Je crois qu'à terre, comme à la mer, l'homme rencontre parfois des périodes de gros mauvais temps pendant lesquelles il doit impérativement prendre la cape s'il ne veut pas y laisser toutes ses plumes. En mer, c'est ultra simple : il suffit d'avoir de l'eau à courir, et si quelque chose lâche au-dessus du pont, on trouvera toujours un moyen pour réparer. Mais à terre, la manœuvre se complique du fait que l'eau à courir est remplacée en grande partie par les billets de banque, et l'on ne peut pas les passer à la ronéo.
Et autour du bateau, c’est le ballet de la nature : phoques, pélicans, fous de Bassan, poissons ! Ils sont tous là, par curiosité, sans méfiance, et ce sont les phoques qui nous intriguent le plus. Les gros mâles ne font que passer, ondulant comme des dauphins avec tout juste un regard dans notre direction au moment où ils sortent la tête pour aspirer une bolée d’air. Mais les jeunes, extrêmement gracieux, nagent autour de Joshua, gardant longtemps leur petite tête ronde hors de l’eau avec, au fond de leurs yeux très grands, un regard presque humain. On sent chez eux une immense curiosité, un besoin démesuré de jouer avec tout le monde, qui n’a rien de comparable avec celui des dauphins.
Golden Globe - le premier tour du monde en solitaire avec Bernard Moitessier