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Yves Gauthier (Traducteur)
EAN : 9782742780716
556 pages
Actes Sud (04/11/2008)
3.46/5   34 notes
Résumé :

A trente-quatre ans, montagne de muscle trop tôt retombée en graisse dans son fauteuil de PDG, Izvolski est le type même de l'homme d'affaires peu scrupuleux de la nouvelle Russie. Ancien gosse aux pieds nus d'une bourgade de Sibérie, il s'est taillé un empire sidérurgique au cinquième rang mondial, AMK, fonctionnant comme un Etat dans l'Etat.

Mais, à Moscou, la banque IVEKO, proche du Kremlin, veut annexer cet empire de "séparatistes sibérie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Un peu innocemment, avec un titre comme La chasse au renne de Sibérie, je m'attendais réellement à une scène de chasse dans le nord russe. Bon, je me doutais bien que toute l'histoire ne tournerait pas autour d'une partie de gibier mais, quand même. Et le roman ne se déroule même pas en Sibérie, non. Plutôt, son contraire. Quoique, dans le Caucase, les hivers ne sont pas si chauds.

Reprenons au début. La chasse au renne de Sibérie, c'est l'histoire d'un groupe restreint d'individus qui règnent en maître sur la ville d'Akhtarsk via leur contrôle sur la compagnie AMK, aux ramifications obscures et tentaculaires, allant de l'énergie à la construction d'hélicoptères militaires en passant par des banques. Ils font tout ce qui est en leur pouvoir – y compris ce qui est illégal – pour garder ce contrôle. Corruption, fraude, magouille, même se débarrasser définitivement de personnes gênantes…. Tant pis pour ceux qui ont une conscience! Quand un des chapitres s'intitule « de l'utilité des accidents de voiture », et on se doute qu'il s'agit d'un accident arrangé, ça donne le ton.

C'est un peu comme lire le parrain, mais sans la famille derrière, l'attachement loyal, les souvenirs de la Sicile avec un décor bucolique, l'excellente cuisine… Bon, là, c'est peut-être moi qui image plus que ce que le roman proposait. Mais vous saisissez.

Bien que cette histoire mette en scène une galerie de personnages récurrents, tout gravite autour de deux hommes. D'abord, le patron Viatcheslav Izvolski. Il est intraitable et irascible, dangereux et déterminé. Ensuite et surtout Denis Tcheriaga. Au tout début, c'est la nouvelle recrue. Je voyais en lui le protagoniste, je voulais/voyais en lui un héros. Oui, il était impliqué dans des magouilles par-dessus la tête mais j'espérais tellement qu'il se repente et qu'il claque la porte. Mais ce n'est pas ainsi que se passent les choses, en Russie. Apparemment. Ceux qui ont une conscience, ils meurent rapidement. Plutôt, Tcheriaga fait preuve d'une grande ingéniosité et gravit les échelons de la compagnie. Ceci dit, la vie est difficile même pour les criminels en cravate. Parfois ils gagnent, quelques fois ils perdent. Mais ils gagnent, le plus souvent. Si ce n'est dans l'immédiat, c'est à long terme.

Ceci dit, à voir la narration se promener entre tous ces personnages, tant ceux de leur camp que d'autre qui ont le malheur de croiser leur route (par exemple, des inspecteurs intègres, parce que, oui, il y en a bien quelques uns), j'avais l'impression qu'il n'y avait pas vraiment de protagoniste. Je ne savais plus trop à quel personnage m'accrocher (à défaut de m'identifier). Il faut dire que, à la base, j'ai de la difficulté à m'intéresser à des personnages criminels.

La chasse au renne de Sibérie, c'est une histoire d'hommes. D'hommes qui ne pensent qu'au fric, qu'au pouvoir. Dans toute cette galerie de personnages, je ne me rappelle que ‘une femme (dont j'ai oublié le nom) et elle est au centre d'une vague intrigue amoureuse. Évidemment, elle n'est pas de la compagnie. C'est d'autant plus étrange que l'autrice de ce roman est une femme : Julia Latynina. Mais bon, peut-être que, réellement, le monde financier et des grandes sociétés russes sont essentiellement (exclusivement?) composé d'hommes.

Pour revenir à Latynina, elle est passée maitre dans l'art de démontrer (dénoncer?) les failles du système économique russe. Elle est journaliste économique alors elle sait de quoi elle parle. Je me demande combien d'heures de recherche, de préparation un pareil bouquin a-t-il pu demander. C'est si précis, si technique. Je glissais rapidement sur des concepts mais je ne doutais pas des informations avancées. Je me demande surtout si l'autrice est encore en vie. Évidemment, les personnages sont fictifs mais, dans sa profession de journaliste, elle a dû bousculer certains individus…. Ce roman est une excellente porte d'entrée à son oeuvre. J'ai lu préalablement la Trilogie du Caucase, qu'elle a écrit par la suite et qui est dans le même genre.

Évidemment, ce n'est pas le genre de lecture qui convient à tous. C'est sombre, très sombre. Il faut accepter que les « méchants » gagnent souvent et c'est démoralisant. C'est après des lectures pareilles que je me considère chanceux de vivre dans un pays comme le Canada (même si je sais que la corruption existe ici aussi). Les informations sont crues et denses et, comme je l'écrivais plus haut, on voit très peu la vie de famille de ces bandits. Tout ne concerne que leurs combines et complots. C'est lourd. Dans tous les cas, ceux qui croyaient que la chute du communisme allait améliorer la situation en Russie peuvent continuer d'espérer…
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Julia Latynina, journaliste économique à l'Echo de Moscou et "connue pour son franc-parler", sait visiblement de quoi elle parle. Actes Sud (Babel Noir) nous prévient en 4ème de couverture : "elle signe régulièrement des articles montrant les liens entre le crime et l'économie". Nous sommes donc ici en présence d'un "polar économique" de 666 pages qui surprend par son ampleur, sa précision et son réalisme, et il ne fait aucun doute que l'expérience et les reportages de la journaliste ont influencé la plume de la romancière.
Les personnages principaux, issus du monde affairiste de la Russie d'aujourd'hui, aux méthodes peu élégantes, voire quasi-maffieuses, n'ont au départ rien pour plaire. Mais au fil de cette histoire qui raconte des combats et des trajectoires personnelles, nous nous attachons aux deux héros Denis Tcheriaga et Viatcheslav Izvolski, qui finissent par se ranger dans le camp des "bons" (ce qui n'avait rien d'évident au départ). Nous suivons également l'évolution de leur relation, un mélange complexe d'admiration, de compétition, d'abus hiérarchique, de fidélité et de complicité.
Izvolski est le grand patron, responsable d'un empire sidérurgique sibérien de premier plan qu'il a bâti à la force du poignet, parfait oligarque qui souhaite tout diriger et maîtriser dans son empire, mais provisoirement mis sur la touche car victime d'un attentat. Tcheriaga le remplace aux manettes, responsable de la sécurité, il connaît ses ennemis mais il a fort à faire pour piloter le navire et prendre les bonnes décisions en l'absence de son patron. Tous les deux sont épris de la même femme, la jolie Irina, une historienne rencontrée par hasard et qui n'appartient pas à leur monde, sur laquelle le puissant et richissime Izlovski a jeté son dévolu.
L'histoire proprement dite est comme une partie d'échecs où chacun pousse ses pions ou ses cavaliers pour protéger son roi, en réfléchissant plusieurs coups à l'avance. On est ici dans la conspiration, la conjuration, la trahison, la manipulation, la désinformation, le tout oscillant entre les astuces comptables, juridiques et financières et les méthodes plus expéditives du crime organisé. Nous sommes parfois noyés dans les démonstrations économiques et parfois dans les bains de sang.
Personne n'est tout à fait blanc ou tout à fait noir dans la Russie d'aujourd'hui, semble nous dire Julia Latynina. En tout cas, il faut se méfier de tout le monde : les politiques et les hommes d'affaires, les banquiers et les industriels, les fonctionnaires, les anciens membres du KGB, les truands et les policiers. Mais, pour s'en sortir, c'est simple : il suffit de connaître les codes, les aspirations et la capacité de tout ce beau monde à retourner sa veste, à accepter la corruption et la compromission, soit pour la déjouer, soit pour la mettre en oeuvre.
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J'ai un problème, quand on me parle de Sibérie, je m'imagine dans le grand nord de la Russie ... à chaque fois je suis obligée de me replonger sur une carte ...la Sibérie est la partie de la Russie située en Asie. Elle s'étend de l'Oural jusqu'à l'océan pacifique et de l'océan Arctique aux frontières mongoles et chinoises. On divise généralement la Sibérie en trois grands ensembles, géologiquement distincts et séparés par des fleuves, la Sibérie occidentale ... de l'Oural jusqu'à la ligne de partage des fleuves Ob et Ienisseï, le plateau de Sibérie centrale ... à l'est du fleuve Ienisseï jusqu'au fleuve Léna, la Sibérie orientale ... à l'est du fleuve Léna jusqu'à l'océan.
Primorsko-Akhtarsk est située sur la côte de la mer d'Azov, une petite mer qui donne sur la mer noire. Nous sommes donc dans le sud de la Russie.
On regrette le temps où Moscou était la ville ou l'on pouvait, acheter du saucisson rose, et on découvre ce qu'est un iziubur ?
En anglais ... Manchurian deer in Primorsky Krai of Russia
En estonien ... Mandžuuria hirv Primorje krais Škotovo rajoonis
En latin ... Cervus elaphus xanthopygus
En simple français : Cerf de Mandchourie dans le Kraï du Primorie de Russie !

Un beau titre ... des pages et des pages pour parcourir en compagnie du renne les plaines de Sibérie ... une cavalcade éreintante espérée ... et ...
Denis Tcheriaga est célibataire ... 666 pages plus loin, il était toujours celibataire !
Épuisant, lassant, emberlificoté ... parfois drôle, des morceaux de bravoure ou l'humour était époustouflant mais noyé dans un verbiage bancaire ... surprenant mais compliqué, sophistiqué ... est il important de comprendre tous les mécanismes de l'intrigue ? ... j'ai très vite abandonné en me laissant porter par les mots, les simples mots sans forcément en comprendre tous les tenants et les aboutissants ... c'est comme ça que je m'en suis sortie.
Mon problème est que j'étais très attirée par la découverte de ce renne de Sibérie, mais tout comme le iziubur n'a pas d'existence très claire sur le net ... je ne l'ai pas plus découvert dans ce livre ... j'ai cru lire une histoire de nature, je me suis retrouvée plongée dans les marais de la société russe, et je m'y suis laissée engloutir ....
Alors à vous de voir si vous tentez votre chance !
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Critique disponible sur mon blog www.marcbordier.com.
Malgré toute ma bonne volonté, je ne suis pas parvenu à lire en entier le roman de Julia Latynina, La Chasse au renne de Sibérie. Je partais pourtant avec un a priori favorable : russophile et russophone, j'aime bien les récits situés dans les années chaotiques qui ont suivi l'effondrement de l'URSS. Ce polar qui raconte les péripéties d'un oligarque mafieux pour essayer de sauver son combinat métallurgique sibérien des griffes d'une banque moscovite corrompue avait tout pour me plaire. Grosses berlines allemandes fonçant dans les rues enneigées de Moscou, anciens des services spéciaux reconvertis en gardes du corps après la guerre en Tchétchénie, apparatchiks corrompus, hommes d'affaires douteux, prostituées sentimentales... le livre contient pas mal de bons ingrédients. La sauce, hélas, ne prend pas. Pourquoi ? L'intrigue est complexe et difficile à suivre, et je me suis perdu vers la fin dans les méandres des montages financiers inventés par les protagonistes. L'auteur, journaliste économique russe, a voulu montrer en fiction la corruption qui règne dans son pays sous Poutine, dont elle est l'un des plus fervents détracteurs. Ses intentions sont louables et elle maîtrise très bien son sujet, y compris dans ses aspects les plus techniques. Dommage qu'elle oublie ses lecteurs en route.
Reste son humour cynique et désinvolte, qui donne au roman un certain piquant, comme par exemple lorsqu'elle introduit dans son récit le personnage du directeur d'une usine de fabrication d'hélicoptères (p. 48) : "Chose étrange, ce directeur qui avait décoré son bureau du portait de Staline, ce directeur qui avait appelé à voter communiste, ce directeur-là n'avait jamais volé le moindre kopeck à son usine". Ou bien encore, mon dialogue préféré (p. 198) :
"- Donc, ce ne sont pas des racketteurs, ce sont des gens du gouvernement ?
- Je ne vois pas la différence."
Si vous appréciez cet humour et que vous savez vous montrer patient, ouvrez le livre, il est fait pour vous.
Lien : http://www.marcbordier.com
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Resté à quai. Pas accroché du tout. Un roman fleuve, entre polar et finance, qui nous plonge dans la Russie des affaires, des magouilles, des trafics. Mais plusieurs mois après l'avoir lu, je serais bien en peine de me souvenir du propos, de l'intrigue ou de quoi que ce soit de positif... Bref, il y a beaucoup d'autres bons livres qui attendent... Ne les laissons pas moisir sur les étagères. Ah oui, et quelques doutes m'ont rongé au sujet de la traduction, qui flotte parfois un peu.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
- Et vous, qu'est-ce que vous faites ? lui demande-t-elle au moment où la SAAB passe le dernier tournant du chemin.
- Je suis dans le métal, répond Izvolski.
- Commerçant ?
- Je suis le directeur du Combinat métallurgique d'Akhtarsk.
A voir le regard d'Irina, Isvolski comprend qu'elle serait bien incapable de dire la différence entre AMK et une fabrique de bas et chaussettes au bord de l'asphyxie, de la même manière que lui, Izvolski, ne saurait dire en quoi les Médicis se distinguent des Cerci ou des Donati. Et, contre toute attente, il s'en amuse au lieu de s'en indigner.
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Or chacun sait qu'il y a aussi loin de la vérité au mensonge que des yeux à l'oreille.
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On commence par licencier la moitié des ouvriers, et d’une ! On se débarrasse de leurs putains de jardins d’enfants au profit de la municipalité, et de deux ! On arrache à Moscou une licence d’exportation d’hélicoptères, et de trois ! Ce n’est plus une usine, c’est un puits sans fond ! Autant la faire sauter pour en construire une autre !
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Je ne veux pas qu'ils piétinent mes tapis avec leurs sales bottes de paysans. Je ne les aime pas. Comme les chats, comme la musique. Je leur paie un salaire et ça me suffit largement. Dans la Russie d'aujourd'hui, c'est déjà un exploit.
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Quand la route était encore jeune fille, on pouvait la dire goudronnée. Mais, maintenant, elle ressemble à un terrain de lune criblé de météorites.
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