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Laurent Bury (Traducteur)
EAN : 9782742794553
384 pages
Actes Sud (03/11/2010)
3.1/5   43 notes
Résumé :
Leo lames, promoteur véreux, a savamment réussi sa carrière en profitant de la notoriété de son frère Bernard, homme politique rusé et patient, monté dans les échelons jusqu'à être le Premier ministre d'Australie. Nous sommes en 2010. Par un jour de cyclone sur le Queensland, ravi que la tempête démolisse un complexe bourré de défauts de construction, Leo se fait enlever par un commando de jihadistes. En le kidnappant, on compte faire chanter le gouvernement. Car l'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Attention …
Pour ne pas être découragé au cours de cette lecture, il faut accepter d'être immergé dans la vie politique (politicienne ?) de l'Australie.
Le livre a été publié en 2006 sous le règne de John Howard (1), un libéral, monarchiste, opposé au multi-culturalisme, et qui a abandonné Canberra pour Sydney, juste avant l'élection de Kevin Rudd (2), celui qui a prononcé un discours solennel, s'excusant auprès des Aborigènes, pour les maltraitances qu'ils ont subies.
Le livre est une uchronie qui a son point de départ en 2010.
Léo et Bernard, jumeaux que tout oppose vont s'affronter au cours d'une cavale folle dans l'est de l'Australie. Nous allons découvrir Woomera (3), une zone désertique mais toutefois interdite, Brunswick (4), devenu un ghetto abritant tous ceux considérés comme indésirables par le pouvoir australien.

Attention …
Il ne faut pas se décourager face à ce bref résumé qui ne donne pas vraiment envie de se lancer dans cette lecture.
Derrière cette façade se trouve une réflexion passionnante …
Sur la mondialisation qui s'installe dans notre monde …
Sur notre capacité à écouter les autres même si ce qu'ils ont à nous dire a tendance à nous hérisser le poil …
Sur notre volonté de protéger envers et contre tout notre fragile démocratie attaquée de toutes parts …
Il faut se rappeler constamment …
Non au nationalisme destructeur … qui ne sert à rien,
Non aux lois sécuritaires absurdes … qui ne font que nous opprimer,
Les libertés se défendent dans le respect des autres,
Les lois sécuritaires ne font que nous enfermer.
Attention…
La nuit … « sera plus noire que la plus noire des nuits ».

(1)
John Winston Howard a été le Premier ministre d'Australie du 11 mars 1996 au 3 décembre 2007, ministre des finances entre 1977 et 1983, chef du Parti libéral d'Australie de 1985 à 1989.
Comme Premier ministre, l'une de ses premières décisions est alors de rompre avec la tradition en choisissant comme résidence principale Sydney plutôt que Canberra. Il se déclare monarchiste. Il choisit cependant de maintenir le référendum sur l'instauration d'une république annoncé par son prédécesseur. Avant le scrutin, John Howard affirme son soutien à la monarchie constitutionnelle. Bien que les sondages d'opinion suggèrent qu'une majorité d'Australiens sont en faveur de la république, le référendum de 1999 confirme le maintien de la monarchie australienne avec 54,87 % des voix. Bien qu'étant opposé au multiculturalisme, son administration maintient la politique multiculturelle introduite en 1973, mais incite les immigrés à davantage s'assimiler à la nation et la culture australienne. Il s'engage en 2017 dans la campagne contre la reconnaissance du mariage homosexuel.

(2)
Kevin Rudd, a été élu représentant à la Chambre des représentants de 1998 à 2013, chef du Parti travailliste australien entre 2006 et 2013, il a été Premier ministre d'Australie à deux reprises. Rudd remporte les élections fédérales du 24 novembre 2007 et ravit le poste de Premier ministre à John Howard. Son premier acte officiel en tant que Premier ministre, le jour même de sa nomination a été de ratifier le protocole de Kyoto. le 13 février 2008, tenant une promesse de campagne, il prononce un discours solennel, s'excusant auprès des Aborigènes, pour les maltraitances qu'ils ont subies21. Ce discours est bien reçu par ce peuple.

(3)
La zone interdite de Woomera est une vaste région désertique de l'Australie réservée à des essais de lancement de fusées civils et de missiles. Elle est située au centre de l'Australie-méridionale à environ 450 kilomètres au nord nord-ouest d'Adélaïde. La zone interdite a une superficie de 127 000 kilomètres carrés et constitue le plus grand terrain militaire au monde. Il est à peu près de la taille de l'Angleterre. le centre d'essais est connue en particulier pour avoir servi au début de l'ère spatiale de base de lancement des fusées européennes et américaine. de nombreuses fusées-sondes ont été également lancées depuis ce site.
La base de Woomera n'est plus utilisée pour lancer des satellites depuis ce dernier tir en 1971, bien que la recherche sur les fusées et les technologies spatiale et de l'aviation se poursuive sur place.
À l'heure actuelle, le village est un centre touristique de l'Outback australien et la base est contrôlée par le Royal Australian Force (RAAF). À partir de 1992, le gouvernement y installe cinq centres d'accueil qui peuvent accueillir 2 000 étrangers en situation irrégulière, camps où les conditions de vie sont difficiles : les camps de Woomera. Deux cents personnes sont affectées à la surveillance des camps. La ville de Woomera a été créée pour loger les personnes qui travaillent dans la zone interdite.

(4)
Brunswick est une banlieue multiculturelle à l'ambiance décontractée, prisée par une population jeune et alternative, et célèbre pour ses nombreux concerts, ses pubs animés et ses brasseries en plein air. Située au coeur du quartier, Sidney Road est une longue rue bordée de restaurants moyen-orientaux et méditerranéens, ainsi que de boutiques originales, de salons à chicha et de cafés. À proximité, des professionnels en pleine ascension sociale habitent le quartier plus huppé d'East Brunswick, où se trouvent aussi des bars à bières artisanales.
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Le lectorat français découvrait McGahan en 2007 avec une oeuvre formidable sortie 7 ans plus tôt en Australie, Derniers verres, également publiée par Actes Sud. Andrew McGahan écrit peu (5 romans depuis 1992, seuls les 3 derniers ont été traduits en français). Australia Underground rejoint Derniers Verres dans la collection Actes Noirs et c'est à nouveau un électrochoc.
Une cavale de 300 pages, entrecoupée dans sa première moitié de flash-back retraçant l'histoire récente… celle qui a vu, de 2006 à 2010, l'Australie basculer très progressivement d'un régime ultra libéral à la botte de George W. Bush dans un totalitarisme non avoué mais bien réel, sans véritable leader charismatique ; le pays est à présent dirigé par une sorte de comptable cynique et falot qui, en quelques années, a mis en place un véritable arsenal de mesures sécuritaires et inhumaines, sur fond de nationalisme (il y a un ministre de la citoyenneté… ça vous dit quelque chose ?) et de haine des musulmans.

Revenons à la cavale, qui est celle de Leo James, le frère de ce premier ministre malfaisant. Leo a 59 ans, c'est un entrepreneur véreux, jouisseur, bedonnant, et surtout sans scrupule. Il a profité jusque là de son lien de parenté avec ce frère qui le déteste pour prospérer en bétonnant les belles côtes du Queensland. L'histoire démarre avec cet ouragan qui vient ravager son dernier complexe hôtelier. Resté seul enfermé dans un appartement témoin, il échappe de justesse à la noyade et est kidnappé par un groupuscule extrémiste qui se targue d'être l'auteur de la destruction Canberra, rasée par une bombe atomique un ou deux ans plus tôt. Cet enlèvement marque le départ d'une course aveugle en compagnie d'une jeune djiadiste fanatique et d'un résistant aguerri, membre de l'organisation résistante qui donne son titre à l'ouvrage : Australia Underground. La vérité ne lui sera distillée que par bribes infimes, jusqu'à la sidérante révélation finale.

Au-delà du road movie captivant (si l'on pardonne les quelques longueurs – nécessaires – éprouvées dans les chapitres revenant sur les évolutions politiques récentes), Australia Underground s'inscrit avec brio dans la lignée de ces oeuvres d'anticipation immédiate très en vogue dans les années 70, alors que les populations occidentales prennent pour la première fois la mesure des divers périls qui menacent la planète en raison du développement effréné des sciences et des techniques. La mise en garde de McGahan est, quant à elle, purement politique. Il part d'une situation que nous connaissons bien, celle qui voit émerger à la tête de la plupart des gouvernements occidentaux des oligarques sans scrupules, cul et chemise avec les plus grosses fortunes mondiales et les patrons des plus grandes sociétés (médias compris, évidemment). Des individus complètement coupés des peuples qu'ils prétendent servir et qui ne tendent que vers l'accomplissement d'un pouvoir total et pérenne, partagé entre happy fews. le tout est de laisser suffisamment de miettes à la classe moyenne et d'endormir la population grâce à une armée de communiquants surpayés (ça commence à vous parler ?). Là-dessus, McGahan n'a pas à creuser bien loin pour construire son effrayante utopie.

Alors qu'importe l'énormité de l'histoire… le style simple et direct de McGahan fait tout passer. Il a la grande intelligence de ne pas théoriser ni encore moins pontifier sur le sujet casse-gueule qu'il développe, en laissant le lecteur seul avec ses interrogations. A ce titre, les chapitres finals sont aussi amers que terrifiants. Leo, suffisamment lucide pour avoir conscience de la médiocrité de son comportement, en vient pour la première fois de sa vie à le regretter. Enfermé pendant des semaines dans la chambre des représentants alors désertée, il feuillette les minutes des débats parlementaires du siècle écoulé. Quelle terrible leçon ! On imagine également le film renversant que l'on pourrait tourner sur la base d'une telle trame.

Et je vous passerai les brillantes saillies lâchées de-ci de-là sur les religions et les extrémismes de tout poil (bien que la citation me démange). de plus, ce texte vital bénéficie d'une traduction apparemment impeccable (Laurent Bury). Il n'y a alors plus qu'à lui souhaiter autant de millions de lecteurs que la trilogie creuse et habilement consensuelle publiée par le même éditeur dans la même collection… on peut toujours rêver.
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Classé dans le genre « policier – suspense », cet ouvrage ne nous livre pas ce que sa « quatrième de couverture » promet. le thème en est plutôt l'anticipation politique. L'enchaînement des évènements, qui devrait rendre la lecture attractive, est entrecoupé de retours en arrière biographiques du personnage principal qui génèrent lassitude voire exaspération. L'écriture se voudrait parfois grivoise, à la « Audiard », elle n'est que laborieuse. Connaître l'histoire politique de l'Australie aidera à comprendre certains passages très ciblés. Mal construit, superficiel, sans style d'écriture, ce roman poussif vous aidera à vous endormir.
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Leo est un promoteur immobilier sur le déclin et d'une certaine manière, il vit dans une Australie elle aussi engagée dans la mauvaise voie.

Après le 11 septembre 2001 et son engagement auprès des États-Unis dans la croisade contre l'axe du mal, et suite à un attentat marquant survenu dans le pays, le gouvernement, dirigé par le frère de Leo, a cédé à la dérive sécuritaire. On y baigne dans un climat totalitaire à l'égard des musulmans, regroupant dans des « enclaves culturelles » ceux qui sont australiens d'origine et interdisant aux autres de pénétrer le territoire (sous peine d'être envoyé dans des camps).

De son côté, Leo, à vrai dire peu porté sur la bonne et due forme et la déontologie, n'est pas encore conscient de cette dérive. C'est seulement quand il est enlevé par un groupe terroriste, « sauvé », puis de nouveau enlevé par le groupe clandestin « Australia Underground » et traqué par l'armée à travers le pays, que peu à peu il prend conscience que l'Australie, sans complexe et légèrement irrévérencieuse dans laquelle il a vécu, était bel et bien de l'histoire ancienne...

Ce roman est présenté par Leo comme un journal pour ses « interrogateurs ». Il s'y livre à la première personne, alternant les événements présents et passés, et donnant son témoignage un peu désabusé du « comment en est-on arrivé là ? ». Malgré une révélation vers la fin un peu invraisemblable, ce récit d'anticipation rebondit vers une fin toute de simplicité et de noirceur, qui mènera sûrement à se poser des questions sur le monde dans lequel nous vivons qui n'est peut être pas si loin que cela d'avancer du mauvais côté chaque jour un peu plus...
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Australia Underground est plus un roman politique qu'un polar. Dans une Australie belliqueuse et ultra militarisée, Léo, qui fait figure d'anti-héro, est le témoin du déchaînement de violence que peut provoquer la peur panique de l'étranger. Camps, ghettos, milices et fusillades sont autant d'éléments qui jalonnent le roman et renvoient à la fois à de mauvais souvenirs de notre histoire, mais aussi à des évènements plus récents. On pense évidemment à la lutte acharnée contre le terrorisme, au fameux axe du mal, à la volonté de domination des grands états. Certes, tout cela est parfois trop démonstratif, mais il n'est pas déplaisant de suivre les mésaventures de ce malheureux personnage pris malgré lui dans la tourmente de son pays.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Si je feuillette les débats des quinze dernières années, que vois je? Je vois la montée du nouveau nationalisme. Je vois la déclaration de guerre contre la terreur. Je vois la mise hors la loi des réfugiés. Je vois les lois sécuritaires votées quantité de fois, chaque régime devenant plus oppressif que le précédent. Je vois des dizaines d'organisations interdites.
Des manifestants emprisonnés. Des libertés qui disparaissent. La coercition légalisée. Je vois de nouvelles normes fixées presque chaque jour pour le fonctionnement d'une démocratie occidentale. Presque à chaque fois, on tolère un peu plus d'horreurs. Et encore un peu plus.
Mais nulle part, absolument nulle part je ne vois les Australiens dire non. Le monstre est silencieux. Et il semble que ce soit de notre plein gré que nous en sommes arrivés là, à ce cauchemar à la George Orwell dans lequel nous vivons tous.
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Dans cette quête aveugle de la sécurité avant toute chose, si nous empoisonnons notre société, si nous déclinons et chutons, nous serons encore plus coupables que les Romains avant nous. Et cette chute, je le soupçonne, sera suivie d'une Nuit si terrible, par rapport aux Lumières qui l'ont précédée, qu'elle sera plus noire que la plus noire des nuits.
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J'entends des pas cadencés qui s'approchent dans le couloir. Des ordres qu'on crie. Je pense que ces salauds vont m'abattre ici même.
Dieu les bénisse, à les entendre, on dirait des Australiens
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Pourtant, dans ma jeunesse, nous avions eu la guerre froide. Quand on y repense, c'était une vraie guerre. Deux puissances monolithiques, de force égale, qui luttaient pour prendre le contrôle du monde entier... ou du moins pour leur destruction mutuelle. C'était un scénario bien différent de ce que nous vivons aujourd'hui, croyez-moi. Les Russes faisaient vraiment peur, c'était un ennemi capable de gagner. Qui aurait pensé que, soixante ans après, l'empire du Mal serait depuis longtemps oublié, mais que nous finirions deux fois plus effrayés à cause de quelques milliers de terroristes apatrides ? Ou bien qu'au nom de leur éradication, nous participerions à une dizaine de petites guerres merdiques à travers le globe ? Staline aurait été ravi de provoquer la moitié de cette frayeur, et pourtant il avait derrière lui une armée de cinq millions d'hommes bien équipés.
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Et tu détestais déjà l'Australie?
Je détestais tout ce qu'il faut détester.
Comme quoi ?
L'autosatisfaction de ce pays. Sa certitude d'avoir raison.
Sa cupidité. Son obsession pour des conneries. Les stars, le sexe, l'argent, le sport. On est censés être une société formidable, tellement juste, tellement égalitaire. Mais quand tu es pauvre, noir, moche ou réfugié, alors tout le pays te chie sur la gueule tous les jours.
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