Entrer dans l'univers de
Franco Matticchio, c'est accepter qu'un oreiller s'échappe du lit pour aller rejoindre son amoureuse dans un moulin, c'est grimper dans un arbre et découvrir des personnages plus excentriques les uns que les autres, c'est couper la tête d'un cheval fou au hachoir, c'est voir les fleurs de sa chemise prendre vie après la pluie ou King Kong s'échapper de l'affiche de son film.
Matticchio a créé son chat Jones en 1985. Un matou avec des bretelles et un bandeau sur l'oeil gauche qui a pour ami le chien Bull Dog et évolue sans cesse entre rêve et réalité. Un matou paresseux et curieux, joueur d'échec en quête du monstre du Loch Ness, chercheur de poussière et amoureux de la belle Tina.
Graphiquement, on va à l'essentiel. du noir et blanc, un poil de couleur de temps en temps, des histoires en une planche, d'autres plus longues, des illustrations pleine page pour le New Yorker et un trait hachuré, oscillant entre Crumb et Art Spiegelmann. Il n'y a souvent aucun texte dans ces histoires, tout se joue dans la lecture de
l'image, dans le mouvement, le découpage, l'enchaînement logique (ou
pas) des événements. C'est onirique, parfois surréaliste, toujours extrêmement poétique.
Matticchio marche sur un fil, il donne à voir une forme d'absurde mâtinée de philosophie et d'espièglerie avec une grande économie de moyens. Impossible de ne
pas penser à l'excellent Ours Barnabé (en moins enfantin cela dit), impossible non plus de ne
pas avoir en tête les pièces de
Beckett où l'univers de
Roland Topor lorsque l'on parcourt les aventures de Mister Jones.
Lien :
http://litterature-a-blog.bl..