Il m'aura fallu du courage et de la motivation pour me persuader d'arriver au bout de cet ouvrage qui est aux antipodes de mes idées sur l'Ecole.
Je n'avais jamais entendu parler de l'auteure de ce livre. J'ai appris à la connaître à mes dépens. J'étais à la recherche d'un ouvrage qui porte une critique constructive de la politique scolaire menée par l'actuel gouvernement et son ministre, Jean-Michel Blanquer.
Ce livre m'a tendu les bras pour mieux m'étouffer. Il s'agit bien sûr d'un brûlot contre Blanquer; il en est même parfois insultant. L'auteure le soupçonne de favoritisme vis-à-vis des « allogènes » vivant dans les quartiers populaires, là où on retrouve les REP et REP+ (les réseaux d'éducation prioritaire); autrement dit les « noirs », les « arabes », les « islamistes », … Et donc, pour elle, les moyens de l'Education nationale se déversent, sans contrôle ni évaluation, dans ces lieux où pullulent les immigrés, les étrangers et leurs enfants. Blanquer, et tous les ministres qui l'ont précédé, consacrent ainsi ces crédits de l'Etat dans les écoles de l'éducation prioritaire au détriment des écoles rurales. Les inégalités sont ici inversées; ce sont les élèves de ces réseaux d'éducation prioritaire qui sont favorisés et les autres (« nos enfants » comme dit l'auteure) sont victimes de ce favoritisme. C'est pour cette raison, selon elle, que le niveau baisse, que l'illettrisme dans les territoires ruraux s'installe et que l'inégalités se creusent. A ce stade de la lecture, je crois rêver! Nous avons là tous les ingrédients de la rhétorique fasciste propre à l'extrême droite. Mais le pire reste à venir …
Lorsqu'on arrive, sans vomir, jusqu'au dernier chapitre. On se dit qu'il n'y a plus de doute, ce livre est écrit par Marine ou Marion. Mais, il faut avoir encore un peu de volonté pour aller lire le chapitre cinq et comprendre ce qui se cache derrière ce pamphlet tinté de racisme : « la laïcité vise à faire table rase de toutes les racines culturelles d'un peuple pour le remodeler à la convenance de ceux qui règnent indûment en maître sur nos jeunes ». Il y a dans cette phrase et dans d'autres passages (que je place à la fin de cette chronique) le spectre de la théorie du grand remplacement.
Ce fut une lecture intellectuellement insipide et idéologiquement infecte.
Pour finir, je propose à celle ou celui qui souhaite un point de vue sérieux, rigoureux et vraiment critique de la politique scolaire de l'actuel ministre de l'Education nationale de lire l'ouvrage d'Alex Trani, « Blanquer: un libéralisme autoritaire contre l'éducation » (aux éditions Syllepse).
Quelques extraits édifiants:
« Mondialiste et immigrationniste [elle parle de Blanquer] impénitent comme son maître Macron, il entend, à la suite de Najat vallaud Belkacem, « mettre au pas » de l'école de la république les écoles hors contrat, afin d'empecher la transmission de la culture française et l'émergence d'une élite française et ce, au bénéfice de l'émergence d'une élite issue de l'immigration formée dans les REP et autres structures qui leur son réservées. »
« Le fait que Blanquer prenne des décisions bénéfiques uniquement pour les élèves issus de l'immigration n'est bien évidemment jamais formulé. »
« Les grands bénéficiaires de la politique de la Blanquer ne sont pas les « enfants des villes » mais les « enfants des REP » essentiellement issus de l'immigration quand les « enfants des champs » sont des Français de souche. »
« Le ministre nous méprise et n'a que faire de l'avenir de nos enfants et donc, de la France. » [Il faut rappeler que l'expression « nos enfants » signifie pour l'auteure les enfants franco-français]
« Le gouvernement sait parfaitement que ce sont les grosses écoles musulmanes tenues par les frères musulmans – écoles passées sous contrat avec l'Etat – qui peuvent poser problème. »
« Ces dispositifs [en faveur des élèves des quartiers populaires] ne constitueraient-ils pas – entre autres armes – une arme décisive pour laisser nos jeunes « sur le carreau » ou dans des formations secondaires et assurer le grand remplacement des élites ? »
Sur l'écriture inclusive « En réalité, cette absurdité, qui a pris naissance dans le cerveau de féministes enragées, est une aberration intellectuelle »
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En instruisant un peuple allogène sans mémoire corrélativement à l'abêtissement d'un peuple avec mémoire, nous sommes bien dans l'idéal révolutionnaire de la "table rase": Jean-Michel Blanquer nous a dit qu'il oeuvrait dans l'esprit des "Lumières", c'est bien une des seules de ses déclarations que nous n'avons aucun mal à croire !
En instruisant un peuple allogène sans mémoire corrélativement à l'abêtissement d'un peuple avec mémoire, nous sommes bien dans l'idéal révolutionnaire de la "table rase": Jean-Michel Blanquer nous a dit qu'il oeuvrait dans l'esprit des "Lumières", c'est bien une des seules de ses déclarations que nous n'avons aucun mal à croire !
Ne pas instruire le peuple et l'enrégimenter, "casser" l'élite, nous avons bien compris ... c'est pour l'émancipation du peuple et le rayonnement de la France! C'est aussi pour la "protection de notre jeunesse" comme ose le proclamer Jean-Michel Blanquer.
Nous pouvons constater une remarquable continuité dans l’effondrement organisé du système éducatif pour nos enfants.
Il s’agira davantage d’apprécier la soumission aux valeurs dites de la république que des connaissances et une formation intellectuelle.