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Philippe Mesnard (Autre)Carlo Saletti (Autre)Zalmen Gradowski (Autre)Pierre-Emmanuel Dauzat (Autre)Batia Baum (Traducteur)
EAN : 9791021040908
240 pages
Tallandier (07/11/2019)
4.25/5   6 notes
Résumé :
Zalmen Gradowski appartenait à un Sonderkommando, ces déportés, juifs pour la plupart, chargés d'assurer le fonctionnement des chambres à gaz et des crématoires d'Auschwitz-Birkenau. Témoins des opérations de gazage, les membres de ces "équipes spéciales" étaient régulièrement exécutés. Seul Zalmen Gradowski raconte l'indicible. S'élève alors une voix qui s'adresse à l'humanité entière depuis le seuil de la mort, une voix qui, aux confins de l'horreur, refuse d'être... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Témoignage postume d'un sonderkommando du camps de concentration d'Auchwitz-Birkenau, soit un deporté juif affecté au groupe main-d'oeuvre technique de la machinerie des chambres à gaz de la "solution finale" et dont la fonction même programmait l'élimination physique, ce dont ils étaient conscients. Très peu d'anciens sonderkommando sont sortis vivants des camps.
Ce témoignage rédactionnel a été retrouvé enterré proche des fours crematoires, à l'instar d'autres.

Aucun voyeurisme dans cet ouvrage très particulier, mais destiné à des lecteurs intéressés par ce sujet.
Ce document n'est pas une description du travail quotidien d'un sonderkommando mais un recueil tourmenté de sentiments, de réflexions, de conditions, essentiellement centrées autour de deux évènements, l'élimination de masse de juifs de Prague et la fragmentation du groupe sonderkommando. Tout ceci baignant dans une froide lucidité de celui qui se sait condamné ( "un mort peut-il pleurer les morts ?"), et qui écrit aussi pour souhaiter et annoncer la vengeance posthume d'un peuple envers ses bourreaux.

De par la particularité de l'oeuvre il est plutôt malaisant d'estimer la forme ; je vais reprendre ce qu'écrit en postface Philippe Menard, et qui semble adapté :
-"...style littéraire chargé d'émotion et d'emphase, recourant à de nombreuses anaphores dont l'alternance avec les interrogatives et les appels aux lecteurs structure le texte."
-"après l'adresse au lecteur, sortir de soi même passe par l'application stylistique avec laquelle s'exprime son intention littéraire souvent chargée d'emprise et de pathos qui, à la première lecture, étonnent, voire déconcertent."

In fine le sujet et les conditions de rédaction ne prêtent pas flan à critiques ; ce temoignage est à prendre d'un bloc tel qu'il existe, et sera apprécié par les lecteurs cibles auxquels il s'adresse prioritairement.

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Ce livre fait partie des témoignages des internés dans les camps d'extermination ou concentration.

Zalmen Gradowski était un juif polonais. Il a été déporté à Auschwitz avec sa famille (six autres personnes), en octobre 42. Ils ont été tous gazés dès leur arrivée, sauf lui. Zalmen Gradowski a fait partie du Sonderkommando, un groupe de prisonniers pour faire le "sale boulot" dans les chambres à gaz et fours crématoires : retirer les corps des chambres à gaz, enlever les dents en or, couper et récupérer les cheveux des morts et les mettre au four pour les incinérer.

Zalmen Gradowski a été en tête d'une révolte du Sonderkommando en octobre 1944 et a été fusillé.

Plusieurs manuscrits ont été écrits et enterrés sur le site de Auschwitz-Birkenau, mais ils n'ont pas tous été retrouvés. Deux manuscrits de Zalmen Gradowski ont été retrouvés. Celui-ci est le deuxième. le premier raconte la persécution des juifs dans la région en Pologne, son arrestation, avec sa famille, le transport jusqu'à Auschwitz et les premiers temps dans le camps.

Ce texte n'est pas une description technique précise du processus d'extermination mais plutôt un récit littéraire, une description d'un point de vue humaniste de ce qui s'est passé. Gradowski était un fin observateur, avec une empathie certaine, il se met à la place de ceux qui vont mourir et rapporte, tant que possible comment il imagine leurs dernières pensées et moments de vie.

Deux autres livres assez connus sur le Sonderkommando, écrit par des survivants sont "Trois ans dans une chambre à gaz" de Filip Muller et "Sonderkommando" de Shlomo Venezia.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Nous tous, au bord de la tombe, au bord de notre chute, avant le dernier battement de cœur, nous donnerions notre réponse, nous montrerions pourquoi, pour quelle raison et pour quel dessein nous vivions et existions au cœur de l'enfer, à quelle fin nous respirions cette atmosphère de mort et d'anéantissement de notre propre peuple - voilà qu'elle était notre croyance.
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(p. 186)
Au milieu de la masse des hommes gît étendue à terre cette femme en sa quête et son désir désespéré, son corps s'est abattu, le visage tendu vers la masse, et jusqu'à son dernier souffle elle a continué à chercher son mari dans la foule.

Et tout au fond là-bas, contre le mur du bunker, se tenait le mari, agité, sans répit. Son corps se haussait sur la pointe des pieds. Lui aussi cherchait sa femme nue, parmi la masse des hommes. Et quand enfin il l'a aperçue, que son cœur s'est mis à battre la chamade, ses bras se sont tendus vers elle, il a voulu se frayer un passage vers elle et s'est mis à crier son nom - le gaz s'est diffusé dans la salle, et il est resté figé ainsi, les bras tendus vers sa femme, la bouche béante et les yeux fixes, déments. Avec son nom sur les lèvres, son cœur s'est éteint, son âme a disparu.

Deux cœurs battaient là-bas à unisson, et, se cherchant et se désirant, ils ont trouvé la mort.
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(p. 138)
Bientôt nous seront témoins, de nos propres yeux juifs nous devrons assister à notre propre destruction, voir cinq mille êtres, cinq mille Juifs, cinq mille vies en fleurs, vibrantes, palpitantes, au sang ardent, femmes et enfants, hommes jeunes et vieux, humains sans distinction de sexe ni d'âge, passer sous la schlague de criminels exercés, avec l'appoint de fusils, grenades et mitrailleuses, avec la complicité de leur sempiternel acolyte à quatre pattes, sauvage et enragé, le chien - et poussés, chassés, frappés à mort, de sorte qu'étourdis, abasourdis, ils courent à l'aveuglette dans les bras de la mort.

Et nous, leurs propres frères, devrons aussi prêter main forte, aider à les descendre des camions, à les mener au bunker, aider à les désahabiler, nus comme à leur naissance. Et une fois qu'ils seront fin prêts, aider à les escorter dans le bunker - dans la tombe - de la mort.
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(p.122)
Un fil d'or se filait, il a été rompu en plein milieu.[...] Deux cœurs filaient entre eux un fil d'or, le pirate est venu et l'a cruellement rompu en plein milieu..
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