiques.
Certains dialogues et interactions entre les personnages ne paraissent pas très naturels.
La plume est agréable à lire, simple et efficace.
Je passe au point qui m'a le plus agacée : certains commentaires de la part de l'autrice/Julie sur son "corps" dans le jeu.
Quelques exemples :
- «Elle se retrouvait affublée de seins hyper gonflés, au moins un bonnet F, si ce n'était plus.» (Page 69)
D'abord, l'utilisation du mot "affublée". Affubler : attribuer à quelqu'un quelque chose de ridicule.
Puis, il y a aussi "seins hyper gonflés"...
- «Par-dessus tout, elle ne pouvait détacher son regard de l'énorme poitrine, anormale, de son avatar.» (Page 76)
"anormale".
Il existe beaucoup de personnes qui ont un bonnet F ou plus, ça n'a rien d'anormal ou ridicule.
- «Julie possédait l'esprit d'une prude dans le corps d'une actrice porno.» (Page 87)
Qu'est-ce qu'un "corps d'actrice porno", en fait ? Il y a un type de corps réservé aux actrices de films pornographiques ? C'est une vraie question que je me pose, maintenant.
Étant donné que les gens ont tous types de goûts, les actrices porno n'ont-elles pas tous types de corps ? Comme n'importe quelle femme, quel que soit son métier, finalement...
(Ca me paraît logique que ce soit le cas, mais peut-être que je me trompe. Je ne suis pas familière de ce genre de films.)
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À la page 196, Julie arrive dans un endroit qui lui offre la possibilité de modifier son avatar. «Elle sauta sur l'occasion pour rendre à son avatar une silhouette s'approchant le plus possible du corps d'une vraie femme...» (Page 197)
- La phrase suivante : «Fini la poupée Barbie qu'un seul bras pouvait entourer.»
- Quelques phrases plus tard : «Son avatar ne ressemblait plus à ce mélange de lolita et d'actrice porno, mais bien à une jeune fille normale.»
- «Fini cette odieuse poitrine qui me servait d'airbag !» (Page 198)
- Commentaire inutile de la meilleure amie : «Au moins, elle ne ressemble plus à un jambon sur pattes.» (Page 211)
- Commentaire d'une alliée de Julie : «Comment t'as dégonflé tes ballons de baudruche ?»
C'est tellement lourd... (Et même, par moments, j'ai trouvé ça irrespectueux.)
L'autrice revient plusieurs fois sur la grosse poitrine de l'avatar de Julie et elle relie à deux reprises "grosse poitrine" avec "être actrice de films pornographiques".
À croire que, lorsqu'on possède une poitrine imposante, il ne reste qu'une seule option de métier.
Ce serait bien de laisser les femmes à forte poitrine tranquilles, elles n'ont rien demandé. Ce serait bien d'arrêter de les sexualiser ainsi.
A. D. Martel fait passer pas mal de messages dans son roman, prônant l'acceptation de soi et des autres, dénonçant le sexisme subi par les femmes, le harcèlement et les propos/comportements inacceptables de certains hommes (de bons messages) mais pourtant elle se retrouve elle-même à écrire des commentaires rabaissants et dégradants envers les femmes (sans les dénoncer d'une façon ou d'une autre).
L'idée de base est bonne, la plume est agréable, c'est une lecture simple et divertissante. Cependant, les personnages sont très clichés, ce roman aurait gagné à être plus développé et j'ai trouvé certaines phrases de l'autrice déplacées et dégradantes.
Je ne pense pas lire la suite à cause des problèmes que j'ai cités.