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4,19

sur 810 notes
Un ouvrage que Babelio cite comme genres : harcèlement, menace, violence conjugale, etc.
Des mots que l'on entend malheureusement encore trop souvent aujourd'hui...

Ici dans ce livre, les dialogues ne sont pas distincts, cela a été un chouilla compliqué pour différencier le texte de narration à celui des différents personnages. Les pages sont très remplies et compactes.
Bon, là, je fais du chipotage me diriez-vous... mais c'est une chose qui m'a perturbé lors de la lecture, mais dont on s'habitue au cours de la lecture.

Aussi, j'ai mis un certain nombre de pages avant d'être happé par l'histoire, car le début est selon moi un peu trop long au démarrage... Disons que c'est tiré en longueur.
Mais une fois lancé, le livre devient impossible à lâcher...

Pour ce qui est du sujet principal du livre. Dont l'auteure Louise Mey clôture l'ouvrage avec des vrais chiffres qui vous glace le sang... Ici, on parle de violence conjugale.

A savoir, qu'une violence conjugale peut être psychique, sexuelle et physique.
Ça peut aussi être une prison dorée dont les bourreaux savent garder prisonniers leurs victimes.

Grâce à ce livre, nous pouvons "voir" ce qu'il se passe entre les murs de cette maison, ce cercle vicieux s'élargissant de plus en plus dont il est extrêmement difficile d'en sortir. Car l'espoir du changement est plus fort. On s'accroche aux minis doses d'amour données comme des miettes que l'on jette à des oiseaux. Suffisant, même rassasiant pour que le calme se réinstalle dans l'attente de la prochaine tempête.

L'auteure, Louise Mey, arrive à nous faire comprendre que cette complexité psychologique peut mener à une attitude incertaine et contradictoire.

À travers Sandrine, un personnage qui a la base manque de confiance, avec une voix intérieure se répétant sans cesse « Grosse vache, grosse conne, grosse moche » on s'aperçoit que le manque de confiance et d'estime peut être illimité la conduisant vers une descente aux enfers...

Un grand bravo à cette auteure qui met en avant ce problème de société pour lequel cela peut arriver à n'importe qui. (À ne pas oublier, c'est qu'à partir des années 80/90 qu'une évolution législative s'est fait ressentir en France).

Sandrine, ça peut être notre soeur, notre voisine, notre amie, ça peut être la boulangère du coin qui vous sourit en vous souhaitant une belle journée. Ça peut être vous... Ou moi...

C'est aussi aux personnes extérieures qui ne doivent pas hésiter à être vigilant pour ceux qui nous entourent et surtout, lancer l'alerte en cas de nécessité.

Lisez-le. Partagez-le.

C'est un ouvrage bouleversant, poignant, oppressant,... Le sujet est très bien maîtrisé par cette auteure, féministe, questionnant dans ses romans noirs les rapports des femmes avec leur corps et leur environnement et décortiquant les mécanismes de la violence... C'est une sacrée grosse claque que l'on se prend, dont nous n'en sortons pas indemnes.
Bien que le mot claque prend un tout autre sens ici...
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« Conne,conne, grosse conne, vache, grosse vache » C'est ce que se répète Sandra à longueur de temps.
La grande, l'immense force du vrai-faux polar de Louise Mey c'est d'être rentrée, en tant que narratrice, dans la tête de Sandra, la Deuxième Femme. La Première a disparu…mais vient d'être retrouvée en Italie, amnésique.
Louise Mey nous transmet donc de l'intérieur tout le processus psychique, émotionnel, corporel des victimes de violences faites aux femmes. Sous la forme d'un roman. D'un polar magistral où la forme rejoint le fond.
Évoquons un peu les deux, beaucoup d'avis élogieux ici (que je me suis forcé à ne pas lire avant !), j'espère juste ne pas être trop redondant.
La forme donc :
Écrit de bout en bout à la troisième personne, le texte nous immerge dans le quotidien de Sandrine et dévoile subtilement, progressivement le mécanisme de l'emprise. Sandrine, célibataire dysmorphophobique à l'enfance tourmentée, rêve du grand amour. Malgré (ou à cause) d'un énorme trouble de l'estime de soi, elle le trouve enfin..
Louise Mey a beaucoup de talent pour raconté les petites choses de l'intime quitte à créer une syntaxe spécifique qui fait mouche. Sidéré, on découvre l'honneur de la banalité des violences, des souffrances quotidiennes. Ça fonctionne aussi parce que l'autrice écrit magnifiquement. Et on se dit : »Mais quelle conne cette grosse Sandrine, pourquoi elle ne se tire pas ». La deuxième femme n'est ni conne, ni grosse ni moche. Et elle ne peut pas se tirer. Caroline, la première femme, la maman amnésique du jeune Mathias, va lui donner un sacré coup de main.
La seconde partie du livre est à la fois digne d'un bon thriller et parfaitement pédagogique.
Le fond donc:
Télérama du 13 au 19 mai 2023« Backlash:
Révocation de l'arrêt Roe vs Wade, en juin 2022, qui garantissait aux États-Unis le droit constitutionnel à l'avortement. En France, nomination d'un ministre alors qu'il était accusé de violences sexuelles , Abandon de la «diplomatie féministe » en Suède, qui en avait pourtant été pionnière en 2014 . Réduction des femmes à leur fonction maternelle en Italie, où Giorgia Meloni refuse de féminiser son titre pour se faire appeler «il presidente ». Décret forçant les femmes à écouter battre le coeur du foetus avant de recourir à une IVG, en Hongrie. Obligation faite aux médecins, en Pologne, d'inscrire le nom des femmes enceintes dans un registre qui pourrait devenir un
gigantesque outil de surveillance alors que l'avortement y est quasiment interdit. Sans parler des filles effacées de la vie publique en Afghanistan etc… »
Manon Garcia, Camille Froideveau-Metterie,,Mona Chollet et quelques autres le disent à leurs façons.
Mais l'impact potentiel d'un tel roman est absolument essentiel. Parce que c'est un polar palpitant très bien écrit…
Quelques phrases, un peu au hasard :
« Des hommes affamés l'agrippaient dans la rue, dans le bus, faisaient des bruits mouillés, sortaient leur sexe gorgé de violence. Elle se figeait comme une bête, ou hâtait le pas, au prix d'un effort surhumain, les pieds lourds de honte… »
« Elle avait exhumé les étoffes molles et indulgentes qu'elle ne s'accordait d'habitude que les jours de maladie. »
«  Il y avait eu cette première journée douce, celle qui revient chaque fois, celle qui sent l'éveil. Celle qui se termine par un froid de mauvais perdant. »
« …elle, la deuxième femme: le père, le fils, et une place dans le lit-même si elle continue d'avoir l'impression de voler, de l'usurper, coucou disgracieux au corps dodu. »
« Mais sa nuit est entrecoupée de rêves répugnants, organiques, où la première femme est en elle, parasite, et sort de son corps en déchirant tout sur son passage. »
Et aussi:

« Il est très, très rare que les pères, même violents, même incestueux, même condamnés, soient déchus de leurs droits parentaux »

Bon, je ne vais recopier tout le livre non plus. Il est paru en poche. Si vous ne l'avez pas déjà, achetez le, offrez le, faites circuler et parlez-en.
En ce qui concerne les violences faites aux femmes, on a pris 10 ans de retard sur le modèle espagnol.
Pourquoi ???
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C'est l'un des livres les plus angoissants que j'aie lus. Pourtant, il n'y a ni loups-garous, ni vampires -juste une femme amoureuse.
Sandrine se déteste, elle se trouve moche, grosse et bête, elle vit seule dans un petit appartement et n'attend plus grand-chose de la vie. Alors, quand l'homme-qui-pleure lui sourit, quand il lui offre des fleurs et lui dit qu'elle est belle, Sandrine veut y croire, veut se persuader qu'elle aussi va recevoir sa part d'amour et de bonheur. Même si l'épouse de l'homme-qui-pleure a disparu, et même si elle réapparaît un beau jour.
Difficile de résumer l'histoire sans trop en dévoiler. J'ai été happée par l'intrigue, immergée dans la tête de Sandrine, dans son corps, dans son univers étriqué. L'écriture asphyxiante de Louise Mey ne lâche rien, ne desserre jamais sa prise ; dans ce récit, il n'y a nulle part où se poser, se réfugier. Et ce qu'il raconte est abominable.
J'ai été impressionnée par la finesse de l'analyse psychologique des personnages, la justesse des comportements, et la montée en tension de l'intrigue. Mais je sors lessivée de cette lecture.
Dans son genre, c'est une réussite absolue.
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Vivre avec un monstre !
Sandrine est la deuxième femme de M. Langlois. Sandrine ne s'aime pas, elle est bourrée de complexes et parle d'elle en ces termes : « grosse, grosse vache, sale moche, tête de moche, tête de conne » et si elle démarre comme ça dans la vie elle n'est pas prête de prendre de l'assurance.
Si Sandrine est la deuxième femme, c'est qu'il y en a eu une première, ça va de soi ! C'est lors d'une marche de soutien pour la disparition de Caroline, la première femme, qui a mystérieusement disparu en faisant son jogging, qu'elle rencontre « l'homme qui pleure », le mari et son fils Mathias.
Attendrie par cet « homme qui pleure », elle finit par s'installer chez lui. Heureusement qu'elle est effacée et soumise car cet homme montre deux personnalités différentes il est autoritaire et n'hésite pas à sévir. Mais Sandrine, amoureuse, accepte ses sautes d'humeur jusqu'au jour où Caroline, la première femme revient, et ce retour la bouleverse.
De plus en plus souvent l'homme qui pleure se transforme en M. Langlois, le méchant, celui qui impose ses idées et n'hésite pas à frapper.
Les questions qui me sont venues : Qu'est-il arrivé à Caroline pour qu'elle disparaisse aussi longtemps et réapparaisse, amnésique ? Sandrine va-t-elle rester avec cet homme qui la maltraite sans retenue ? Réussira-t-elle à se sortir de ce manège infernal ?
Nous sommes en plein Dr Jekyll et Mr Hyde !
Elle a une très belle écriture Louise Mey, elle nous emmène dans cet univers angoissant des maris violents et nous en fait découvrir toutes les facettes.
C'est un très bon roman psychologique, mêlant violence conjugale, tendresse, empathie, enquête policière, manipulation, le tout dans une ambiance angoissante qui remue les tripes et fait trembler le lecteur au rythme des craintes de Sandrine. Un roman dont on ne sort pas indemne, je pense qu'il va me falloir un certain temps pour le digérer. Une histoire qui marque et qui ne s'oublie pas car ce genre de maltraitance est malheureusement un sujet fréquent de l'actualité.
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Sujet douloureux s'il en est, cet ouvrage m'a véritablement impressionné par l'empressement et la force de son message. Il témoigne par une fiction du phénomène à la fois trop bien connu et trop bien ignoré qu'est celui de la violence faite aux femmes dans le cadre conjugal ou pseudo conjugal et qui pour les cas les plus graves peut aller jusqu'à la mort. L'actualité nous le sert malheureusement trop souvent. Dans ce témoignage en forme de dénonciation, Louise Mey termine son ouvrage en citant des statistiques récentes qui font froid dans le dos, dont un chiffre criant de désespoir : en octobre 2019, alors qu'elle mettait un terme aux épreuves de son ouvrage, 124 femmes avaient perdu la vie depuis le début de l'année sous les coups de leur conjoint.

Mais la force de cet ouvrage n'est certes pas celle d'une donnée statistique. Louise Mey veut faire comprendre, si ce n'est admettre, les mécanismes et aspects du phénomène qui font d'une compagne une victime. Elle atteint à mes yeux parfaitement le but qu'elle s'est fixé.

L'approche, la séduction, la manipulation, la maltraitance, l'entrée en dépendance débouchent au final sur une impossibilité, en tout cas une très grande difficulté pour la femme qui en est victime à se séparer du conjoint ou compagnon violent. Et lorsque le phénomène est établi, la difficulté est tout aussi grande pour faire reconnaître le crime aux yeux de tous : police et justice au premier chef, les proches quand il en reste dans l'entourage en second lieu. le processus de marginalisation, d'isolement ayant fait son oeuvre, le plus souvent amis et relations professionnelles ont disparu du paysage affectif de la victime.

Mais pourquoi ne le quitte-t-elle pas est la question que se pose toute personne non concernée par cette situation dramatique. Ce serait si simple. Mais c'est loin d'être le cas. Et l'auteure de faire comprendre tout le travail d'abaissement qui a fait son oeuvre pour piéger la victime et la faire entrer dans la dépendance de son tourmenteur. Ce dernier a souvent deux visages : le séducteur et le tortionnaire. Dans cet ouvrage de Louise Mey c'est l'homme qui pleure, celui qui mobilise les sentiments à son égard, et l'autre visage c'est M. Langlois le manipulateur pervers.

Sandrine, la victime, souffre à la base d'un déficit d'estime de soi. Ce complexe la rend d'autant plus crédule lorsqu'un homme fait preuve d'une once d'intérêt à son endroit. La sincérité de ses sentiments la rend sourde aux premières vexations de son nouveau compagnon. Maltraitance psychologique, puis physique, la spirale de l'isolement, de l'enfermement entre en action. Peu à peu totalement dépendante, affectivement et matériellement, Sandrine n'a plus de voie de recours. Au point de n'oser avouer à son compagnon sa grossesse, de crainte de lui voir la blâmer de la perte d'exclusivité des attentions à son égard.

C'est un cri de révolte que pousse Louise Mey avec cet ouvrage autant qu'un appel à la vigilance de tout un chacun sur un phénomène qui, touchant la sphère privée, laisse volontiers fermer les yeux et les oreilles sur ce qui filtre au travers de la porte des voisins, sur les marques que dissimule mal un maquillage ou un vêtement ample.

Sur ce sujet lourd il y a une fiction très habilement construite, dont l'approche de l'épilogue ne vous autorise plus à lâcher l'ouvrage, soutenue par une écriture qui souligne avec avantage les émotions : fébrilité, désespoir, peur et toutes les oscillations en dent de scie du ressenti intime. Intime donc fermé à quiconque. Et au final la culpabilité. Car c'est là que le tortionnaire gagne : quand la victime culpabilise de son propre déboire. La culpabilité est le travers le plus difficile à extraire d'un coeur martyrisé. C'est pourtant la clé du succès de la recouvrance.

La deuxième femme est un superbe ouvrage fort bien mené qui ne manquera pas de toucher chacun de ses lecteurs.
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J'ai lu avec empressement le dernier livre de Louise Mey dont j'avais adoré les Ravagés, ayant vu quelques avis sur celui-ci j'ai eu un petit peu peur par rapport au style de celui-ci, mais finalement j'ai rapidement passé outre ce détail et je me suis lancé.

Et la j'ai été complètement happé dans ce récit de la vie de Sandrine qui rencontre "l'homme qui pleure" et son fils Mathias. Sandrine va les rencontrer après la disparition de la précédente femme et va rapidement emménage avec eux.

Sandrine est une femme qui n'a pas confiance en elle et qui passe pour une femme banale au boulot elle n'a pas vraiment d'amis ni dans la vie. Nous suivons son quotidien avec Mathias le fils de Mr Langlois et celui-ci.

Rapidement via le style de Louise Mey nous nous sentons oppressé dans cette lecture, le point de vue étant celui de Sandrine, il n'y a donc pas de tiret avec le récit d'autres personnages tout est englobé dans les pensées de Sandrine. Et très vite on voit que quelque chose ne va pas en suivant ces pensées très négatives sur elle-même

Cependant la petite vie de Sandrine semble plutôt se passer normalement jusqu'au jour ou la première femme de son mari qui se nomme Caroline réapparaît et la vie de Sandrine va basculer du jour au lendemain

La tension monte alors dans le récit et cette sensation d'oppression devient de plus en plus présente jusqu'au dénouement de ce récit

Celui-ci est plutôt court en nombre de pages mais tellement intense que l'on n'en ressort pas indemne, un récit malheureusement d'actualité et qui montre bien les rouages de ces situations (je ne décrirai pas de quoi il s'agit pour laisser le lecteur découvrir ce livre)
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COUP DE COEUR !
Voici un roman que je qualifierais de page-turner même si je n'aime pas l'expression. Je ne suis pas habituée à lire des thrillers ou des romans policiers qui tiennent en haleine. Je ne lis pas les romans pour être accrochée, je préfère les lire lentement, les déguster. Bien qu'ayant tout du thriller, jusqu'à la quatrième de couverture et l'illustration, je ne crois pas que l'on puisse classer ce roman dans cette catégorie. Il n'y a pas de retournements incroyables, pas franchement d'enquête policière.
En revanche, il y a beaucoup de suspens et de tension dans la deuxième femme et j'ai été happée dès les premières pages. Lisez-le et peut-être que comme moi, vous veillerez jusqu'à 1h du matin pour le terminer.
Ce livre vous colle l'angoisse et j'ai directement été prise d'empathie pour Sandrine, femme grosse qui se déteste, se dégoûte et qui n'a jamais été aimée (sauf par sa grand-mère). Ses parents la traitaient avec dureté, surtout son père, sa mère étant complétement passive, et les hommes ne l'ont toujours regardée qu'avec envie ou dégoût, comme un corps, un objet sexuel, en portant un jugement, sans tendresse.
Sandrine a eu le courage de partir de chez ses parents, de fuir son père macho qui considère les femmes indépendantes comme des «salopes». Elle a son travail de secrétaire juridique, sa petite voiture et son appart, ça va plutôt pas mal même si la solitude lui pèse beaucoup. Malgré son obésité et le dégoût de son corps, elle se force à être coquette, à mettre de la crème, à faire tout bien.
Quand elle tombe sur l'homme qui pleure à la télé, cet homme qui pleure sa femme disparue, elle est émue et décide d'aller à la marche blanche malgré sa timidité et son manque de confiance.
Très vite, M. Langlois et Sandrine se mettent ensemble. Elle devient la deuxième femme et fait tout pour mériter sa place, être à la hauteur de la première femme. Elle n'en revient pas, qu'un homme enfin la regarde, la couvre d'attention, l'aime.
Très subtilement, Louise Mey distille le poison au fil des pages. Des petites piques, des mesquineries et des méchancetés, suivi d'excuses, de larmes, de tendresse. Sandrine oscille sans cesse entre le chaud et le froid, la violence et l'amour, mais l'homme qui pleure est si doux, face au terrifiant M. Langlois.
C'est comme ça qu'il la tient. Car oui, il la tient, et le terme d'emprise prend tout son sens dans cette histoire. Il contrôle tout, a accès à son téléphone, l'humilie lui prêtant des infidélités imaginaires. Elle doit faire attention, toujours, et vit dans un état de stress et d'anxiété permanent car la gifle ou l'insulte n'est jamais loin.
Heureusement il y a Mathias, son fils à lui, le fils de la première femme, qu'elle aime beaucoup même s'il reste distant.
Une histoire de femme maltraitée tristement banale, malheureusement pas un cas isolé, mais j'ai voulu savoir. Prise dans un flot. Je crois que le style de l'auteure m'a emportée aussi. Des mots qui coulent, sans ponctuation, sans retour à la ligne, des dialogues imbriqués au texte, donnant la sensation d'étouffer, la sensation d'urgence.
Pourquoi subit-elle tout ça ? Pourquoi ne part-elle pas ? Il faut être à l'intérieur pour comprendre et c'est ce que nous permet de vivre, non sans frayeur, l'auteure.
C'est une analyse très fine de la violence conjugale et de l'emprise psychologique avec en épilogue un retour glaçant sur les chiffres.
On y découvre aussi les dérives potentielles d'une assignation extrême à son genre. Elle, la femme de ménage passive qui contente son homme dans tous les domaines ; lui, l'homme d'action, qui se bat, qu'on ne quitte pas, sûr de son droit.

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De Louise Mey, j'avais déjà lu et apprécié "Embruns" et "Les ravagé(e)s". Ce que j'aime beaucoup chez cette autrice, outre ses intrigues psychologiques prenantes, c'est son aptitude à rendre des thrillers féministes. Dans chacun de ses livres, on trouve une thématique sur les droits des femmes, qu'elle inclut de façon habile et bien tournée.
De fait, je n'ai pas hésité à acheter son dernier roman, et ne l'ai pas regretté.
Sandrine, le personnage principal, très complexée, seule, sans aucune confiance en elle, tombe sous la coupe d'un homme dont la première femme a mystérieusement disparu un an auparavant. Elle prend sa place et s'occupe même avec amour de leur enfant. Quand l'épouse, Caroline, revient, amnésique, Sandrine va se rendre compte qu'elle est tombée sous l'emprise d'un homme cruel, possessif et manipulateur.
Louise Mey décrit parfaitement le phénomène d'emprise, la difficultés des femmes battues à partir - quand beaucoup de personnes pensent que c'est facile, et que ces femmes sont soit bêtes, soit masochistes, voire les deux.
Allier une thématique féministe complexe à un suspense haletant, chapeau !
Seul petit bémol : j'ai eu un peu de mal avec l'écriture "parlée", les phrases longues avec les dialogues insérés. Mais ce n'est qu'un détail pour un aussi bon thriller psychologique.
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La 2e femme, c'est Sandrine, Sandrine qui ne s'est jamais aimée, qui se trouve moche, grosse, inintéressante, Sandrine qui est tellement contente quand un homme s'intéresse enfin à elle et lui permet de sortir de sa petite vie étriquée qu'elle est prête à tout accepter pour lui. Mais Sandrine n'est que la 2e car cet homme a déjà eu une première femme mystérieusement disparue… et quand celle-ci refait surface le monde qu'elle s'était construit semble vaciller.

J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans ce roman, notamment à cause du style de l'auteur que j'ai vite trouvé agaçant. Beaucoup de phrases courtes, hachées, de répétitions et puis ces litanies de phrases que Sandrine répète inlassablement pour se dénigrer (grosse, conne, moche…) et qui reviennent de page en page. J'ai aussi trouvé le rythme très lent au début, on comprend bien que Sandrine se déteste mais on a du mal à saisir comment et pourquoi elle se retrouve soudain en couple avec un homme rencontré par hasard dont la première femme, disparue, réapparaît soudainement. J'ai parfois été obligée de revenir en arrière de quelques pages pour essayer de trouver les clés tant l'auteur met de zèle à perdre son lecteur.

Heureusement la lecture est devenue petit à petit plus agréable quand l'intrigue décolle vraiment et que le monde de Sandrine menace de s'écrouler. Néanmoins j'ai trouvé que certains passages manquaient de cohérence, après la lenteur du début et des premières pages très répétitives, le personnage de Sandrine semble changer du tout au tout et ne colle pas toujours avec ce que l'auteur nous en disait au début. Mais au fur et à mesure que le suspens monte, j'ai fini par être happée par le roman et cette fois l'auteur m'a vraiment embarquée dans son récit. La description de l'emprise et de la violence morale que peut exercer un homme sur sa femme quand celle-ci n'a pas suffisamment confiance en elle pour s'échapper à temps sonne très juste et est glaçante. J'ai aimé également le côté réaliste de l'histoire et le fait que l'auteur ne nous donne pas de recette toute faite pour s'en sortir et ne coure pas à tout pris vers un happy end peu prévisible. Cela donne un côté presque documentaire à ce roman et un éclairage fort sur un sujet finalement peu abordé.

Malgré son côté un peu agaçant du fait des maladresses de construction et du style auquel je n'accroche pas du tout, j'ai donc finalement apprécié cette lecture surtout pour le propos et l'éclairage qu'elle donne sur les violences faites aux femmes.
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Sandrine, complexée depuis l'enfance, qui se trouve pas désirable, est tombée raide dingue d'un homme rendu inconsolable depuis la disparition de sa femme...

Un homme qui semble également fou amoureux d'elle et qui va lui laisser une place dans sa vie et dans celle de son fils.. Sauf que la vérité est un peu différente. et que la première femme va revenir , totalement amnésique et que cette réapparition va dévoiler des vérités pas bonnes à entendre...

Alors que les violences conjugales et interfamiliales explosaient pendant le confinement, ce roman très psychologique de Louise Mey nous explique de plus près ce qu'est l'emprise et la domination masculine sur les femmes .

Manipulations et violences conjugales dans ce thriller psychologique, de très haut niveau, documenté et extremement bien construit- les modes de narration se mélangent et les voix intérieures de Sandrine viennent interférer avec le récit

Une intrigue particulièrement retorse machiavélique, pour un thriller particulièrement réussie d'une auteur qu'on découvre avec cet excellent roman !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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