Pascal Nans est tout blond, tout clair, comme si en lui le sang provençal ne s'était pas mélangé au sang savoyard. Ses yeux bleus sont deux lacs calmes dans un paysage bien ordonné, les contours de son visage vont paisiblement vers l'arrondi des joues et du menton. Encadrant les lèvres en belle pulpe fraîche, ils se perdent dans un cou trop blanc, qui ressemble à de la peau de femme. Toute la fraîcheur et la robustesse de Pascaline à son âge revivent dans la jeunesse du fils.
Au moral, il est le garçon de Haute-Savoie, froid et pur comme la neige, mais traversé de plus de frissons et d'images que le cours des torrents montagnards, car son père lui a laissé, sous tant de froideur apparente, ce que lui même ne sait pas encore, la flamme secrète des passions du sud...
(extrait de la deuxième partie "Nans")
Alors tu es forcé de te rendre compte que la raison, c'est ce qui est le plus long à venir dans les cervelles.
Et ta raison, elle est faite de quoi, à bien dire ?
De ta souffrance, de ton mal, de ton plaisir aussi, tout ça mêlé ensemble. Ca fait une pâte qui fermente comme celle du pain. Ca bout, ça travaille, ça crève en bulle, puis ça tombe en repos. Tu pourras te nourrir avec ce pain d'expérience.
Partout on trouve son bien et son mal. Les bonnes herbes et les mauvaises, sur toute terre sont en mélange.
Suffit pas d'aimer la terre, y faut la gagner.
Dans le cadre du banquet d'automne "Le travail de la langue" qui s'est déroulé à Lagrasse du 29 au 31 octobre 2016, David Bosc, tenait la conférence : "Il faut un frère cruel au langage".
David Bosc né en 1973 à Carcassonne, est écrivain et traducteur de l'italien et l'anglais. Il suit des études supérieures en sciences politiques à Aix-en-Provence. Il vit ensuite à Paris, Marseille et Varsovie, avant de s'installer en Suisse, à Lausanne, où il travaille aujourd'hui pour les Éd. Noir sur Blanc. Il a publié deux romans chez Allia (Milo et Sang lié) et deux récits aux Éd. Verdier : La Claire Fontaine (rééd. Verdier poche, 2016), Prix Thyde Monnier de la SGDL 2013 et Mourir et puis sauter sur son cheval, qui reçoit le Prix Michel Dentan 2016. « Après avoir transfiguré les derniers jours de Gustave Courbet, D. Bosc donne voix à une jeune femme défenestrée, danseuse aussi ardente que tourmentée. Encore une fois un texte de peintre.» (Camille Thomine, le Magazine littéraire, mars 2016).
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