De quelques crimes parfaits

La dame avait choisi un casque de blond cendré pour ses cheveux, une robe courte de dentelle noire pour ses formes. Son alliance de platine retenait le solitaire des courtisanes qui ont réussi en passant sur le corps des uns ou sous le corps des autres. Une société de grande consommation a mis à la mode le fruit vert faussement candide. Les Vénus de Milo ne font plus recette que dans les musées, en concurrence avec des Jocondes androgynes. La dame avait dû exciter quelques collectionneurs. Le dernier en date avait une allure de haut fonctionnaire : maigre, haut et sec, tête longue et fine de cheval qui aurait eu de l’esprit, poil grisâtre, lunettes d’écaille, moustache sérieuse, complet sobre de peigné anglais coupé à Paris au meilleur endroit, que décorait une rosette lilliputienne de la Légion d’honneur. Cette outrancière discrétion révélait une pointe de snobisme. Un tel mari allait à la femme comme une poule à un couteau.

Ma jeune fille rêveuse prenait de l’âge tout d’un coup, me donnait des leçons de baiser, me faisait de ces choses que Frédéric Dard appelle, dans sa langue verte, la ventouse pigeonnante ou la sucette créole. Je me surprenais moi-même à caresser les seins que j’avais déjà vus étant à ski. Des seins admirables. Ni poire blette, ni pomme rondouillarde. Des seins sui generis quoi !

Un mari quelconque étant abattu, il reste à se débarrasser du tube et de la douille à distance respectueuse du cadavre. Méfiez-vous des terrains secs, des arbres caverneux qui finissent dans les scieries, des pièces d’eau que l’on sonde ou que l’on assèche. L’idéal, c’est le marécage, à défaut de sables mouvants...

« J’irai même plus loin que vous : ce sont les lacunes de l’éducation, sans doute, qui engendrent le crime, mais comme la mer suscite les bateaux. Je n’y vois point de fatalité. L’homme ne se fait marin que par vocation. C’est de la liberté que découle le crime, la liberté de s’embarquer sur l’océan des préjugés sans crainte du naufrage, faisant le pari impavide que si la police ne vous prend pas, Dieu ne sera pas fichu de vous attraper non plus. Le criminel consciencieux est un pascalien qui joue contre la Providence. Nous sommes là aux antipodes du déterminisme. »

On utilise de nos jours la méthode de l’activation radioactive, qui permet de déceler des particules de poudre dans les pores de la peau durant plusieurs semaines, et il n’y a point de solvant efficace. Mais le risque d’imprégnation est pratiquement nul avec le fusil de chasse classique, le seul, d’ailleurs, qui puisse s’accommoder d’un tube réducteur. C’est sur les revolvers ou sur les fusils automatiques, dont la culasse laisse échapper des gaz vers l’arrière, que le risque devient appréciable, d’autant plus grand que le tireur ne se borne pas à une cartouche…