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EAN : 9782360120147
176 pages
La ville brûle (16/09/2011)
4/5   1 notes
Résumé :
Morelly, le philosophe oublié des Lumières...

En 1755 paraît un petit ouvrage anonyme intitulé Le code de la nature ou le véritable esprit de ses lois (de tout temps négligé ou méconnu). Ce texte, rédigé par un mystérieux Morelly, est éreinté par les grands journaux de l'époque, à cause de ses attaques violentes contre l'institution religieuse et la morale dominante. Il est pourtant considéré parle marquis d'Argenson comme « le livre des livres ». Et ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je souligne la qualité de l'objet livre. Une belle police, des pages au cadre grisé. Bref une présentation qui rompt avec la banalité de tant d'ouvrages.

Je suis peu friand des ouvrages « utopistes », de ces écritures de lendemains organisés, d'émancipations corsetées. Les transformations possibles du monde ne sauraient être abordées dans une logique fermée et auto-engendrante, sans place pour l'action collective et individuelle. Je partage le point de vue d'Isabelle Garo développé dans Marx et l'invention historique (Editions Syllepse, Paris 2012) « les moyens ne sont pas une transition vers des fins distinctes qui en actualiseraient les promesses, ils sont des médiations coextensives à la détermination progressive de ces mêmes fins au cours du mouvement même de leur réalisation, au point d'en être l'origine et la matrice en même temps que la résultante »

Bien sûr, ce positionnement est anachronique en regard du siècle de l'auteur. Je ne garderais donc que la charge critique, cette pensée révoltée contre l'air de son temps, des évidences affirmées au nom de Dieu, du Roi, ou de tout autre motif, et en particulier contre la propriété privée « des possessions usurpées sur le fonds qui devait indivisiblement appartenir à l'humanité entière » ou « Pourquoi restreindre le bien public par la chose du monde la plus capable de le détruire, par une propriété qui incline si facilement l'homme à l'usurpation ». Etienne-Gabriel Morelly disserte, entre autres, sur la liberté, la dépendance, la bienfaisance « la véritable bienfaisance est la fille de l'amour de notre être, dégagé de toute crainte, de toute espérance erronée ou frivole ? »

Je souligne la belle préface de Stéphanie Roza. En particulier l'inscription du Code de la nature dans les débats philosophique de son siècle « Toutefois, son apologie de la religion naturelle et de la raison, ainsi que la violence avec laquelle il dénonce l'institution catholique, ne peut laisser le moindre doute quant au fait que notre auteur se situe dans la camp éclairé, et que c'est de cette position fondamentale qu'il attaque les thèses de Montesquieu ». Elle insiste aussi sur le rapport à la propriété « Son utopie, en tant que construction théorique d'une société sans propriété privée, incarne sans doute ce qu'un intellectuel des Lumières pouvait produire de plus radical et de plus cohérent à la fois. »

Oui, comme l'a écrit mon ami Nicolas, il ne faut pas « abandonner le patrimoine, ne pas laisser de côté toutes ces théorisations qui ne sont pas seulement révélatrices d'une époque mais aussi permettent de mettre à jour des filiations, ici avec Babeuf mais surtout avec Fourier pour construire une histoire de cette pensée de la construction de mondes idéaux ».
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“L'homme naît naturellement bon et heureux mais c'est la société qui le corrompt et le rend malheureux “
Cette réflexion révolutionnaire de JJ Rousseau annonçant un changement de société pourrait tout à fait résumer “ le Code de la Nature” de cet écrivain philosophe oublié que fut Étienne-Gabriel Morelly ,écrit à la même époque. Qui a inspiré l'autre?
Dans cette “ dissertation” l'auteur fustige les moeurs de son époque basées sur la fortune et la propriété et imagine une société où les rapports maître/ serviteur seraient abolis . Dans la nouvelle société qu'il prône ,
la nature est généreuse et pourvoit à tous les besoins des hommes qui s'entraident au sein d'une organisation apaisée et bienveillante. La place de chacun est proportionnelle aux services rendus à la communauté et la propriété a disparu.
Pour étayer sa thèse il prend en exemple les peuplades des Incas ou des Indiens d'Amérique idéalisant naïvement le “ Bon Sauvage”
“La divinité “ n'est pas absente mais ne devra pas être le moteur d'une vie avant tout terrestre sans l'attente d'un” espoir.”Morelly exprime au passage sa détestation des membres du clergé régulier et leur reproche leur paresse.
Ces réflexions qui font sourire aujourd'hui au XXI eme siècle sont révélatrices du bouleversement des idées au siècle des Lumières mais aussi de l'aveuglement d'intellectuels inconscients des réalités des passions humaines Car cet écrit , si anodin qu'il puisse paraître,est aussi une véritable bombe idéologique( mentionné du reste par Tocqueville dans son ouvrage sur la Révolution) à la gloire d'un collectivisme dont l'application fera des ravages sur le quart de la planète deux siècles plus tard.
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Le livre a deux parties, une dissertation critiquant les erreurs répétées des civilisations et ensuite une liste des lois qui lui sont opposées.

La dissertation relève les erreurs des fondements de nos lois, rappelant les lois naturelles oubliées. On peut y voir comment les hommes peuvent être nuisible à eux-mêmes. Une part est donc reliée aux divinités et aux idées que l'on y attache, sans manquer de critiquer les déviances des religieux qui les représentent.

Bien qu'étant daté de 1755, ce texte reste très actuel. Il est évidemment contestable car il n'y pas d'exemples concrets, qui peuvent être une bonne base pour un esprit humaniste qui se forme.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
"... qu'on remarque que les nations les plus féroces, les plus adonnées, soit au brigandage, soit à l'intérêt du commerce, étant les plus disposés aux crimes, ont presque toujours eu les lois et les divinités les plus terribles..."
[…] "Sur cette observation, il était aisé de conclure, en général, que les hommes les plus disposés à être méchants sont ordinairement ceux qui ont le plus de penchant à concevoir l'idée d'une divinité terrible, et que, dès qu'ils ont imaginé dans cette idole effrayante à peu près les mêmes inclinaisons pour les richesses, pour les dons, pour le sang, le carnage et les proies que chez les hommes, voilà ceux-ci dispensés de tous ménagements envers leurs semblables; les voilà relevés de toutes craintes, parce qu'au moyen de quelques présents, de quelques sacrifices, ils croient facile d'apaiser ces divinités avares."
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Pourquoi restreindre le bien public par la chose du monde la plus capable de le détruire, par une propriété qui incline si facilement l’homme à l’usurpation
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" Ne fais point à un autre ce que tu ne voudrais pas qu'il te fît, admet comme constant et ordinaire que les hommes peuvent sérieusement penser à se nuire; ce qui n'arriverait jamais si les lois mêmes ne les exposaient souvent à cette dure nécessité, et si celle-ci ne prescrit rien sur ce qu'elle prétend laisser ignorer; elle ne dit pas : Ne nuis point elle préserve de ce danger; mais : Fais tout le bien que tu voudrais éprouver toi-même. "
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Le monde est une table suffisamment garnie pour tous les convives ,dont tous les mets appartiennent , tantôt à tous, parce que tous ont faim, tantôt à quelques-uns seulement, parce que les autres sont rassasiés; ainsi personne n’en est absolument le maître, ni n’a droit de prétendre l’être.
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