" Un rentier est non seulement inutile à la République , mais il lui est à charge parce que sa subsistance est prise sur l'industrie des autres sujets proclamait Ange Goudar ( Littérateur et aventurier ) , en 1756 dans " Les intérêts de la France mal entendus " . Le remède unique est d'abolir ces rentes dont l'effet tend à augmenter le nombre de gens oisifs , et à diminuer considérablement la culture des terres . Ce n'est point à nous d'en indiquer les moyens ; Ils doivent naître de la nécessité politique de l'abolition . Sans doute qu'on les trouvera impraticables si on n'envisage que les intérêts des particuliers ; Mais la difficulté disparaitra à mesure que l'on envisagera la mesure du coté du bien général " Voilà qui résonnait comme un écho à Colbert déclarant qu' " il n'y a pas de bien plus inutile à un état , ni qui lui soit plus à charge que les rentes . "
Cette tradition politique , et intellectuelle presque , cet irrespect à l'endroit de l'argent et de ses possédants , les contestataires pourraient s'en saisir , s'ils ne l'ignoraient pas .
Il nous faut lutter contre l'idée que la banqueroute ou le défaut serait une violence, en lui opposant l'idée que la violence, c'est ce que commet, en ce moment, sur le dos des peuples, au nom des créanciers internationaux, avec l'aide des gouvernements qui sont supposés servir les intérêts du peuple.
(...) C'est le phénomène le plus stupéfiant de la période actuelle (...) : l'intrusion d'un tiers dans le contrat social national.
Ce tiers, c'est le groupe informe des créanciers, des investisseurs, qui s'est en quelque sorte immiscé dans le contrat social, auquel il prend désormais part sans y avoir aucun titre, puisqu'il n'est pas exgéré de dire que les politiques publiques sont maintenant faites d'après les requisits des investisseurs institutionnels, et non plus au service de la population - normalement l'exclusif ayant droit de la politique d'un Etat souverain.
En permanence, le néolibéralisme plaide qu'il est le plus à même de relancer la croissance, de réduire le chômage, etc., et si tu regardes de loin et même sans instrument d'optique sophistiqués, tu t'aperçois que, sur 50 ans, cette prétention est absolument balayée : c'est un défaite en rase campagne. A partir du moment où le néolibéralisme a commencé à s'installer, le chômage de masse n'a pas cessé de croitre, alors même que, durant les 30 années qui ont précédé (...) (1945-1975), l'économie française croissait à4-5% l'an et était virtuellement au plein emploi, dans un agencement structurel qui contredit terme à terme toutes les prescriptions du néolibéralisme. Les 30 ans qui viennent de s'écouler réduisent la théorie néolibérale à l'état de petit bois, et pourtant c'est là-dedans qu'on persévère, "socialistes" en tête. Comprenne qui pourra.
Genèse du livre :
En mai 2012 , la rédaction de " Fakir " ( périodique ) , a reçu un courriel de Thomas Morel , doctorant en histoire des sciences , qui avait " creusé en détail un épisode particulier : " L'emprunt du grand parti de Lyon , en 1555 où la France emprunte alors des sommes monstrueuses , qu'elle ne remboursera bien sûr jamais et du coup comment l'état gère la banqueroute de 1557 ( banqueroute européenne provoquée par ..... l'Espagne évidement ."
L'article était intéressant mais manquait de chair , rédigé façon disserte . Et ça aurait fait bizarre que , d'un coup , comme ça , notre journal s'intéresse à cette seule crise , isolée au milieu du XVIe siècle . Pourquoi celle là et pas une autre ?
On a adressé ces deux réserves à Thomas . Qui , en retour , nous a livré l'inventaire des banqueroutes qu'il avait repéré dans l'histoire de France .
Ca mettait en appétit !
Notre petite équipe s'est donc réparti les périodes à Florent Martel , dit Pitatou , ( en Master de sciences politiques , devenu menuisier ) , Sully . A Arnaud Théry ( monsieur vidéo de Fakir ) , Colbert . A Catherine Mounié ( enseignante en histoire , croisée à la fête de l'Huma ) , Law . A Thomas Dupeux ( infirmier au chômage ) , Raymond Poincaré . A Yannick Martel ( en Master de socio ) , 1848 . A Antoine Dumini ( qui passe le capes d'éco ) , l'épisode Law et l'après guerre . A THomas Morel , Henrt II , Louis XV , la révolution . A François Ruffin ( reporter ) , Phippe Lebel et la Fronde , ainsi que la coordination et la réécriture de l'ensemble .
Car ce qu'il faut dire, c'est que l'irréalisme est de leur côté, eux qui s'arrogent le monopole du réalisme. Le comble de l'irréalisme, c'est eux ! Considérer qu'ils vont s'en tirer avec leurs solutions, c'est ça le dernier degré de l'irréalisme. Et d'un irréalisme qui n'est pas simplement un décret de mon esprit halluciné, mais qui est l'enseignement même du résultat des 2 ou 3 décennies de politiques économiques (...) C'est de rompre avec leur pensée qui est le réalisme.
« Notre métier n'est pas de faire plaisir non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie », écrivait le grand reporter Albert Londres.
Notre invité du jour marche sur ses traces.
Journaliste indépendant, spécialisé dans l'infiltration, Valentin Gendrot est notamment connu pour avoir infiltré le commissariat du XIXe arrondissement de Paris. Il en a tiré un livre, intitulé Flic, un récit urgent qui dévoile les coulisses d'une profession souvent accusée de violence, de racisme et au taux de suicide anormalement élevé. À l'occasion de la parution de son nouvel ouvrage, L'I3P infiltrée, il nous parle de cette méthode journalistique singulière et engagée, qui consiste à se mettre dans la peau des autres pour raconter leur vie.
À la suite de cet entretien, nous vous proposons quelques conseils de lectures qui sont autant d'invitations à plonger dans d'intenses expériences journalistiques, et aiguiser notre regard sur le monde.
Bibliographie :
- L'I3P infiltrée, de Valentin Gendrot (éd. Albin Michel)
https://www.librairiedialogues.fr/livre/21346729-l-i3p-infiltree-le-service-psychiatrique-de-la--valentin-gendrot-albin-michel
- Flic, de Valentin Gendrot (éd. Goutte d'Or)
https://www.librairiedialogues.fr/recherche/?q=flic+gendrot
- Les Enchaînés, de Thomas Morel (éd. Pocket)
https://www.librairiedialogues.fr/livre/15269104-les-enchaines-thomas-morel-pocket
- Tête de Turc, de Günter Wallraff (éd. La Découverte)
https://www.librairiedialogues.fr/livre/3775940-tete-de-turc-gunter-wallraff-la-decouverte
- Dans la peau d'un maton, d'Arthur Frayer (éd. J'ai lu)
https://www.librairiedialogues.fr/livre/2030652-dans-la-peau-d-un-maton-arthur-frayer-j-ai-lu
- Tokyo Vice, de Jake Adelstein (éd. Points)
https://www.librairiedialogues.fr/livre/11738606-tokyo-vice-jake-adelstein-points
- Les Humbles ne craignent pas l'eau, de Matthieu Aikins (éd. du sous-sol/Seuil)
https://www.librairiedialogues.fr/livre/20370616-les-humbles-ne-craignent-pas-l-eau-un-voyage-i--matthieu-aikins-editions-du-sous-sol
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