Blanchot l'obscur : Ou la déraison littéraire

Que dire ? Quand on croit que Michel Onfray est un grand penseur, quand notre titre ès philosophie c'est : "spécialiste de la pensée de Michel Onfray", il n'est pas étonnant de (mal)traiter ainsi l'un des plus grands écrivains français du XXème siècle, admiré de Bataille, Duras, Levinas, Derrida, de Pasolini (qui le cite sur Sade), etc. Ces derniers sont bien entendu des "imposteurs" eux aussi (ou alors, pire, ils se sont fait abuser, mauvais lecteurs qu'ils furent en leur temps).
Certes. Blanchot a renouvelé la lecture de Sade, de Kafka, du romantisme (son analyse du fragment), de Mallarmé, du phénomène littéraire en général (son admirable analyse du journal pour ce qui concerne l'écrivain, dans L'Espace littéraire), ... dans une langue dénuée de vocabulaire technique, là où Onfray s'est (auto)satisfait de sa bile poujadiste et biographisante à deux sous, avant de sombrer dans le "souverainisme" zemmourien, autrement dit le borborygme à la CNews.
Dans les époques vides, disait Deleuze (autre admirateur de Blanchot, et lui aussi volontiers maltraité par Onfray qui ose dire que plus personne ne le lit alors qu'il est un des penseurs les plus lus au monde, et sujet de mémoires à l'université où Onfray est inexistant), le problème c'est que les "dominants" sont non seulement dépourvus de talent, mais méchants. Voilà un livre qui illustre les dires du philosophe (un authentique celui-là).
Un "livre" qui ressemble à un glapissement de roquet.