Depuis 2011 et son excellent (petit) livre Tout
ce que j'appelle oubli, j'ai beaucoup de plaisir à découvrir les nouvelles publications de
Laurent Mauvignier, un auteur de chez Minuit qui construit son oeuvre dans le temps, et ce depuis la fin des années 90. Ce nouveau roman s'inscrit dans la lignée du précédent,
Autour du monde. L'auteur s'applique à une écriture un peu moins exigeante qu'à ses débuts (
Apprendre à finir, par exemple), plus légère donc mais toujours avec son style ; il propose aussi une littérature qui se voudrait peut-être plus cinématographique. Et là où
Autour du monde proposait une série de personnages qui composaient une suite de vignettes dont la thématique centrale était celle du déplacement au vingt et unième siècle,
Continuer se concentre sur quelques personnages seulement - une mère et son fils principalement -, mais garde le déplacement comme thème central, puisque ce roman qui débute en France se déroule ensuite au Kirghizistan, pour mon grand plaisir d'ailleurs, puisque j'adore que la littérature m'emmène dans des lieux dont j'ignore (presque) tout. le point fort chez Mauvignier c'est d'arriver à renouer, comme dans le premier chapitre d'
Autour du monde et sa description des ravages du tsunami, avec des scènes fortes, très imagées, des situations tendues, tragiques parfois, comme un passage vraiment fort avec les chevaux (mais je n'en dirais pas plus), tensions qui rendent la lecture de ce roman bien souvent passionnante (ce livre ferait un admirable film d'auteur d'ailleurs). Par contre, le point faible, c'est quand il s'agit de toucher à des thématiques sociales - et là, je regrette alors une légère superficialité, même si ces facilités permettent en quelque sorte au roman d'avancer à un rythme constant - ce point faible est donc tout relatif.
Laurent Mauvignier propose avec
Continuer un bon roman d'aventure dans sa forme, incorporant pour le fond des thèmes de société, actuels, et une bande sonore qui va en replonger plus d'un dans une agréable nostalgie, puisque l'auteur cite beaucoup Heroes, du regretté
David Bowie (même si moi j'y aurais ajouté Love my way des Psychedelic Furs, tiens!).
Continuer est l'un des grands romans de cette rentrée littéraire 2016.