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Linde Waber (Autre)Anne Kubler (Traducteur)
EAN : 9782374280608
116 pages
Atelier de l'Agneau (24/12/2022)
2.75/5   4 notes
Résumé :
La narratrice revient de France dans un train de nuit, avec son ami Julian. Elle parle de son amour Lerch, d'écriture, de relations, de son enfance, déroule un flux de conscience et de remémoration qui englobe tout. Le livre a été publié en 1984 en allemand.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Voici un livre qui m'a été offert par Masse critique.
L'auteur, Friederike Mayröcker (Vienne, 1924/2021) " est considérée comme la plus grande poétesse autrichienne de sa génération" (Wikipedia), et "a figuré sur la liste des écrivains pressentis pour le Prix Nobel". Anne Kubler a traduit ce livre en français, dure tâche, certainement.
J'avais choisi ce livre en fonction du thème, car rien n'était dit de l'écriture. Selon la présentation que j'en avais lue, je pensais découvrir une conversation entre deux personnages dans un train, l'un (l'une) racontant à l'autre la fin de sa dernière liaison. Or, tout le livre (113 pages) est soliloque, souffrance aigue, introspection terrible d'un état qui a pratiquement rejoint la maladie mentale. L'auteur seule "parle". L'autre n'intervient jamais. Elle dit avoir commencé deux fois une psychanalyse au cours de sa vie, et avoir deux fois laissé tomber. En réalité ce livre ressemble à une troisième tentative.
Et comme Friederike Mayröcker a pour métier d'écrire, son tourment est double : la fin de sa relation avec Lerch d'une part, et les difficultés qui en découlent concernant sa relation avec la littérature, d'autre part : elle ne peut plus écrire, ni lire, Lerch était devenu son inspiration unique : -"parfois j'essayais de le forcer littéralement à me rencontrer, je veux dire je l'y obligeais presque, et j'en tirais un avantage pour moi-même : j'en tirais avantage pour mon travail d'écriture, parce qu'une rencontre avec lui provoquait une conflagration durable et heureuse de ma constitution psychique et corporelle tout entière, je pouvais en quelque sorte compter sur le fait que cet état se produisît, je pouvais être certaine que de tels effets en sortirait un avantage pour mon travail d'écriture."
"- Je tombe à genoux, je tombe cependant à genoux, tombe par terre, éructe des prières d'action de grâce dès que j'ai réussi à taper une phrase à la machine, quelle vie - parfois des angoisses de mort m'envahissent, parfois je suis saisie d'épouvante, parfois je sens ma fin corporelle proche, et si je n'avais pas cette mienne écriture, ce mien travail d'écriture incessant qui me maintient en vie, j'aurais depuis longtemps laissé tomber, j'aurais laissé tomber ou j'aurais sombré dans la folie, j'écris mes livres comme je dois les écrire, m'écrié-je, dévêtue et démantelée : la vérité nue!, mais ce n'était pas une sinécure, il n'y a pas d'échappatoire, forme et contenu se conditionnent l'un l'autre, et caetera."
Elle décrit des rêves où reviennent ses parents, des hallucinations. Elle en appelle plusieurs fois à Goya. Elle ne sait plus qui elle est, où elle en est. Elle navigue entre certitude de sa valeur en tant qu'écrivain et sentiment d'impuissance : "... aussi ai-je toujours été à l'antipode, ma vie durant, à l'antipode d'un vendeur de soi compétent, même ce que je possédais à profusion je n'ai jamais pu l'apporter à l'homme de surcroît le transmettre (...) parce que je me suis toujours sentie hors du monde, m'écriais-je".
C'est dire que ce livre n'est pas vraiment indiqué aux personnes endeuillées ou ployant déjà sous de gros problèmes... En réalité, il ne correspond pas à ce que je recherche en ce moment, je suis trop mal moi-même suite à une perte inimaginable, douloureuse, je l'ai donc vite lu, annoté, rendu à Babelio, non pas parce qu'il s'agirait d'un mauvais livre, bien au contraire, mais justement parce qu'il est bien trop fort, bien trop réussi pour qu'on puisse le classer dans les livres ne laissant pas de trace...





















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Je n'ai rien compris à ce livre ! Une torture cette lecture ! Les pensées se mêlent et sont brouillons. Par moment, je ne comprenais plus de qui l'auteure parlait. Hormis un GRAND mal être de l'écrivaine qui se transmet au lecteur, j'avoue ne pas avoir ni compris l'histoire, ni compris le but de ce livre.

Je suis désolée de ce commentaire si négatif car c'est un livre choisi à l'occasion de la dernière Masse Critique. Sa présentation est beaucoup plus plaisante que sa lecture et ne représente pas le livre en lui-même.

Attention, l'esprit torturé de l'auteure peut se transmettre selon la disposition dans laquelle se trouve le lecteur. En ce qui me concerne, je suis restée de glace voir limite agacée.
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Ce livre peut paraitre difficile à lire car il a très peu de points de ponctuations mais il suffit de se laisser porter par une pensée intérieure propre à la narratrice. Il ne faut pas s'attendre à une histoire simple même s'il n'y a que trois protagonistes. Un homme qui l'accompagne dans le voyage et un autre, qu'elle aime mais qui n'est pas là. Elle mélange elle-même un peu les rapports à ces deux personnes. Comme elle a fait une psychanalyse, elle joue beaucoup sur l'inconscient. C'est écrit dans une sorte de prose poétique, il s'agit d'une introspection. Elle parle de son corps, de ses parents, son enfance, mais aussi des liens avec les autres. Il s'agit donc d'un voyage en soi où l'art et la littérature comptent beaucoup. Pour qui aime la langue, on admirera la traduction même si on n'a pas l'allemand en face, ça coule comme du jus de goyave. On ne doute pas que ce texte soit bien traduit et que la traductrice ANNE KUBLER ne se soit pas fondue dans la langue de Friederike Mayröcker, qui est une égérie en Allemagne et en Autriche. Pour résumé, il faut apprécier l'écriture des textes pour pouvoir lire ce livre.
Lien : https://chronercri.wordpress..
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J'ai reçu ce livre dans le cadre de la Masse Critique Babelio et d'entrée j'ai été très surprise de l'écriture. L'autrice utilise très peu de ponctuation au cours de son récit, peut-être en miroir de la tempête ayant lieu dans son esprit. Je n'ai pas malheureusement pas accroché au style. A noter que l'autrice est une figure majeure de la littérature contemporaine donc je n'étais certainement pas le bon public...
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critiques presse (1)
LeMonde
27 février 2023
Plus intime, moins subversive, moins révoltée, la voix intérieure de Voyage dans la nuit n’en est pas moins envoûtante. Elle semble suivre la trajectoire horizontale du train et ses variations de vitesse, en passant de la situation présente – lire un peu, compter les heures qui séparent de la destination, regarder par la fenêtre – au retour sur soi et sur la vie de la narratrice, dont un grand morceau est déjà passé.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
la beauté au travers de la vérité
extrait 2
  
  
  
  
Devant moi du vert. Larmes. Sapins, mauvaises herbes, plantes vivaces. Nous ne sarclons pas nous ne fauchons pas. Odeur de nuit brûlée, je suis parfois envahie l’été d’une grande mélancolie, d’une grande angoisse, d’une grande pitié pour lui. Soleil blafard, douce lune : il a tant aimé tout cela, chaleur et tiédeur de l’air, et les nuées des lépidoptères. Tout cela l’a traversé, tout cela l’a rendu heureux, cela me travers, cela me rend maintenant également heureuse, je suis devenue mon père, père doreur, et c’est de nouveau passé.


/ traduit de l’allemand par Anne Kubler
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La vie s’est un peu effacée…
  
  
  
  
La vie s’est un peu effacée, a presque fini son numéro, j’ai fait une analyse à vingt-cinq et à quarante-cinq ans, ai de nouveau tout arrêté, une cataracte de larmes, la douleur de l’estomac et du cœur y a contribué, en réalité le rêve s’en est allé, j’ai si peur de la narration, juste des notes, d’une manière tsigane, un griffonnage marginal, ou sur des enveloppes décachetées, JULIAN est colorié en vert, son regard inquiet repose longtemps sur mon visage, mais JULIAN est tissé de pluie et de chaleur, je pense à la couleur rose, ou la beauté au travers de la vérité. Soit un attelage d’oiseaux, sept mois sept années non dix-sept années j’ai saisi une chance et elle s’est avérée juste, mais pourquoi ne puis-je plus rien lui dévoiler à présent ?


/ traduit de l’allemand par Anne Kubler
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pour la conduite de la vérité…
  
  
  
  
(…)
pour la conduite de la vérité, les stylos-feutres se sont vidés, bleu et vert dans la nuit, de grosses taches dentelées sur les bords ont tout inondé, gâché toutes les notes, quand je cherchais hier des coquillages, je réfléchissais à la valeur et la non-valeur, à la beauté et la laideur, à la duperie et la séduction de ce monde, ce faisant j’avais du mal à garder le cap, la matière est toujours irréelle comme les vagues de la mer, dis-je, en jetant un coup d’œil rétrospectif j’ai titubé de malheur en malheur, carbonisée et brûlée, je m’arrachai presque l’œil, me coupai la main, embrochais souvent les couleurs, frénésie de sucreries…


/ traduit de l’allemand par Anne Kubler
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la beauté au travers de la vérité
extrait 1
  
  
  
  
Chute d’eau bleuet et verte, un fleuve de larmes que l’on peine à endiguer, mon père s’attarde retardé dans le temps en un lieu où nous ne pouvons pas aller je veux dire avec nos corps, la tempête illimitée, dis-je, qui nous projette dans l’immédiate proximité de l’état d’une absolue nudité interne et externe, nudité sans défense de la mise au monde et de la mort –
(« Giannozzo, où vis-tu, petit agneau ? Gionnozzo, petit agneau, veux-tu paître au Ciel ? Ne peux-tu pas m’apparaître ? »)…
Alors nous avons déjà progressé dans la compréhension de choses essentielles, dis-je, ou glissé dans une coulisse des jours : la beauté au travers de la vérité.
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Videos de Friederike Mayröcker (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Friederike Mayröcker
Par Lucie Taïeb.
Samedi 19 septembre 2020 / 11 h
Lucie Taïeb est enseignante-chercheuse, traductrice de l'allemand, poète et écrivaine. A publié des textes en revue remue.net, plexus-S, z:, aka, Action restreinte, ce qui secret, des essais : Feshkills.Recycler la terre, éditions Varia 2019, Territoires de mémoire, 2012. Plusieurs recueils : peuplié, 2019, Tout aura brûlé, Les Inaperçus, 2013, La Retenue, LansKine, 2015 ; des traductions de l'allemand, dont Cruellement là, de Friederike Mayröcker, Atelier de l'Agneau, 2014. Et deux romans aux éditions de L'Ogre : Les Échappées, prix Wepler Fondation La Poste 2019, et Safe, 2016.
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