Kenza est née dans le désert algérien au moment de l'indépendance du pays. Elle n'a jamais connu sa mère et pour toute famille, elle a un père hyper violent et une nuée de frères et soeurs. Seule, sans affection, elle trouve dans les livres et l'école une planche de salut. Le savoir la libère mais la sépare aussi des siens.
Quelques figures émergent l'enfant poète Alilou qui va disparaître dans le désert et plus tard Lamine, un de ses frères.
Kenza quitte l'Algérie pour Montpellier à la recherche du passé de sa mère.
Un très beau roman inspiré de la vie de l'auteur, poétique quand il évoque le désert, âpre, violent quand il évoque la situation des femmes, des intellectuels, la violence, la montée de l'intégrisme, la trahison, le manque d'amour qui mènent au désespoir ou permettent de se munir d'une carapace comme Kenza.
Une écriture magnifique.
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Kenza est la fille d'un boucher bestial et obsédé sexuel. Sa femme doit partir pour Montpellier afin de s'occuper de son frère malade, qui vit en France. C'est donc là qu'elle met Kenza au monde. Mais, quand elle regagne Oran, elle trouve son mari marié avec la bonne. Elle « ne défit même pas son baluchon. Repartit sur le champ », obligée d'abandonner son enfant que le père lui a arrachée.
Kenza va donc grandir, révoltée contre ce monde injuste, qui réserve misère et incompréhension aux femmes. Elle n'aura de cesse de retrouver sa mère.
Ce roman âpre et dur montre sans concessions la vie des femmes et des intellectuels en Algérie. Chaque jour, ceux qui n'entrent pas dans les rangs, qui réagissent et se révoltent, mettent leur existence en péril: Kamel est assassiné, Selma reçoit des menaces de mort, Kenza ne peut faire un pas sans se faire agonir d'injures.
Le livre est triste et très noir avec, de temps en temps, une lueur d'espoir, mais tellement faible dans cet univers de brimades et de violences.
L'auteur se révolte: « ras-le-bol de voir transformés en macchabées les meilleurs d'entre nous. Ras-le-bol des tombes. Ras-le-bol des viols, des récits sanglants et autres chroniques de cauchemars dans nos journaux, nos radios. Dans les rues. Ras-le-bol des menaces et entraves familiales. Ras-le-bol des différentes facettes de l'abjection. Ras-le-bol de vivre en suspens, entre crainte et précarité, sans avenir. »
Elle résiste, elle s'oppose à cette injustice, mais il lui faut, pour cela, une bonne dose de courage et je lui tire mon chapeau, car je ne sais pas si je l'aurais eu: « les « putains! Putains » qu'on nous jette au visage depuis toujours ne pouvaient céder le pas qu'à la menace. Un peuple qui a tant de mépris pour sa part féminine, qui dresse ses enfants à la misogynie et au fanatisme comme on dresse les chiens, travaille à son malheur. »
J'ai beaucoup aimé ce récit qu'on lit avec révolte et horreur.
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témoignage courageux d'une femme qui sait sans aucun doute de quoi elle parle !
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De mes séjours au Sahara, il me reste ces souvenirs, un peuple aux gestes amples, ralentis par le poids du silence et la démesure de l'horizon.
Après le manque, l'amour et la terreur, était-il possible que le désespoir me fût épargné ?
Le savoir est le premier des exils.