Genèse d'une utopie… Imaginons que l'humanité soit décimée par un fléau. Allez, au hasard, un coronavirus féroce fauchant 90 % de la population mondiale…
Un père et son fils survivent, et l'allusion au formidable roman de
Cormac McCarthy,
la Route, s'arrêtera là. Parce ce que dans ce livre ci, il est question de reconstruction d'un « monde d'après ».
Le père est un homme doux, intelligent et visionnaire. Il veut bâtir une communauté de « braves gens » unis, égaux et fraternels. Et il y parvient. Amanzi voit le jour en Afrique du Sud, et des centaines puis des milliers de personnes s'agrègent au projet. Ensemble, ils réapprennent à se nourrir, à se chauffer, à recycler l'existant, à produire du carburant… Ils vivent, s'aiment, font des enfants. Ce pourrait être le présage d'un néo-paradis terrestre.
Mais s'imaginer que survivre à l'apocalypse gomme les vicissitudes humaines reste un leurre. Les hommes ne sont que des hommes, et persistent les égos, les luttes de pouvoir, l'appât du gain, l'abus des faibles, la cruauté, le sexe sale. Pas de miracle avec l'extinction, et sans doute fallait-il s'y attendre.
Si ce livre pêche selon moi par trop de longueurs et quelques scenarii alambiqués, il propose néanmoins une formidable réflexion et des portraits aussi truculents que touchants.
Une mention particulière au personnage de Nico, adolescent, puis jeune homme qui offre une palette subtile des affres du passage à l'âge adulte.
Le procédé narratif est multiple, alternant le récit autobiographique de Nico, le recueil de témoignages d'Amanzites, ainsi que les voix de protagonistes relatant leurs parcours respectifs.
Le résultat est un page turner addictif.
Reste la chute, qui, en ce qui me concerne est venue me faucher par surprise.
Visionnaire
Deon Meyer, qui, en 2017, imaginait un scénario ô combien troublant et dérangeant.
Il aura été diablement intéressant de lire ce roman aujourd'hui. J'y cherchais l'Afrique du Sud, et y ai trouvé l'humanité. Ma foi, c'est un bon deal que je ne regrette pas. C'est une vision du « monde d'après » en un futur désirable porté par un regard lucide aux accents prophétiques.