Après un premier tome immersif, nous revoilà reparti avec l'Impérium, ses primarques et ses commémorateurs conquérant toujours la galaxie mais que submerge peu à peu l'incertitude et le doute en son esprit. Ce deuxième tome change aussi par le maniement d'un collègue de
Dan Abnett que je considère davantage meilleur que lui question de style
Graham McNeil et qui nous raconte l'engrenage fatidique des membres de l'empire dans ce qui deviendra par la suite la plus grande tragédie de Warhammer 40K orchestré par des forces obscures et maléfiques qui percent le voile.
Nous retrouvons Horus et les Lunar Wolves qui partent direction sur la planète Davin, averti par le chapelain Erebus de la rébellion de son gouverneur contre les sages préceptes de l'Empereur. Mais ce qui semble être une mission de routine va très dégénérer en violentes escarmouches avec des morts-vivants et le pire arrive : Horus est gravement blessé... le Mournival, l'ordre supérieur des Lunar Wolves comptant parmi eux Gavriel Loken et Ezekyle Abaddon prend la décision controversée de le transporter dans un temple locale quelque peu ésotérique dont les officiants peuvent sauver le Maître de Guerre. Pendant que tout le monde attende dans la crainte son sort, Horus découvre des secrets inimaginables sur l'univers et surtout sur son futur et va devoir prendre un choix qui va changer à jamais l'Impérium...
Le premier volet était une introduction de la pièce cosmique, les Faux Dieux vont nous montrer le destin scellé de ses protagonistes et dans un torrent d'actions et de rebondissement, nous entrevoir des maléfices à l'état pure. Car ce n'est pas un hasard qu'il se prénomme ainsi : pour la première fois, le Chaos jaillit et se forme sous nos yeux, sans toutefois que ses quatre divinités se manifestent au grand jour. L'éveil des morts dans des passages digne des plus grands films du génial Roméro sous l'atmosphère putride d'une planète déjà corrompue et la vision délirante d'une dimension infernale ou la métamorphose, la décomposition, la guerre et le plaisir sont maîtresses nous la colorent pleinement et son influence n'est plus dissimulée mais est clairement affichée dans les événements. Tel le serpent du jardin d'Eden, le Chaos vient tenter et piéger Horus dans sa faiblesse totale et rôde narquoisement sur l'existence des personnages.
Toute la partie d'Horus et de ses visions ainsi que son dilemme est magistrale, avec sa réécriture biblique et luciférienne j'ose dire, joliment affirmée, nous offrant des tableaux saisissants. On suit avec un arrachement de coeur le désespoir d'Horus face à l'immensité des révélations qui l'accablent et qui le font remettre en question tout le but même de son existence, des intérêts de l'Empereur ainsi que de l'humanité, un doute que même le lecteur est assailli devant leurs portées... et une fois sa décision prise, on voit qu'il ne sera plus jamais le même tout comme les prochains actes qu'il va enclencher et changeant complétement l'Impérium. On pourrait critiquer la rapidité de son choix et de son basculement extrême mais c'est qu'un pinaillage à la limite à mon avis.
Horus n'est pas le seul à devoir également faire son choix, d'autres devront en faire autant, à commencer par Gavriel Loken qui découvre le coté sombre de la légion et se méfie de plus en plus de ses compagnons ainsi que du sinistre Erebus et qui doit opter pour la séparation ou non du Mournival ou du poète Ignace Karkasy qui doit décider oui ou non de supporter sa besogne, des choix très durs qui vont parfois sceller leurs destins. le conflit se prépare... qu'importe les actes, jamais plus la Croisade ne sera plus la même se guidant avec clarté et confiance vers un futur radieux.
D'autres figures émergent à leur tour et qui déterminent aussi la suite du cycle : après Rogal Dorn et Sanguinus qui symbolisaient la justice, la pondération et l'équilibre de l'Impérium, nous avons deux autres qui reflètent l'égoïsme, l'arrogance et l'irascibilité sous-jacente des guides de l'humanité. le colosse sanguinaire Angron des World Eaters une brute sauvage que seule la haine et la colère anime dans sa barbarie, et le svelte, gracieux et magnifique Fulgrim des Emperor Children à la beauté hypnotique mais que cache un narcissisme égocentrique et un orgueil insupportable. Les prêtres de Davin, étrangers louches dont les méthodes sont plus que discutables, le capitaine des World Eaters le suivant Kharn qui possède la moitié de la personnalité de son berserker de primarque ou encore la noble de la maison Carpinus Petronella Vivar dans son aristocratique dédain et admirative des oeuvres d'Horus. Cette nouvelle galerie nous dévoile aussi l'obscurité bien sombre que veut cacher un Impérium de progrès et de lumière et qui au final n'est pas plus meilleur qu'il se prétend être.
Le récit est fourni d'actions comme toujours et de batailles mais aussi de frayeur, avec un passage bien angoissant dans une bibliothèque : l'horreur fleurit maintenant et ne quittera guère le cycle avec la venue du Chaos.
Et tout cela conté par un
Graham McNeil beaucoup plus mélodieux dans son écriture, plus coulant et moins haché que
Dan Abnett, avec des descriptions certes non précieuses mais très efficaces et picturales. J'y prend plus de plaisir en lisant l'épopée avec
McNeil et sa plume plus rafraichissante et plus endiablé. Assurément cet auteur me captive et que ses autres récits j'y lirais avec plus d'attention.
Et les thèmes qu'aborde ce second volet sont tout aussi importants que le premier, dû au Chaos qui agit avec son irréel qui brise la raison : la foi est-elle nécessaire pour lutter contre le mal ? La science peut-elle tout répondre ? Est-il nécessaire de se révolter contre son sort au risque d'aggraver la sienne ? Quelle vie peut-on mener quand elle n'a plus de sens ?
En définitive, ce second tome étincèle et couvre de ses feux un premier tome déjà bien réussi, nous amenant peu à peu dans le climax qui va en découler du choix d'Horus et qui va embraser d'ici peu la galaxie. Une lecture chargée certes mais très envoutante et une fois le livre fermé, on se tarde de lire la suite en ayant l'esprit que maintenant les dés sont joués et que la stabilité n'est plus, la pagaille est en marche et tout le monde en fera les frais, lecteur compris. Les heures sombres vont commencer et il faudra être prêt à les subir.