Je suis assez d'accord avec les questions que pose Chloé Morin par rapport à notre responsabilité individuelle et collective en lien avec ce que nous vivons, et que Boris Cyrulnik appelle plutôt une catastrophe qu'une crise.
La situation des hôpitaux et des EHPAD, la délocalisation de l'industrie, la situation des migrants, le désintérêt de la chose publique : tant d'éléments dont nous nous sommes tous désintéressés. Et après qu'en ferons-nous ?
Après avoir lu ce court texte, dans lequel Chloé Morin reconnaît sa part de responsabilité individuelle, j'ai cherché à savoir qui elle est. Elle a été "conseillère d'opinion" auprès de plusieurs premiers ministres. Je me demande si professionnellement elle n'a pas aussi participé à notre aveuglement collectif.
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Quand avons-nous sacrifié notre indépendance pour des produits toujours moins chers mais essentiels, renoncé à des bouts de notre liberté pour la sécurité, nous sommes nous désintéressés de la politique, de notre participation au collectif.
Nous sommes aujourd'hui un peuple qui "se lave les mains" au sens propre comme au figuré.
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Je n’ai pas de leçon à donner, moi qui n’étais pas là lorsque mon arrière-grand-mère s’est éteinte, à 98 ans, en maison de retraite. Une maison que je trouvais angoissante, inhumaine, qui ressemble pourtant à des milliers d’autres, et où les personnels font de leur mieux pour accompagner ces vieux que nous ne voulons plus voir. Quand je pense à elle, j’ai honte. Elle qui triait les déchets avant qu’on se rende compte que c’était du bon sens. Elle qui avait connu la guerre, m’avait raconté la grippe espagnole, qui n’a jamais eu une vie facile mais qui ne savait pas se plaindre. Elle qui grimpait dans la montagne chaque jour pour faire la classe aux enfants des paysans du coin, pour qui instruire était un honneur, voter une fierté. C’est sûr, en y repensant, on a perdu un truc en route. J’ai honte de ce que nous sommes devenus.
À quel moment avons-nous décidé que nous n’avions pas les moyens de payer pour que l’Hôpital puisse tous nous soigner ? (...)
À quel moment avons-nous décidé de laisser nos anciens mourir en boîtes hermétiques ? (...)
À quel moment avons-nous décidé que la recherche de produits toujours moins chers méritait de sacrifier notre indépendance ? (...)
À quel moment avons-nous accepté que les fonctions économiques essentielles soient reléguées à des « invisibles » ? (...)
À quel moment avons-nous commencé à céder des petits bouts de notre humanité ?(...)
À quel moment avons-nous décidé de nous détourner de la participation aux choix collectifs, de nous désintéresser de la Politique et du débat public ?
Comme le disait Boris Cyrulnik, ce que nous vivons n’est pas une crise. Car après une crise, la vie reprend comme avant. Ce que nous vivons, c’est une catastrophe.
Dès lors, il va falloir faire un choix : s’accommoder de vivre avec la honte – plus ou moins bien camouflée sous l’activité, sous la fête, sous un boulot qui nous emmerde, sous des enfants envahissants, sous des projets plus ou moins chouettes, des inquiétudes du quotidien… – d’être responsables de ce monde-là. Où trouver la ressource morale, le courage, d’en tirer quelques conclusions. Et d’essayer, en commençant par soi, de changer tout ça.
Quelle ironie que la pandémie nous inflige la multiplication à l’infini d’un geste qui pourrait être, finalement, la métaphore de ce que nous avons été ces dernières années : un peuple qui se lave les mains de l’essentiel, pour ne pas avoir à l’affronter. Pour ne pas être contraints de s’interroger sur le sens de ce que nous avons fait, et sur ce que nous sommes devenus.
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Invitée : Chloé Morin - Politologue
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