Charles Masson est oto-rhino-laryngologue, spécialisé en cancérologie. Il est aussi auteur de BD et il choisit de parler de son quotidien, de celui de ses patients grâce à ce support.
L'artiste explore les facettes de la profession médicale avec
Bonne santé , bande dessinée partiellement autobiographique, se composant de six récits sur les réalités du milieu hospitalier. L'auteur y évoque, non sans colère, et avec une tonalité d'humour cynique, la confrontation à la maladie, au stress et aux situations de détresse physique et psychique.
Début d'année dans un service de cancérologie. Visite du médecin, un petit mot pour chaque patiente ou patient. Comment faire et quoi dire quand on sait qu'il n'y aura pas d'autre année pour la personne allongée ? Comment faire pour résister et être fort, ne pas montrer sa détresse ?
Charles Masson nous donne à lire 6 épisodes, parfois très cyniques. Sous ses traits noirs, il décrit des situation tendues mais aussi les sentiments des soignants qui doivent se blinder pour ne pas craquer.
Charles Masson est sans complaisance pour le milieu dans lequel il exerce. Sans complaisance pour les médecins, leurs vannes de carabins, leurs attitudes très machistes, peu respectueuses des femmes travaillant avec eux. Il évoque aussi les vies complexes de certains médecins et leurs relations avec leurs maîtresses. Comme je l'ai dit, c'est sans complaisance.
Charles Masson évoque aussi la situation de certains malades avec tendresse, voire affection. On ressent son empathie et sa détresse quand il sait qu'il ne peut plus rien faire. Il est capable de se mettre à la place du malade.
Le dessin est à la hauteur du texte, c'est à dire noir mais pas sans espoir. C'est vraiment très réaliste.
Charles Masson nous promène dans son dessin et dans son texte. Il nous prend par la main pour découvrir le quotidien des médecins mais aussi des malades face à un fléau qui s'appelle le cancer.
Le fait d'avoir choisi de présenter 6 épisodes allège le récit. L'idée principale reste présente, comme fil conducteur : côtoyer la mort en permanence, accompagner, soutenir les malades et leurs familles.
C'est déstabilisant, dérangeant mais le côté cynique permet de regarder, de lire jusqu'au bout. C'est ce cynisme qui permet au message de mieux passer. Les dessins et les mots pour apaiser les maux, c'est une très bonne solution.
Un conseil : attendre pour lire ce roman graphique si on est un peu déprimé...